Mes très chers frères,
Mes très chères sœurs…
Enfin, je sais pas si y a des sœurs dans l’assistance, mais y en a pas mal dans la distribution de ce film, alors autant jouer la sécurité.
Pouf, pouf.
Mes très chères sœurs, donc.
En ces temps troublés, où la foi subit de toutes parts des attaques imprévues aussi bien que mortelles, la pensée de Dieu ne doit pas nous quitter. Louons le Seigneur, mes frères, mes sœurs (donc). Oremus, nom de Dieu ! Oremus, vous dis-je !
Qu’est-ce que le western latin ? Ouvrons les yeux, mes frères, mes sœurs, mes cousins, mes cousines, mes neveux… bon, j’arrête, ça m’excite.
Ouvrons les yeux : face à la suprématie du dieu dollar, c’est-à-dire de Mammon — relisez votre Bible, enfin, merde, quoi ! —, face à la suprématie du dieu dollar, disais-je avant d’être grossièrement interrompu par moi-même, le western latin, ou plutôt romain, comme l’Église du même nom, catholique et apostolique, la seule qui vaille la peine d’être priée, méfiez-vous des contrefaçons, le western latin, donc, nous apparaît avec une clarté de plus en plus aveuglante — passez-moi mes Ray Ban, j’y vois plus que dalle — comme une nouvelle arme du prosélytisme tous azimuts qu’encourage Sa Sainteté Benoît XVI, notre Très Saint Père, notre papamobilisateur, notre paparatzi — heil Benoît !
Une preuve, s’il en était besoin, car la foi, et la foi seule, doit vous animer, mes très chers frères, mes très chères sœurs (donc) : ce film, cette œuvre de patronage, régulièrement diffusée, me dit-on (pas pu vérifier, j’ai pas le câble ni le satellite), sur la chaîne KTo, le rendez-vous des grenouilles de sacristie et des punaises de bénitier, à moins que ce ne soit l’inverse…
Or donc (mes très chères sœurs), de quoi est-il question au juste ?
Bé c’est la petite ville de l’Ouest tendance western espagnol, où en 1873 (admirez la précision), les braves gars du pays ont lynché un nègre pour se distraire. Cut sur le générique où des noms connus (ou pas) défilent pendant que les braves gars continuent de s’amuser.
Et voilà-t-y pas (comme le temps passe) qu’on est en 1897 (admirez la précision — parte tou) et que les dames du patronage attendant en frétillant d’impatience — Dieu me tripote, merci mon Dieu — le nouveau curé que leur a envoyé l’évêque, ou l’archiprêtre qui radote au couvent, je sais plus moi, je m’y perds un peu…
Pouf, pouf.
Pas de pot, big mistake, la gaffe cosmique et tout ça : c’est un nègre (je cite la VF d’époque, je m’en voudrais d’offenser nos frères qui… nos frères quoi… Merde. C’est quoi, en ce moment, la formulation politiquement correcte ? afro-espagnols ? à CRAN ? dieudonné ? — enfin, bon, z’avez qu’à compléter, j’ai un film à critiquer, moi).
Donc, voilà que nous arrive un nouvel homme de Dieu, patelin comme pas un, humble, modeste et tout ça, mais pas de pot, donc, il est bronzé, il est basané, il est pas des nôtres, il a pas bu son verre comme les autres…
En plus de ça — ’tention, l’intrigue se complique, faut suivre —, y a un rodéo qui va avoir lieu, et que ça te m’exacerbe toutes sortes de convoitises, et que ça te me fait resurgir toutes sortes de culpabilités enfouies bien profond…
Brèfle, ça bouge, ça tire dans tous les coins, les méchant méchantent, les bons bêtifient, notre curaillon roule des yeux en boules de loto, arrive un caballero qu’a un compte à régler avec son passé, en arrive un autre qu’a des torts à redresser…
Et tout est bien qui finit bien, vous l’aviez deviné.
Qu’y a-t-il à sauver de ce nanar nanardissime ? Howard Vernon, dans le rôle du banquier cynique et crapoteux, Fernand (sic) Sancho, dans le rôle du bandido mexicain (surprise !), Angel Del Pozzo, dans le rôle de Luis Mariano (y chante, et je vous raconte pas les sombreros), et l’inénarrable, l’imputrescible, l’immarcescible René Muñoz dans le rôle du padre Murray -- y chante aussi --, qui nous roule des yeux, qui nous mitonne des sourires bondieusards comme c’est pas permis, bref qui annonce toute la décadence du genre — les Terence Hill en Trinita mormonesque — voire en Don Matteo hors western, merci mon Dieu —, les Tomas Milian en Providence, les Amen, les Acquasanta Joe, les Spirito Santo, les Alléluia…
J’arrête, ça me déprime.
À part ça, pour les maniaques — joie, bonheur, félicité ! —, cette daube est visible, si vous y tenez vraiment, sous la forme d’un DVD ESI/Medusa intitulé Lynchage à Golden City (pourquoi ? la ville s’appelle Valley City, c’est indiqué de façon explicite). L’image est correcte, depuis que StudioCanal nous a forcés à revoir nos définitions, le son est correct aussi — et, cerise sur le gâteau, toutes les chansons sont en espagnol, vous mesurez pas votre bonheur !
Maintenant, foutez-moi la paix, je vais pleurer dans un coin, en attendant que le Seigneur, dans Son infinie bonté, daigne S’intéresser au pécheur que je suis.
Passez-moi un cilice, un fouet, un acte de contrition…
Sic transit gloria mundi, amen !
B
L'ange noir du Mississippi - Bienvenido, padre Murray - 1962 - Ramon Torrado
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L'ange noir du Mississippi - Bienvenido, padre Murray - 1962 - Ramon Torrado
"Tra i due litiganti, il terzo gode." --Proverbe italien
Re: L'ange noir du Mississippi - Bienvenido, padre Murray - 1962 - Ramon Torrado
Amigo Breccio, il faut en passer par là pour pouvoir ensuite apprécier un western de qualité ... ESI ESI
... prends un Koch Media ça te remontera
!
P.S : et dire que je regrettais de ne pas arriver à trouver tous ces titres ESI

