Yosemite a écrit :Dans un paysage désertique et rocailleux, l'uniformité guette... sauf quand justement on se joue du cadre et que l'uniformité est rompue, par un choix d'angle qui capte un élément végétal par exemple.

Je reviens sur cette photo, photo de Loyal Griggs (Dir de la photo dans Les Dix Commandements) et bien sûr d'A. Mann.
Ce que j'y trouve de sublime, c'est sa capacité à illustrer le thème du film qui se situe dans la continuité ou non d'une mission (celle de shérif en l'occurrence) et, de fait, l'acte de transmission qu'il est possible de mener à bien. N'oublions pas que l'enfant et la femme de Morg Hickman (H. Fonda) sont morts ensemble. Et donc, qu'une histoire dans son actualité (la mère et également la femme) mais aussi dans son avenir (l'enfant) s'est interrompue sur ces deux plans en un seul événement.
Cette rupture nous est fréquemment rappelé de façon très subtile notamment par la jolie musique galante lorsqu'il se trouve en compagnie de Nona et son fils Jim (une composition d'Elmer Bernstein si j'en crois la fiche du film).
Il y a aussi cet instant où, Nona Mayfield l'invite à dormir (alors que toutes les chambres de la ville lui ont été refusées) et qu'avant d'accepter il s'assure que le jeune homme Jim en est d'accord. L'avis d'un enfant qui compte... pas si fréquent...
Pour revenir à cette photo donc, le cavalier se dirige vers nous. Impossible de savoir d'où il vient car la ligne d'horizon est brisée par les formations rocheuses mais aussi par des herbes folles qui ôtent toute possibilité de délimitation nette.
Il est sur une piste, qui va décrire un tournant. Or justement, ce tournant, on en devine le début, on en distingue l'issue mais l'incurvation nous en est cachée par une tronc d'arbre lui-même brisé.
Il n'y a aucune continuités évidentes en définitive, ni dans les lignes droites qui sont brisées, ni dans les incurvations qui s'entremêlent.
Je trouve cela extraordinaire, qu'à partir d'un choix de prises de vue, on puisse tant porter et illustrer un sujet de film.
Et c'est ainsi qu'A. Mann est grand...
PS.
La séquence durant laquelle nous apprenons, simplement, que Mr Hickman a eu une épouse, un fils et que tous deux sont morts.
Ensemble et en même temps... Que veut dire cette réponse ? Il ne nous en sera pas dit plus.




Une scène où la colérique Millie (Mary Webster) vient de se sauver du bureau du shérif en claquant la porte.
Très plaisante :

Très plaisante scène oui car l'expérimenté Morg est en train d'expliquer la vie au jeune Ben Owens en lui disant que, certes les femmes ont tendance à faire claquer les portes mais que... dans ce cas, elle a raison car il devrait renoncer à cette étoile (et que finalement en se fâchant elle lui témoigne son amour).
Ca lui va bien de faire le malin au bel Henri Fonda... car lui aussi s'est fait claquer le beignet quelque temps auparavant par Nona Mayfield. Lorsqu'il s'emmêle les propos sur la paternité de son enfant Jim, envisageant en effet que son père était Mexicain mais sans imaginer qu'il pouvait être Indien... Loupé !
On réapprend tous les jours un peu l'humilité hein avec ces dames...
Mais bon, ce qu'il sous-entend pour le jeune shérif est vrai aussi pour eux. Elle l'aime bien Nona...
Le sourire d'Henry...(Morg Hickman)

Le trouble de Betsy Palmer... (Nona Mayfield)

Et ce beau sourire tout d'émotion et de douceur lorsqu'il va voir les fameux pigeons de son fils...

Quelle beauté !
Yo.