ATTAKULLAKULLA (vers 1700-1777)

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DEMERVAL
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ATTAKULLAKULLA (vers 1700-1777)

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Tôt dans sa vie, il fut d’abord connu sous le nom d’Onkanacleah. Selon l’anthropologue James Mooney, le nom Cherokee d’Attakullakulla pouvait être traduit "leaning wood" (bois penché), d’ada signifiant "bois", et gulkalu, un verbe qui implique quelque chose de long, penché contre un autre objet. Son nom "Little Carpenter" (Petit Charpentier) dérivait de la signification anglaise de son nom Cherokee afférent à sa stature physique. Comme le naturaliste William Bartram le décrivit, il était "un homme d’une remarquable stature, élancé avec un frêle squelette." "Ses oreilles étaient entaillées et baguées avec de l’argent, pendant quasiment jusque ses épaules." Il était affable, brillant et spirituel. Felix Walker caractérisa précisément Attakullakulla dans sa spéculation sur l’origine du nom Little Carpenter: juste “comme un charpentier blanc pouvait faire tout encoche et tout raccord s’ajuster dans du bois, il pouvait apporter toutes ses idées pour remplir et trouver leurs places dans la machinerie politique de sa nation”. Il excellait aussi à construire des maisons ce qui pourrait être une autre raison de l’attribution de son titre.
Attakullakulla est apparemment né dans le territoire des Overhill Cherokee, dans ce qui est maintenant l’Est du Tennessee, aux alentours du début des années 1700. Son fils, Turtle-at-Home, dit qu’il était né dans une sous-tribu des Nipissing parlant l’Algonquin, au nord près du Lac Supérieur. Enfant, il fut capturé durant un raid au cours duquel ses parents furent tués et fut ramené au Tennessee pour y être adopté par une famille Cherokee, où il fut élevé en tant que tel. Il épousa Nionne Ollie, une captive Natchez adoptée comme la fille de son cousin, Oconostota. Le mariage fut autorisé parce qu’ils étaient originaires de deux clans différents ; il était du Wolf Clan et elle était du Paint Clan.
Il fut un membre de la délégation Cherokee qui effectua le voyage en Angleterre en 1730. En 1736, il rejeta les avances des Français, qui avaient envoyé des émissaires auprès des Overhill Cherokee. Trois ou quatre ans plus tard, il fut capturé par les Ottawa, alliés des Français, qui le gardèrent captifs au Québec jusque 1748. Après son retour, il devint l’un des diplomates principaux des Cherokees et un conseiller du Beloved Man de Chota.
Dans les années 1750, Attakullakulla oeuvra pour fournir un approvisionnement régulier en marchandises à son peuple. Quand la Guerre Franco-Indienne éclata, les Cherokees se rendirent à la frontière de la Pennsylvanie pour servir dans les campagnes militaires britanniques contre les forteresses françaises et Indiennes. Les Cherokees furent assassinés sur leur chemin de retour par des colons de la Virginie. Attakullakulla se rendit en Pennsylvanie, à Williamsburg, puis à Charles Town, pour concrétiser la promesse d’achats de marchandises en compensation. Mais cela n’était pas assez pour satisfaire le jeune Cherokee qui espérait honorer leur obligation culturelle de "revanche sanglante" et assurer son statut social. De 1758 à 1759, les guerriers Cherokee lancèrent des raids punitifs sur la frontière coloniale méridionale. Espérant que les questions seraient oubliées, Attakullakulla lança même une expédition guerrière contre le Fort français Massiac et essaya de négocier la paix avec les Britanniques.
Ces efforts se révélèrent vains. A la fin 1759, les Cherokees se rendirent à Charleston pour essayer de négocier la paix avec les autorités de la Caroline du Sud. Le gouverneur colonial, William Henry Lyttetton, prit la délégation en otages jusqu’à ce que le Cherokee responsable de la mort de colons blancs se soit rendu. Ayant levé une force expéditionnaire de 1 700 hommes, Lyttleton prit la route du Fort Prince George, avec les otages en remorque et ils arrivèrent le 9 décembre 1759. Attakullakulla fut obligé de signer un traité acceptant que les Cherokees livrent les "meurtriers" en échange des presque deux douzaines d’otages confinés au Fort Prince George.
Attakullakulla retourna au Fort Prince George au début de 1760 pour négocier la libération des otages, mais sans résultat. Alors que les négociations pacifiques avaient échoué, Oconostota attira par la suite le Lt. Richard Coytmore en dehors du fort en agitant une bride au-dessus de sa tête. Il incita alors les guerriers Cherokee à se cacher dans les bois pour abattre Coytmore. La garnison du fort exécuta en représailles tous les otages Cherokee restants. Les Cherokee lancèrent une offensive contre les colonies sur la frontière du sud. De nombreux Cherokees blâmèrent Attakullakulla pour la mort des otages. Alors qu’il tentait de ramener la paix, plus tard en 1760, les troupes Britanniques et du Sud de la Caroline envahirent les Cherokee Lower Towns et Middle Towns. Ils furent obligés de se retirer et le Fort Loudoun tomba aux mains des Cherokees. Attakullakulla tenta de nouveau de négocier la paix, mais cela n’arriva pas avant qu’une expédition punitive soit menée par les Britanniques et les Sud-Caroliniens contre les Middle et Lower Towns en 1761. Attakullakulla signa les termes de la paix à Charles Town le 18 décembre 1761, mais fut pillé et harcelé lors de son voyage retour par des colons en colère. Tout au long des années 1760, il devait éviter en vain les colonisations blanches et fut un fréquent invité à Charles Town et Williamsburg. Au début des années 1740, les guerriers Ottawa alliés des Français avaient capturé Attakullakulla et l’avaient emmené au Canada. Il retourna précisément dans le pays Cherokee quand la rivalité impériale entre les Britanniques et les Français s’intensifia. Quand il revint, il devint le principal lieutenant de son oncle maternel Connecorte, Old Hop le chef principal de Chota.
