Sauvetage
Fort Donelson, Tennessee - 16 février 1862


La Bataille de Fort Donelson est une des plus importantes batailles de la Guerre de Sécession. Elle se déroule entre le 12 et le 16 février 1862, dans le comté de Stewart, Tennessee (États-Unis) et s'achève sur une victoire de l'Armée de l'Union.
C'est la première victoire majeure nordiste du conflit. Après la vallée de la Tennessee, ouverte par la chute du Fort Henry, le 6 février, elle ouvre une seconde voie d'invasion vers le coeur de la Confédération, à commencer par la région de Nashville et ses industries.
Maître de Fort Henry, Grant décida, le 11 février, de pousser vers Fort Donelson, engageant trois divisions d'infanterie, deux régiments de cavalerie et 8 batteries d'artillerie, soit environ 25.000 soldats.
La flotte fédérale consistait, une fois de plus, en 4 cuirassés et 3 canonnières. Deux vaisseaux, endommagés au large de Fort Henry, avaient été renvoyés vers l'arrière pour y être réparés.
Pour leur part, les Confédérés engagèrent environ 17.000 soldats dans la défense de Donelson. Ce fort, nettement plus puissant que Fort Henry, surplombait d'une trentaine de mètres le fleuve Cumberland. Cette position en hauteur permettait aux pièces de la fortification d'envoyer leurs obus selon une trajectoire plongeante contre les vaisseaux assaillants, un avantage inexistant dans le cas de Fort Henry. La position était équipée d'une bonne dizaine de pièces d'artillerie de gros calibre et entourée d'un réseau de tranchées long de 5 kilomètres.
Le 12 février 1862, les troupes de l'Union quittèrent Fort Henry, progressant le long des deux routes reliant les deux forts. La progression fédérale fut retardée par un rideau de cavaliers sudistes menés par Nathan Bedford Forrest. Sur le fleuve Cumberland toutefois, les navires fédéraux s'approchèrent sans encombre de Donelson et entamèrent le bombardement de la position.
Le 13 février, en dépit des ordres données par Grant, certains officiers de l'Union lançèrent de petites attaques contre le périmètre défensif confédéré afin de jauger les défenses. Dans l'ensemble, ces assauts souffrirent de peu de pertes mais n'amenèrent aucun gain.
Dans la nuit du 13 au 14 février, une tempête de neige s'abattit sur le secteur, éprouvant fortement les combattants des deux camps.
Durant cette même nuit, les officiers confédérés, jugeant Donelson intenable, mirent au point un plan de sortie en force.
Au même moment, les Fédéraux reçurent le renfort de 10.000 fantassins supplémentaires de même que le renfort de 6 vaisseaux de guerre et 12 navires de transport.
Grant ordonna dès lors un assaut naval contre la position fortifiée. Au tir des navires de l'Union répondit celui de l'artillerie sudiste.
Les tirs sudistes s'avérèrent d'une précision meutrière. Deux vaisseaux fédéraux furent désemparés et le commandant de la flotte navale, Foote, blessé. Au final, quatre navires fédéraux furent atteints. Sur les 500 tirs de l'artillerie confédérée, il fut établi que 169 touchèrent les vaisseaux U.S.
8 marins fédéraux furent tués et 44 autres blessés tandis que les Sudistes ne souffrirent d'aucune perte.
Toutefois, en dépit de ce succès, Fort Donelson resta encerclé par l'armée fédérale. Par conséquent, les Sudistes en revinrent à leur idée de sortie en force. Au matin du 15 février, ils lançèrent un assaut massif contre la droite fédérale tenue par McClernand. L'attaque ne prit pas les Fédéraux par surprise pour la bonne raison que la plupart des soldats de l'Union avaient été empêchés de dormir par le froid intense.
