L'Homme aux colts d'or - Warlock - 1958 - Edward Dmytryk

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Personne
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L'Homme aux colts d'or - Warlock - 1958 - Edward Dmytryk

Message par Personne »

Avec:

Richard Widmark ... Johnny Gannon
Henry Fonda ... Clay Blaisedell
Anthony Quinn ... Tom Morgan
Dorothy Malone ... Lily Dollar
Dolores Michaels ... Jessie Marlow
Wallace Ford ... Judge Holloway
Tom Drake ... Abe McQuown
Richard Arlen ... Bacon
DeForest Kelley ... Curley Burne (as De Forest Kelley)
Regis Toomey ... Skinner
Vaughn Taylor ... Henry Richardson
Don Beddoe ... Dr. Wagner
Whit Bissell ... Petrix
Bartlett Robinson ... Buck Slavin

A Warlock, en 1865, la petite ville de l'Ouest est bien difficile à gérer car elle est sous l'emprise de la bande d'El Pablo. Deux hommes, le shérif et son assistant, tentent de faire régner la loi, tandis qu'un des bandits, Johnny Gannon quitte la bande pour se joindre à eux. Chacun des trois hommes veut faire la justice, sa justice.

Attention, les SPOILER sont Autorisés, donc ne lisez pas ce topic avant d'avoir vu le film.

Tous les documents sont à poster dans ce topic:
http://westernmovies.free.fr/Forums/vie ... php?t=4666


Que le débat commence! :D
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musselshell
Castor éclopé
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Message par musselshell »

Je ne commence pas tout de suite, ne vous inquietez pas.
Juste un petit truc: le premier rôle est-il le rôle-titre? Widmark ou Fonda? Fonda ou Widmark? Voilà un point de comparaison possible avec le premier western disséqué (parmi d'autres). C'est pas si important que ça, mais ce n'est pas sans importance aucune, pour ce film là, comme ça l'était pour l'autre. Qui apparait le premier au générique? Widmark. Qui apparait le premier dans les filmos, sur les cassettes ou dvd? Fonda.
Plus interessant que ça en a l'air. Pas (seulement) anecdotique. Nous sommes dans de la mythologie, comme dirait Carcasse...A nous de chercher du sens.
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Longway
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Message par Longway »

Si l'on compare les deux filmographies de ces acteurs, on s'aperçoit que Fonda a commencé sa carrière 12 ans avant celle de Widmark.

" La jolie batelière " ( The farmer take a wife, 1935 ) pour Fonda
" Le carrefour de la mort " ( Kiss of death, 1947 ) pour Widmark

Henry Fonda est surtout la star de la fin des années 30 et des années 40, avec " Fort Apache " pour apothéose. Brusquement sa carrière marque le pas entre 1949 et 1955 ( six ans sans tournage ) et recommence à partir de cette dernière année mais avec une cadence bien moindre ( un film par an, voire deux ).
Quand il tourne " Warlock " il n'a que six films à son actif depuis 1949.

Pour Widmark c'est différent, sa carrière démarre sur les chapeaux de roue en 1947, avec des rôles de tueurs dans lesquels il excellait, ce qui fit de lui une star assez rapidement. A partir de 1949 il enchaine les succès dans tous les domaines cinématographiques et ne tourne pas moins de 16 films entre 1950 et 1955, puis 9 films de 1955 à 1959, la plupart que des grands succès devenus des classiques.

Pour la sortie de " Warlock ", la star c'est bien Richard Widmark. Normal qu'après ça son nom soit en premier au générique.
Et ne pas se fier au titre français qui voudrait que ce soit le contraire.
Je pense qu'en France Henry Fonda a toujours été plus populaire que Richard widmark, d'où justement le titre mal traduit de l'original qui lui donne la meilleure part du gateau, et également sur la video ou c'est lui qui apparait en solo sur la jaquette.
Carcasse
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Message par Carcasse »

Je suis d'accord avec les deux...
Quand est enfin sorti le (magnifique) Sidonis, les éditeurs semblent avoir davantage misé sur Fonda, mieux connu en France que sur Widmark.
Il n'est qu'à voir le zone 2 britannique qui place Widmark en premier.

Pourtant la question de Musselshell est intéressante car elle mène à la notion d'héroïsme.

