Regardez mieux. Oui, vous les connaissez, vous les connaissez même très bien, vous les avez vus cent fois, deux cents fois. Oh bien sûr, ce ne sont pas tout à fait les mêmes, pas tout à fait eux, et cependant, si vous regardez bien, vous les avez déjà vus. Regardons-les encore. On n’éprouve pas seulement un étrange malaise à voir leur misère, on ressent aussi une sorte de sympathie, oui, n’ayons pas peur des mots, on éprouve de la sympathie. Mais d’où vient-elle, bon Dieu, cette sympathie, depuis le début des temps, d’où vient-elle ? On ne sait pas. C’est une chose qui vous traverse le corps, les yeux, et qui prend la gorge et remplit la poitrine de larmes. C’est bizarre, la sympathie. On doit bien leur ressembler un peu à ces pauvres bougres. Car ce ne sont rien d’autre que de pauvres bougres, ce sont toujours les mêmes silhouettes fragiles, les mêmes grappes d’enfants, les mêmes loques.
Extrait de Tristesse de la Terre, de Eric VUILLARD
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C'est beaucoup trop 255 caractères. Je renonce à apposer une signature.
Ah...c'est la limite haute...
Je renonce quand même. Je sais pas quoi dire, de toutes façons.