1ère Partie
James Longstreet naquit le 8 janvier 1821 à Edgefield District, Caroline du Sud, un endroit qui fait maintenant partie de North Augusta, Comté d’Edgefield. Il était le 5ème enfant et le 3ème fils de James Longstreet (1783-1833), de descendance néerlandaise, et Mary Ann Dent (1793-1855) de descendance anglaise, originaires respectivement du New Jersey et du Maryland, qui étaient les propriétaires d’une plantation de coton où le village de Gainesville sera fondée au nord-est de la Géorgie. L’ancêtre de James, Dirck Stoffels Langestraet immigra de la colonie néerlandaise de la Nouvelle-Néerlande en 1657, mais le nom s’anglicisa au fil des générations. Le père de James fut impressionné par le caractère dur comme une pierre de son fils sur la plantation rurale et le surnomma Peter, et il fut connu comme Pete ou Old Pete pendant le reste de sa vie.
Le père de James décida d’orienter son fils vers une carrière militaire, mais ressentit que l’éducation locale qui lui était dispensée ne serait pas adéquate pour sa préparation. A 9 ans, James fut envoyé vivre avec sa tante Frances Eliza et son oncle Augustus Baldwin Longstreet à Augusta, Géorgie. James passa huit années sur la plantation de son oncle, Westover, juste en dehors de la ville alors qu’il suivait les cours de l’Académie du Comté de Richmond. Son père décéda lors d’une épidémie de choléra alors qu’il rendait visite à Augusta en 1833. Bien que la mère de James et le reste de la famille déménagea à Somerville, Alabama, suite au décès du père, James demeura chez son oncle Augustus. Enfant, James appréciait la natation, la chasse, la pêche et l’équitation. Il devint un adepte des armes à feu. Le Nord de la Géorgie était une frontière territoriale très rurale durant la jeunesse de James Longstreet , et les traditions raffinées du Sud ne s’y étaient pas encore implantées. En résultat, les manières de Longstreet étaient parfois rudes. Il s’habillait sans cérémonie et de temps en temps utilisait un langage ordurier mais pas en présence des femmes. Dans sa vieillesse, Longstreet décrivit sa tante et son oncle comme étant attentif et aimant. Il ne fit aucune déclaration politique connue avant la guerre et sembla largement désintéressé par la politique. Mais Augustus, en tant qu’avocat, juge, éditeur de journal, et ministre Méthodiste, était un homme d’une grande éminence politique et fut un partisan acharné des droits des états qui soutint la Caroline du Sud durant la Crise de l’Annulation. On considère que Longstreet fut exposé à ces idées en vivant avec lui. Augustus était aussi connu pour boire du whisky et jouer aux jeux de cartes même si de nombreux Américains de l’époque les considéraient comme immoraux, des habitudes qu’il semble avoir transmises à Longstreet.
En 1837, Augustus essaya d’obtenir un rendez-vous pour son neveu auprès de l’Académie Militaire des Etats-Unis mais la vacance de son district congressionnel avait déjà été comblée aussi Longstreet fut reçu en 1838 par un parent, Reuben Chapman, qui représentait le Premier District de l’Alabama (où Mary Longstreet vivait). Longstreet était un mauvais élève. Dans ses mémoires, il déclara à propos de sa propre admission qu’"il s’intéressait surtout à ce qui se rapportait à l’éducation d’un soldat, l’équitation, l’exercice et les jeux de plein air comme le football". Il se trouva dans le dernier tiers de toutes les matière académiques durant ses quatre ans à l’Académie. En janvier de sa troisième année, Longstreet rata initialement son examen en mécaniques, mais passa un second test deux jours plus tard et le réussit. L’instructeur en ingénierie de Longstreet lors de sa quatrième année, fut Dennis Hart Mahan, un homme qui insistait sur les manoeuvres rapides, la protection des lignes intérieures et le positionnement des troupes à des points stratégiques plutôt que la destruction totale de l’armée ennemie. Bien que Longstreet ne gagna que des grades modestes durant la scolarité, son comportement durant la Guerre Civile suivit des tactiques similaires. A la fin, Longstreet sortit 54ème des 56 cadets en 1842.
Longstreet eut aussi un problème disciplinaire à West Point. Il eut un grand nombre de blâmes, spécialement lors de ses deux dernières années. Ses offenses comprenaient des sorties après le clairon, des absences à l’appel, une chambre en désordre, de longs cheveux, des perturbations durant les cours et des désobéissances. Le biographe Jeffry D. Wert dit, "Longstreet ne fut ni un élève modèle ni un gentleman." Il était cependant populaire auprès de ses camarades de classe et fut l’ami d’un certain nombre d’hommes qui devaient devenir importants durant la Guerre Civile, dont George Henry Thomas, William S. Rosecrans (son camarade de chambre à West Point), John Pope, D. H. Hill, Lafayette McLaws, George Pickett et Ulysses S. Grant, qui était de la classe 1843. Longstreet décrocha un brevet de second lieutenant. Après une brève permission, il prit la route pour rejoindre le 4ème d’Infanterie à Jefferson Barracks, Missouri. Longstreet passa ses deux premières années de service au poste, qui était sous le commandement du Lieutenant-Colonel John Garland. En 1843, il fut rejoint par son ami, le Lieutenant Ulysses Grant. En 1844, Longstreet rencontra sa future épouse Maria Louisa Garland, appelée Louise par sa famille. Elle était la fille du commandant de Longstreet, le Lieutenant-Colonel Garland.
Vers la même période à laquelle Longstreet commença à courtiser Garland, Grant débuta sa cour auprès de la cousine au 4ème degré de Longstreet, Julia Dent, et le couple finalement se maria. Des historiens sont d’accord pour dire que Longstreet participa au mariage de Grant, le 22 août 1848 à St. Louis, mais son rôle à la cérémonie reste incertain. Le biographe de Grant, Jean Edward Smith affirma que Longstreet servit de garçon d’honneur. John Y. Simon, éditeur des mémoires de Julia Grant, conclut que Longstreet "pourrait avoir été un témoin", et le biographe de Longstreet, Donald Brigman Sanger appela le rôle de garçon d’honneur comme "incertain" tout en notant que ni Grant ni Longstreet ne mentionnèrent un tel rôle dans leurs mémoires respectives.
Plus tard en 1844, le régiment, avec le 3ème d’Infanterie, fut transféré au Camp Salubrity près de Natchitoches, Louisiane comme partie de l’Armée d’Observation sous les ordres du Général Zachary Taylor. Le 8 mars 1845, Longstreet fut promu second lieutenant et fut transféré au 8ème d’Infanterie, stationné au Fort Marion de St. Augustine, Floride. Il fut de service pendant le mois d’août à la cour martiale de Pensacola. Le régiment fut alors transféré à Corpus Christi, Texas, où il fut réuni avec les officiers des 3ème et 4ème Régiments, dont Grant. Les hommes passèrent l’hiver en jouant des pièces de théâtre.
Longstreet servit avec distinction durant la Guerre Mexico-Américaine avec le 8ème d’Infanterie. Il combattit sous les ordres de Zachary Taylor comme lieutenant en mai 1846 durant les batailles de Palo Alto et Resaca de la Palma. Il raconta ces deux batailles dans ses mémoires mais n’y parla de son propre rôle. Le 10 juin, Longstreet reçut le commandement de la Compagnie A de la Seconde Division du 8ème d’Infanterie de William J. Worth. Il combattit de nouveau avec l’armée de Taylor à la Bataille de Monterrey en septembre 1846. Durant la bataille, environ 200 lanciers mexicains repoussèrent un groupe de soldats américains. Longstreet, commandant les compagnies A and B, lança une contre-attaque tuant ou blessant presque la moitié des lanciers. Le 23 février 1847, il fut promu au rang de second lieutenant. Il servit à la Bataille de Contreras. En août, Longstreet servit dans la Bataille de Churubusco, une bataille primordiale alors que l’armée américaine se rapprochait de la capitale mexicaine. Le 8ème d’Infanterie fut la seule force de la division de Worth à atteindre les ouvrages de terre mexicains. Longstreet porta la bannière régimentaire sous le feu nourri des Mexicains. Les troupes se retrouvèrent coincés dans un fossé et ne purent escalader les défenses mexicaines qu’en grimpant les uns sur les autres. Dans le féroce combat corps à corps qui s’ensuivit, les Américains eurent le dessus. Longstreet reçut un brevet de capitaine pour ses actions à Churubusco.
