Malgré le talent incontestable des acteurs, leur jeu semble parfois (P. Brion le souligne dans les bonus Sidonis) un peu "sous contrôle". Cela nuit au dynamisme de la narration qui aurait mérité un peu plus d'emballement me semble-t-il. Si la reconstitution de Tombstone est de toute beauté...

... si, également on sent un soin particulier apporté aux intérieurs (le saloon notamment), j'ai regretté quand même des décors extérieurs trop monotones. On perçoit l'Espagne très rapidement et cela me semble dommageable lorsqu'il s'agit de mettre en scène un gunfight aussi célèbre.
Alors certes, le gunfight en question tourne très court, il n'est presque plus le propos tant l'affaire est expédiée en quelques secondes. Le propos, c'est l'histoire d'amour entre Doc Holliday (Stacy Keach) et Kate Elder (Faye Dunaway)

pour preuve, l'illustration ci-dessous :

Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Yves Boisset, toujours dans les bonus.
Alors, tout dépend de ce qu'on met en avant, car le propos pourrait également être l'amitié, mise à mal, entre Doc et Wyatt Earp (Harris Yulin). En illustration, il nous en est proposé une très touchante embrassade lors de leurs retrouvailles

Et bien sûr, cette amitié sera fort bousculée par le rapport qu'entretiendra Doc et ce fameux "Kid" (Denver John Collins)... Kid", ça ne s'invente pas pour un tel jeune qui ne rêve que d'une chose : devenir un Doc Holliday bis.
Et qui sait si, finalement, Doc n'en a pas rêvé, avant de le renier violemment, d'avoir un gamin qui ressemble au Kid ?
Un gamin
qu'il aurait fait tout seul en somme, ce qui n'est pas forcément facile à assumer quand une belle femme telle que Kate n'attend de lui que d'en avoir un... enfant.
Quelle que soit la personnalité de son père et quelle que soit la gravité de sa maladie.
L'insondable solitude dans laquelle l'itinérance de Doc l'a mené,lui permet peut-être de prendre conscience de son inaptitude à partager sa vie avec une femme. De son égoïsme tout simplement. Il est un être enfermé dans une cage composite faite de jeu, d'ivresse, d'armes et... d'amis violents.
Sa seule compagne, la plus fidèle, est en fait une toux sanglante due à la pneumonie qui l'envahit de jour en jour.
Kate est son amour oui. Mais un amour qu'il ne parvient finalement pas à loger tant son être est déjà encombré.
Pour ce qui est de l'aspect technique, il y a de temps en temps quelques floutés qui visent manifestement à donner un air romantique à certaines scènes ou à suggérer de vieilles réminiscences. Cela ne m'a pas paru judicieux, ni même nécessaire.
Remarquables toutefois m'ont semblé être les positionnements et les mouvements de caméra. Celle-ci es est alerte, agile sans trop en faire (je déteste les grands mouvements exubérants qui donnent le tournis), ici, elle rehausse bien l'aspect un tantinet atone des acteurs par lequel j'introduisais ce billet.
Un western qui mérite le détour, un western qui propose une autre vision, plus excentrée, moins magnanime de cette fameuse fusillade et qui trouve bien sa place aux côtés de ceux qui nous l'ont déjà mise en scène auparavant.
Yo.