Daniel BOONE (1734-1820)

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DEMERVAL
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Daniel BOONE (1734-1820)

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Daniel Boone était de descendances anglaise et galloise. Comme le calendrier grégorien fut adopté durant sa vie, la date de naissance de Daniel Boone est quelquefois donnée au 2 novembre 1734 (la date du "New Style"), bien que Boone affirmait qu’il était né en octobre. La famille Boone appartenait à une Société Religieuse des Amis, appelée "Quakers", qui fut persécutée en Angleterre pour leurs croyances dissidentes. Le père de Daniel, Squire Boone (1696–1765) émigra du petit village de Bradninch, Devon (près d’Exeter, Angleterre) vers la Pennsylvanie en 1713, pour rejoindre la colonie de dissidents de William Penn. Les parents de Squire Boone, George Boone III et Mary Maugridge, suivirent leur fils en Pennsylvanie en 1717 et en 1720 bâtirent une cabane en rondins à Boonecroft.
En 1720, Squire Boone, qui travailla au départ comme tisserand et forgeron, épousa Sarah Morgan (1700–77). La famille de Sarah était des Quakers du Pays de Galles qui s’était établie en 1708 dans la région qui devint la commune de Towamencin dans le comté de Montgomery. En 1731, les Boones déménagèrent dans la vallée de Oley, près de la ville moderne de Reading. Là ils construisirent une cabane en rondins, partiellement préservée de nos jours, comme Maison Natale de Daniel Boone. Daniel Boone y vit le jour, le sixième d’une fratrie de 11 enfants.
Daniel Boone passa sa prime jeunesse dans ce qui était les abords de la frontière. Plusieurs villages Indiens Lenape se trouvaient à proximité. Les pacifistes Quakers de Pennsylvanie entretenaient de bonnes relations avec les Indiens, mais l’accroissement régulier de la population blanche contraignit de nombreux Indiens à s’expatrier plus loin vers l’ouest. Comme les familles dépendaient sur la chasse pour vivre, Boone reçut son premier fusil à 12 ans. Il apprit à chasser au contact des colons locaux et des Lenapes. Des contes populaires ont souvent accentué les abilités de chasseur de Daniel Boone. Dans l’un d’entre-eux, le jeune Boone chassait avec d’autres garçons quand le rugissement d’une panthère les effraya à l’exception de Daniel Boone. Il arma calmement son fusil et abattit le prédateur en plein cœur alors qu’elle allait lui bondir dessus. La véracité de cette histoire est contestée mais l’histoire fut tellement racontée qu’elle devint une part entière de l’imagerie populaire.
Lors de la jeunesse de Daniel Boone, sa famille devint une source de controverses avec la communauté Quaker locale quand deux de ses enfants les plus âgés se marièrent en dehors de la communauté endogame, à présent située dans le village de Lower Gwynedd, Pennsylvanie. En 1742, les parents de Daniel Boone furent obligés de s’excuser publiquement après que leur aînée, Sarah, eut épousé John Willcockson, un non-Quaker. Comme le jeune couple s’était fréquenté, il fut considéré comme marié sans le bénéfice du clergé. Quand l’aîné de la famille Boone, Israel, épousa une non-quaker en 1747, Squire Boone resta à ses côtés. Les deux hommes furent exclus des Quakers ; l’épouse de Boone continua à fréquenter les réunions mensuelles avec ses plus jeunes enfants.
En 1750, Squire Boone vendit ses terres et déménagea avec sa famille en Caroline du Nord. Daniel Boone ne fréquenta plus jamais l’église. Il s’identifia comme chrétien et fit baptiser tous ses enfants. Les Boones s’établirent finalement sur le rivière Yadkin, dans ce qui est maintenant la comté de Davie, à environ 3kms à l’ouest de Mocksville. C’était dans une région inexploitée de l’Ouest.
Comme il grandit sur la frontière, Boone ne reçut que peu d’éducation formelle mais acquit une grande connaissance des forêts. Selon une tradition familiale, un instituteur s’enquérit un jour du niveau scolaire de Daniel Boone mais son père répondit, "Laissez les filles faire de l’orthographe et Dan s’occupera de la fusillade." Boone reçut quelques cours de la part de membres de la famille , bien que son orthographe demeura peu orthodoxe. L’historien John Mack Faragher avertit que l’image populaire de Daniel Boone en tant que semi-analphabète est fallacieuse et affirme qu’il "acquit un niveau en lecture et écriture qui était le même que la plupart des hommes de cette époque." Boone emportait régulièrement des livres avec lui lors de ses expéditions de chasse—la Bible et Les voyages de Gulliver étaient ses préférés. Il était souvent la seule personne lettrée des groupes de pionniers. Boone distrayait parfois ses compagnons de chasse en leur faisant la lecture le soir autour du feu de camp.
