PORCUPINE (1848-1929)

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DEMERVAL
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PORCUPINE (1848-1929)

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Porcupine naquit aux environs de 1848 et fut élevé parmi les Sioux. Son père était Sioux et sa mère était Cheyenne. Il épousa une Cheyenne et devint un membre de la tribu Cheyenne. C’était alors la coutume pour un mari de vivre parmi la tribu de son épouse, habituellement dans un logement adjacent à celui des ses beaux-parents. Comme virtuellement tous les jeunes Cheyennes, Porcupine rejoignit un groupe de guerriers, en l’occurrence en ce qui le concerne, les Dog Soldiers.
A la fin de la guerre civile américaine, les Etats-Unis tentèrent de persuader les Indiens des Plaines de vivre dans des Réserves. Un certain nombre d’opérations militaires simultanées furent conduites dans la poursuite de cette politique sous le contrôle du Général Grant. Le Général Winfield Scott Hancock commanda l’une de ses expéditions à l’Ouest du Kansas. Ses objectifs visaient les Cheyennes du Sud installés dans la région de Smoky Hills. En avril 1867, Hancock emmena une troupe importante au Fort Larned et demanda à ce que les Chefs Indiens y viennent à sa rencontre. Le but était d’intimider les Indiens avec ce déploiement de forces. Il fut averti par Edward W. Wynkoop, l’agent Indien chargé des Cheyennes du Sud et des Arapahos, que cela serait perçu par les Indiens comme un acte d’aggression et était donc inapproprié pour des négociations de paix. Hancock ignora ce conseil.
Les Indiens étaient méfiants en approchant le fort. Un camp conjoint de Cheyennes du Sud et de Sioux Oglalas fut établi à 45 kms de Pawnee Fork. Une poignée d’Indiens entra dans le fort dont Tall Bull, le leader des Cheyennes Dog Soldiers. Hancock les menaça de la guerre s’ils n’acceptaient pas les termes de son accord mais ils répondirent en retournant dans leur camp. Furieux du fait que de nombreux chefs Indiens ne l’avaient pas rencontré, Hancock déclara que si les Indiens ne venaient pas à lui, il irait alors à leur rencontre et il se prépara à mettre toutes ses forces en mouvement vers Pawnee Fork. Les agents Indiens l’alertèrent de nouveau que cela serait considéré comme une agression et n’était donc pas une bonne idée. Les Indiens tentèrent de stopper Hancock alors qu’il approchait du camp en mettant le feu à la prairie mais ils échouèrent. En dehors du camp, il y eut une confrontation avec le chef Cheyenne Roman Nose. Hancock parla durement à Roman Nose qui dit alors à son compagnon, Bull Bear, de s’éloigner car il avait l’intention de tuer Hancock devant ses soldats et ne voulait pas que Bull Bear soit tué dans l’inévitable déluge de balles qui ne manquerait alors pas de tomber. A la place Bull Bear emmena Roman Nose hors du lieu de rendez-vous. Hancock ordonna alors de capturer le camp mais en y entrant, il le trouva désert. Les Indiens, craignant une répétition du massacre de Sand Creek, avaient déjà quitter les lieux et s’étaient éparpillés.
Hancock ordonna au général George Armstrong Custer de lancer la 7ème de cavalerie à leur poursuite. Ce fut la première action de Custer durant les guerres Indiennes. Elle ne fut pas très fructueuse, les Indiens éparpillés étaient difficiles à pister et quand Custer s’arrêta au Fort Hays pour fourrager, il n’en trouva pas et resta coincé au fort. Le 19 avril, en représailles, Hancock ordonna la destruction du campement de Pawnee Fork et suscita une guerre Indienne, sans aucune raison valable selon nombre de commentateurs contemporains et modernes. L’un des Indiens poursuivi par Custer à partir de Pawnee Fork était Porcupine, alors âgé de 19 ans.
