Un des premiers trucs qui saute à la figure, c'est la densité ... Tous les plans sont travaillés au service d'une narration qui prend son temps, campe les protagonistes entre réalisme poussiéreux et distanciation toute littéraire (Bazin et Astruc se référaient à Caldwell et Faulkner, ce qui était à la fois "rapide" et bien senti...une allusion au Mark Twain de Roughing it ou à Bret Hart étant probablement un peu plus pertinente...). Quoi qu'il en soit, ce film, trop mal connu, surtout en France, est une des plus surprenantes illustrations d'une certaine mythologie américaine, celle des hommes sans femmes (ou qui se contentent de les rêver, comme Brennan, de les séduire avec hésitation, comme Cooper...), des hommes entre eux, dans un monde qui impose soi l'errance et la distanciation, soi l'affirmation brutale et cynique de sa propre loi...et les deux options peuvent se croiser pour s'apprécier mutuellement...mais le cours inéluctable des évènements doit faire choisir.
Regardez bien ce film, les ciels, les galops, les cuites, les dialogues alcoolisés de Brennan et Cooper, le regard éperdu et roublard de Davenport, les champs de mais, les bagarres à poings nus dans la poussière, qui préfigurent Mann, avant de n'en voir que l'ombre, le final dans un théatre...époustouflant d'inventivité... "Dixie" résonnant vingt secondes perdues dans la musique à la mort du juge...et toutes ces petites choses qui ne font pas objectivement "avancer" une narration, mais campent une atmosphère, adroit mélange de réalisme, d'humour, de tendresse pour les personnages...
A vous, je reviendrai plus tard (mais je vais essayer de ne pas monopoliser

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