Après l’éclatement de la guerre de la Conquête (1754–1763) entre les Français et les Britanniques et leurs alliés Indiens respectifs, le Gouverneur de la Caroline du Nord, Matthew Rowan mit sur pied une milice, au sein de laquelle Daniel se porta volontaire. Il y servit sous les ordres du Capitaine Hugh Waddell à la frontière de la Caroline du Nord. L’unité de Waddell fut assigné à servir sous le commandement du Général Edward Braddock en 1755 et Boone agit comme conducteur de chariot avec son cousin Daniel Morgan, qui devait plus tard être un général important de la Révolution Américaine. Lors de la Bataille de Monongahela, qui fut le dénouement de la campagne et une amère défaite des Britanniques, Boone échappa de justesse à la mort quand les chariots de ravitaillement furent attaqués par des troupes Indiennes. Boone resta très critique vis-à-vis des bourfes de Braddock pour le reste de sa vie.
Alors qu’il était en campagne, Boone rencontra John Finley, un conditionneur qui travaillait pour George Croghan dans le commerce de fourrures à la frontière des Appalaches. Finley intéressa d’abord Daniel Boone à l’abondance du gibier et autres merveilles naturelles de la vallée de l’Ohio. Douze ans plus tard, Finley emmènera Boone lors de sa première expédition de chasse dans le Kentucky.
Boone retourna chez lui le 14 août 1756 et épousa Rebecca Bryan, une voisine de la Vallée de la Rivière Yadkin dont le frère avait épousé une de ses sœurs. Le couple vécut initialement dans une cabine en rondins sur la ferme de son père. Ils auront finalement dix enfants. Son fils, Nathan Boone, sera le premier homme blanc né dans le Kentucky.
Daniel Boone subvint aux besoins de sa nombreuse famille en approvisionnant les marchés en viande et en faisant le commerce de fourrures. Presque chaque automne, Boone partait pour de "longues expéditions de chasse", dans la nature sauvage, expéditions qui duraient plusieurs semaines voire des mois. Boone s’en allait seul ou avec un petit groupe d’hommes, amassant des centaines de peaux de daims à l’automne et des peaux de castors durant l’hiver. La chasse suivait les sentiers de migration des bisons, connus sous le nom de Medicine Trails. Quand ces chasseurs aux longs cours revenaient au printemps, ils vendaient leurs stocks à des commerçants en fourrures.
De tels pionniers gravaient souvent des messages sur les arbres ou écrivaient leur nom sur les murs des cavernes et le nom et les initiales de Daniel Boone ont été trouvés dans de nombreux endroits. Une inscription toujours visible aujourd’hui sur un arbre du comté de Washington, Tennessee dit "D. Boon Cilled a. Bar [tua un ours] sur [cet] arbre en l’an 1760". Une incision similaire, préservée au Musée de la Société Historique Filson, à Louisville, Kentucky, dit "D. Boon Kilt a Bar, 1803." Les inscriptions pourraient aussi figurer parmi les nombreux faux du célèbre trappeur qui font partie d’une longue tradition de fabrication de fausses reliques attribuées à Daniel Boone.
En 1758, un conflit éclata entre les forces Britanniques et les Cherokees, leur allié durant la guerre de Conquête (guerre qui continua dans d’autres parties du continent). Après que la vallée de la Rivière Yadkin ait fait l’objet d’un raid des Cherokees, les Boones et nombre d’autres familles s’enfuirent vers le Nord dans le comté de Culpeper, Virginie. Boone servit dans la milice de la Caroline du Nord durant ce "Soulèvement des Cherokees". Ses incursions avec la milice au plus profond du territoire Cherokee, au-delà des Montagnes Blue Ridge, le séparèrent de sa famille pendant près de deux ans.
