Décidément, Jean-Louis tu nous a fait plonger très loin dans nos souvenirs, n’empêche ça m'a fait plaisir.
Je me rappel très bien des noms de salles de cinéma à Valparaiso :
Pacifico, Rialto, Valparaiso, Metro, Victoria, Chile, Colon, Avenida… La plupart de ces salles étaient des anciens théâtres adaptés pour le cinéma, bellement décorés, grands, spacieux, très haut de plafond. Enfant je pouvais entrer gratuitement dans presque toutes ces salles, un privilège auquel je n’ai pu prendre la mesure que beaucoup plus tard.
Mon préféré, à partir de 11 ans, était le
Pacifico situé vers le port, on y voyait 2 films par séance et c’était permanent, on entrait et on sortait à notre guise. Dans cette salle j’ai pu voir et revoir pratiquement tout le cinéma mexicain, qui était ne l’oublions pas une vraie industrie dans les années 40, 50 et 60. J’étais fan de Luis Aguilar, Antonio Aguilar, Miguel Aceves Mejia… Ils étaient tous chanteurs, donc on avait droit à quelques chansons éparpillées au long du film. Aujourd’hui le
Pacifico est un entrepôt.
Vers 12 ans avec des amis je m’aventure au centre ville et je découvre le
Victoria et le cinéma américain, films d’aventures, de cape et d’épée et bien sur des westerns. J’ai dû voir tous les Walsh, mais à l’époque je ne faisais pas attention au réalisateur. J’ai dû voir aussi tous les Audie Murphy, pas mal des Alan Ladd et Rory Calhoun. Aujourd'hui le
Victoria est une galerie marchande.
La programmation du cinéma
Chile était triple, m’engouffrer dans cette salle très populaire est aujourd’hui un des mes grands souvenirs, fréquenté par des gens louches, des gens pauvres qui faisaient leurs sieste, on entendait des ronflements, des commentaires à haute voix, des sifflements, des applaudissements à l’apparition du jeune premier ou à l’arrivée de la cavalerie à la fin du film. Les bobines parfois ne passaient pas dans le bon ordre… tant pis, le spectacle continuait dans la salle et ça rigolait pas mal. Aujourd'hui le Chile est un commerce, je crois.
Quelques salles avaient des grands halls et ses murs étaient tapissés des affiches et des photos des films projetés, en voyant ces photos je sautais de joie, maintenant je me dis que la séance commençait là, dans le hall.
Tous les samedis et tous les dimanches et jours fériés je partais en courant, avec le cœur battant parfois avec des potes, parfois seul. Je sortais d’une salle et je m’engouffrais dans une autre, les potes ne me suivaient pas, ça ne fait rien j’y entrais seul. Je voulais tout voir, tout les Anthony Quinn, les Douglas, les Mitchum, les Hudson, les Wayne, les Jerry Lewis, les Cooper, les Lancaster, etc. etc. etc.
On n’avait pas la télé ni, les portables.