Il reçut une promotion au garde de major pour Molino del Rey. Lors de la Bataille de Chapultepec, le 12 septembre, il fut blessé à la cuisse alors qu’il chargeait sur la colline avec les couleurs régimentaires ; en tombant, il brandit le drapeau à son ami, le Lieutenant George E. Pickett, qui fut capable d’atteindre le sommet. Longstreet guérit au domaine familial d’ Escandón, qui soignait les soldats Américains blessés. Sa blessure mit du temps à guérir et il ne quitta pas la maison avant décembre. Après une brève visite dans sa famille, Longstreet se rendit dans le Missouri pour voir Louise.
Après la guerre et la guérison de sa blessure de Chapultepec, Longstreet et Louise Garland se marièrent officiellement le 8 mars 1848 et eurent 10 enfants. On sait peu de choses sur leur idylle et leur mariage. Longstreet ne la mentionne que rarement dans ses mémoires et ne révéla jamais aucun détail personnel. Il ne subsiste aucune lettre de leur correspondance. La plupart des anecdotes sur leur relation provient des écrits de la seconde épouse de Longstreet, Helen Dortch Longstreet. Le romancier Ben Ames Williams, un descendant de Longstreet, utilisa Longstreet comme un personnage mineur dans deux de ses romans. Williams questionna les enfants et les petits-enfants survivant de Longstreet, et dans les romans le dépeignit comme un père de famille dévoué avec un mariage exceptionnellement heureux.
Longstreet fut d’abord affecté pendant plusieurs mois à une mission de recrutement à Poughkeepsie, New York. Après s’être rendu à St. Louis pour le mariage de Grant, Longstreet et son épouse déménagèrent à Carlisle Barracks, Pennsylvanie. Le 1er janvier 1850, il fut nommé Commissaire en Chef du Département du Texas, responsable de l’acquisition et de la distribution de vivres aux soldats et aux animaux dudit département. Le boulot était complexe et consistait principalement à de la paperasse, bien qu’il lui procura de l’expérience dans le management des troupes. En juin, Longstreet, espérant trouver une promotion et un salaire au-dessus de ses 40 dollars mensuels pour subvenir aux besoins de sa famille en plein accroissement, demanda son transfert à la cavalerie. Sa requête fut rejetée. Il démissionna de son poste de commissaire en mars 1851 et retourna au 8ème d’Infanterie. Longstreet servit sur la frontière du Texas au Fort Martin Scott près de Fredericksburg. La première mission de la présence militaire au Texas était de protéger les communautés frontalières contre les Indiens et Longstreet participa fréquemment aux missions de reconnaissance contre les Comanches. Sa famille resta à San Antonio et il vit régulièrement. En 1854, il fut transféré au Fort Bliss à El Paso, et Louise et les enfants déménagèrent avec lui. En 1855, Longstreet fut impliqué dans une bataille contre les Mescaleros. Il assuma le commandement de la garnison de Fort Bliss en deux occasions entre le printemps de 1856 et celui de 1858. Le séjour de Longstreet au Fort Bliss fut agréable. La petite taille de la garnison lui permit une facile socialisation avec les personnes locales et la situation du fort permit à Louise de voir ses parents à Santa Fe. Longstreet effectua des missions de reconnaissance.
Le 29 mars 1858, Longstreet écrivit au bureau de l’adjudant général à Washington, D.C. pour demander son transfert à une mission de recrutement dans l’Est, ce qui lui aurait permis de mieux élever ses enfants. On lui donna une permission de six mois mais sa demande de réaffectation fut rejetée et, à la place, il fut muté comme major et officier payeur du 8ème d’Infanterie à Leavenworth, Kansas. Il laissa son fils Garland dans une école de Yonkers, New York avant de se rendre au Kansas. En chemin, Longstreet rendit visite à son vieil ami Grant à St. Louis, Missouri. Grant était très pauvre, mais il demanda néanmoins que Longstreet accepte une pièce en or de 5 dollars qu’il lui avait empruntée à West Point. Longstreet refusa de prime abord, mais Grant insista et lui donna. Le séjour de Longstreet à Leavenworth dura environ un an avant qu’il ne soit transféré au département du Colonel Garland à Albuquerque, Nouveau Mexique pour servir comme officier-payeur, où il fut rejoint par Louise et leurs enfants.
On connait peu de chose de la vie d’avant-guerre de Longstreet. Son expérience ressemble à celle de nombreux futurs généraux de la Guerre Civile, à savoir des études à West Point, une conduite respectable durant la Guerre contre le Mexique et une carrière dans une armée de temps de paix durant les années 1850. Mais en dehors de cela, il n’y a que peu de détails. Il ne laissa aucun agenda, et ses longues mémoires se concentrent presque entièrement sur la narration et la défense de ses actions militaires de la Guerre Civile. Ils ne révèlent que peu de choses de son côté personnel tout en dévoilant qu’un bref aperçu de ses activités d’après-guerre. En plus de cela, un incendie en 1889 détruisit ses papiers personnels, ce qui fit que le nombre de "lettres privées d’après-guerre écrites par Longstreet se comptait sur les doigts d’une main".
Au moment de la Bataille de Fort Sumter au début de la Guerre Civile Américaine, Longstreet était toujours officier-payeur de l’Armée des Etats-Unis et était stationné à Albuquerque. Après avoir reçu des nouvelles de l’engagement, il rejoignit ses camarades sudistes en quittant le poste. Dans ses mémoires, Longstreet l’appelle un "triste jour", et rapporte qu’un certain nombre d’officiers nordistes avaient tenté de le persuader de ne pas partir. Il affirme qu’il avait demandé à l’un d’entre eux "quelle devrait être sa conduite si son Etat faisait sécession et l’appelait sous les drapeaux. Il confessa qu’il obéirait à l’appel."
Longstreet n’était pas enthousiaste à l’idée de faire sécession de l’Union, mais il avait depuis longtemps été nourri au concept des droits des Etats et ressentit qu’il ne pouvait se dresser contre son état natal. Bien qu’il soit né en Caroline du Sud et élevé en Géorgie, il offrit ses services à l’Etat de l’Alabama, qui l’avait envoyé à West Point et où sa mère vivait encore. Après avoir réglé ses affaires, il démissionna de l’Armée Américaine le 8 mai 1861 pour prêter ses efforts avec la Confédération.
Longstreet arriva à Richmond, Virginie avec une nomination au grade de lieutenant-colonel ide l’Armée des Etats Confédérés. Il rencontra le Président de la Confédération, Jefferson Davis au palais présidentiel le 22 juin 1861, où il fut informé qu’il était nommé brigadier-général au 17 juin, un grade qu’il accepta le 25 juin. Il fut envoyé auprès du Brigadier-Général P. G. T. Beauregard à Manassas, où on lui donna le commandement d’une brigade de trois régiments de la Virginie—le 1er , le 11ème et le 17ème régiments d’Infanterie de Virginie de l’Armée Confédérée du Potomac.