En 1762, Boone, son épouse et quatre de leurs enfants quittèrent Culpeper pour revenir dans la vallée de la Rivière Yadkin. Au milieu des années 1760, la paix étant intervenue avec les Cherokees, l’immigration coloniale dans cette région s’accrut. La compétition entre les nouveaux colons fit diminuer la quantité de gibier. Boone eut des difficultés à boucler les fins de mois; il fut souvent traduit en justice pour non-paiement de dettes. Il dut vendre ses terres pour payer ses créanciers. Après la mort de son père en 1765, Boone voyagea avec son frère Squire et un groupe d’hommes vers la Floride, qui était devenue un territoire britannique après la fin de la guerre, afin d’y étudier la possibilité de s’y établir. Selon l’histoire familiale, Boone acheta un terrain près de Pensacola, mais Rebecca refusa de s’éloigner des ses amis et de sa famille. Les Boones déménagea dans un endroit moins reculé dans la vallée de la Rivière Yadkin et Boone commença à chasser vers l’ouest dans les Montagnes Blue Ridge.
Boone atteignit pour la première fois le Kentucky à la fin de 1767 alors qu’il participait à une longue expédition de chasse avec son frère Squire Boone Jr. Les premiers pas de Boone au Kentucky eurent lieu près de la vill actuelle d’Elkhorn. Alors qu’il participait à l’expédition Braddock quelques années plus tôt, Boone avait entendu parler de la terre fertile et de l’abondant gibier du Kentucky par son camarade conducteur de chariots, John Findley, qui avait déjà visité le Kentucky pour commercer avec les Indiens. Boone et Findley se rencontrèrent de nouveau et Findley encouragea Boone avec d’autres histoires sur le Kentucky. Au même moment, des nouvelles arrivèrent au sujet du Traité de Fort Stanwix, par lequel les Iroquois avaient cédé leurs terres du Kentucky aux Britanniques. Ceci, ainsi que les troubles apparus en Caroline du Nord à cause du Mouvement des Régulateurs, précipita l’intention de Boone à étendre son exploration.
Le 11 mai 1769, Boone commença une expédition de chasse de deux ans au Kentucky. Le 22 décembre 1769, lui et un camarade chasseur et lui furent capturés par des Shawnees, qui confisquèrent toutes leurs peaux et leur demandèrent de quitter les lieux sans jamais y revenir. Les Shawnees n’avaient pas signé le Traité Stanwix et depuis qu’ils considéraient le Kentucky comme leur territoire de chasse, ils considéraient les chasseurs blancs comme des braconniers. Boone, cependant, continua à chasser et à explorer le Kentucky jusqu’à son retour en Caroline du Nord en 1771, et retourna de nouveau au Kentucky à l’automne de 1772.
Le 5 juillet 1773, Boone plaqua sa famille et avec un groupe de 50 immigrants, commença la première tentative de colonisation britannique au Kentucky. Boone n’était encore qu’un obscur chasseur et trappeur à cette période et le membre le plus proéminent de l’expédition était William Russell, un Virginien bien connu et futur beau-frère de Patrick Henry. Le 9 octobre, James, le plus vieux des fils de Daniel Boone et un petit groupe de garçons et d’hommes qui avaient quitté leurs domiciles pour chercher des victuailles, furent attaqués par une bande de Delawares, de Shawnees et de Cherokees. Suite au Traité de Fort Stanwix, les Indiens de la région avaient débattus de la conduite à tenir face à l’afflux de colons. Ce groupe avait décidé, selon les mots de l’historien John Mack Faragher, "d’envoyer un message pour montrer leur opposition à la colonisation". James Boone et Henry, le fils de William Russell furent capturés et atrocement torturés à mort. La brutalité de leur mort créa une onde de chocs le long de la frontière et l’équipe de Boone abandonna l’expédition.
Le massacre fut l’un des premiers événements qui constituèrent la guerre de Dunmore, une lutte entre la Virginie et, originellement les Shawnees de l’Ohio pour s’assurer le contrôle de ce qui est maintenant la Virginie Occidentale et le Kentucky. A l’été 1774, Boone se porta volontaire pour effectuer le voyage au Kentucky avec un compagnon pour notifier aux survivants l’éclatement de la guerre. Les deux hommes effectuèrent plus de 1300kms pour alerter ceux qui n’avaient pas encore fui la région. Lors de son retour en Virginie, Boone aida les colonies installées le long de la Rivière Clinch à se défendre, ce qui lui valut le grade de Capitaine de la milice, ainsi que la reconnaissance de la part des citoyens. Après cette brève guerre, qui prit fin après la victoire de la Virginie lors de la Bataille de Point Pleasant en octobre 1774, les Shawnees abandonnèrent leurs prétentions sur le Kentucky.