Qui est le héros de ce film ?
Blaisdell, l'invincible, le tireur hors-pair, appuyé par Morgan "les yeux dans le dos" ou l'homme normal qui va monter sur ses propres épaules pour faire avancer une certaine conception de la justice ?

Je commence en douceur... cool
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musselshell
Castor éclopé
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Message par musselshell »

:num1 Moi aussi je suis d'accord avec vous deux (nous sommes d'accord les gars!)...Je sais bien qu'en 59, Widmark est hyper populaire chez lui et que Fonda "revient un peu aux affaires" , ça c'est l'explication disons objective de la préséance au générique, explication qui n'est d'ailleurs pas strictement commerciale: de toutes façons, Widmark a un peu plus de scènes que Fonda.
Alors pourquoi la question? Avant d'en venir au débat sur la valeur symbolique des deux protagonistes, sur la présence, la "persona" de chaque acteur, force est de constater qu'il y a assez peu de films pour lesquels la nette identification du premier rôle soit si fluctuante... D'où ma comparaison avec la problématique Stewart-Wayne (pardon, Wayne-Stewart!). Et ce n'est pas seulement en France que le problème se pose: Edward Buscombe met Fonda en avant, Phil Hardy choisit Widmark...Un caractère "faible "(ce qui ne signifie surtout pas lâche) et un caractère "fort "(qui comme le dit Carcasse ne serait parvenu à rien tout seul)... Les adjectifs s'entendent ici au sens, disons,domination ou non de l'"univers sensible", domination qui par excellence signe le grand héros de western...Le faible s'éveillant aux valeurs de la communauté (la primauté du droit), le fort à l'opposé mais finissant, pour moultes raisons que nous explorerons plus tard, par se suicider symboliquement au nom des mêmes valeurs...C'est suffisamment riche, tout ça, pour oser dresser le parallèle que vous savez...
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mortimer
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Message par mortimer »

tout d'abord merci les gars d'avoir choisi l'homme aux colts d'or

:beer1:

visiblement on est nombreux à apprécier le film mais j'ai quand même fait un petit peu le forcing (juste un peu :mrgreen: ) pour que l'on commence par ce film, c'est sympa d'avoir validé ce choix :applaudis_6:

je m'en vais en week-end alors ne racontez pas tout sur le film en mon absence ! laissez-moi en un petit bout quand même :lol: :lol: mais je ne m'inquiéte pas trop j'ai plein de trucs à dire sur ce film :wink:
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chip
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Message par chip »

Il n'est pas exact de dire que la carrière de H.Fonda marque le pas entre 49 et 55.Volontairement Fonda a décidé de se consacrer à la scène ,avec grand succès,jouant plus de 1700 fois "mister Roberts",ainsi que d'autres pièces comme "point of no return" de JohnP.Marquand (pendant 2 ans) ou"the Caine mutiny court martial".
Il reviendra au cinéma à la demande de John Ford pour "permission jusqu'à l'aube"(mister Roberts)(1955),Ford ne voulant pas un autre acteur pour le rôle.
Warner bros avait acheté les droits de la pièce pour William Holden qui refusa,Brando pressenti accepta ,mais Ford ne voulait que Fonda,ce qui n'empêcha pas les deux hommes de se brouiller sur le tournage.
Quant à "Warlock" il est evident que la vedette est Fonda,voire Quinn ,mais certainement pas Widmark, son personnage est plus"classique" moins original que celui de ses co-vedettes.

Ps: j'aime beaucoup Widmark.
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musselshell
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Message par musselshell »

chip a écrit :Il n'est pas exact de dire que la carrière de H.Fonda marque le pas entre 49 et 55.Volontairement Fonda a décidé de se consacrer à la scène ,avec grand succès,jouant plus de 1700 fois "mister Roberts",ainsi que d'autres pièces comme "point of no return" de JohnP.Marquand (pendant 2 ans) ou"the Caine mutiny court martial".
Il reviendra au cinéma à la demande de John Ford pour "permission jusqu'à l'aube"(mister Roberts)(1955),Ford ne voulant pas un autre acteur pour le rôle.
Warner bros avait acheté les droits de la pièce pour William Holden qui refusa,Brando pressenti accepta ,mais Ford ne voulait que Fonda,ce qui n'empêcha pas les deux hommes de se brouiller sur le tournage.
Quant à "Warlock" il est evident que la vedette est Fonda,voire Quinn ,mais certainement pas Widmark, son personnage est plus"classique" moins original que celui de ses co-vedettes.