Porcupine s’enfuit vers le nord par rapport à Custer avec un compagnon, Red Wolf. Avant de rejoindre l’Union Pacific Railroad près de North Platte, Nebraska, ils avaient rencontré une bande de Cheyennes conduite par Turkey Leg et Spotted Wolf. Porcupine eut l’idée de tenter d’arrêter ou d’endommager un train. Le 6 août 1867, Porcupine et Red Wolf placèrent une traverse à travers la voie à 5 kms à l’ouest de Plum Creek (maintenant Lexington) et la lia aux rails avec du fil de télégraphe. Ils allumèrent un feu à la tombée de la nuit. Deux hommes, Pat Handerhan et William Thompson, furent envoyés sur une draisine pour enquêter sur la ligne de télégraphe. Distraits par le feu, ils laissèrent la draisine heurter l’obstacle. Porcupine et Red Wolf chassèrent les hommes avec un tir de fusil mais ils furent pourchassés et Handerhan fut tué. Thompson fut blessé mais fit le mort, même lorsqu’il fut scalpé et il survécut. Porcupine et Red Wolf trouvèrent deux carabines Spencer dans la draisine. C’étaient des armes à charger par la culasse ce qu’ils ne comprirent pas, étant plutôt familiers avec des fusils à chargement par la bouche. En découvrant que les fusils pivotaient sur eux-mêmes, ils les jetèrent car apparemment cassés.
Encouragés par ce succès, les Indiens essayèrent alors de causer plus de dommages aux voies de chemins de fer. Les raisl furent desserrées, levées et tordues et utilisées pour faire un barrage plus consistant. Tard dans la nuit et tôt le 7 août, deux trains de marchandises approchèrent. Quelques Indiens sortirent de leur cachette et poursuivirent le premier train à cheval. Ils tirèrent sur le train et tentèrent même de l’arrêter en prenant la locomotive au lasso. Bien sûr, cela ne fonctionna pas mais cela obligea le conducteur du train, Brooks Bower, à accélérer au maximum pour échapper aux Indiens. Le train arriva sur la voie endommagée à pleine vitesse. Bower fut éjecté à travers la fenêtre de la cabine et décéda. Le chauffeur, George Hendershot, se trouvait devant la porte de la chaudière avec une pelle à la main prêt à y jeter plus de charbon. Il fut happé par la chaudière et brûla vif. Les survivants de l’accident de train se réfugièrent dans le second train, avec Thompson, qui sortit de sa cachette en portant son propre scalp. Le train fit marche arrière vers Plum Creek Station et y embarqua les résidents pour les évacuer sur Elm Creek. Il y eut une tentative infructueuse de réimplanter le scalp de Thompson à Omaha et il se trouve maintenant dans la bibliothèque publique de la ville.
Au matin le train fut minutieusement pillé puis incendié. Des bouts de textile du train furent attachés aux queues des chevaux des guerriers afin qu’ils s’enroulent en boudins multicolores. Ceux-ci furent ramenés au camp pour les femmes. Les actions de Porcupine ce jour-là occasionnèrent le premier déraillement d’un train par des Indiens.
Suite à la reddition Indienne à la fin de la Grande Guerre des Sioux de 1876, les Cheyennes furent déportés de force dans des réserves de l’Oklahoma. Là ils trouvèrent que les terrains de chasse, qui leur étaient alloués, étaient dénués des grands gibiers dont ils avaient besoin pour survivre et les vivres promises par le gouvernement américain tardaient à arriver ou étaient volées par les agents Indiens. En 1878, faisant face à la famine, les chefs Dull Knife et Little Wolf conduisirent les Cheyennes du Nord dans un épique voyage de retour vers leur terre natale du Montana, à plus de 1 600 kms de là. Porcupine prit part à ce Northern Cheyenne Exodus. Dull Knife se rendit au Fort Robinson dans le Nebraska. Sa bande y fut emprisonnée sans recevoir de nourritures ou de chauffage (avec des températures inférieures à zéro) pour ne pas avoir accepté de retourner en Oklahoma. Près de la moitié périrent (mais pas Dull Knife) au cours d’une tentative désespérée d’évasion du Fort Robinson. Little Wolf se rendit en mars 1879 au Fort Keogh dans le Montana. La bande de Little Wolf fut autorisée à rester et Dull Knife les y rejoignit.