Suite à la guerre de Dunmore, Richard Henderson, un proéminent juge de la Caroline du Nord, loua les services de Daniel Boone pour effectuer le voyage vers les villes Cherokee de la Caroline du Nord et du Tennessee pour les informer de la prochaine tenue d’une réunion. Dans le traité de 1775, Henderson acheta la prétention des Cherokees d’établir une colonie appelée Transylvanie. Par la suite, Henderson loua les services de Boone pour pacifier ce qui allait devenir la Wilderness Road, qui traversait le Trou de Cumberland pour atteindre le centre du Kentucky. Avec un groupe d’une trentaine de travailleurs, Boone traça un chemin vers la Rivière Kentucky où il fonda Boonesborough. D’autres colonies, notamment Harrodsburg, furent aussi établies à l’époque. Malgré les attaques indiennes occasionnelles, Boone retourna dans la vallée de la Clinch et y amena sa famille et d’autres colons à Boonesborough le 8 septembre 1775.
La violence dans le Kentucky s’accrut avec l’éclatement de la Guerre d’Indépendance Américaine (1775–1783). Les Indiens qui étaient mécontents de la perte du Kentucky dans les traités virent dans la guerre l’occasion de chasser les colons. Les pionniers isolés et les chasseurs devinrent les cibles fréquentes de leurs attaques, ce qui contraignit nombre d’entre eux à quitter le Kentucky. A la fin du printemps 1776, moins de 200 colons demeuraient encore au Kentucky, principalement dans les colonies fortifiées de Boonesborough, Harrodsburg et Logan's Station.
Le 5 juillet 1776, la fille de Daniel Boone, Jemima et deux autres adolescentes furent capturées en dehors de Boonesborough par un groupe d’Indiens sur le sentier de la guerre, qui emmenèrent les filles vers le nord dans les villages Shawnee de l’Ohio. Boone et un grouep d’hommes de Boonesborough se mirent à leur poursuite, pour finalement les rattraper deux jours plus tard. Boone et ses hommes tendirent une embuscade aux Indiens qui s’étaient arrêtés pour manger, sauvant les filles et mettant leurs kidnappeurs en fuite. L’incident devint l’événement le plus célébré de la vie de Daniel Boone. James Fenimore Cooper créa une version romancée de l’épisode dans son roman Le dernier des Mohicans (1826).
En 1777, Henry Hamilton, un Lieutenant Gouverneur britannique du Canada, commença à recruter des groupes d’Indiens pour effectuer des raids sur les colonies du Kentucky. Le 24 avril, des Shawnees conduits par le Chef Blackfish attaquèrent Boonesborough. Boone fut touché à la cheville alors qu’il était en dehors du fort mais il fut porté à l’intérieur, sous un déluge de feu, par Simon Kenton, récemment arrivé à Boonesborough. Kenton devint le plus proche ami de Boone, ainsi qu’un pionnier légendaire à part entière.
Alors que Boone recouvrait de sa blessure, les Shawnees continuèrent leurs attaques en dehors de Boonesborough, détruisant les cultures et les troupeaux avoisinants. Les nourritures se raréfiant, les colons eurent besoin de sel pour préserver leur reste de viandes, aussi, en janvier 1778, Boone prit la tête d’un détachement de 30 hommes pour se rendre aux mines de sel de Licking River. Le 7 février 1778, alors que Boone chassait pour nourrir l’expédition, il fut surpris et capturé par des guerriers conduits par Blackfish. Comme son groupe était largement inférieur en nombre, Boone revint le jour suivant avec Blackfish et persuada ses hommes de déposer les armes plutôt que de combattre.
Blackfish voulait continuer vers Boonesborough et mettre la main sur la ville, qui était désormais mal défendue mais Boone le convainquit que les femmes et les enfants n’étaient pas assez robustes pour résister à une randonnée hivernale. A la place, Boone promit que Boonesborough se rendrait de son propre chef aux Shawnees le printemps suivant. Cependant, Boone n’eut pas l’opportunité de dire à ses hommes qu’il bluffait afin de prévenir une attaque imminente sur Boonesborough. Boone poursuivit cette stratégie d’une manière si convaincante que nombre de ses hommes conclurent qu’il avait vendu sa loyauté aux Britanniques.
Boone et ses hommes furent emmenés dans le village de Blackfish à Chillicothe, où ils furent passés à la moulinette. Ainsi que le préconisait leur coutume, les Shawnees adoptèrent quelques-uns de leurs prisonniers pour remplacer les guerriers tombés au combat; les autres furent amenés auprès d’Hamilton à Detroit. Boone fut adopté dans une famille Shawnee de Chillicothe, peut-être dans la famille même du Chef Blackfish et on lui donna le nom de Sheltowee (Grande Tortue). Le 16 juin 1778, quand il apprit que Blackfish était sur le point de retourner à Boonesborough avec une force plus grande, Boone se fit la belle et accourut chez lui, couvrant les 260km qui le séparaient de Boonesborough en cinq jours, d’abord à dos de cheval et, une fois son cheval mort, à pied.
