Sommaire :
Critique épisode 11
Critique épisode 21

2.01- Ride a Dark trail
Réalisation : John Peyser
Scénario : Arthur Browne Jr. & E.M. Parsons
Guest Star : Royal Dano
Première diffusion 18/09/1963 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10
Le Pitch : Alors que le Virginien est confronté à un jeune homme prêt à commettre un meurtre pour venger la mort de son père, il lui raconte l’histoire de Trampas qui fut avant d’être embauché au ranch Shiloh dans une situation similaire à la sienne, prêt à tirer sur le juge Garth qu’il estimait responsable de la balle fatale reçue par son père. Flashback qui voit Trampas, élevé par un père joueur, menant une vie dissolue, gagnant de l’argent par ses seules escroqueries au jeu. Mis en prison, son père vient demander à ce qu’on le libère, promettant désormais de mener avec lui une vie rangée en tant qu’éleveurs de chevaux…
Mon avis : Après une première saison remarquablement homogène et d’une très belle tenue d’ensemble pouvant largement rivaliser avec ce qui se faisait de mieux dans le domaine du western au cinéma durant les années 60, la deuxième débute par une sorte de pilote puisqu’en flashback l’épisode centré sur Trampas narre son arrivée au ranch Shiloh, revenant un peu aux racines du roman d’Owen Winster en faisant de ce personnage un mauvais garçon qui par son comportement frivole et égoïste mettra en danger la vie de ses proches et amis. Durant la saison précédente, au sein du deuxième épisode, Woman from White Wing, nous avions appris comment le juge Garth était arrivé à Medicine Bow et comment il était devenu le plus grand propriétaire de la région, tout cela au travers son propre récit ; Duel at Shiloh -15ème épisode et remake de L’homme qui n’a pas d’étoiles de King Vidor- revenait en retour arrière sur la venue de Steve ; les souvenirs des débuts de Trampas étant convoqués ici, restera peut-être dans le futur à savoir comment le Virginien en est arrivé à devenir le régisseur de Shiloh même si ça a déjà rapidement été évoqué dans Vengeance is the Spur sans que cependant ça n’en soit le sujet principal. Pour en revenir à ce commencement de la saison 2, l’histoire de Trampas nous est contée par son ami et supérieur -Le Virginien en personne- alors que ce dernier se trouve en très fâcheuse posture dans une grange, tenu en joue et pris en otage par un jeune homme prêt à appuyer sur la gâchette pour pouvoir s’enfuir du lieu confiné où on l’a acculé.
Notre héros s’est retrouvé dans cette difficile situation sans vraiment le vouloir mais décide d’en profiter pour empêcher cet homme fou de rage et ivre de vengeance de commettre un acte qu’il regretterait toute sa vie, tuer celui qu’il estime être responsable de la mort de son père. Pour lui faire retrouver son calme et ses esprits, il décide de lui raconter ce qui était advenu à Trampas alors qu’il s’était trouvé dans un cas de figure similaire, prêt à tirer par vengeance sur son futur patron, le juge Garth. Une histoire qui trace le portrait d’un Trampas égoïste, puéril, bagarreur, escroc, menteur et fainéant ("Suckers and mules, that's what work's for, and mule's got enough sense to turn his tail on it"), qui nous fait mieux comprendre à postériori les quelques réactions inattendues qu’il aura eu à certaines reprises durant la saison précédente. Ride a Dark Trail est certes un épisode presque idéal pour débuter cette nouvelle saison mais s’avère néanmoins un peu trop classique et en deçà de ce que nous aurions pu espérer, surtout au vu de la note dithyrambique attribuée sur le site imdb ; faute surtout à une écriture sans grande originalité et qui manque à la fois de rigueur et de fluidité, le tout allant bien trop vite pour que nous ayons le temps de bien nous attacher aux personnages ou simplement d’apprécier chaque séquence. On sera également surpris voire même un peu gêné par le long et teigneux combat à poings nus entre le père et le fils qui -rien que pour les liens de parenté entre les participants- aurait dû être tendu mais qui finit par ressembler bien plus à l’une de ses séquences de bagarres homériques que l’on pouvait trouver dans certains westerns avec John Wayne. En revanche on remarquera avec plaisir que contrairement à celles des deux épisodes précédents, ces séquences d’action sont à nouveau très bien chorégraphiées, montées et réalisées... assez impressionnantes de brutalité pour de la télévision.
Si le scénario laisse un peu à désirer et que le réalisateur teste des mouvements de caméra assez cinématographiques mais pas forcément tous convaincants, la principale qualité de cet épisode est son interprétation et notamment celle de Doug McClure qui nous surprend à nouveau par ses talents dramatiques, nous rendant simultanément son personnage attachant et agaçant, parvenant même à nous faire venir des frissons d'émotion à la toute fin. On se rappellera surtout ses tricheries aux cartes et aux dés mais également ses relations orageuses avec son père -pour l’anecdote, Sonny Tufts aura auparavant incarné Steve dans l'adaptation cinématographique de The Virginian signé Stuart Gilmore en 1946, Le Traître du Far-West- puis celles qui se tissent avec le juge ainsi que les premiers contacts assez houleux qu’il aura avec le Virginien. Encore une fois on se rend compte ici de la grandeur d’âme du juge Garth qui, contrairement au régisseur qui est assez réticent, donne plusieurs chances à Trampas. Garth a certes des problèmes de conscience pour avoir tué le père du jeune homme -même si c’était en état de légitime défense-, ses décisions ne sont pas toutes prises en fonction de ses remords mais également puisqu'il est naturellement bon, psychologue et tolérant. Pour l’aider financièrement et le sortir de sa vie chaotique, Garth décide dans un premier temps de racheter le cheptel familial de Trampas même s'il ne lui rapportera pas un sou car destiné à être décimé pour cause de maladie -due pourtant au fait que Trampas se soit mal occupé du troupeau-, de lui octroyer un emploi dans son ranch et de le garder malgré toutes ses 'bêtises' y compris celle d’avoir laissé seul son coéquipier -excellent Royal Dano dans un rôle lui aussi compatissant et d’une belle dignité- aux prises avec des loups affamés. On s’arrêtera deux secondes sur toutes les séquences mettant en scène ces canidés qui entérinent le fait que l’épisode aurait mérité un réalisateur un peu plus chevronné et un budget un peu plus conséquent même s’il semblerait que les producteurs aient injecté un peu plus d’argent pour cette deuxième saison.
Contrairement à Doug McClure et Lee J. Cobb qui ont le temps de s’en donner ici à cœur joie, James Drury est un peu en retrait ; son interprétation n’en est pas moins marquante, le virginien se révélant encore plus froid, monolithique et peu loquace que précédemment, quasiment un antihéros, ce qui est assez courageux de la part des auteurs pour leur rôle-titre. Superbement joué, Ride a Dark Trail se regarde avec plaisir et sans ennui mais aurait probablement gagné à être étalé sur deux épisodes car ici un peu trop elliptique pour arriver à maintenir une bonne tension tout du long. "It's a long way to Shiloh. You riding with me?" est la dernière phrase de cet épisode prononcé par le Virginien à Trampas ; le début d’une belle et longue amitié grâce à laquelle nous nous préparons à vivre de beaux moments les huit saisons restantes. Un récit d'apprentissage et de vengeance un peu trop classique mais plutôt bien mené à défaut d’être mémorable.
Avec illustrations dès le début de la mise en ligne de cette deuxième saison sur DVDclassik à partir de samedi 26 aout