Les ALGONQUINS

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DEMERVAL
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Les ALGONQUINS

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Les Algonquins rencontrèrent pour la première fois les Européens quand Samuel de Champlain arriva dans une troupe conduite par le chef Kitcisìpirini Chef Tessouat à Tadoussac, à l’est du présent Québec, à l’été 1603. Ils étaient en train de célébrer une récente victoire sur les Iroquois, avec leurs alliés Montagnais et Etechemins (Malecite). Champlain ne comprit pas que les Algonquins étaient socialement unis par un solide système clanique plutôt que par le concept européen de nation. Les nombreuses bandes d’Algonquins avaient toutes leur propre chef. Dans chaque bande, le chef dépendait de l’approbation politique de chacun des chefs de clans. Champlain eut besoin de cultiver des relations avec de nombreux chefs et leaders de clans. A partir de 1603, quelques-uns des Algonquins s’allièrent avec les Français sous les ordres de Champlain. Cette alliance se révéla utile pour les Algonquins, qui auparavant n’avaient eu que peu accès aux armes à feu européennes.
Champlain lança sa première exploration sur le Rivière Ottawa durant le mois de mai 1613 et atteignit le village Kitcisìpirini fortifié à Morrison Island. Au contraire des autres communautés Algonquines, les Kitcisìpiriniwak ne changeaient pas de localisation avec les saisons. Ils avaient choisi un point stratégique sur le route commerciale entre les Grands Lacs et la rivière Saint-Laurent. Ils prospérèrent grâce à la collecte des peaux de castor acquises auprès des commerçants Indiens traversant leur territoire. Ils étaient aussi très fiers de leurs champs de maïs.
D’abord, les Français n’utilisèrent le terme "Algonquin" que pour un second groupe, les Wàwàckeciriniwak. Cependant, en 1615, ils appliquèrent le nom à toutes les bandes d’Algonquins vivant le long de la rivière Ottawa. A cause du grand intérêt que les tribus avaient pour le contrôle de l’aval de la rivière Ottawa, les Kitcisìpiriniwak et les Wàwàckeciriniwak entrèrent dans une ferme opposition. Ces deux grands groupes s’allièrent ensemble sous le leadership du Sachem Charles Parcharini, pour maintenir l’identité et le territoire des Omàmiwinin

La guerre de la conquête/La guerre de sept ans

La confédération Iroquoise rejeta les Algonquins de leurs terres. Ils furent aidés en ayant acquis des armes grâce au commerce avec les Néerlandais et plus tard les Anglais. Les Iroquois et les Anglais défirent les Français et les Algonquins.
En 1623, après l’occupation par Sir David Kirke de la Nouvelle France qui montra la vulnérabilité de la France coloniale, les Français commencèrent à vendre des mousquets aux Algonquins et leurs alliés. Les jésuites français commencèrent à rechercher la conversion des Algonquins au Catholicisme.
Pendant toutes ces années, les Iroquois n’attaquèrent jamais la forteresse des Kitcisìpirinik. Mais, en 1642, ils lancèrent un raid hivernal surprise, en attaquant les Algonquins alors que la plupart des guerriers étaient absents et en causant de lourdes pertes. Le 6 mars 1647 (Vendredi des Cendres), une importante troupe de guerriers Mohawks attaquèrent les Kitcisìpiriniwak vivant près de Trois-Rivières et les exterminèrent presque. Les Kitcisìpiriniwak étaient encore à Morrison Island en 1650 et inspirèrent le respect avec leurs 400 guerriers. Quand les Français retraitèrent en pays Huron cette année-là, Tessouat est censé avoir suspendu le supérieur de la mission Jésuite par les aisselles parce qu’il refusait de lui offrir les usuels cadeaux nécessaires pour voyager à travers le territoire Algonquin.
Quelques-uns rejoignirent la mission à Sillery, où ils furent pratiquement détruits par une épidémie de maladie infectieuse en 1676. Encouragés par les Français, d’autres restèrent à Trois-Rivières. Leur campement près de Pointe-du-Lac continua jusque 1830. Cette année-là, les 14 dernières familles, comptant au total 50 personnes, déménagèrent à Kanesatake près d’ Oka. (Les familles qui mouraient de faim à Trois Rivieres peuvent être trouvées dans le recensement Algonquin de Trois Rivieres au milieu du 19ème siècle).
La Mission Sulpicienne de la Montagne fut fondée à Montréal en 1677 et quelques Algonquins s’y installèrent avec des Iroquois convertis. La communauté principalement Mohawk devint connue sous le nom de Kahnawake. Mais de nombreux Algonquins conservèrent leur attachement au territoire traditionnel et au commerce de la fourrure. Ceux qui acceptèrent de déménager dans des réserves établies ou de rejoindre les autres bandes historiques, furent fédéralement "reconnus". Beaucoup d’autres qui ne se relocalisèrent pas, furent plus tard appelés "traînards" dans les comtés d’Ottawa et de Pontiac.

