Année 1922
Une séance au temps du cinéma muet :
« Ah ! si Charlot l’avait su ! il serait venu trinquer avec nous pour applaudir avec les
cheminots délirants, au triomphe de M. Nouvel-An, son sosie. M. Nouvel-An était le
directeur de ce cinéma bistrot.
… Dans ses imitations des bruits, c’était un véritable virtuose, c’est pourquoi son
programme se composait des films d’actualité et de films documentaires qu’il choisissait
lui-même, ce qui lui permettait de donner libre cours à son talent et à sa fantaisie.
Il faisait le vent, la pluie, le clair de lune, la nuit l’orage, la tempête, le bruit des machines,
le télescopage d’un train en marche, le ronflement d’un moteur d’avion, le brouhaha de
la foule dans la rue, la sortie du métro, l’incendie, tous les animaux, mâles et femelles,
tous les oiseaux, à volonté, la mer ou l’océan, et imitait comme pas un le téléphone,
sa sonnerie, sa friture, son dialogue coupé ou une bataille de revolvers. Pour les films
de Charlot il improvisait des sketches vertigineux et irrésistibles. Sa voix imitait toutes
les contorsions, toutes les acrobaties de Charlot et de ses comparses, et dans les moments
pathétiques, quand l’action marquait un temps d’arrêt pour laisser apparaître en gros plan
sur l’écran la face consternée de Charlot, figé, hébété, foudroyé, avec ce sourire si triste,
à retardement, désarmé, qu’il a devant la méchanceté du sort, quand il est désemparé,
qu’il tombe de son haut, que la vie lui a rogné les ailes, M. Nouvel-An trouvait des mots
d’un drôle qui vous tirait les larmes. Le petit chapeau, le large pantalon, la petite canne,
la fuite, la chute, les glissades, l’équilibre instable, la soif, la faim, l’amour, chacune des
particularités de Charlot avait sa voix propre, son intonation spéciale, son accent et son timbre.
Il y avait des grimaces, des gifles, des coups, d’affreux retours sur soi-même, un étonnement
angélique dans les intonations que M. Nouvel-An savait prendre ; sa voix arrivait même à rendre
la démarche les pieds en dehors de Charlot. » Blaise Cendrars. Les Confessions de Dan Yack.
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Le Palace cinéma, théâtre, dancing de Loudun, avec son piano et son orgue :

L'orchestre du Palace :

Photos : E. Verger
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Helen Holmes (1892 – 1950)

Selon son arrière petite fille, Helen Holmes, n'était pas actrice de théâtre, contrairement à ce qu’on a pu écrire.
Par ailleurs, c'est grâce à Mabel Normand qu'elle démarre sa carrière d'actrice cinématographique.
Fille d'un ingénieur des chemins de fer, elle a grandi dans cet univers et adolescente savait déjà conduire une locomotive.
En 1910, la famille déménage, à cause de la maladie de son frère à la Vallée de la Mort. Helen vit aux côtés des Indiens
et elle a été chercheuse d'or. A la mort de son frère Helen part pour Los Angeles.
En 1912, Helen Holmes fait la connaissance de Mabel Normand qui la présente à Mack Sennett et signe pour la Keystone.
L'année suivante elle tournera 20 films. Cette même année Helen rencontre l’acteur et réalisateur J.P. McGowan
(fils de cheminot aussi) son futur mari et partenaire.
En 1914, Helen Holmes est l'héroïne du serial aux 119 épisodes
The Hazards of Helen, qui l'a rendu célèbre. Elle participe également à la réalisation et à l'écriture :
"si une actrice de cinéma veut montrer de vrais frissons, elle doit les écrire elle-même dans le scénario ».
En 1915, elle coproduit avec JP McGowan le serial de 15 épisodes The Girl and the Game, dans lequel
" l'intrépide Helen sauve son père et son petit ami d'un accident de train, sauve encore ce dernier, mais cette
fois d'une locomotive en feu ; sauve la compagnie de chemin de fer de la ruine financière ; récupère les salaires
des mains des voleurs, sauve à nouveau son petit ami et un ami d'un autre accident de train ; sauve un homme
d'un lynchage ; capture des voleurs ; sauve deux hommes après l'éboulement d'une mine ; récupère encore de
l'argent volé et décroche un train de marchandises pour éviter un «terrible accident».


Helen Holmes était connue pour faire les cascades de ses films elle-même et était appelée la Railroad Girl.
Ses exploits durant les tournages de ses films étaient vraiment dangereux à une époque ou les conditions de sécurité
n'étaient pas les meilleures et il arrivait de déplorer des morts. Elle a échappé une fois à un train en feu;
une autre fois elle se sauve d'un camion dont les freins ont lâchés; elle aurait perdu un pouce en sautant d'une
monture au galop sur un train roulant à toute vitesse.
Aimant les voitures et la vitesse, Helen n’hésitait pas à s'inscrire avec l'initiale de son prénom pour contourner les
règles interdisant aux femmes les compétitions.
Dans les années vingt la mode n'étant plus aux héroïnes, la popularité d'Helen chute. Elle tourne encore un peu, on la
voit donnant la réplique aux acteurs tels : William Desmond, Hoot Gibson et Jack Hoxie ainsi que JP McGowan.
Helen Holmes conduisant une locomotive en 1912 :

2 westerns avec Helen Holmes :
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Whispering Smith
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J. P. McGowan (1880-1952) dirige en 1916 la première adaptation du roman Whispering Smith, et il compte sur le
concours de l'auteur : Frank H. Spearman pour le scénario.
Par la suite il y aura 2 remakes : en 1926 avec H. B. Warner et Lilian Rich et en 1948 avec Alan Ladd et Brenda Marshall.
Fiche technique :
Année : 1916
Réalisateur : J.P. McGowan
Scénario : Frank H. Spearman d'après son roman
Production : Signal Film
Durée : 5 bobines

