EN REMONTANT LE MISSISSIPPI
Album n°16 paru en 1961 (pré-publication dans Spirou en 1959/60).Cette aventure de Lucky Luke est l'une des rares qui se situent aussi à l'est. Elle commence en Louisiane à la Nouvelle-Orléans où notre cow-boy va rencontrer et accepter d'aider le capitaine Barrows , commandant du bateau à vapeur "Daisy Belle".
Ce dernier doit affronter l' "Abestos D.Plover" bateau du capitaine Lowriver dans une course sur le Mississippi entre La Nouvelle-Orléans et Minneapolis. Le vainqueur remportera le monopole du commerce sur le fleuve, et le "Daisy Belle" devra lutter à la fois contre les dangers liés à la navigation, mais aussi contre les moyens malhonnêtes mis en œuvre par le capitaine Lowriver pour gagner.
Le capitaine Barrows et le capitaine LowriverLe scénario est directement inspirée de la plus célèbre course de steamers qui eu lieu sur le Mississippi au cours de l'été 1870. Elle vit le "Robert E. Lee" du capitaine Cannon remporter la victoire face au "Natchez" du capitaine Leathers, en ralliant la Nouvelle-Orléans à St. Louis en 3 jours 18 heures et 14 minutes.
Le capitaine Cannon (qui ressemble un peu au capitaine Barrows) et le capitaine LeathersDivers illustrations du "Robert E. Lee" et du "Natchez"Gravure utilisée sur la page de titre de l'album]Historiquement, décor et contexte nous entraîne dans l'univers des fameux steamers, ces bateaux à vapeur à fond plat et faible tirant d'eau, propulsés par une ou plusieurs roues à aubes.
Aux États-Unis, ils furent utilisés pour la navigation fluviale dès le 18ème siècle, ceux possédant des roues à aubes sur les côtés sont appelés "sidewheelers", et ceux avec une seule roue à l'arrière sont des "sternwheelers".
Contrairement à la réalité où les deux concurrents étaient des "sidewheelers", Morris dessinera les deux types de navires. Et il suffit de consulter divers documents de cette époque dont il dû certainement s'inspirer, pour constater la justesse de représentations des bateaux et de leur environnement tout au long du récit.
"Daisy Belle" sidewheelers / "Abestos D.Plover" sternwheelersIntérieur du "Robert E.Lee" et "Daisy Belle"Détail de costumes de passagers, représentatif des classes aisées des villes de l'Est et des propriétaires de plantations du Sud.
Détail de la timonerieBelle représentation d'une scène de portLe vainqueur recevait traditionnellement en trophée les « Golden Antlers », des bois de cerf dorés symbolisant puissance et vitesse, qui étaient fièrement accrochés au-dessus de la timonerie, attestant aux yeux de tous qu'il était le plus rapide sur le Mississippi.
Au-delà de la documentation d'époque (journaux, gravures, photos …) , le cinéma américain ne manque pas de films ayant pour cadre le Mississippi de la seconde partie du 19éme siècle.
Nous trouvons des adaptations de romans populaires telles la case de l'oncle Tom ou les aventures d' Huckleberry Finn, des biopics sur des personnalités comme le romancier Mark Twain ou le compositeur Stephen Foster, des films musicaux, des comédies dramatiques ...
Quelques illustrations de ces films :
"The Fighting Coward" 1924 de James Cruze /
"River of Romance" 1929 de Richard Wallace /
"Mississippi" 1935 de A. Edward Sutherland, triple adaptation de la pièce "Magnolia" de Booth Tarkington.
"La case de l'oncle Tom" 1927 de Harry A. Pollard
"Steamboat Bill jr." 1928 de Charles Reisner et Buster Keaton
"The Adventures of Huckleberry Finn" 1939 de Richard Thorpe
"Swanee River" 1939 de Sidney Lanfield
"The Adventures of Mark Twain" 1944 de Irving Rapper
"Show Boat" 1936/1951 de James Whale / de George Sidney
Parmi tous ceux-ci, il me semble que sur le plan cinématographique, celui qui représente l'une des sources d'inspiration la plus plausible, notamment en raison de son épique course de bateau final, reste :
"Steamboat Round the Bend" 1935 réalisé par John Ford en 1935










Pour le western, nous pouvons dissocier les films recensés en deux thématiques par rapport à l'album. Le point commun restant l'importance du rôle des steamboats, dont la fonction de transport des hommes et des marchandises, était souvent couplée avec celle de maison de jeux et cabaret flottant. D'où la présence importante du jeu et des joueurs dans certains scénarios.