L’installation au Québec

A partir de 1721, de nombreux Algonquins Chrétiens commencèrent à s’installer pour l’été à Kahnesatake, près d’Oka. La Nation Mohawk était alors considérée comme une des Sept Nations du Canada. Les guerriers Algonquins continuèrent de combattre en alliés de la France jusqu’à la conquête Britannique du Québec en 1760 durant la Guerre de Sept Ans. Après que les Britanniques eurent pris le contrôle colonial du Canada, leurs officiels cherchèrent à signer une alliance avec les First Nations. Combattant pour la Couronne Britannique, les Algonquins prirent part à la campagne de Barry St Leger durant la Guerre de la Révolution Américaine.
Des colons loyalistes commencèrent à s’installer sur les terres Algonquines peu de temps après la Révolution. Plus tard au 19ème siècle, l’industrie du bois commença à dériver vers la vallée de l’Ottawa et un paquet d’Algonquins furent relégués dans un chapelet de réserves.

L’Economie

Bien que la société Algonquine historique était largement basée sur la chasse et la pêche, quelques Algonquins pratiquaient l’agriculture et cultivaient le maïs, les haricots et la courge, les fameuses "Trois Soeurs" de l’horticulture indigène. Etant primairement une nation de chasseurs, le peuple privilégiait la mobilité. Ils utilisaient des matériaux qui étaient légers et faciles à transporter. Des Canoës étaient fabriqués en écorce de bouleau, cousus avec des racines d’épicéa et rendus imperméables par l’application de résine chauffée d’épicéas et de la graisse d’ours. Durant l’hiver, des luges étaient utilisées pour transporter du matériel et le peuple utilisait des chaussures de neige pour déambuler. Les femmes utilisaient des porte-bébés pour transporter leurs bébés. Ils étaient faits de bois et recouverts par une enveloppe faite de cuir ou de tissu. Le bébé se tenait debout avec ses pieds reposant sur une petite planche. La mère mettait alors le tikinàgan sur son dos. Cela permettait à l’enfant de regarder autour de lui et d’observer l’environnement. L’enfant était gardé proche de sa mère mais avait aussi beaucoup de stimulation.
Les peuples parlant l’Algonquin pratiquaient aussi l’agriculture, particulièrement au sud des Grands Lacs, où le climat permet une plus longue maturation des cultures. Les plantes notables historiquement cultivées par les Algonquins sont le tournesol et le tabac. Vers l’an 800 de notre ère, les Algonquins de l’Est apprirent la culture du maïs de leurs voisins de l’intérieur. Même parmi des groupes qui chassaient principalement, les produits agricoles étaient une importante source de nourriture. Ils obtenaient ce qu’ils avaient besoin en commerçant ou en attaquant les sociétés qui pratiquaient plus d’agriculture. Les Algonquins de l’Est fabriquaient des pots qui pouvaient résister non seulement aux changements thermiques mais aussi aux effets mécaniques d’un usage intense.
Des sites archéologiques de Morrison Island près de Pembroke, en territoire Kitcisìpiriniwak, révèle une culture millénaire qui confectionnait des outils et des armes en cuivre. Le minerai de cuivre Copper était extrait au nord du Lac Supérieur et était réparti vers le bas jusqu’au nord de New York. Des objets en terre cuite de cette période montrent des similarités généralisées qui indiquent l’usage continuel de la rivière pour des échanges culturels tout au long du Bouclier Canadien et au-delà.
Quelques siècles plus tard, la tribu des Algonquins déménagea et habita les îles et les rives le long de l’Ottawa. Au 17ème siècle les premiers Européens les trouvèrent bien établis en une société de chasseurs-cueilleurs contrôlant la rivière. Les Kitcisìpiriniwak firent montre d’un esprit entreprenarial. Sur Morrison Island, dans un lieu où des artefacts en cuivre vieux de 5000 ans furent découverts, la bande des Kitcisìpirini avait instauré un péage aux flotilles de canoës descendant la rivière.

Ethnobotanique

Les Algonquins du Québec utilisent une infusion de feuilles de fleur de mai pour les désordres néphrétiques.

