Je viens de terminer ce
Hostiles, acheté hier matin à ma boutique d'occasion habituelle.
Pour être honnête, et au risque de passer une fois de plus pour un jeune vieux c... réac' , je dois avouer que ce western pour lequel on a tressé tant de lauriers m'a laissé sur une impression mitigée.
Pas tellement au niveau de l'histoire globale -encore que la première partie m'ait semblé pompée sur le très beau
Homesman de Tommy Lee Jones- , mais plus pour ce qui relève de la mise en scène, de la dramaturgie et du jeu de son acteur masculin principal.
Je le confesse, Christian Bale et moi, c'est comme les mathématiques, ça fait quatre, voire six: je trouve que cet acteur suinte d'antipathie dans tous ses rôles, qu'il joue toujours avec la même gueule boudeuse de sale gosse à qui on aurait piqué son chocolat.
Tout ce que j'avais détesté en lui dans ses trois
Batman nolaniens puants de prétention, je l'ai retrouvé dans le film de Scott Cooper, la panoplie de chauve-souris en moins, différence des genres oblige.
Je ne crois pas me souvenir l'avoir jamais trouvé quelque peu nuancé dans son jeu, hormis lorsqu'il était beaucoup plus jeune, dans
L'Empire du Soleil (1987) de Spielberg ou dans l'excellente version téléfilm de
L'Ile au Trésor (1990), au côté de Charlton Heston.
Avec un autre acteur (un Liam Neeson, par exemple) , je pense que j'aurais sans doute beaucoup plus apprécié le personnage de ce Capitaine Blocker, qui du reste n'est pas sans rappeler par moment le Charley Whaite tourmenté de Kevin Costner dans le superbe
Open Range (2004).
En revanche, j'ai trouvé Rosamund Pike formidablement touchante, son personnage n'étant pas pour rien, en tous cas à mes yeux, beaucoup mieux écrit que celui de Bale.
Il m'aura donc fallu attendre dix-huit ans pour voir la remarquable actrice qu'elle pouvait être, étant resté sur le souvenir de l'espionne traîtresse un poil stéréotypée qui trahissait James Bond (Pierce Brosnan) dans
Meurs un autre jour (2002).
Autre comédien digne d'éloges: le grand Wes Studi, figure emblématique du western des trente dernières années, qui compose ici un vieux Chef indien malade, tout en dignité et en sobriété, lequel parviendra peu à peu à réhumaniser la machine à tuer du Peau-Rouge incarnée par Bale.
Malheureusement, j'ai décroché vers le milieu du film, juste après que Rosamund Pike ait décidé de ne pas rester dans le patelin et de suivre Christian Bale: pourquoi ce soldat est-il tout à coup mis aux arrêts et enchaîné ? Pourquoi cet enlèvement nocturne des femmes du bivouac par d'autres Tuniques Bleues ?
(S'il s'agit bien de Tuniques Bleues, car toutes ces silhouettes se mouvant dans le noir, pas éclairées pour deux sous, ça n'aide pas à la comprenette...)
A partir de là et jusqu'au retour des Indiens dans le Montana, je n'ai plus rien compris malgré de fréquents retours en arrière sur mon DVD.
Il y aurait eu quelques scènes charcutées au montage que cela ne m'étonnerait guère...
En outre, ce qui m'a un peu barbé sur le plan de la réalisation, c'est cette manie qu'ont les cinéastes actuels dès qu'ils se frottent au genre du western; il n'y en aura pas un qui résistera aux sirènes du symbolisme psychologique asséné à la truelle, aux coquetteries visuelles sophistiquées devenues avec le temps de véritables clichés: ah! que je te filme le héros à genoux en train de hurler sa douleur aux cieux, avec la caméra qui tourne lentement autour, au-dessus des herbes flottant sous le vent; ah! que le cortège de cavaliers met trois plombes à traverser l'écran de droite à gauche parce que le coucher de soleil il est joli, et que ce serait trop dommage de couper quelques secondes plus tôt...
Ce type de photographie contemplative a le don de m'agacer dans les westerns récents, qui pour moi ont trop souvent tendance à privilégier l'iconisation au détriment de l'efficacité narrative.
C'est avec des afféteries de ce genre qu'on se retrouve avec des films de 2H30 ou plus alors que leur histoire pourrait facilement tenir en 90 minutes.
Reverrons-nous un jour un western simple et sans prétention, comme à la belle époque des Audie Murphy, Randolph Scott et consorts ?
Mais il me faut tout de même être juste, et admettre qu'en dépit de ces quelques points qui m'ont crispé en cours de visionnage, nous avons là un western " crépusculaire " -puisque aujourd'hui on ne fait plus que ça quand on en tourne un...- au scénario bien troussé, illuminé par une actrice magnifique qui aide à supporter son monolithique et inexpressif " héros " principal.
Par ces temps de disette westernienne, on peut dire que c'est toujours ça de pris...