Un certain nombre de colons du Kansas avaient été tués durant le voyage de retour des Indiens. Il y eut des appels pour que toute la bande de Cheyennes soient jugée mais cela n’avait pas de fondement légal. En compromis, les autorités militaires envoyèrent sept Indiens, Wild Hog, un chef de guerre des Northern Cheyenne Elk, Porcupine et cinq autres (Old Crow, Tangled Hair, Blacksmith, Noisy Walker et Strong Left Hand) devant le tribunal civil pour y répondre de ces meurtres. Un certain nombre d’ustensiles provenant des maisons du Kansas furent trouvées en possession des Indiens. Ils furent envoyés au Fort Leavenworth, Kansas, au début de 1879 pour y attendre le procès. Ils devaient être jugés à Dodge City et y furent escortés par l’homme de loi, Bat Masterson. Ce ne fut pas un voyage de tout repos; des foules importantes et quelquefois indisciplinées vinrent à leur rencontre des Indiens. A Lawrence, Masterson fut obligé de frapper le shérif de la ville pour le calmer. Le procès débuta à Dodge City le 24 juin. L’avocat de la défense argumenta avec succès qu’un préjudice local ne pouvait être jugé de manière objective à Dodge City et requit de transporter le procès à Lawrence, une requête qui fut acceptée. La défense décida de montrer l’iniquité des conditions de vie dans une réserve. Elle voulait embarrasser Washington et avait lancé des assignations à paraître contre, entre autres, le Général Nelson Miles, le Général John Pope et le secrétaire à l’Intérieur, Carl Schurz. Entre-temps, l’accusation avaient des difficultés à persuader les témoins à effectuer le long voyage à Lawrence. Quand le Procureur Général à son tour décida de ne pas venir le 13 octobre, toutes les charges furent abandonnées.
La religion de la Ghost Dance fut créée par son prophète Wovoka au Nevada, un Indien Paiute qui avait eu une vision le 1er janvier 1889 durant une éclipse solaire. Dans cette vision, il était emmené au paradis pour y recevoir une danse (la Ghost Dance) à transmettre aux Indiens pour assurer leur place au paradis. La religion de Wovoka était fortement influencée par le Christianisme. Il prédit qu’une figure messianique, identifiable au Jésus Christ chrétien, viendrait sur la Terre pour redonner vie à tous les Indiens morts. Tous les Blancs seraient alors effacés de la Terre et le bison reviendrait. Wovoka prédit que cela arriverait au printemps 1891. Dans l’entre-temps, selon les prêches de Wovoka, les Indiens ne devaient plus combattre les Blancs, mais devaient effectuer la Ghost Dance.
En novembre 1889 Porcupine conduisit une mission Cheyenne pour visiter les Arapahoes dans le Wyoming. Ses compagnons étaient Grasshopper et un troisième Indien plus jeune. Au Wyoming, Porcupine reprogramma l’entreprise et se rendit au Nevada pour voir Wovoka. Ils y restèrent tout l’hiver et reprirent la chemin du retour au printemps 1890. Porcupine mit cinq jours pour rapporter au conseil tribal des Chefs ce qu’il avait vu et appris. A la fin des cinq jours, on lui donna la permission de promulguer les enseignements de Wovoka parmi la tribu. Ainsi, Porcupine devint le principal apôtre de la Ghost Dance parmi les Cheyennes. Porcupine prêcha que Wovoka était le Messie et une figure christique.
Porcupine décrivit la visite à Wovoka comme le côté fortuitement bénéfique de sa visite aux Arapahoes. Il ne mentionna que la délégation Cheyenne comme si elle était venue toute seule. Cependant, James Mooney, un ethnologue mandaté par le gouvernement américain pour enquêter sur la Ghost Dance et qui voyagea en long et large pour interviewer toutes les principales tribus concernées, dont Wovoka en personne, avance une version différente. La délégation de Porcupine faisait partie d’une mission plus large et organisée, avec peut-être une douzaine de personnes, envoyée par une conférence des Chefs au Fort Washakie dans le Wyoming avec le but affirmé d’obtenir des informations au sujet de cette nouvelle religion. La mission comprenait des délégués des Sioux, des Cheyennes, des Arapahoes et des Shoshones. Il semble bien que la visite aux Arapahoes était une histoire pour rendre plus facile une permission de sortie de la Réserve. Les soldats américains gardant la réserve avaient pour ordre d’empêcher qui que ce soit de quitter la Réserve sans autorisation. Porcupine, cependant, voyagea sans autorisation jusqu’à la Fort Hall Indian Reservation dans l’Idaho où il en obtint une de la part de l’agent Indien local. Au Fort Hall, plus de Shoshones et de Bannock Indians les rejoignirent. L’agent Indien de la Pyramid Lake Indian Reservation dans le Nevada rapporta que la troupe comptait 34 personnes quand elle traversa la Réserve. Porcupine dit que tous les Indiens qu’il rencontra après le Fort Hall pratiquaient déjà la Ghost Dance et que de nombreux blancs (ceux-ci pourraient être principalement des Mormons du Nevada) dansaient aussi.