Durant l’absence de Boone, son épouse et ses enfants (exceptée Jemima), pensant qu’il était mort, étaient retournés en Caroline du Nord. Avec son retour à Boonesborough, quelques-uns des hommes exprimèrent des doutes sur la loyauté de Boone, car depuis qu’il s’était rendu avec son groupe, il avait apparemment vécu heureux, de longs mois parmi les Shawnees. Boone répondit aux attaques en dirigeant un raid préventif contre les Shawnees puis en aidant avec succès la ville de Boonesborough contre un siège de 10 jours mené par Blackfish, siège qui débuta le 7 septembre 1778.
Après le siège, le Capitaine Benjamin Logan et le Colonel Richard Callaway—qui avaient tous deux des neveux parmi les hommes qui s’étaient rendus sur demande de Boone—portèrent des accusations contre Boone pour ses récentes activités. Lors du procès en cour martiale qui suivit, Boone fut déclaré "non coupable" et fut même promu après que le cour eut entendu son témoignage. Malgré ce verdict, Boone fut humilié par la tenue de cette cour martiale et il en parla rarement.
Après le procès, Boone retourna en Caroline du Nord pour ramener sa famille au Kentucky. A l’automne 1779, une vaste troupe d’émigrants l’accompagnèrent, dont (selon la tradition) la famille du grand-père d’ Abraham Lincoln. Plutôt que de rester à Boonesborough, Boone fonda la colonie voisine de Boone's Station. Il commença à gagner de l’argent en louant de bonnes terres aux autres colons. Les revendications territoriales sur la Transylvanie furent invalidées après que la Virginie eut créé le comté du Kentucky, aussi les colons durent remplir de nouvelles demandes de revendications territoriales auprès de la Virginie. En 1780, Boone collecta environ 20 000 dollars en liquide auprès de divers colons et fit le voyage à Williamsburg pour officialiser leurs acquisitions. En cours de voyage, alors qu’il dormait dans une taverne, l’argent lui fut volé. Quelques-uns des colons lui pardonnèrent la perte de l’argent pendant que d’autres insistèrent pour qu’il remboursât et il lui fallut donc plusieurs années pour ce faire.
Une image populaire de Daniel Boone véhiculée lors de ses dernières années fut celle d’un pionnier qui n’avait que peu d’affinités pour une société "civilisée", se déplaçant de place en place dans des lieux comme Boonesborough quand ceux-ci devenaient "trop peuplés". Cependant, en réalité, Boone fut, à cette époque, un citoyen influent du Kentucky. Quand le Kentucky fut divisé en trois comtés de la Virginie en novembre 1780, Boone fut promu lieutenant colonel de la milice du comté de Fayette. En avril 1781, il fut élu député de l’Assemblée Générale de la Virginie, qui se déroula à Richmond. En 1782, il fut élu shérif du comté de Fayette.
Entre temps, la guerre d’Indépendance des Etats-Unis se poursuivait. Boone rejoignit le Général George Rogers Clark dans son invasion du pays de l’Ohio en 1780, combattant notamment lors de la Bataille de Piqua le 7 août. En octobre, alors que Boone chassait avec son frère Ned, des Shawnees tuèrent Ned. Pensant apparemment qu’ils avaient tué Daniel Boone, les Shawnees décapitèrent Ned et emmenèrent la tête comme trophée. En 1781, Boone se rendit à Richmond pour y exercer son mandat de député mais les dragons britanniques sous le commandement de Banastre Tarleton capturèrent Boone et plusieurs autres législateurs près de Charlottesville. Les Britanniques relâchèrent Boone sur parole plusieurs jours plus tard. Durant le mandat de Boone, Cornwallis se rendit à Yorktown en octobre 1781, mais les combats continuèrent au Kentucky avec la même intensité. Boone revint au Kentucky et en août 1782 combattit lors de la Bataille de Blue Licks, au cours de laquelle son fils Israel fut tué. En novembre 1782, Boone prit part à une autre expédition de Clark en Ohio, la dernière campagne majeure de la guerre.