Longstreet réunit son état-major et entraîna sa brigade inlassablement. Le 16 juillet, le Général de l’Union, Irvin McDowell, commença à marcher avec son armée vers Manassas Junction. La brigade de Longstreet connut son baptême du feu à Blackburn's Ford le 18, quand elle se heurta à l’avant-garde de la division de McDowell sous les ordres du Brigadier- Général Daniel Tyler. Une charge d’infanterie repoussa les hommes de Longstreet, et, selon ses propres mots, Longstreet "chevaucha au-devant de ses troupes sabre au clair, déterminé à leur donner tout ce qui se trouvait dans l’épée et les sabots de son cheval pour stopper le mouvement". Une seconde attaque fut rapidement diligentée, mais les succès confédérés furent entravés quand les soldats inexpérimentés de la brigade du Colonel Jubal Early, envoyée pour renforcer Longstreet, commença à faire feu sur ses propres hommes. Tyler se retira finalement, car il avait reçu les ordres de ne pas générer un engagement général. La bataille précéda la Première Bataille de Bull Run. Quand l’attaque principale survint de l’autre côté de la ligne le 21 juillet, la brigade joua un rôle mineur, bien qu’elle subit la canonnade pendant 9 heures. Entre 17 et 18h, Longstreet reçut un ordre du Général Joseph E. Johnston lui demandant de prendre part à la poursuite des troupes Fédérales, qui avaient été défaites et s’enfuyaient du champ de bataille. Il obéit, mais quand il rencontra la brigade du Brigadier-Général Milledge Bonham, ce dernier, qui était d’un grade supérieur à celui de Longstreet, lui ordonna de battre en retraite. Un ordre arriva rapidement de la part de Johnston ordonnant la même chose. Longstreet fut furieux que ses commandants ne lui permettaient pas de poursuivre vigoureusement l’Armée de l’Union défaite. Son fiable Chef d’Etat-Major, Moxley Sorrel, rapporta qu’il était "dans une rage folle. Il jeta son chapeau furieusement sur le sol, l’écrasa et prononça des mots amers." Il lui prêta ensuite les mots suivants, "La retraite! Diable, l’armée fédérale est en pièces."
Le 7 octobre, Longstreet fut promu major-général et prit le commandement de la nouvelle division réorganisée er rebaptisée Armée Confédérée de Virginie du Nord sous les ordres de Johnston (formée de l’ex Armée du Potomac et l’Armée du Shenandoah) — avec quatre brigades d’in fanterie commandées par les Généraux Daniel Harvey Hill, David R. Jones, Bonham et Louis Wigfall, ainsi que la Légion de Hampton par Wade Hampton III.
Le 10 janvier 1862, Longstreet se rendit sur ordre de Johnston à Richmond, où il discuta avec Davis de la création d’un programme de conscription. Il passa beaucoup de son temps libre avec Louise et leurs enfants, et fut de retour aux quartiers-généraux de l’armée à Centreville pour le 20 janvier. Après seulement un jour ou deux, il reçut un télégramme l’informant que ses quatre enfants étaient très malades d’un début de scarlatine. Longstreet retourna immédiatement à Richmond.
Longstreet arriva à Richmond avant la mort de sa fille d’un an, Mary Anne, le 25 janvier. Son fils de quatre ans, James, décéda le jour suivant. Son autre fils de 11 ans, Augustus Baldwin ("Gus") décéda le 1er février et seul son fils de 13 ans, Garland demeura malade mais apparut hors de danger. George Pickett et sa future épouse LaSalle Corbell étaient en compagnie de Longstreet durant tout cette période. Ils organisèrent les funérailles auxquelles, pour une raison inconnue, ni Longstreet ni son épouse assistèrent. Longstreet attendit peu de temps pour rejoindre l’armée le 5 février. Il se précipita de nouveau à Richmond plus tard dans le mois quand la santé de Garland empira, mais rejoignit son unité après sa guérison. Les pertes furent dévastatrices pour Longstreet et il devint renfermé autant personnellement que socialement. En 1861 ses quartiers-généraux étaient reconnus pour ses soirées, la boisson et les jeux de poker. Après son retour des funérailles, la vie sociale de ses quartiers-généraux fut un peu plus sombre. Il ne buvait plus que rarement et sa dévotion religieuse s’accrût.
Au printemps 1862, le Major Général de l’Union, George B. McClellan, commandant de l’Armée du Potomac, lança la Campagne de la Péninsule espérant capturer Richmond, la capitale de la Confédération. Dans ses mémoires, Longstreet devait écrire que, alors qu’il assurait temporairement le commandement de l’Armée Confédérée, il écrivit à Thomas J. "Stonewall" Jackson pour lui proposer de marcher vers lui dans la Vallée du Shenandoah pour combiner leurs forces. Aucune preuve de ce courrier ne fut jamais retrouvé.
Suite au retard de l’offensive de l’Union contre Richmond au Siège de Yorktown, Johnston supervisa le retrait tactique des faubourgs de Richmond, où les défenses avaient déjà été préparées. La division de Longstreet constitua l’arrière-garde, qui fut lourdement engagée lors de la Bataille de Williamsburg le 5 mai. Là, les troupes de l’Union, en commençant par la division de Joseph Hooker du 3ème Corps de l’Union, qui était commandé par Samuel P. Heintzelman, sortit d’une forêt en terrain ouvert pour attaquer les hommes de Longstreet. Pour protéger les chariots de fournitures de l’armée, Longstreet lança une sérieuse contre-attaque avec les brigades de Cadmus M. Wilcox, A. P. Hill, Pickett et deux autres régiments. L’assaut repoussa les soldats de l’Union. Trouvant le terrain occupé impossible à tenir, Longstreet demanda des renforts de la division de D.H. Hill, un peu plus en aval de la route et reçut des renforts de la brigade d’Early. Ce dernier lança une vaine attaque sanglante alors que les chariots étaient déjà en sécurité. En définitive, la bataille fut un succès, protégeant le passage des chariots de fournitures de la Confédération et retardant l’avance de l’armée de McClellan vers Richmond. L’affaire se conclut par la capture de neuf pièces d’artillerie de l’Union. Longstreet rapporta que soldats confédérés avaient engagé le combat contre 12 000 hommes de troupe de l’Union tout en subissant moins de pertes. Dans une dépêche envoyée à Washington, McClellan qualifia faussement la bataille de victoire de l’Union.
Le 31 mai, durant la Bataille de Seven Pines, Longstreet reçut oralement des ordres de Johnston, mais apparemment finit par mal les retranscrire. Il fit marcher ses hommes dans la mauvaise direction le long de la mauvaise route, causant une congestion et une confusion avec les autres unités Confédérées, en diluant les effets d’une massive contre-attaque Confédérée contre McClellan. Il eut alors une dispute avec le Major-Général Benjamin Huger au sujet de l’ancienneté, causant ainsi un retard conséquent. Quand D.H. Hill demanda plus tard à Longstreet pour des renforts, il s’y conforma mais échoua à coordonner correctement ses brigades. Plus tard dans la journée, le Général Edwin Vose Sumner traversa la Rivière Chickahominy gonflée par les pluies avec deux divisions. Le Général Johnston fut blessé durant la bataille. Bien que Johnston préférait Longstreet pour le remplacer, le commandement de l’Armée de Virginie du Nord échut pour une journée à G. W. Smith, le plus ancien major général. Le 1er juin, la division Richardson du corps de Sumner engagea les hommes de Longstreet, sur le chemin de la brigade de Lewis Armistead, mais les brigades de Pickett, William Mahone et Roger Atkinson Pryor, positionnées dans les bois, parvinrent à la contenir. Après six heures de combat, la bataille prit fin par un match nul. Johnston salua la performance de Longstreet lors de cette bataille. Le rapport de Longstreet blâma injustement Huger pour les incidents. Le 1er juin, le conseiller à la guerre du Président, Robert E. Lee, prit le commandement de l’Armée de Virginie du Nord. Dans ses mémoires, Longstreet suggéra qu’il avait d’abord douté des capacités de commandement de Lee. Il écrivit que son arrivée "fut loin de réconcilier les troupes de la perte de notre chef bien-aimé, Joseph E. Johnston". Il écrivit que Lee n’avait pas de réputation à l’époque où il prit le commandement et qu’ils doutaient donc de la puissance et de la tactique de Lee sur un champ de bataille.