Nous trouvons donc dans un premier temps, des films à la frontière du genre, qui part leur localisation géographique (vieux sud, Louisiane, Mississippi...) ou chronologique (les années 1850 ou antérieures) se rapprochent plus du film d' aventures que du pur western. On pourrait citer comme exemple :
"River Lady" – "Le barrage de Burlington" 1948 de George Sherman
"The Iron Mistress" - "La maîtresse de fer" 1952 de Gordon Douglas (surtout pour le décor)
"Mississippi Gambler" - "Le gentilhomme de la Louisiane" 1953 de Rudolph Maté
"The Gambler from Natchez" - "La sirène de Baton Rouge" 1954 de Henry Levin
"Duel on the Mississippi" – "Duel sur le Mississippi" 1955 de William Castle
Dans un second temps, voici des westerns plus classiques, se déroulant majoritairement dans la seconde partie du 19éme siècle. La présence de steamboat y est d' une importance variable suivant les histoires et nous sommes parfois bien loin du Mississippi.
"The Big Trail" – "La Piste des Géants" 1930 de Raoul Walsh (Mississippi)
"Dakota" – "La Femme du Pionnier" 1945 de Joseph Kane (Rivière Rouge - Fargo - Dakota du Nord)
On retrouve dans ce film l'évocation de l'échouage du bateau sur un banc de sable représenté dans l'album, ce phénomène restait fréquent sur les rivières peu profondes et ensablées de l'Ouest et il fallait sonder régulièrement pour l'éviter.
"Bend of the River" – "Les Affameurs" 1952 de Anthony Mann (Columbia River)
Pour l'anecdote, la dernière course de bateaux à vapeur ayant eu lieu sur la Columbia River, le fut dans le cadre de la promotion de la sortie du film, et une partie de l'équipe de tournage dont James Stewart y participa. Elle vit
"Le Henderson" (qui était le "River Queen" du film) remporter la course contre "Le Portland".
"The Far Country" – "Je suis un Aventurier" 1954 de Anthony Mann (Sud Alaska – Canada)
"The Rawhide Years" - "Les Années Sauvages" 1956 de Rudolph Maté (Mississippi)
"Ride a Crooked Trail" – "L' Etoile Brisée" 1958 de Jesse Hibbs (Arkansas)
Certains studios de cinéma construiront leur propre réplique de steamboat qu'elles utiliseront dans leurs diverses productions, nous pouvons citer Universal avec son « Enterprise ». Construit pour le film "Mississippi Gambler" de 1953, nous le verrons entre-autre dans les films suivants :
"The Far Country" - 1954
"The Gambler from Natchez" - 1954
"Duel on the Mississippi" - 1955
"Ride a Crooked Trail" – 1958
"Riverboat" – 1959/61 (série tv NBC)
"Four for Texas" - 1963
Autre exemple la MGM avec son "Cotton Club" construit en 1951 pour la comédie musicale "Show Boat" que j'évoque plus haut, et dont voici une autre photo dans "Santiago" avec Alan Ladd en 1956.(tout cela pour faire un petit

à Yves120)

Quelques liens :
http://steamboats.com/ Le site de référence sur lequel j'ai puisé pas mal d'infos et photos.
https://en.wikipedia.org/wiki/Steamboats_of_the_Mississippihttps://en.wikipedia.org/wiki/Natchez_(boat)https://en.wikipedia.org/wiki/Robert_E._Lee_(steamboat)https://fr.wikipedia.org/wiki/En_remont ... ississippihttp://steamboattimes.com/steamboats_1861~99_p2.htmlhttp://steamboattimes.com/the_mississippi_river_system.htmlhttp://filsonhistorical.org/galleries/steamboats-on-the-ohio-river/http://columbiariverimages.comhttp://forum.westernmovies.fr/viewtopic.php?f=1&t=11739&p=130098&hilit=steamboat#p130098