Après la Révolution, Boone se rétablit à Limestone (renommée Maysville, Kentucky en 1786), alors un port sur la rivière Ohio, en pleine expansion. En 1787, il fut élu député à l’Assemblée de l’Etat de Virginie, comme représentant du comté de Bourbon. A Maysville, il dirigea une taverne et travailla comme arpenteur, vendeur de chevaux et spéculateur terrien. Il fut initialement prospère, possédant, en 1787, sept esclaves, un nombre relativement élevé pour le Kentucky à cette période. Boone devint une célébrité alors qu’il vivait à Maysville. En 1784, lors de son 50ème anniversaire, l’historien John Filson publia The Discovery, Settlement And present State of Kentucke, un livre qui contenait une chronique des aventures de Boone.
La guerre d’Indépendance des Etats-Unis était terminée mais la guerre de frontière avec les Indiens au nord de la rivière Ohio reprit avec la guerre Amérindienne du Nord-Ouest. En septembre 1786, Boone prit part à une expédition militaire conduite par Benjamin Logan dans le pays de l’Ohio. De retour à Limestone, Boone hébergea et nourrit des Shawnees qui avaient été capturés durant l’expédition, et aida à conclure une trêve et un échange de prisonniers. Bien que la guerre s’intensifia et ne devait prendre fin qu’après la victoire américaine de la Bataille de Fallen Timbers en 1794, l’expédition de 1786 fut le dernier fait de guerre auquel Boone participa.
Alors qu’il vivait à Maysville, Boone commença à connaître des troubles financiers. Selon l’imagerie populaire terminale, Boone le pionnier était trop simple pour la civilisation qui émergeait et qui, finalement, l’escroqua de ses terres. Cependant, Boone n’était en fait pas le simple pionnier de la légende: il s’engagea dans le spéculation territoriale à grande échelle, achetant et revendant des dizaines de milliers d’hectares. Le marché territorial à la frontière du Kentucky était chaotique et les projets de Boone échouèrent finalement à cause de sa stratégie d’investissements qui était défectueuse et à cause de son sens de l’honneur qui faisait qu’il était réticent à faire des profits sur le dos de quelqu’un d’autre. Selon Faragher, "Boone manquait des instincts impitoyables que la spéculation demandait."
En 1788, frustré par les tracas légaux qui accompagnaient la spéculation territoriale, Boone déménagea en amont de la rivière, à Point Pleasant, Virginie (maintenant en Virginie Occidentale). Là, il dirigea un comptoir et travailla occasionnellement comme aide-arpenteur. En 1789 quand la Virginie créa le comté de Kanawha, Boone fut nommé lieutenant colonel de la milice comtale. En 1791, il fut élu à la députation de la Virginie pour la 3ème fois. Il signa un contrat pour approvisionner la milice de Kanawha mais ses dettes l’empêchèrent d’acheter des provisions à crédit, aussi il ferma son échoppe et retourna à la chasse et au piégeage.
En 1795, Rebecca et lui retournèrent dans le Kentucky, vivant présentement dans le comté de Nicholas sur une terre appartenant à leur fils, Daniel Morgan Boone. L’année suivante, Boone sollicita auprès d’Isaac Shelby, le premier Gouverneur du nouvel état du Kentucky, un contrat pour élargir la Wilderness Road en une route pouvant accueillir les convois de chariots, mais le contrat échut à quelqu’un d’autre. Entre temps, les poursuites judiciaires concernant des conflits sur des revendications territoriales suivaient leurs cours par le biais de tribunaux du Kentucky. Les revendications territoriales que Boone possédait encore furent soldées pour payer les frais de justice et les taxes diverses, mais il ne fit bientôt plus attention aux procès. En 1798, bien que le shérif ne le trouva pas, un mandat fut émis prononçant l’arrestation de Boone après qu’il ait omis de se présenter devant la cour pour témoigner. La même année, l’Assemblée du Kentucky donna, en son honneur, son nom au Comté de Boone.
Ayant enduré des déboires légaux et financiers, Boone essaya de prendre un nouveau départ en quittant les Etats-Unis. En 1799, il déménagea sa grande famille vers ce qui est maintenant, le comté de St Charles, Missouri, mais qui était alors une partie de la Louisiane Espagnole. Les Espagnols, désireux de promouvoir l’installation de colonies dans une région faiblement habitée, ne respectèrent pas l’obligation officielle que tout immigrant devait être de religion catholique romaine. Le Gouverneur Espagnol nommé Boone "syndic" (juge et juré) et commandant (chef militaire) du district de Femme Osage. Les nombreuses anecdotes sur le comportement de Boone comme syndic laissent entendre qu’il tenta de rendre une justice objective plutôt que de suivre catégoriquement les textes de loi.