A la fin juin, Lee dressa un plan pour éloigner l’armée de McClellan de la capitale, plan qui culmina dans ce qui fut connu comme la Bataille de Seven Days. Au lever du jour du 27 juin à Gaines's Mill, l’Armée Confédérée attaqua le 5ème Corps de l’Armée de l’Union sous les ordres du Brigadier-Général Fitz John Porter, qui était positionnée au nord de la Rivière Chickahominy River sur le flanc droit. Les troupes Fédérales tinrent leurs lignes pendant la plupart de la journée contre des attaques des divisions d’A.P. Hill et D.H. Hill, et Jackson n’arriva pas avant la soirée. Vers 17h00, Longstreet reçut l’ordre de rejoindre Lee. Les fraîches brigades de Longstreet sous les ordres de Pickett et Richard H. Anderson, accompagnèrent les brigades du Brigadier-Général John Bell Hood et du Colonel Evander M. Law de la division de William H.C. Whiting, chargèrent les lignes de l’Union, les forçant à se retirer sur l’autre rive de la Chickahominy. Longstreet fut de nouveau engagé le 30 juin avec environ 20,000 hommes à Glendale. Il se démarqua de sa stratégie habituelle de placer plusieurs lignes de troupe en profondeur pour, à la place, les éparpiller, ce qui, selon plusieurs historiens militaires, lui coûta la victoire. Ses efforts furent de plus entravés par la lenteur d’autres commandants Confédérés, et McClellan fut capable de retirer son armée sur le haut plateau de Malvern Hill. Jackson, engagé à White Oak Swamp, ignora les rapports concernant les manières de traverser le marais, et refusa de répondre à une demande de John Fairfax, un officier de l’état-major de Longstreet. L’avancée de Huger fut assez lente pour permettre aux troupes fédérales l’attendant d’être évacuées et d’être redirigées contre Longstreet et Theophilus Holmes fut aussi inefficient. Presque 50,000 hommes de troupes Confédérées se retrouvèrent réunies sur quelques kms sur le champ de Glendale et ne servirent pratiquement à rien. Lors d’une reconnaissance au soir du 30 juin, Longstreet rapporta à Lee que les conditions étaient suffisamment favorables pour justifier un assaut. Lors des combats du lendemain, toute la division d’A.P. Hill se rendit à Magruder et Longstreet marcha avec les troupes restantes vers les positions de l’Union à l’extrême droite de la Confédération. Ses hommes furent exposés sur leurs flancs au feu des troupes de McClellan et furent forcés de se retirer sans succès.
Tout au long des Batailles des Seven Days, Longstreet eut le commandement opérationnel de presque la moitié de l’armée de Lee —15 brigades—alors qu’il repoussait McClellan vers le bas de la Peninsule. Longstreet se conduisit de manière agressive et tout à fait correcte dans ce nouveau commandement élargi, particulièrement à Gaines's Mill et Glendale. L’armée de Lee manqua en général de cartes d’état-major fiables et souffrit de lacunes organisationnelles et de mauvaises performances des pairs de Longstreet, dont, inhabituellement, Stonewall Jackson, et elle fut donc incapable de détruire l’Armée de l’Union. Moxley Sorrel écrivit sur l’assurance et le calme de Longstreet durant la bataille: "Il était comme un roc dans la stabilité quand parfois, lors de la bataille, le monde semblait partir en lambeaux." Le Général Lee dit peu de temps après Seven Days, "Longstreet était mon bras droit." Il avait été établi dans le rôle du principal lieutenant de Lee. Lee réorganisa l’Armée de Virginie du Nord après Seven Days, accroissant le commandement de Longstreet de six brigades à 28. Longstreet prit le commandement de l’Aile Droite (pour devenir plus tard le Premier Corps) et Jackson reçut celui de l’Aile Gauche. Au fil du temps, Lee et Longstreet devinrent de bons amis, et installèrent leurs états-majors près l’un de l’autre. Bien que partageant avec Jackson une croyance en la tempérance ainsi qu’une profonde conviction religieuse, Lee ne devint jamais son proche ami. D’aucuns spéculent que l’atmosphère plus relâchée des quartiers-généraux de Longstreet où on jouait et buvait, permettait à Lee de se relaxer et d’oublier un peu la guerre et de se rappeler des jours antérieurs plus heureux.
Après la campagne, un éditorial apparut dans le Richmond Examiner, clamant injustement que La Bataille de Glendale "se déroula exclusivement avec le Général A.P. Hill et les forces sous son commandement". Longstreet envoya ensuite une lettre réfutant l’article, qui fut publiée dans le Richmond Whig. Hill prit offense et demanda que sa division soit transférée hors du commandement de Longstreet. Longstreet accepta, mais Lee ne répondit pas. Puis, Hill refusa d’accéder aux demandes répétées de Longstreet pour de l’information, et fut finalement arrêté sur les ordres de Longstreet. Il provoqua Longstreet en duel, qui accepta mais Lee intervint et transféra la division de Hill hors du commandement de Longstreet auprès de celui de Jackson.
La réputation militaire des commandants de corps de Lee fut souvent caractérisée. Stonewall Jackson représentait la composante audacieuse de l’offensive de l’armée de Lee alors que Longstreet représentait plutôt les stratégies et les tactiques défensives. Jackson a été décrit que le marteau de l’armée et Longstreet, son enclume. Dans la première partie de la Campagne de Virginie du Nord d’août 1862, ce stéréotype s’avéra, mais dans le cœur de l’action, il ne fut plus d’actualité. En juin, le Gouvernement Fédéral créa l’Armée de Virginie, forte de 50 000 hommes, et installa le Major-Général John Pope au commandement. Pope fit mouvement vers le Sud pour attaquer Lee et menacer Richmond. Lee laissa Longstreet près de Richmond pour garder la ville et envoya Jackson pour entraver l’avance de Pope. Jackson remporta une victoire majeure à la Bataille de Cedar Mountain. Après avoir appris que McClellan, comme ordonné, avait dépêché des troupes vers le nord pour aider Pope, Lee ordonna à Longstreet de se rendre aussi vers le nord, ne laissant que trois divisions sous les ordres de G.W. Smith pour protéger Richmond contre la force réduite de McClellan. Les hommes de Longstreet commencèrent leur marche le 17 août, épaulés par la cavalerie de Stuart. Le 23 août, Longstreet engagea la position de Pope dans un léger duel d’artillerie pour la Première Bataille de Rappahannock Station. L’Artillerie Washington de la Confédération fut sévèrement endommagée et un obus de l’Union tomba aux pieds de Longstreet et Wilcox sans exploser. Entretemps, la cavalerie de Stuart contourna l’Armée de Virginie et captura des centaines de soldats et de chevaux ainsi que les effets personnels de Pope.
Jackson exécuta une manœuvre de balayage du flanc qui captura le principal dépôt d’approvisionnement de Pope. Il plaça son corps à l’arrière de l’armée de Pope mais prit ensuite une position défensive invitant manifestement Pope à l’attaquer. Le 28 et le 29 août, au début de la Seconde Bataille de Bull Run, Pope pilonna Jackson alors que Longstreet et le reste de l’armée marchaient vers l’ouest, à travers Thoroughfare Gap, pour atteindre le champ de bataille. Dans la soirée du 28, Longstreet engagea une division fédérale de 5,000 hommes sous les ordres de James B. Ricketts à la Bataille de Thoroughfare Gap. Ricketts avait reçu l’ordre de retarder la marche de Longstreet vers l’armée principale de la Confédération mais il prit sa position trop tard, permettant ainsi à la brigade de George T. Anderson d’occuper les hauteurs. Lee et Longstreet regardèrent ensemble la bataille et décidèrent de flanquer la position de l’Union. La division de Hood et une brigade sous les ordres de Henry L. Benning avancèrent respectivement vers l’espace entre le nord et le sud, alors que la division de Wilcox suivait dans une marche de 10 kms vers le nord. Ricketts réalisa que sa position était intenable et se retira dans la soirée, permettant ainsi à Longstreet de faire jonction avec le reste de l’armée de Lee. Des critiques d’après-guerre affirmèrent que Longstreet avait fait marcher ses hommes trop lentement, laissant Jackson supporter tout le poids des combats pendant deux jours, mais elles couvrirent à peu près 50kms en moins de 24 heures et Lee n’essaya pas de réunir son armée plus rapidement.
