Quelques rapides considérations sur Edward Dmytryk peuvent aider à comprendre pourquoi Warlock est si riche d'individualités, tout en délivrant un message avant tout collectif (le titre du film est le nom de la communauté...). Appartenir à la gauche américaine en 45/46 (parti communiste), se retrouver dans les pattes de Mc Carthy, s'exiler, revenir pour purger sa peine, échanger une partie de cette dernière contre une "liste"...ça marque un bonhomme, et à des tas de niveaux: conscience accrue de la pression du politique qui détruit, remords et/ou mauvaise conscience d'avoir cédé à la pression...Beau mélange, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il autorise un certain regard sur le film. Alliances changeantes, trahisons, solitude des parias (à commencer par Quinn et Widmark, le premier infirme, le second en rupture avec les valeurs de son clan, puis en rupture avec celui-ci sans être accepté par la communauté bien pensante pour autant...), rapports de force et d'influence à tous les niveaux: les rapports équivoques entre les cowboys du ranch et les commerçants, le discours de Blaisdell à son arrivée en ville (..."puis vous me détesterez"...), le shérif remplacé par un prévôt, les ranchers pourtant perturbateurs se fédérant (au nom de leur juste vision de la loi!) en régulateurs...puis les "gens" au milieu et..."derrière" tout ça!
Il est évident que le parcours personnel du réalisateur n'est pas pour rien dans ce qui pour certains est trop pesant ou confus, pour d'autres (dont je suis) une bonne illustration de la complexité, tant au niveau du politique qu'au niveau de la peinture des individus, qu'ils s'en jouent, le subissent ou s'en fassent une "certaine idée"...
Le moins que l'on puisse dire, c'est bien qu'il y a matière! Probablement plus néammoins dans la richesse du scénario, dans le jeu des acteurs...que dans la mise en scène, qui, si elle n'obère pas notre capacité à saisir la richesse du propos, ne propose pas de fulgurances particulières...ni à l'opposé une capacité à s'inscrire véritablement dans le temps de l'échange entre les êtres...
On reviendra sur tout ça.
Je me faits un café et laisse la place...