La religion de la Ghost Dance ne se limita pas aux Cheyennes. Elle se propagea à tous les Indiens des Plaines. Les colons vivant près des réserves s’inquiétèrent que cela ne mène à une nouvelle révolte Indienne et demandèrent l’intervention de l’armée. Les danses Indiennes avaient été rendues illégales par l’Indian Religious Crimes Code, 1883, et le restèrent jusque 1934. La peur manifestée par les Blancs résulta en une confrontation entre l’armée et les Sioux et provoqua la mort du chef Sioux Hunkpapa, Sitting Bull et le massacre de Wounded Knee en décembre 1890. Dans la Réserve des Northern Cheyennes où vivait Porcupine, des renforts furent envoyés du Fort Keogh à la Lame Deer agency. L’Armée envoya le sergent Willis Rowland, un sang mêlé Cheyenne et éclaireur pour rassembler des renseignements sur les prêches de Porcupine. Rowland rejoignit l’église de Porcupine et y fut baptisé. Rowland détesta l’aspect mensonger de sa mission; "J’ai détesté faire ça, mais il me sembla que c’était le meilleur moyen." Après trois jours, il rapporta à ses supérieurs que les prêches de Porcupine étaient tout à fait pacifiques et que personne ne parlaient de faire la guerre aux Blancs. Néanmoins, la Ghost Dance fut stoppée par le gouvernement. Les Northern Cheyennes réussirent parfois à organiser des Ghost Dance illégales en convainquant les soldats qui voulaient les interdire que c’étaient des danses différentes.
Quelque temps après que la Ghost Dance ait été interdite, Porcupine déménagea dans la Pine Ridge Indian Reservation des Sioux Oglalas. Les Sioux et les Cheyennes avaient toujours été dans des relations amicales et avaient toujours été des alliés dans les batailles avant que la reddition des Cheyennes. Porcupine lui-même était à moitié Sioux.Cependant, après Wounded Knee, Porcupine et soixante autres furent temporairement envoyés dans la Northern Cheyenne Reservation; de nombreux Cheyennes étaient dans l’armée comme éclaireurs et l’on pensa qu’ils ne seraient pas en sécurité à Pine Ridge. Là ils furent impliqués dans un imbroglio bureaucratique. Porcupine estima qu’ils devaient toucher leurs parts de l’argent payé par le gouvernement pour la vente forcée en 1889 des terres de la réserve du Dakota du Sud. Ils ne les reçurent pas parce qu’ils n’étaient plus sur la liste des Indiens assignés à résidence à Pine Ridge, même si leur transfert était considéré comme temporaire. Quelques-uns d’entre eux furent payés après quelques années d’attente.
La religion de la Ghost Dance disparut quand le Messie et la résurrection des morts ne survinrent pas comme il avait été prédit. Elle ne disparut cependant pas complètement et un vestige existe encore de nos jours. Porcupine essaya de faire revivre la religion en 1900. L’agent Indien James C. Clifford réunit une pétition des Northern Cheyennes demandant qu’il soit emprisonné. Porcupine fut arrêté en octobre et assujetti à de durs labeurs au Fort Keogh. Il fut libéré le 28 février 1901 sur la promesse de bien se conduire. En 1918 il y eut une tentative messianique d’organiser une révolte de la Northern Cheyenne reservation.Les Blancs de l’Agency furent assez effrayés pour porter des armes à tous moments et faire des réserves de munitions. Cependant, la tentative fut tuée dans l’œuf avec des menaces fermement formulées aux Indiens. Porcupinene prit pas part à l’évènement, ou à toutes autres tentatives de rebellions connectées avec le Messie. Il resta pacifique tout au long de cette période.
Porcupine fut un chef des Northern Cheyennes mais ne fut jamais reconnu comme tel par le gouvernement américain, probablement à cause de sa connexion avec la Ghost Dance. Il fut aussi un puissant homme-médecine; selon Marquis il avait plus d’influence que l’homme médecine le plus éminent de la tribu, le Gardien du Tipi Sacré. Il fut impliqué dans les négociations de quatre traités de paix différents. Il dit que les quatre traités avaient ensuite été abrogés par les Etats-Unis. Le plus troublant d’entre eux fut le reniement américain du traité sur les Black Hills après que de l’or y ait été découvert. La dispute au sujet des Black Hills fut la cause de la guerre de 1876. Porcupine fut le porte parole d’une délégation Cheyenne qui se rendit à Washington durant la présidence de Benjamin Harrison (1889–1893). Le but était d’obtenir des réparations pour la violation des traités.
Porcupine eut deux fils qui décédèrent tous deux de la tuberculose, une maladie commune parmi les Cheyennes à l’époque des Réserves, pour laquelle ils n’avaient que peu de résistance. Porcupine est décédé en 1929.
DEMERVAL
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