Quand les hommes de Longstreet arrivèrent à Second Manassas, aux alentours de midi le 29 août, Lee planifia une attaque de flanc de l’Armée de l’Union, qui concentrait son attention sur Jackson. Longstreet hésita contre trois suggestions présentées par Lee, le pressant d’attaquer tout en lui recommandant d’envoyer une reconnaissance renforcée pour sonder le terrain devant lui. Ce fut fait et cela confirma la présence du 5ème Corps de Porter en face de ses lignes. A 18h30, la division de Hood fit mouvement vers l’avant contre le corps de Porter et repoussa les soldats qu’elle rencontra, mais elle dut se retirer à la nuit en arrivant trop loin en avant des lignes. Malgré la victoire écrasante qui suivit, le comportement de Longstreet lors de la bataille fut critiqué après-guerre par des avocats de la Cause Perdue qui affirmèrent que sa lenteur, sa réticence à l’attaque et sa désobéissance au Général Lee furent le précurseur de sa performance controversée qui survint le 2 juillet 1863, lors de la Bataille de Gettysburg. Le biographe de Lee, Douglas Southall Freeman, écrivit: "Les graines de la plupart des causes du désastre de Gettysburg furent semées à cet instant—quand Lee céda à Longstreet et Longstreet découvrit qu’il pouvait le faire." Le biographe de Longstreet, Jeffry D. Wert dispute cette conclusion, pointant du doigt que dans une lettre d’après-guerre de Longstreet, Porter lui dit que s’il avait attaqué ce jour-là, sa "perte aurait été énorme".
Malgré cette critique, le jour suivant, le 30 août, fut le cadre d’une des meilleures performances de Longstreet durant la guerre. Après ses attaques du 29, Pope en arriva à la conclusion que Jackson se retirait. Il ordonna au réticent Porter d’engager la poursuite avec son corps et il prit contact avec les hommes de Jackson en subissant de lourdes pertes. L’attaque exposa le flanc gauche de l’Union et Longstreet en profita pour lancer une attaque massive sur ce flanc avec plus de 25 000 hommes. Pendant plus de quatre heures, ils "pilonnèrent comme un marteau géant" avec Longstreet dirigeant activement le feu de l’artillerie et envoyant des brigades dans la mêlée. Bien que les troupes de l’Union opposèrent une féroce résistance, l’armée de Pope fut obligée de battre en retraite de même manière que l’embarrassante défaite de l’Union lors de la Première Bataille de Bull Run, combattue à peu près sur le même terrain. Longstreet attribua tout le crédit de la victoire à Lee, décrivant la campagne comme "habile et brillante". Cela établit un modèle stratégique qu’il croyait idéal—l’utilisation de tactiques défensives à des fins offensives. Le 1er septembre, le corps de Jackson fit mouvement pour couper la retraite de l’Union à la Bataille de Chantilly. Les hommes de Longstreet restèrent sur le terrain afin de faire croire à Pope que toute l’armée de Lee était encore sur le front.
Les actions de Longstreet lors des deux dernières batailles défensives confédérées de 1862 devaient prouver la prédominance de ses tactiques défensives. Après le succès Confédéré lors de la Seconde Bataille de Bull Run, Lee, conservant l’initiative stratégique, décida de transposer la guerre au Maryland pour soulager la Virginie et inciter éventuellement des nations étrangères à venir en aide à la Confédération. Longstreet apporta son soutien au plan. "La situation appelait à l’action", dira-t-il plus tard, "et là il y avait une ouverture – à travers le Potomac." Ses hommes entrèrent au Maryland le 6 septembre et arrivèrent à Frederick le jour suivant. Lors de la Campagne du Maryland de septembre, à la Bataille d’Antietam, Longstreet tînt bon sur la ligne défensive Confédérée contre des forces de l’Union deux fois plus nombreuses. Après l’action de retardement opérée par le corps de Longstreet à South Mountain, il se retira à Sharpsburg pour rejoindre Stonewall Jackson, et se préparer à livrer une bataille défensive. Utilisant le terrain à son avantage, Longstreet valida son idée que la défense tactique était maintenant largement supérieure à l’offensive exposée. Alors que l’offensive dominait à l’époque de Napoléon, les avancées technologiques avaient changé cet état des choses. Le Lieutenant-Colonel Harold M. Knudsen affirme que Longstreet était des rares officiers de la Guerre Civile sensible à ce développement. A la fin du jour le plus sanglant de la Guerre Civile, Lee remercia ses subordonnés en disant, "Ah! Voici Longstreet; c’est mon vieux cheval de guerre!" Le 9 octobre, quelques semaines après Antietam, Longstreet fut promu lieutenant-général. Lee s’arrangea pour que la promotion de Longstreet soit datée un jour avant celle de Jackson, faisant ainsi du Vieux Cheval de Guerre, le plus ancien lieutenant-général de toute l’armée Confédérée. Dans le cadre d’une réorganisation de l’armée en novembre, le commandement de Longstreet, maintenant désigné comme le Premier Corps, consistait en cinq divisions soit approximativement 41,000 hommes.
En décembre, le Premier Corps de Longstreet joua un rôle décisif dans la Bataille de Fredericksburg, à mi-chemin des deux capitales, où l’armée Confédérée s’installa pour protéger Richmond de l’Armée du Potomac, maintenant commandée par Ambrose Burnside. Comme Lee avait rapidement détaché Longstreet vers Fredericksburg, cela permit à Longstreet de prendre son temps pour fortifier ses lignes, placer méthodiquement son artillerie et installer une zone de tir au-delà de l’axe de l’avance où il pensait que l’attaque de l’Union aurait lieu. Se remémorant le massacre d’Antietam, pour lequel les Confédérés ne bâtirent pas d’oeuvres défensives, Longstreet ordonna la construction de tranchées, d’abattis et de fortifications temporaires au sud de la ville le long du mur de pierre au pied de Marye's Heights, ce qui devait créer un précédent pour les futures batailles défensives de l’Armée de Virginie du Nord. Tout ceci fut terminé dans les jours précédant la bataille. Après avoir échoué à traverser le Rappahannock le 11 décembre, Burnside ordonna un bombardement de la ville par l’artillerie et força le chemin le jour suivant.
Les hommes de Longstreet étaient fermement retranchés le long des Marye's Heights. Le 13 décembre, sous les ordres de Burnside, les troupes de l’Union Right Grand Division lancèrent quatorze attaques frontales contre les troupes de Longstreet, qui se retrouvèrent contre leur volonté au centre de la bataille. Quand Lee exprima son appréhension que les troupes Fédérales débordent les hommes de Longstreet, ce dernier répliqua qu’aussi longtemps qu’il aurait des munitions en nombre suffisant, il les "tuerait tous" avant qu’aucun d’entre eux n’ait atteint sa ligne. Il lui conseilla de regarder vers la poistion plus inconfortable de Jackson à la droite. Longstreet ne se trompait pas, car de ses positions renforcées, ses hommes contenaient aisément les assuats de l’Union, tandis que Jackson parvenait à grandes difficultés à repousser une attaque bien plus forte de la division de George Meade. Un Général de l’Union compara la scène devant Marye's Heights à "un grand enclos d’abattage" et dit que ses hommes "auraient mieux fait d’essayer de prendre l’Enfer".
Burnside avait l’intention d’attaquer encore le jour suivant, mais plusieurs de ses officiers, particulièrement, Sumner, lui conseillèrent de renoncer. A la place il retrancha ses hommes et se retira le 15 décembre. L’armée de l’Union perdit presque 8 000 hommes à Marye's Heights; Longstreet n’en dénombra que 1,900. Son grand succès défensif ne se basa pas uniquement sur l’avantage du terrain; cette fois celui-ci fut le résultat de la combinaison du terrain, des travaux défensifs et la coordination d’une artillerie centralisée.