Les événements modernes

En 1981, des membres de la tribu Algonquine firent avec succès le blocus d’une entreprise commerciale récoltant du riz que le gouvernement du Canada avait autorisé à récolter le riz sauvage. La tribu avait traditionnellement ramassé ce grain à la main pendant des siècles. Des centaines de personnes bloquèrent les routes et malgré les hélicoptères de la police, les paniers à salade et "un grand nombre d’actes hostiles comme des bousculades et des intimidations," selon Harold Perry, le chef honoraire des Ardoch Algonquins, la tribu et ses supporters tinrent le blocus pendant 27 jours —période assez longue pour que le gouvernement fédéral puisse renverser la décision et révoquer le permis commercial.
Récemment, des tensions avec l’industrie forestière ont de nouveau éclatées parmi les communautés Algonquines, en réponse à la pratique de la coupe à blanc.
Dans l’Ontario, une revendication territoriale Algonquine est en cours depuis 1983, englobant une grande partie du sud-est de la province, s’étendant des environs de North Bay aux environs d’ Hawkesbury et incluant Ottawa, Pembroke et la majeure partie de l’Algonquin Provincial Park. Les Algonquins ne renoncèrent jamais à cet endroit. Un agrément de principe entre les Algonquins de l’Ontario, le Gouvernement du Canada et le Gouvernement de l’Ontario fut conclu en 2015.
En 2000, les Algonquins de la Timiskaming First Nation jouèrent un rôle significatif dans la planification par la population locale de la conversion de la Mine Adams en décharge publique.
Des membres de la tribu Algonquine commencèrent un blocus pacifique d’une opération sur leurs terres sacrées au nord de Kingston, Ontario le 29 juin 2007. La Frontenac Ventures Corporation, située à Oakville, une entreprise de prospection, engagea une procédure judiciaire pour obliger les protestataires à quitter les lieux. Une injonction légale fut obtenue le 27 août 2007 et une série d’arrestations s’ensuivit, dont celle des co-chefs de l’Ardoch Algonquin First Nation, Robert Lovelace et Paula Sherman. Le Chef Lovelace fut condamné à six mois de prison pour outrage au tribunal pour avoir violé l’injonction qui obligeait les manifestants à demeurer à au moins à 200 mètres du site minier. Le Chef Sherman reçut la même sentence mais celle-ci fut suspendue car elle respecta l’injonction. Des dizaines de milliers de dollars d’amendes leur furent infligés.
En plus des charges d’outrage, la Frontenac Ventures poursuit les Algonquins pour la somme de 77 millions de dollars en dommages et intérêts. Le 18 mars 2008, les charges d’outrage furent abandonnées "gratuitement" contre trois activistes non Indiens : Frank Morrison et les conciliateurs chrétiens David Milne et le Révérend John Hudson. Ils avaient été inculpés pour avoir violé la même injonction que Lovelace et Sherman, mais Frontenac Ventures abandonna les poursuites. Cependant, durant la même procédure, des mandats d’arrêt furent obtenus pour l’appréhension de cinq autres activistes non Indiens qui violèrent volontairement l’injonction.

Les Communautés

Au moment de leur première rencontre avec les Français en 1603, les diverses bandes Algonquines avaient une population totale évaluée à quelque 6 000 individus. Les Britanniques estimèrent en 1768 qu’ils étaient 1500. En 2000, ils étaient près de 8000 Algonquins au Canada, organisés en 10 First Nations séparées: neuf au Québec et une en Ontario.

Historique

Les Nations Algonquines furent référencées aussi tôt que 1630:

Au Québec

• Kichesipirini ("peuple de la grande rivière") — Ils étaient le groupe d’Algonquins le plus populeux et le plus puissant. Connus diversement comme: Kitcisìpirini, Kitcisìpiriniwak, Algoumequins de l'Isle-aux-Allumettes, Peuple de la Grande Rivière, Gens d l'Isle, Honkeronon (en langue Wyandotte), Island Algonquian, Island Indians, Island Nation, Peuple de l’Ile, Kichesippiriniwek, Nation de l'Isle, Nation of the Isle, et Savages de l'Isle. Leur village principal était la Morrison Island.
• Kinounchepirini ("peuple des Pickerel-waters") — Aussi connus comme Keinouche, Kinouchebiiriniwek, Kinònjepìriniwak, Kinonche, Pickerel, Pike et Quenongebin. Quelquefois ils étaient listés comme une bande Algonquine, mais après 1650 ils furent associés avec les Ottawas et furent à l’origine trouvés le long de la rivière Ottawa en-dessous de l’Allumette Island.
• "Otaguottaouemin" — Aussi connus comme Kotakoutouemi ou Outaoukotwemiwek. Ils étaient localisés le long de la Rivière Ottawa Supérieure au-dessus d’Allumette Island.
• Sàgaiganininiwak ("peuple du lac") — Aussi connus comme Saghiganirini.
• "Saginitaouigama" — Aussi connus comme Sagachiganiriniwek.
• Weskarini ("peuple du clan du daim") — Aussi connus comme Wàwàckeciriniwak, La Petite Nation, Little Nation, Ouaouechkairini, Ouassouarini, Ouescharini, Ouionontateronon (en langue Wyandotte), ou Petite Nation. Leur terre traditionnelle est localisée au nord de la rivière Ottawa le long de la rivière Lievre et de la rivière Rouge au Québec.

En Ontario

• "Iroquet" — Ils étaient connus comme Hiroquet, Hirocay, Iroquay, Yroquetto, et des Hurons comme Atonontrataronon ou Ononchataronon; ils vivaient le long de la South Nation River.
• Matàwackariniwak "peuple du rivage aux roseaux" — Aussi connus comme Madawaska, Madwaska, Matouchkarine, Matouashita, Mataouchkarini, Matouechkariniwek et Matouescarini; la rivière Madawaska dans la vallée supérieure de l’Ottawa reçut son nom en leur hommage.
• "Nibachis" — Localisés sur le Lac Muskrat près aujourd’hui de Cobden, Ontario.
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