Messagepar Carcasse » 17 juin 2005 20:12
Voila un film que je n'avais pas du tout aimé quand je l'avais vu la première fois, mais je devais avoir entre 12 et 15 ans et ma préférence allait à des films plus "action" genre "Règlement de compte à OK Corral".
Il est récemment passé sur Arte et j'ai foiré l'enregistrement (le graveur s'est arrêté "tout seul" au bout de 30 mn... je suis nul !). Quelle frustration !!!
Pas grave, j'ai trouvé un DVD (Atlas) à la brocante pour 3 francs 6 sous. L'image y est pas mal, sans plus, mais il y a différentes langues... et ça change tout !!!
La version française donnait un côté vieillot au film (ah, ces traductions des noms propres, ce côté : Sûr, Shériff !) ; C'est dingue ce qu'un doublage peut casser un film !
En VO, on voit un autre film (je suis à 100 % d'accord avec Link). plutôt moderne dans son traitement, dans ses images, comme dans ses décors, Tombstone n'a rien de la ville toute-faite utilisée dans des tonnes de westerns ; elle se construit, elle vit et c'est avant tout cette histoire qui se raconte : celle d'un lieu en retard d'une civilisation...
Et Henry Fonda, nonchalant à souhait, y prend son temps ; ça devrait être une histoire de vengeance ?... mais ce n'est qu'un prétexte. C'est pourquoi, il n'agit pas comme un homme en colère : c'est un professionnel, mais c'est un homme moderne ; calme et résolu, il gère, avant tout, la vie de tous les jours. Il ne cherche pas vengeance, il cherche LA justice.
A la limite, le combat final sera un échec : celui du civilisé qui doit se rabaisser au niveau du cro-magnon. C'est pourquoi il doit partir : pour renaître.
D"accord, c'est un thème récurrent dans le western : on décrit le passage d'un "monde" à l'autre... et des histoires, style Warlock, seront dans cette continuité. Ici, quand la civilisation, représentée par les frère Earp, arrive à Tombstone : elle n'est pas "vraiment" armée (il suffit de voir comment Earp assomme l'ivrogne). Lui et ses frères ont laissé de côté la voie des flingues... seules les circonstances les forceront à revenir en arrière ; parce que le lieu dans lequel ils débarquent n'a pas évolué.
Et, comme dans Warlock, la loi du révolver montrera ses limites et, dans les deux cas, le gunfighter partira seul à la fin. D'ailleurs, si Wyatt Earp devait revenir pour retrouver sa Darling Clementine, il ne serait plus le même homme ; c'est le civilisé qui reviendrait.
Je ne sais pas si certains d'entre vous ont lu Lucky Luke (les collines noires, je crois), mais il s'y trouve un homme qui déplace son "Auberge de la dernière chance" chaque fois qu'un nouveau territoire est conquis. "Quand mon auberge ne sera plus qu'une cabine de bains sur la plage, dit-il, cela voudra dire que ce pays est entièrement civilisé". C'est un peu l'histoire de ce film.
Alors, puisque c'est l'histoire d'une ville, c'est là que cela doit se passer ! Ainsi verrons-nous le minimum d'extérieurs : pas grave, après tout, John Ford a fait d'autres films pour ça ! Il se contentera de filmer cette ville de main de maître (comme d'hab, d'ailleurs !).
Victor Mature, lui, campe un extraordinaire Doc Hollyday, moins malade que Mister Kirk, peut-être... mais plus réaliste (il ne saute pas comme un cabri en dégaînant après une quinte de toux). Quant à Linda Darnell... ouaaah !
Pour teminer, on nous réservera les habituelles têtes connues pour les seconds rôles, les "Johnfordiens" (Walter Brennan, Ward Bond...) et, surprise : qui est Billy Clanton ?
Vous l'aurez compris, en le revoyant (3 fois de suite !), j'ai adoré ce film : ce qui n'empêche pas d'aimer toujours autant "Règlement de compte à OK Corral". Ce n'est pas la même chose, c'est tout.
Il faudra, qu'un jour, je revoie 7 secondes en enfer : sait-on jamais !