En octobre 1862, Longstreet avait suggéré à Joe Johnston qu’il soit envoyé combattre sur le Théâtre Occidental de la guerre. Peu de temps après Fredericksburg, Longstreet suggéra vaguement à Lee qu’"un corps pouvait tenir le Rappahannock pendant que l’autre opérait autre part". En février 1863, il fit une requête plus spécifique, suggérant à Wigfall que son corps soit détaché de l’Armée de Virginie du Nord et envoyé pour renforcer l’Armée du Tennessee, où le Général Braxton Bragg était en proie dans le Middle Tennessee face à l’Armée du Cumberland sous les ordres du Major Général de l’Union, William S. Rosecrans, le camarade de chambrée de Longstreet à West Point. A cette époque, Longstreet pouvait être identifié comme faisant partie "du bloc de concentration occidental" qui croyait que renforcer les armées de la Confédération opérant sur le Théâtre Occidental pour protéger les Etats de cette partie de la Confédération contre l’invasion, était plus important que des campagnes offensives dans l’Est. Ce groupe comprenait aussi Johnston et Louis Wigfall, maintenant un sénateur Confédéré, tous deux étant de vieux amis de Longstreet. Ces personnes étaient généralement prudents et croyaient que la Confédération, avec ses ressources limitées, devait s’engager dans une guerre défensive plutôt qu’offensive. Lee détacha effectivement deux divisions du Premier Corps, mais leur ordonna de se rendre à Richmond, et non dans le Tennessee. Les mouvements maritimes du 9ème Corps de l’Union menacèrent potentiellement les ports vitaux de la côte Mid-Atlantique. La division de Pickett se mit en route pour la capitale à la mi-février, fut suivi par celle de Hood et puis Longstreet lui-même fut missionné pour prendre le commandement des divisions détachées et les départements de Caroline du Nord et du Sud. Les divisions de McLaws et Anderson demeurèrent avec Lee.
En avril, Longstreet assiégea les forces de l’Union dans la cité de Suffolk, Virginie, une opération mineure, mais une opération qui était très importante pour l’armée de Lee, toujours stationnée dans le centre dévasté par la guerre de la Virginie. Cela empêchait les autorités Confédérées de collecter de grosses quantités de provisions qui étaient sous contrôle de l’Union. Cependant, cette opération fit en sorte que Longstreet et ses 15,000 hommes du Premier Corps furent absents de la Bataille de Chancellorsville en mai. Malgré la brillante victoire de Lee à Chancellorsville, Longstreet fut une nouvelle fois critiqué pour ne pas être revenu de Suffolk à temps pour rejoindre Lee. Cependant, des scenarii de Chancellorsville et Suffolk, Longstreet tira le commencement d’une nouvelle stratégie Confédérée. Ces événements prouvèrent que l’Armée de Virginie du Nord pouvait se débrouiller avec moins d’hommes pendant un moment, et que des unités pouvaient être déplacées pour créer des fenêtres d’opportunité sur d’autres théâtres. Longstreet prôna les premiers mouvements stratégiques à utiliser le rail, les lignes intérieures pour créer des avantages numériques temporaires au Mississippi ou Tennessee avant Gettysburg.
Suite à Chancellorsville et la mort de Stonewall Jackson, Longstreet et Lee se rencontrèrent à la mi-mai pour débattre des options de la campagne estivale de l’armée. Longstreet une nouvelle fois poussa pour le détachement de tout ou partie de son corps vers le Tennessee. La justification de ce plan d’action devenait plus urgent alors que le Major-Général de l’Union, Ulysses S. Grant avançait sur la forteresse Confédérée de la Rivière Mississippi, à savoir Vicksburg. Longstreet argumenta qu’une armée renforcée sous les ordres de Bragg pouvait défaire Rosecrans et se diriger vers la Rivière Ohio, ce qui obligerait Grant à relâcher la pression sur Vicksburg. Il avança ses idées durant une réunion avec le Secrétaire à la Guerre Confédéré, James Seddon, qui approuva l’idée mais douta que Lee en ferait autant, et opina que Davis ne se dresserait pas contre l’avis de Lee. Longstreet avait critiqué le généralat de Bragg et aurait espéré le remplacer, bien qu’il espérait aussi voir Joseph Johnston prendre le commandement, et il indiqua qu’il se contenterait de servir sous ses ordres comme commandant de corps. Lee empêcha la réalisation de ce plan en disant à Davis que se priver de grands nombres de troupes le forcerait à rapprocher son armée de Richmond, et au lieu de cela avança un plan pour envahir la Pennsylvanie. Une campagne dans le Nord soulagerait la pression agricole et militaire que la guerre faisait peser sur la Virginie et la Caroline du Nord et, en menaçant une cité fédérale, perturberait les offensives de l’Union tout en érodant le soutien à la guerre des civils nordistes. Dans ses mémoires, Longstreet décrivit sa réaction à la proposition de Lee :
‘’Son plan ou ses souhaits annoncés, il devint inutile et impropre d’offrir des suggestions visant à un autre plan d’action. Tout ce que je pouvais demander était que la politique de la campagne devait comprendre des tactiques défensives; que nous devrions travailler pour forcer l’ennemi à nous attaquer, dans une bonne condition que nous trouverions dans notre propre pays, aussi bien adaptée à cet objectif—qui pourrait nous assurer un grand triomphe. A cela il donna facilement son assentiment comme étant un complément important et matériel au plan général.’’
Il y a manifestement un conflit sur la véracité du compte-rendu de Longstreet. Il fut écrit des années après la campagne et est affecté par la rétrospection, aussi bien sur les résultats de la bataille que sur les critiques d’après-guerre des auteurs de la Cause Perdue. Dans des lettres de l’époque, Longstreet ne fit aucune référence à un tel marché avec Lee. En avril 1868, Lee dit qu’il "n’avait jamais fait une telle promesse, et n’avait jamais pensé faire une telle chose". Pourtant dans son rapport d’après-bataille, Lee écrivit, "Il ne fut jamais prévu de mener une bataille générale à une telle distance de notre base, à moins d’être attaqué par l’ennemi."
L’Armée de Virginie du Nord fut réorganisée après la mort de Jackson. Deux commandants de division, Richard S. Ewell et A. P. Hill, furent promus lieutenants-généraux et endossèrent respectivement le commandement du Second et du nouveau 3ème Corps. Le Premier Corps de Longstreet abandonna la division du Major-Général Richard H. Anderson durant la réorganisation, la laissant avec les divisions de Hood, McLaws et Pickett.
Après qu’il fut déterminé qu’une avancée vers le nord était inévitable, Longstreet envoya l’éclaireur Henry Thomas Harrison, qu’il avait rencontré durant la Campagne de Suffolk pour recueillir des informations. Il le paya en or et lui dit qu’il "ne voulait pas le revoir avant qu’il ait des informations primordiales à communiquer". Lors des mouvements initiaux de la campagne, le corps de Longstreet suivit celui d’Ewell à travers la Vallée du Shenandoah. Harrison rapporta ses informations à Longstreet le soir du 28 juin et il fut déterminant pour avertir les Confédérés que l’Armée du Potomac avançait vers le nord pour les rencontrer plus vite qu’ils avaient pensé et était déjà en train de se rassembler autour de Frederick, Maryland. Lee fut initialement sceptique mais le rapport le pressa pour donner l’ordre immédiat de concentration de son armée au nord de Frederick près de Gettysburg, Pennsylvanie. Harrison apporta aussi la nouvelle que Joseph Hooker avait été remplacé comme commandant de l’Armée du Potomac par George Meade.
Les actions de Longstreet lors de la Bataille de Gettysburg devaient devenir le point central de la controverse qui l’entoura pendant plus d’un siècle. Longstreet arriva sur le champ de bataille dans l’après-midi du premier jour, le 1er juillet 1863, des heures avant ses troupes. A ce moment, deux corps de l’Union avaient été repoussés par Ewell et Hill à travers la ville vers les positions défensives de Cemetery Hill. Lee n’avait pas l’intention de combattre avant que son armée ne soit au complet mais la chance et des décisions discutables d’A.P. Hill provoquèrent la bataille, qui—en ce premier jour—fut une impressionnante victoire Confédérée. Lors d’une rencontre avec Lee, Longstreet s’inquiéta de la puissance de la position défensive de l’Union sur un terrain surélevé et plaida pour un mouvement stratégique autour du flanc gauche de l’ennemi, pour "sécuriser un bon espace entre lui et sa capitale", ce qui probablement obligerait Meade à attaquer des positions défensives érigées par les Confédérés. A la place, Lee s’exclama, "Si l’ennemi est là demain, je l’attaquerai." Longstreet répliqua, "S’il est là demain, c’est parce qu’il veut que vous attaquiez."