Boone servit comme syndic et commandant jusqu’en1804, date à laquelle le Missouri devint une partie des Etats-Unis après la Vente de la Louisiane. Comme les acquisitions territoriales de Boone sous l’égide du Gouvernement Espagnol, étaient scellées par des contrats oraux, il perdit de nouveau toutes ses terres. En 1809, il demanda au Congrès de restaurer ses prétentions sur ses terres espagnoles, ce qui finalement fait en 1814. Boone vendit alors la plupart de ses terres pour payer ses vieilles dettes kentuckiennes. Quand la Guerre de 1812 gagna le Missouri, les fils de Daniel Boone, Daniel Morgan Boone et Nathan Boone y prirent part, mais à cette époque Boone était trop âgé pour intégrer la milice.
Boone passa ses dernières années dans le Missouri, souvent en compagnie de ses enfants et de ses petits-enfants, tout en continuant de chasser et de pièger pour autant que sa santé et son énergie le lui permettaient. Selon une histoire, en 1810 ou plus tard, Boone participa avec un groupe à une longue équipée de chasse aussi loin que la rivière Yellowstone River, un voyage remarquable pour quelqu’un de son âge, si cette histoire est avérée. En 1816, un officier des Etats-Unis à Fort Osage, sur le Missouri, écrivit:
« Nous avons été honorés par une visite du Colonel Boon, le premier colon du Kentucky; il passa ensuite deux semaines avec nous.... Il nous quitta pour se rendre à la rivière Platt, un peu plus en amont. Le Colonel Boon a 85 ans, mesure 1m70, semble vaillant et actif pour quelqu’un de son âge; est encore vif d’esprit et est sacrément bien informé. Il a pris part à toutes les guerres américaines, de la guerre de Braddock à nos jours. »
Des histoires ont circulé concernant une dernière visite que Boone aurait rendu au Kentucky pour payer ses créditeurs, bien que tout ou partie de ces histoires font partie du folklore. Le peintre américain John James Audubon affirma avoir été avec Boone pour chasser dans les forêts du Kentucky aux alentours de 1810. Des années plus tard, Audubon peignit un portrait de Boone, apparemment de mémoire bien que les sceptiques ont noté la similarité de cette peinture avec les portraits très connus de Chester Harding. La famille de Boone affirma que Boone n’était plus jamais retourné au Kentucky après 1799, bien que quelques historiens croient que Boone rendit visite à son frère Squire près du Kentucky en 1810.
Daniel Boone décéda de causes naturelles et selon d’autres sources d’une indigestion aigüe, le 26 septembre 1820 dans la maison de Nathan Boone, sur le Femme Osage Creek, deux mois et demi avant son 86ème anniversaire. Ses derniers mots furent, "Je m’en vais maintenant. Mon heure est venue." Il fut enterré près de son épouse Rebecca, qui était décédée le 18 mars 1813. Les tombes, qui étaient sans inscription jusqu’au milieu des années 1830, se trouvaient près de la maison de Jemima (Boone) Callaway sur Tuque Creek, à environ 3 kms de la ville actuelle de Marthasville, Missouri. En 1845, les restes des Boones furent apparemment déterrés et réensevelis dans un nouveau cimétière, le Frankfort Cemetery à Frankfort, Kentucky. Au Missouri, le ressentiment au sujet de l’exhumation grandit au fil des années et une légende se fit jour selon laquelle les restes de Boone n’avaient jamais quitté le Missouri. Selon cette histoire, la pierre tombale de Boone au Missouri avait été placée par inadvertance sur un mauvais caveau, mais personne n’avait jamais corrigé l’erreur. Les parents de Boone au Missouri, mécontentés par les Kentuckiens qui étaient venus exhumer Boone, gardèrent le silence sur l’erreur et ils autorisèrent les Kentuckiens à exhumer les mauvais restes. Aucune preuve contemporaine indique que cela arriva effectivement mais, en 1983, un anthropologue légiste examina un moulage en platre du crane de Boone réalisé avant la réinhumation au Kentucky et annonça que le crane était probablement celui d’un afro-américain. Des esclaves noirs avaient aussi été enterrés à Tuque Creek, aussi il est possible que les mauvais restes furent par erreur enlevés du surpeuplé cimetière. Le Frankfort Cemetery au Kentucky et le cimetière d’Old Bryan Farm au Missouri affirment donc tous deux posséder les restes de Boone.
Modifié en dernier par DEMERVAL le 16 avr. 2022 20:13, modifié 1 fois.
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Re: Daniel BOONE (1734-1820)