Ps: j'aime beaucoup Widmark.
Exact Chip, mais le théatre et Hollywood sont assez différents pour que le public du dernier, oublieux, s'attache vite aux nouvelles vedettes de l'écran (même si en 58/59 Widmark n'est pas "nouveau")...Quand tu dis que la vedette de Warlock est Fonda, tu donnes néammoins plus ton opinion personnelle que tu ne traduis la démarche de la production...Ceci dit, pour moi aussi, Fonda et Quinn sont les plus impressionnants...leur relation est au coeur du drame, comme dirait l'autre...Mais ne perdons pas de vue que si Dmytryk choisit comme titre Warlock, c'est peut-être (sûrement à mon avis) parce qu'il vise avant tout à peindre les contradictions d'une collectivité...
Bon, ceci dit, on pourrait faire 3 ou 4 films à partir de celui-ci!
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musselshell
Castor éclopé
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Message par musselshell »

Quelques rapides considérations sur Edward Dmytryk peuvent aider à comprendre pourquoi Warlock est si riche d'individualités, tout en délivrant un message avant tout collectif (le titre du film est le nom de la communauté...). Appartenir à la gauche américaine en 45/46 (parti communiste), se retrouver dans les pattes de Mc Carthy, s'exiler, revenir pour purger sa peine, échanger une partie de cette dernière contre une "liste"...ça marque un bonhomme, et à des tas de niveaux: conscience accrue de la pression du politique qui détruit, remords et/ou mauvaise conscience d'avoir cédé à la pression...Beau mélange, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il autorise un certain regard sur le film. Alliances changeantes, trahisons, solitude des parias (à commencer par Quinn et Widmark, le premier infirme, le second en rupture avec les valeurs de son clan, puis en rupture avec celui-ci sans être accepté par la communauté bien pensante pour autant...), rapports de force et d'influence à tous les niveaux: les rapports équivoques entre les cowboys du ranch et les commerçants, le discours de Blaisdell à son arrivée en ville (..."puis vous me détesterez"...), le shérif remplacé par un prévôt, les ranchers pourtant perturbateurs se fédérant (au nom de leur juste vision de la loi!) en régulateurs...puis les "gens" au milieu et..."derrière" tout ça!
Il est évident que le parcours personnel du réalisateur n'est pas pour rien dans ce qui pour certains est trop pesant ou confus, pour d'autres (dont je suis) une bonne illustration de la complexité, tant au niveau du politique qu'au niveau de la peinture des individus, qu'ils s'en jouent, le subissent ou s'en fassent une "certaine idée"...
Le moins que l'on puisse dire, c'est bien qu'il y a matière! Probablement plus néammoins dans la richesse du scénario, dans le jeu des acteurs...que dans la mise en scène, qui, si elle n'obère pas notre capacité à saisir la richesse du propos, ne propose pas de fulgurances particulières...ni à l'opposé une capacité à s'inscrire véritablement dans le temps de l'échange entre les êtres...
On reviendra sur tout ça.
Je me faits un café et laisse la place... :num1
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fa
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Message par fa »

A première vue, ce film semble assez classique dans sa forme comme dans son fond. Mais ce n’est qu’une première impression…
La force du film, au-delà de ses évidentes qualités techniques et scénaristiques, est qu’il peut se lire à plusieurs niveaux.
Dmytryk s’acharne d’abord à décrire et critiquer le comportement
D’une population d’américain moyens. De ceux qui composent la base de l’Amérique et donc les fondements de son histoire et de sa société. Ici, ces hommes et ces femmes, pour
faire revenir le calme dans leur petite ville, engagent un « justicier itinérant », chargé d'éliminer
les fauteurs de troubles. Mais la bonne conscience revient à la charge quand le « justicier » providentiel devient à son tour gênant… Mais l’hypocrisie les pousse à mettre le doigt sur le camarade du justicier : Morgan, campé par un Anthony Quinn blond. Dès lors, ces habitants se souviennent que la loi existe… Méchante critique de l’opportunisme et de l’hypocrisie américaine.