Le plan de Lee pour le 2 juillet demanda à Longstreet d’attaquer le flanc gauche de l’Union, ce qui serait suivi par une attaque de Hill sur Cemetery Ridge près du centre, alors qu’Ewell se manifesterait à droite de l’Union. Longstreet n’était pas prêt pour attaquer aussi tôt que Lee l’envisageait. Il reçut la permission de Lee pour qu’il attende que la brigade du Brigadier-Général Evander M. Law (la division de Hood) atteigne le champ de bataille avant d’avancer une de ses brigades ; Law fit marcher ses hommes à vive allure pour couvrir les 45 kms en 11 heures, mais n’arriva pas avant minuit. Trois des brigades de Longstreet étaient encore disposées en colonne de marche et à une distance respectable des positions d’attaque qu’elles devaient atteindre. Toutes les divisions de Longstreet furent obligées de faire un long détour en approchant de la position ennemie, trompées par une reconnaissance inadéquate qui faillit à identifier complètement l’itinéraire dissimulé.
Les critiques d’après-guerre de Longstreet affirment que Lee lui ordonna d’attaquer au petit matin et que son retard fut une cause significative de la perte de la bataille. Cependant, Lee accepta le retard des troupes arrivantes et ne donna pas son ordre formel d’attaquer avant 11h00. De nombreux historiens conviennent que Longstreet ne suivit pas immédiatement les ordres de Lee de lancer une attaque aussi vite que possible. Le biographe Jeffry D. Wert critiqua la performance de Longstreet et écrivit qu’il "manifesta son désaveu avec la décision de Lee d’influer sur sa conduite." Les historiens militaires Herman Hattaway et Archer Jones écrivirent, "Peu enthousiaste au sujet de l’attaque, Longstreet perdit tellement de temps à proprement rassembler et aligner le corps que l’assaut ne commença pas avant 16h00. Durant tout ce temps perdu, Meade continua à bouger ses troupes pour apporter de plus en plus de concentration ; à 18h00 il avait parachevé sa supériorité numérique et avait son flanc gauche bien couvert." L’historien de la campagne Edwin Coddington présente l’approche des positions fédérales comme "une comédie d’erreurs tels que l’on peut l’attendre de commandants inexpérimentés et d’une milice sans formation, mais pas du "Cheval de Guerre" de Lee et ses troupes de vétérans." Une vue alternative fut exprimée par John Lott, qui argumenta qu’il aurait été impossible de commencer l’attaque beaucoup plus tôt.
Cependant, sans considérer la controverse concernant les préparations, une fois que l’assaut commença vers 16h00, Longstreet poussa l’assaut de McLaws et Hood (la division de Pickett n’était pas encore arrivée) avec compétence contre la féroce résistance de l’Union, mais ce fut largement inutile, avec des pertes significatives.
La nuit du 2 juillet, Longstreet ne suivit pas son habitude de rencontrer le Général Lee à son quartier-général pour discuter de la bataille, affirmant qu’il était trop fatigué pour effectuer le trajet. A la place, il passa une partie de la nuit à planifier un mouvement autour de Big Round Top qui lui aurait permis d’attaquer le flanc et l’arrière de l’ennemi. (Longstreet, malgré son utilisation de troupes d’éclaireurs, fut apparemment ignorant qu’une partie considérable de troupes ennemies du 6ème Corps de l’Union était dans la position de bloquer ce mouvement.) Peu de temps après avoir délivré les ordres pour l’attaque, aux environs du lever du soleil, Longstreet fut rejoint à son quartier-général par Lee, qui était consterné par la tournure des événements. Le général avait l’intention d’envoyer Longstreet attaquer la gauche de l’Union tôt dans la matinée dans une manière similaire à l’attaque du 2 juillet, en utilisant la division de Pickett récemment arrivée et de concert avec une reprise de l’attaque d’Ewell sur Culp's Hill. Ce que Lee trouva fut qu’aucun ordre avait été adressé à la division de Pickett et que Longstreet avait planifié une opération indépendante sans le consulter. Lee écrivit avec une certaine retenue dans son rapport d’après-guerre que les dispositions de Longstreet "ne furent pas complétées aussi tôt qu’expectées".
Comme les plans d’une attaque coordonnée de bon matin se révélaient infaisables, Lee ordonna à la place à Longstreet de coordonner une attaque massive sur le centre de la ligne de l’Union, en utilisant la division de George Pickett et les brigades du corps d’A.P. Hill. Longstreet savait que l’attaque avait peu de chances de réussir. L’Armée de l’Union était en position de force rappelant celle que Longstreet avait prise à Fredericksburg pour défaire l’assaut de Burnside. Les Confédérés allaient devoir couvrir presqu’un mile de terrain à découvert et passer leur temps à négocier des barrières robustes sous le feu de l’ennemi. Les leçons tirées de Fredericksburg et Malvern Hill furent omises par Lee en cette journée. Dans ses mémoires, Longstreet affirme avoir dit à Lee qu’il croyait que l’attaque sur le centre de l’Union échouerait:
‘’Général, j’ai été un soldat toute ma vie. J’ai été avec des soldats engagés dans des combats en couples, en escadrons, en compagnies, en régiments et des armées, et je devrais savoir, aussi bien que qui que ce soit, ce que les soldats peuvent faire. C’est mon opinion que 15 000 hommes ne parviendront jamais à prendre cette position.’’
Durant le barrage d’artillerie qui précéda l’assaut de l’infanterie, Longstreet commença à agonir l’assaut. Il tenta de passer la responsabilité du lancement de la division de Pickett à son chef de l’artillerie, le Colonel Edward Porter Alexander. Quand le moment vint d’ordonner à Pickett d’avancer, Longstreet ne put même pas faire un signe de tête en assentiment, incapable de verbaliser l’ordre. L’assaut connu comme La Charge de Pickett, souffrit de lourdes pertes que Longstreet avait anticipées. Ce fut le point crucial de l’échec de la Confédération à Gettysburg et Lee ordonna le retrait vers la Virginie le jour suivant.
Pendant des années après la guerre, la réputation de Longstreet souffrit et fut blâmée pour l’attaque manquée même si Lee ordonna l’avancée après que Longstreet eut répété son conseil d’annuler l’attaque.
A la mi-août 1863, Longstreet réitéra ses tentatives de demandes de transfert sur le Théâtre Occidental. Il écrivit une lettre privée à Seddon, demandant à être transféré sous le commandement de son vieil ami, le Général Joseph Johnston. Il persévéra dans son idée en conversant avec son allié congressionnel, Wigfall, qui considérait depuis longtemps que Longstreet ferait un remplaçant idéal pour Braxton Bragg. Bragg avait un mauvais bilan guerrier et était très impopulaire parmi les hommes et les officiers. Comme l’armée de Bragg se trouvait sous la pression croissante de Rosecrans en dehors de Chattanooga, Lee et le Président Davis accédèrent à la requête le 5 septembre. Dans un des plus redoutables efforts logistiques de la Confédération, Longstreet, avec les divisions de Lafayette McLaws et de John Hood, une brigade de la division de George Pickett et un bataillon d’artillerie de 26 canons de Porter Alexander, effectua un trajet en chemin de fer de 1 247 kms, à travers les Carolines pour rejoindre Bragg au nord de la Géorgie. Bien que toute l’opération prit 3 semaines, les éléments de tête du corps arrivèrent le 17 septembre.