Message par Sitting Bull »

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(Seul portrait réalisé de son vivant par Chester Harding en 1820)
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Sa tombe (?)
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« Écrire proprement sa langue est une des formes du patriotisme. »
(Lucie Delarue-Mardrus) Image
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Re: Daniel BOONE (1734-1820)

Message par Sitting Bull »

On trouve une dizaine de films consacrés au personnage, dont les plus connus :

Celui de David Howard (1936)
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et la série.
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Plus un rôle pour Harry Carey Jr. (Trooper Daniel 'Sandy' Boone) dans "Rio Grande" (J.Ford - 1950)
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« Écrire proprement sa langue est une des formes du patriotisme. »
(Lucie Delarue-Mardrus) Image
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Re: Daniel BOONE (1734-1820)

Message par Compte Supprimé 4Q »

Norman Rockwell - "And Daniel Boone comes to life on the Underwood portable"

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Modifié en dernier par Compte Supprimé 4Q le 22 sept. 2019 15:01, modifié 3 fois.
"Créer une œuvre, même imparfaite, demandera toujours plus de talent et d'effort que de la critiquer."
limpyChris
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Re: Daniel BOONE (1734-1820)

Message par limpyChris »

Y aurait pas une erreur de traduction ? Moi je dirais que c'est "Daniel Boone reprend vie en retrouvant son portable dans les sous-bois".
Je ... :arrow: ?
OK, mais avant, C.B. (ou tout autre qui possèderait ces illus. -Je le ferais bien, mais ce *** scanner refuse tjs de scanner ... y comprend rien ...) nous mettrait pas des illustrations de Daniel Boone par Raffaele Carlo Marcello dans "Tout le Western/Daniel Boone" et "Histoire du Far West" aux éd. Larousse ... ?

P.S. : Non seulement je ne connaissais pas cette peinture de Norman Rockwell, mais je n'en reconnais pas vraiment le style. (oeuvre de sa période Saturday Evening Post, sans doute, ou même des Boy scouts ... ? Tiens, au lieu de me poser la question à voix haute en direct, je pourrais aller vérifier sur le net !)
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Re: Daniel BOONE (1734-1820)

Message par Compte Supprimé 4Q »

Petite "biographie" animée de Daniel Boone.
"Créer une œuvre, même imparfaite, demandera toujours plus de talent et d'effort que de la critiquer."
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Re: Daniel BOONE (1734-1820)

Message par Compte Supprimé 4Q »

Daniel Boone - Le Bal à l'huile

La véritable histoire... :wink:
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Re: Daniel BOONE (1734-1820)

Message par Compte Supprimé 4Q »

limpyChris a écrit :Y [...] nous mettrait pas des illustrations de Daniel Boone par Raffaele Carlo Marcello dans "Tout le Western/Daniel Boone" et "Histoire du Far West" aux éd. Larousse ... ?
Image
"Créer une œuvre, même imparfaite, demandera toujours plus de talent et d'effort que de la critiquer."
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Re: Daniel BOONE (1734-1820)

Message par limpyChris »

Bon, je commence par un ou deux mea-culpa … Je me suis trompé, il ne s'agit donc pas de Marcello comme illustrateur de D. Boone … J'ai confondu avec Davy Crockett … :? Pour avoir apporté de fausses informations au forum, j'en tire les conclusions qui s'imposent et ...
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Re: Daniel BOONE (1734-1820)

Message par Le Gaucher83 »

.... et tu paie ton coup ?? :beer1: :beer1: :beer1: :lol: :lol: :lol:
Billy Clanton : T'es tellement saoul que tu tiens à peine ton arme. J'parie qu'imbibé comme t'es, tu m'vois double.
Doc Holliday : Mais j'ai deux colts, alors je t'aurai tous les deux.
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Re: Daniel BOONE (1734-1820)

Message par Compte Supprimé 4Q »

limpyChris a écrit :Pour avoir apporté de fausses informations au forum, j'en tire les conclusions qui s'imposent et ...
:cry: :cry: :cry:
"Créer une œuvre, même imparfaite, demandera toujours plus de talent et d'effort que de la critiquer."
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