Le second niveau de lecture fait de ce film un des premier film homosexuels. Tom Morgan (Quinn), le fidèle ami de Blaisdell (Fonda), ne supporte la moindre intrusion entre lui et son ami. N’hésitant pas à tuer ces géneurs. Il regarde Widmark comme un adversaire (un rival ?). Il y a là une amitié pleine de sous entendu que ne renieraient pas les héros des « mystères de l’Ouest »…
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mortimer
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Message par mortimer »

La liberté si elle accepte de se soumettre à l’ordre risque fort d’être limité en son principe si cet ordre est sans nuance. Pourtant si l’on veut que force reste finalement à la loi il faut bien nécessairement que quelqu’un donne à la loi sa force. Tout le film repose sur cette problématique. Edward Dmytryk nous en fait la démonstration dans une scène très forte au début du film lorsque le shérif est honteusement chassé de la ville par les bandits. L’arrivée de « l’homme providentiel » (henry Fonda) celui par qui la loi est de retour va ensuite permettre à Dmytryk de traiter également d’un thème classique du western : la lassitude du tueur (je vous renvoi à la phrase de Fonda, je cite de mémoire, « c’est toujours comme ça on m’appelle, au début tout va bien et puis ensuite ça change »). Mais Dmytryk apporte une dimension supplémentaire à son personnage en le dotant d’un regard non plus sur lui-même mais sur ceux qui l’entoure. Blaisdel ne cherche pas un quelconque répit (tel Grégory Peck dans la cible humaine, ni même une délivrance dans la mort à la façon de kirk Douglas dans El Perdido) mais bel et bien une réponse à une question essentielle : l’homme peut-il renier certaines valeurs pour installer la loi ? Henry Fonda et Anthony Quinn (qui incarne la mauvaise conscience du premier) ont certes des airs d’homme d’affaires blasés et sans scrupules, ils ont beau évoquer tous les palaces dans lesquels ils ont séjournés, le premier est différend du second en ce qu’il doute, on le sent hésiter de plus en plus, le marbre de sa statue se fissure progressivement, il était imposant au début du film, omnipotent même et le voici bientôt comme les autres : un homme avec ses peurs et ses doutes. Si la communauté est écartelée entre le besoin d’ordre et la crainte de tomber sous le joug d’un homme seul, la rupture viendra non point des bandits mais d’un autre homme seul (widmark). A la fin du film quand l’héroïsme de Widmark en devient absurde, Fonda comprend qu’il à trouvé sa réponse, il élimine dans un geste autodestructeur son double négatif (Anthony Quinn) et retrouve la noblesse du début (celle qui à fait croire aux autres qu’il était « la solution au problème ») en jetant ses colts, ultime hommage à celui qui incarne vraiment la légalité.

J’adore la façon dont Dmytryk traite son sujet dans ce film : aux feux inquiétants qui déchirent la nuit (évoquant bien des scènes de sinistres régimes politiques de l’Histoire du monde)jusqu’à l’une des dernières répliques d’Anthony Quinn à la foule « rampez maintenant ! » le réalisateur sans faire de grand discours moralisateur (à la John Ford) délivre par petites touches son message. Vraiment trés habile :applaudis_6:
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musselshell
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Message par musselshell »

Mortimer a écrit
La liberté si elle accepte de se soumettre à l’ordre risque fort d’être limité en son principe si cet ordre est sans nuance. Pourtant si l’on veut que force reste finalement à la loi il faut bien nécessairement que quelqu’un donne à la loi sa force.
:applaudis_6: cool Combien d'années, ton Droit, Mortimer? :wink:

le réalisateur sans faire de grand discours moralisateur (à la John Ford) délivre par petites touches son message. Vraiment trés habile
Là, je suis moins d'accord (je l'étais évidemment sans ironie aucune ci-dessus), s'il n'y a pas à proprement parler de grands discours moralisateurs dans Warlock, le film est parfois assez bavard pour se dispenser d'une communication essentiellement visuelle, surtout du côté de Fonda, hyper lucide, explicitant de long en large sa condition et les limites de cette dernière...la morale quasi supérieure de Widmark, il y aurait là aussi des choses à dire...
Au niveau mise en scène: pourquoi Blaisdell s'entraîne t'il sur fond de Grand Canyon? Que vient faire là le Grand Canyon? Il y a là un effet "collage" assez inutile, irréaliste (alors que le film tient à le rester) et étrangement "cheap" (comme l'intrusion d'un effet carte postale)...
Si Ford est moralisateur (et parfois agacant), ses plus grands films transcendent le discours en question, voire le retournent contre lui même...Dmytryk vise ça aussi dans Warlock. Mais de façon plus bavarde et finalement explicite. Il s'attache à explorer la richesse du script, si riche de sous-intrigues que la tâche était de toutes façons difficile, on frôle d'ailleurs la dimension shakespearienne... Chez Ford, c'est une vision de cinéaste, de la poésie (à la fin âpre, désenchantée, "au delà" de la morale...) en images...C'est lui, le "Shakespeare du cinéma" :num1 !
Ceci dit, j'adore Warlock... :beer1:
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mortimer
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Message par mortimer »

musselshell a écrit :
:applaudis_6: cool Combien d'années, ton Droit, Mortimer? :wink:
seulement 5 mais ça m'a semblé une éternité j'ai filé après avoir eu mon DEA j'en pouvais plus ! :lol:
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musselshell
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Message par musselshell »

Moi aussi j'ai foutu le camp au bout de 5 ans (en plus je bossais vraiment sur le western! ) mais ça remonte à longtemps, maintenant (sniff)...Réponds moi aussi sur la suite (où j'avoue volontiers en rajouter un peu...) :wink:
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mortimer
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Message par mortimer »

musselshell a écrit :
Au niveau mise en scène: pourquoi Blaisdell s'entraîne t'il sur fond de Grand Canyon? Que vient faire là le Grand Canyon? Il y a là un effet "collage" assez inutile, irréaliste (alors que le film tient à le rester) et étrangement "cheap" (comme l'intrusion d'un effet carte postale)...
Si Ford est moralisateur (et parfois agacant), ses plus grands films transcendent le discours en question, voire le retournent contre lui même...Dmytryk vise ça aussi dans Warlock. Mais de façon plus bavarde et finalement explicite. Il s'attache à explorer la richesse du script, si riche de sous-intrigues que la tâche était de toutes façons difficile, on frôle d'ailleurs la dimension shakespearienne... Chez Ford, c'est une vision de cinéaste, de la poésie (à la fin âpre, désenchantée, "au delà" de la morale...) en images...C'est lui, le "Shakespeare du cinéma" :num1 !
Ceci dit, j'adore Warlock... :beer1:

Passe encore pour le côté collage de la scène où Blaisdell s’entraîne au tir, mais de là à trouver ça cheap, n’exagérons rien… :roll:

De toute façon on sait tous que Dmytryk n’a jamais brillé pour son art de la mise en scène, mais dans ce film je le trouve agréablement inspiré. Tu soulignes avec raison la richesse du script, c’est à mon humble avis avec le casting les deux points forts de ce film.

L’idée de la démocratie américaine vu par Ford j’ai toujours trouvé ça très moralisateur, Dmytryk s’attache lui aussi dans Warlock à la défense des droits fondamentaux mais je trouve son message moins appuyé que ne le fait Ford par exemple dans l’homme qui tua Liberty Valance.

D’autant que Ford semble avoir vu le film de Dmytryk puisqu’il amène le spectateur à se poser la même question que je soulevais plus haut dans Warlock : l’homme peut-il renier certaines valeurs pour installer la loi ? En effet Doniphon (John Wayne) débarrasse la ville de Valance (Lee Marvin) mais il tire dans le dos de ce dernier.

Au fond Stoddart (james Stewart) est aussi impuissant que Widmark dans Warlock, mais la confrontation finale est plus belle chez Dmytryk (peut-être est-ce dû à la prestance naturelle de Fonda ?) quoiqu’il en soit le refus du tragique chez Dmytryk avec Fonda qui jette ses colts à la fin, je trouve ça plus éloquent que les violons de Ford. A mon sens si un homme comme Blaisdell accepte d’en venir là, alors c’est que tout est dit :

« les gardiens de la cité » sont d’abord ceux qui obéissent à la loi :wink:
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