Dans les années 1750-1760, Attakullakulla domina la diplomatie Cherokee. Bien qu’il favorisa habituellement les Britanniques, il était un habile diplomate, cherchant toujours une issue pacifique aux problèmes mais toujours dans l’intérêt des Cherokees. Quand Connecorte décéda, il laissa Attakullakulla, le diplomate, et Oconostota, le chef de guerre, qui partagèrent le pouvoir et ils dirigèrent les Cherokees pendant une génération.
Le 2 juin 1760, il quitta le fort et fut exclu du Conseil Cherokee. Il déménagea dans les bois pour y vivre, trouvant maladroit de se retrouver parmi ceux qui avaient perdu ou les vainqueurs de la Guerre Cherokee de 1760. En juin 1761 une expédition punitive britannique lancée par le Général Jeffery Amherst et commandée par le Colonel James Grant, ravagea les villes Cherokee des Carolines. Ayant échoué à recevoir le soutien des Français, les Cherokees rappelèrent Attakullakulla au conseil pour négocier la paix avec les Britanniques. Attakullakulla influença aussi la nomination de John Stuart comme commissaire aux Affaires Indiennes du Sud.
En 1772 Attakullakulla loua des terres à la Watauga Association, un gouvernement formé par des colons, dans ce qui est maintenant le coin oriental supérieur du Tennessee. En 1775 il favorisa la Colonie de Transylvanie pour laquelle le colonel de la Caroline du Nord Richard Henderson avait acheté 20 millions d’acres au Kentucky et au Middle Tennessee. Lors du Traité de Broad River (1756), il accepta de céder des terres Cherokee aux Anglais en échange de la promesse de la construction de forts en territoire Cherokee destinés à protéger leurs femmes et leurs enfants quand les hommes étaient en guerre. Il honora les promesses faites aux Anglais mais certains Cherokees lui reprochèrent. Cependant, il mit en concurrence les colonies de la Caroline du Sud et de la Virginie pour sécuriser des pratiques louables de commerce pour son peuple.
Dans le Traité de Paix et d’Amitié conclu par son Excellence William-Henry Lyttjelton avec Attakullakulla, il est affirmé qu’il “existerait une paix et une amitié entre tous les sujets de Sa Majesté de cette province et la nation des Indiens appelée Cherokees, et ensuite dit que les Cherokees devra préserver la paix avec tous les sujets de sa majesté quels qu’ils soient”.
Bien que l’on ne connaisse pas grand-chose de sa parentèle, sa famille produisit effectivement d’autres leaders. Connecotre (Old Hop), le chef des Cherokee durant les années 1750, était son oncle maternel. Le fils d’Attakullakulla, Dragging Canoe, mena la résistance aux Etats-Unis dans les années 1780. Sa nièce, Nancy Ward, était une ‘femme bien-aimée’, qui avait le pouvoir de libérer des prisonniers de guerre. Durant la Guerre de la Révolution, Attakullakulla fut un des vieux chefs Cherokee qui céda des terres à la Virginie, au contraire des souhaits des plus jeunes guerriers. Le fils d’Attakullakulla, Dragging Canoe, le chef Chickamauga Cherokee durant les Guerres Américano-Cherokee, s’écarta de son père durant cette période.
Après que les Cherokees aient massacré le Fort Loudon, Attakullkulla réalisa que le Capitaine Stuart, un agent des Affaires Indiennes du gouvernement colonial, avait échappé à la mort. Attakullakulla avait racheté Stuart à l’Indien qui l’avait capturé. Attakullakulla lui donna son fusil, ses vêtements et tout ce qu’il pouvait commander pour acheter Stuart. Après l’avoir fait, cela fit de Stuart, selon la coutume Cherokee, son frère aîné. L’amitié éternelle qui en découla fut profitable à l’Anglais. La vie du Capitaine Stewart étant de nouveau menacée pour avoir refusé d’aider à la reddition du Fort George, Attakullkulla décida de sauver son ami ou de périr dans la tentative. Il signifia en conséquence à ses congénères qu’il avait l’intention d’aller chasser et de prendre son prisonnier avec lui pour manger du gibier. La distance avec les colonisations était grande. L’expédition était nécessaire pour éviter d’être rattrapé par ceux qui poursuivaient les Cherokee. Neuf jours et nuits, ils voyagèrent à travers la nature sauvage jusqu’à ce qu’il rencontrent un groupe de rangers envoyés pour la protection de la frontière, qui les conduisit en sécurité dans les colonisations. Attakullakulla est supposé être décédé en 1777. Oconostota lui succéda comme Premier Homme Bien-Aimé.
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