Le 19 septembre à la Bataille de Chickamauga, Bragg lança une tentative pour interposer son armée entre Rosecrans et Chattanooga avant l’arrivée de la majeure partie du corps de Longstreet. Tout au long de la journée, les troupes Confédérées lancèrent des assauts positifs sur les positions de l’Union qui coutèrent très chers aux deux camps. Une des propres divisions de Longstreet sous les ordres de Hood résista avec succès à une grosse contre-attaque de’une division du XXème Corps de Jefferson C. Davis durant cet après-midi. Quand Longstreet lui-même arriva sur le champs de bataille à la fin de la soirée, il n’arriva pas à trouver les quartiers-généraux de Bragg. Lui et son état-major passèrent énormément de temps à chevaucher pour les trouver. Ils traversèrent accidentellement une ligne de front fédérale et furent presque capturés. Quand finalement Bragg et Longstreet se rencontrèrent tard dans la nuit, Bragg plaça Longstreet au commandement de l’aile gauche de son armée ; le Lieutenant- Général Leonidas Polk commandait l’aile droite. Le 20 septembre, Longstreet aligna 8 brigades en profondes colonnes contre un front étroit, une attaque très similaire à la future tactique des blindés allemands durant la Seconde Guerre Mondiale. L’attaque était supposée commencer tôt dans la matinée peu de temps après un assaut de l’aile de Polk. Cependant, la confusion et des ordres mal gérés repoussèrent l’attaque de Polk et la marche en avant de Longstreet ne débuta pas avant 11h00 après qu’il eut entendu de la canonnade sur sa gauche. Par chance, un ordre erroné du Général Rosecrans causa un espace dans le front de l’Union à cause du transfert de la division de Thomas J. Wood de la droite vers le centre pour renforcer le XIVème Corps de George Henry Thomas.
Longstreet tira avantage de la confusion pour accroître ses chances de succès. L’organisation de l’attaque fut bien suivie sur le terrain et devait malgré tout enfoncer le front de l’Union. La division de Bushrod Johnson s’engouffra dans l’espace causant le retrait des forces de l’Union. Après que Longstreet eut ordonné à la division de Thomas C. Hindman d’avancer, la droite de l’Union s’effondra complètement. Rosecrans s’enfuit du champ de bataille alors que les unités commençaient à retraiter en panique. Thomas réussit à rallier les unités en retraite et à solidifier une position défensive sur Snodgrass Hill. Il tînt cette position toute l’après-midi contre les attaques répétées de Longstreet, qui n’était pas correctement soutenu par l’aile droite Confédérée. La nuit tombée, la bataille était terminée et Thomas fut capable de dégager les unités sous son contrôle vers Chattanooga. L’échec de Bragg à réussir à coordonner l’aile droite et la cavalerie pour envelopper Thomas empêcha une totale déroute de l’Armée Unioniste. Bragg négligea aussi de poursuivre agressivement les Fédéraux en retraite et le résultat fut le futile Siège de Chattanooga. Il avait refusé une requête de Longstreet allant dans ce sens, en invoquant un manque de moyens de transport et en qualifiant ledit plan de "projet visionnaire". Néanmoins, Chickamauga fut la plus grande victoire Confédérée du Théâtre Occidental et Longstreet mérita et en reçut à une grande part à son crédit.
Peu de temps après être entré au Tennessee suite à leur victoire de Chickamauga, Longstreet se disputa avec Bragg et il devint le leader du groupe des commandants de l’armée conspirant pour le faire virer. Les subordonnés de Bragg étaient depuis longtemps insatisfaits par sa personnalité agressive et son pauvre bilan guerrier sur le champ de bataille; l’arrivée de Longstreet (le plus ancien lieutenant-général de l’Armée) et de ses officiers, et le fait qu’ils se rangèrent rapidement de leur côté, ajouta de la crédibilité à leurs primes demandes, et fut catalyseur pour l’action. Longstreet écrivit à Seddon, "Je suis convaincu que rien, à part la main de Dieu, ne peut nous sauver aussi longtemps que nous aurons notre actuel commandant." La situation devint si grave que le Président Davis fut obligé d’intervenir en personne. Ce qui suivit fut une des scènes les plus irréalistes de la guerre, avec Bragg assis le visage rouge de colère alors qu’une procession de ses commandants le condamnait. Longstreet affirmait que Bragg "était incompétent pour diriger une armée ou mener ses hommes au feu" et qu’il "ne connaissait rien à l’affaire". Le 12 octobre, Davis déclara son soutien à Bragg. Il le laissa avec ses subordonnés insatisfaits sur leurs positions respectives.
Bragg releva ou confirma les généraux qui avaient témoigné contre lui et effectua des représailles contre Longstreet en réduisant son commandement aux troupes qu’il avait amené avec lui de Virginie. Malgré le climat de commandement dysfonctionnel existant sous les ordres de Bragg et le manque de soutien du Département à la Guerre et du Président Davis concernant le renvoi de Bragg, Longstreet fit de son mieux pour continuer à rechercher des options dans la Campagne de Chattanooga. Bragg se résolut avec son armée au siège de l’Armée du Cumberland de l’Union à Chattanooga. Vers cette époque, Longstreet apprit la naissance d’un fils, qui fut prénommé Robert Lee. Grant arriva à Chattanooga le 23 octobre et prit le commandement général de la nouvelle Division Militaire du Mississippi.
Alors que les relations de Longstreet avec Bragg restaient extrêmement mauvaises, ses connections avec ses subordonnés se détériorèrent également. Il eut une profonde amitié d’avant-guerre avec McLaws, mais celle-ci commença à montrer des signes d’aigreur après que McLaws eut blâmé Longstreet pour la défaite de Gettysburg et que lui-même fut accusé par Longstreet d’afficher une certain léthargie après Chickamauga. La vieille division de Hood était sous le commandement temporaire du Brigadier-Général Micah Jenkins. Le brigadier-général qui était dans la division le plus longtemps était Evander M. Law. Les deux hommes se détestaient cordialement et désirait le commandement permanent de la division. Longstreet favorisa Jenkins, son protégé de longue date, alors que la plupart des hommes préféraient Law. Longstreet avait demandé à Davis de désigner un commandant permanent, mais il refusa.
Le 27 octobre, les troupes de l’Union parvinrent à ouvrir une brèche pour apporter des vivres à leurs troupes en défaisant la brigade Law de la division Hood, temporairement commandée par Jenkins, lors de la Bataille de Brown’s Ferry. Dans la nuit de la Bataille de Wauhatchie du 28 au 29 octobre, Jenkins ne réussit pas à reprendre la position perdue. Il blâma et le Brigadier-Général Jerome B. Robertson pour le manque de succès. Longstreet ne prit pas de sanction immédiate contre Law mais se plaignit de Robertson. Un tribunal d’enquête fut mis en place, mais ses investigations furent suspendues et Robertson récupéra le commandement. Après les échecs Confédérés, Longstreet conçut une stratégie pour empêcher Grant d’obtenir des renforts et de lever le siège. Il savait que l’Union préparait ces mouvements et que la tête de réseau ferrée la plus proche était Bridgeport, Alabama, où les résidus de deux corps de l’Union devaient rapidement arriver. Après avoir envoyé le commandant de son artillerie, Porter Alexander, pour reconnaître la ville occupée par l’Union, il conçut un plan pour déplacer la plupart de l’Armée du Tennessee hors du siège. Il installa un support logistique à Rome, Géorgie, apte à se rendre à Bridgeport pour prendre la tête de réseau ferré et éventuellement attraper le Major-Général Joseph Hooker en arrivant sur les troupes de l’Union sur le Théâtre Oriental qui se trouveraient alors dans une position désavantageuse. Le plan fut bien reçu et approuvé par le Président Davis, mais il fut désapprouvé par Bragg, qui objecta les difficultés logistiques significatives que cela posait. Longstreet accepta les arguments de Bragg et accepta un plan dans lequel lui et ses hommes étaient envoyés dans l’Est du Tennessee pour s’occuper de l’avance de l’Arméé Unioniste de l’Ohio, commandée par le Major-Général Ambrose Burnside. Longstreet fut sélectionné pour cette mission partiellement à cause de son inimitié pour Bragg, mais également parce que le Département de la Guerre désirait que les hommes de Longstreet regagnent l’armée de Lee et son mouvement vers cette direction.
Longstreet fut critiqué pour la lenteur de son déplacement vers Knoxville en novembre et quelques-unes de ses troupes commencèrent à utiliser le surnom de "Peter l’escargot" pour le décrire. A la Bataille de Campbell's Station le 16 novembre, les Fédéraux échappèrent aux troupes de Longstreet. Ceci fut dû d’une part au mauvais comportement de Law, qui exposa sa brigade à l’ennemi et ainsi ruina ce qui était supposé être une attaque surprise et d’autre part, à l’habile mouvement de retraite de Burnside. Les Confédérés durent aussi composer avec des routes boueuses et un manque de vivres.