Distribution : Helen Holmes (Marion Sinclair), Belle Hutchinson (Sinclair's friend), J.P. McGowan
(Whispering Smith), Paul Hurst (Murray Sinclair), Leo D. Maloney (DuSang)
Helen Homes, JP McGowan et Paul Hurst :
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Ghost City
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Helen Holmes et Jack Connolly :


"Nada Mayhew persuade son père malade de passer quelques mois dans les montagnes, où ils sont soupçonnés
à tort d'être des agents fédéraux par les trafiquants Bob Clark et Jim Hendricks. Utilisant une carte trouvée
par Nada, père et fille partent à la recherche d'une veine d'argent cachée, mais pour échapper à la bande
ils chevauchent jusqu'à Ghost City. Quand l'arpenteur Dick Carroll trouve Nada dans sa cabine, elle le soupçonne
de faire partie du gang et l'attache. Jim Hendricks arrive et capture Nada. Réalisant son erreur, Nada ronge les
liens de Dick tandis que Hendricks cherche la carte, boit accidentellement du poison et provoque un incendie.
Tous les trois s'échappent. Dick bat Hendricks, et Nada et Dick reprennent la recherche de la veine"
AFI Catalog of Feature Films
Fiche technique :
Année : 1921
Réalisateur : William Bertram
Scénario : George Rix, d'après l'histoire, The Girl in Gopher City
Image : Stephen Norton
Production : Helen Holmes Productions
Durée : 1.500 m (5 bobines)
Distribution : Helen Holmes (Nada Mayhew), Leo Maloney (Jim Hendricks), Ann Schaefer (Desert Meg),
Tom London (Bob Clark), Jack Connolly (Dick Carroll)
William Bertram et Anne Schaefer :


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L'Aigle (Sky High)
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Grant Newbury (Tom Mix), est un agent, envoyé pour démanteler le trafic à la frontière mexicaine. Alors qu'il
est en reconnaissance, il tombe sur Estelle (Eva Novak), perdue dans le Grand Canyon en faisant du tourisme.
Grant est capturé et ligoté par Bates (J. Farrell MacDonald), le chef des contrebandiers, au courant de sa mission.
Avec l'aide d'Estelle, il s'échappe et arrive à Williams City et demande l'aide du shérif. Pendant ce temps, Bates
kidnappe Estelle, ignorant qu'elle est la nièce de son employeur, Jim Halloway. Grant Newbury grimpe dans
un avion, saute dans un ruisseau, nage vers l'endroit où est détenue Estelle et la sauve. Les bandits sont arrêtés
et la romance de Grant et Estelle...
Le rythme du film est soutenu, on y voit de belles images du Grand Canyon, ce malgré les copies moyennes existantes,
le film a 96 ans !
Film visible sur Internet Archive : https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q= ... mzSjPdNG1E
Voir aussi l'article de Pak : viewtopic.php?f=7&t=16278&p=230584&hilit=In+the+Land+of+the+Head+Hunters#p230596
Fiche technique :
Réalisateur : Lynn Reynolds
Scénario : Lynn Reynolds
Image : Benny Kline
Production : Fox Film Corporation
Durée : 58 min – 1.385 m '(5 bobine)
Lieu de tournage : Grand Canyon National Park ; Williams, Arizona
Tom Mix et Eva Novak :
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Distribution : Tom Mix (Grant Newbury), Eva Novak (Estelle Halloway), J. Farrell MacDonald (Jim Frazer,
gardien), Sidney Jordan (Andrew ‘Bullet’ Bates), William Buckley (Victor Castle), Pat Chrisman (Pasquale),
Wynn Mace (Patterson), Adele Warner, (Marguerite Castle), Tony (cheval)
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Youth Must Have Love
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« Earl Stannard (Wallace MacDonald ), est accusé de meurtre, arrêté et envoyé en prison. Della Marvin
(Shirley Mason) découvre qu’il est victime d’un complot ourdi par son père (Cecil Van Auker). Earl s'échappe
et retrouve celui qui l’avait dénoncé. Marvin Sr. avoue avoir menti pour protéger son ami. Finalement,
le vieil homme innocente Stannard et désigne son ami comme le vrai coupable. » AFI
Film considéré perdu.
Fiche technique :
Réalisateur : Joseph Franz
Scénario : Dorothy Yost, d'après son histoire
Image : George Schneiderman
Production : Fox Film Corporation
Durée : 5 bobines
Shirley Mason et Wallace MacDonald :
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Distribution : Shirley Mason (Della Marvin), Cecil Van Auker (Mr. Marvin), Wallace MacDonald (Earl Stannard),
Landers Stevens (Frank Hibbard), Wilson Hummel (Austin Hibbard)
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The Greater Duty
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Gilbert M. « Broncho Billy » Anderson :


Après 349 films, le premier cowboy du cinéma, G. M. « Broncho Billy » Anderson tire sa révérence et livre ici
son dernier film en tant qu’acteur. Cette même année il réalisera aussi, ses trois derniers films dont deux
comédies avec Rigolo Stan Laurel.
Tournage d'un film avec "Broncho Billy", en 1910 :


Fiche technique
Production : Amalgamated Producing Corporation
Durée : 1500 m (5 bobines)
Distribution : Gilbert M. « Broncho Billy » Anderson; Carol Holloway; Frank Campeau; Melbourne MacDowell
Carol Holloway, Frank Campeau et Melbourne MacDowell :
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