... prends un Koch Media ça te remontera

P.S : et dire que je regrettais de ne pas arriver à trouver tous ces titres ESI

Re: L'ange noir du Mississippi - Bienvenido, padre Murray - 1962 - Ramon Torrado
Belle critique Padre Breccio,
Très agréable à lire, mais catholiquement pas correct. Le film est divertissant (surtout au second degré, on est d'accord): je me souviens notamment de ces cow-boys rigolards qui s'amusent à vouloir descendre le curé. Une violence et une bêtise primaire contrastant bien avec la candeur du héros.
Très agréable à lire, mais catholiquement pas correct. Le film est divertissant (surtout au second degré, on est d'accord): je me souviens notamment de ces cow-boys rigolards qui s'amusent à vouloir descendre le curé. Une violence et une bêtise primaire contrastant bien avec la candeur du héros.
Re: L'ange noir du Mississippi - Bienvenido, padre Murray - 1962 - Ramon Torrado
Un western remontant aux origines du western européen , exception faite de quelques Zorro et autres Coyote...et notre Dynamite Jack national .Sa valeur est plus archéologique qu'artistique ...
Re: L'ange noir du Mississippi - Bienvenido, padre Murray - 1962 - Ramon Torrado
Toujours pas eu le courage d'ouvrir le boitier et d'enfourner la bête dans le lecteur DVD
Un jour de concentration extrême et de grandeur d'esprit, promi je le visionnerais 


Re: L'ange noir du Mississippi - Bienvenido, padre Murray - 1962 - Ramon Torrado
Liko a écrit :Toujours pas eu le courage d'ouvrir le boitier et d'enfourner la bête dans le lecteur DVDUn jour de concentration extrême et de grandeur d'esprit, promi je le visionnerais
Je n'aurais pas mieux dit !

"Il suffit de franchir les limites de la violence individuelle qui est criminelle,
pour atteindre la violence de masse qui... qui fait l'histoire..." Brad Fletcher dans Le dernier face à face
pour atteindre la violence de masse qui... qui fait l'histoire..." Brad Fletcher dans Le dernier face à face
Personne a écrit :Sartana, tu as un coeur de pierre!
Re: L'ange noir du Mississippi - Bienvenido, padre Murray - 1962 - Ramon Torrado
scorpio99 a écrit :P.S : et dire que je regrettais de ne pas arriver à trouver tous ces titres ESI
Bon, ça c'est facile à réparer ... pour un euro troué on les trouve sur le net ...

...et puis cette histoire de curé qui en prend plein la tronche, n'est si tarte ...
je dirai même que c'était le meilleur de la première livraison ESI ... bon d'accord ...

Amicalement E.


Quand les colts fument ... on l' appelle Cimetière !
" Quelque soit la couleur de la peau, le sang est rouge pour tous !"
(Au-delà de la haine de Alessandro SANTINI - 1972)
" Quelque soit la couleur de la peau, le sang est rouge pour tous !"
(Au-delà de la haine de Alessandro SANTINI - 1972)
Re: L'ange noir du Mississippi - Bienvenido, padre Murray - 1962 - Ramon Torrado
edocle a écrit :('...)
je dirai même que c'était le meilleur de la première livraison ESI ... bon d'accord ...![]()
Amicalement E.
![]()
Oui , avec "La furie des Apaches."
Re: L'ange noir du Mississippi - Bienvenido, padre Murray - 1962 - Ramon Torrado
Comment ai-je pu rater cette belle critique de l'ami Breccio
Je suis quand même d'accord, ce film est le plus remarquable (dans le sens "qui se remarque hein", pas dans le sens "extraordinaire") de la série, avec Furie Apache. Quoique 4 balles pour Joe, ça se regardait aussi dans mes souvenirs...






Je suis quand même d'accord, ce film est le plus remarquable (dans le sens "qui se remarque hein", pas dans le sens "extraordinaire") de la série, avec Furie Apache. Quoique 4 balles pour Joe, ça se regardait aussi dans mes souvenirs...

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