Le plan confédéré était de bousculer les troupes de McClernand afin de pouvoir fuir Donelson par l'Est. Dans cette optique, un seul régiment avait été maintenu dans les tranchées pour tenir les positions face au reste des forces de l'Union. Si l'assaut s'engagea relativement bien, il finit par être contenu, deux heures après son déclenchement, en dépit de la bravoure des assaillants et des actions de flanc menées par les cavaliers sudistes de Forrest.
L'assaut sudiste s'acheva vers 12H30 dans le secteur de Wynn's Ferry Road que les Confédérés échouèrent à conquérir à trois reprises.
L'attaque sudiste avait toutefois permit de repousser la droite fédérale de 2 à 3 kilomètres.
Grant ordonna la reprise des positions perdues. Il ordonna également la reprise du bombardement naval afin de soutenir le moral désormais défaillant des Fédéraux.
Au lieu de profiter de leur avantage, les Confédérés refluèrent vers leurs tranchées, essentiellement pour se réapprovisionner. Le général confédéré John Floyd donna une série d'ordres ineptes et opta finalement pour un retranchement dans l'enceinte de Donelson. Grant profita de cette indécision pour ordonner un assaut contre les tranchées sudistes. En dépit de deux heures de contre-attaques, les Confédérés ne purent empêcher la chute des ouvrages extérieurs. Dans la soirée du 15, les Fédéraux se virent en mesure d'envisager un assaut final contre Donelson et les positions d'artillerie pour le matin suivant.
Sur la droite fédérale, les soldats de l'Union parvinrent aussi à récupérer le terrain perdu lors de la tentative de sortie sudiste. Au soir du 15, les Confédérés avaient été repoussés sur leurs positions initiales, ou même, par endroits, au-delà...
Près de 1.000 soldats avaient été tués de part et d'autre, et environ 3.000 blessés.
Le 16 février, les généraux sudistes se concertèrent à nouveau. Buckner, un adjoint de Floyd, estima qu'un nouvel assaut nordiste ne pourrait être contenu que 30 minutes et ce au prix de 75% de pertes. Le défaitisme de Buckner emporta la décision. Craignant d'être traduits en justice par le Nord, Floyd abandonna son commandement à son adjoint Pillow qui, lui même, transmis ses pouvoirs à Buckner. Ce dernier eut dès lors tous les pouvoirs pour décider d'une reddition. Ecoeuré par la couardise de ses supérieurs, Nathan Bedford Forrest organisa une sortie et s'echappa avec 700 de ses hommes durant une tempête hivernale.
Buckner s'informa auprès de Grant des conditions de reddition. La réponse du Nordiste fit naître sa légende : reddition inconditionnelle !
Incapable de résister, Buckner se rendit avec 12.000 à 15.000 soldats et 48 pièces d'artillerie. Grant captura ainsi sa première armée sudiste (la seconde fut celle de Pemberton à Vicksburg et la troisième celle de Lee en Virginie du Nord). Il s'empara également de grandes quantités de nourriture et de munitions qui vinrent renforcer son armée.
Ayant engagé 24.531 soldats, l'Union en perdit 2.691 (507 tués, 1.976 blessés, 208 disparus et prisonniers).
Sur 16.171 Confédérés, 13.846 furent perdus (327 tués, 1.127 blessés, 12.392 prisonniers ou disparus).
La prise des forts Henry et Donelson fut la première grande victoire fédérale de la guerre et transforma deux grands fleuves en véritables voies d'invasion vers le Sud profond. A cette occasion, Grant captura plus de prisonniers sudistes que tous les autres généraux nordistes combinés et ce depuis le début des hostilités.
Voyant sa ligne de défense percée et 14.000 de ses hommes perdus, le général sudiste Johnston, responsable du secteur Ouest, fut forcé de battre en retraite et d'abandonner Nashville le 23 février 1862. Les Nordistes s'emparèrent ainsi d'une ville industrielle majeure et d'une première capitale d'Etat sudiste.L'essentiel du Tennesse et du Kentucky tombèrent sous contrôle fédéral même si les deux états restèrent longtemps les proies de raids confédérés.