Il était une fois dans l'Ouest.... Durango

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pale rider
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Il était une fois dans l'Ouest.... Durango

Message par pale rider »

Avec cet article, je reviens sur la création de la série Durango et sur les influences de son créateur Yves Swolfs. Les extraits d'interviews sont extraites du Tirage de Tête "Le destin d'un desperado" et du dossier Swolfs du DBD 18 Hors série.

Il était une fois dans L'Ouest...DURANGO

Durango est une bd western créée en 1981 par le belge Yves Swolfs. Le héros, Durango Lang, surnommé « Le Pacificateur », est un tueur à gages qui évolue dans l’Ouest des années 1890. L’originalité de cette série est qu’elle transpose l’univers du western spaghetti dans la bande dessinée franco-belge.

Influences
Les influences du créateur de la série, Yves Swolfs, en matière de western sont variées et issues de la bd, de la littérature et du cinéma.
En bd, les séries qui l’ont marqué sont Blueberry de Charlier & Giraud et Comanche de Greg & Hermann : « J’ai eu un coup de cœur pour Red Dust d’Hermann dans Tintin et Blueberry de Jean Giraud dans Pilote (…) Ces séries correspondaient à ce que je voyais au cinéma ». Le style de dessin de Swolfs doit d’ailleurs beaucoup à ces deux monstres sacrés de la bd franco-belge.
En littérature, il a été influencé par les romans de Pierre Pelot : « Dylan Stack m’a donné une vision plus rugueuse et moins traditionnelle du western ».
Cependant, le cinéma et plus particulièrement les westerns spaghetti constitue l’influence majeur de Swolfs : « Fan de western, oui, et ce jusqu’à plus ou moins 30 ans. J’allais tout voir ! Le meilleur, c'est-à-dire les films des trois Sergio (Leone, Corbucci, Sollima) et ceux de Sam Peckinpah, et, plus tard, ceux de Clint Eastwood réalisateur. Et le pire, les monceaux de navets tournés entre 1965 et 1975 dans les studios italiens, car comme tout fan, j’étais toujours à la recherche du « chef d’œuvre méconnu ». Deux films l’ont particulièrement marqué et vont être à l’origine du style et de la série Durango comme il l’explique : « Un flash monstrueux à l’âge de 13 ans, lorsque je vis pour la première fois : « Il était une fois dans l’Ouest » de Leone. Quelle claque magistrale ! Cela a déterminé toutes mes créations futures. Les gros plans, la musique, le côté tragique de ce film devaient correspondre à ce que j’avais envie d’exprimer, c’est-à-dire un mélange de romantisme, de violence et de lyrisme. Mon deuxième coup de cœur cinématographique fut « Le grand silence » de Sergio Corbucci, qui a été mon film culte pendant au moins dix ans. Ce qui m’a particulièrement marqué fut le contraste entre, d’une part, la majesté, le côté magique, la beauté sereine des décors enneigés et, d’autre part, la violence de la tragédie qui s’y déroulait. Durango est né de cette passion ».

Viol à Grey Rock
Après avoir vu ses premières planches publiées dans l’album collectif « Le 9e rêve » publié aux éditions des Archers, Yves Swolfs se voit offrir l’opportunité de réaliser son premier récit dans le style qu’il affectionne : le western.
Ce premier récit intitulé « Viol à Grey Rock » est un petit format pour adultes de la série Sex Star. Portant le numéro 3, il paraît en janvier 1980. De par l’histoire et les personnages, il est une préfiguration de la série Durango entrecoupé de scènes érotiques. Swolfs raconte : « C’est une commande qui m’a permis de me laisser aller totalement. C’était destiné à être vendu comme « bouquin de gare ». Hormis un certain quota de scènes « chaudes », on avait une liberté totale. C’est d’ailleurs grâce à cet album que les Archers ont publié Durango. Sa réalisation a été un bon entraînement, c’était amusant. Ils m’ont demandé de le publier en album normal, grand format, mais j’ai refusé. Je leur ai dit que s’ils voulaient une bd au format traditionnel, je pouvais leur réaliser une histoire originale. Et Durango est arrivé… ».

Durango
Dès le départ, Swolfs décide de créer un personnage-type issu des westerns spaghetti. Physiquement, Durango est un mélange de Jean-Louis Trintignant dans « Le grand silence », de Franco Nero dans « Django » et de Clint Eastwood dans la trilogie du dollar. Quant au nom de son héros, il n’est pas sans rappeler celui d’un héros cinématographique. Un choix que son auteur assume : « Le nom de Durango vient d’une ville mexicaine, d’autant plus que je trouvais que ce nom sonnait un peu comme Django. J’ai donc choisi ce nom pour sa bonne consonance ».
Le premier album de Durango paraît en 1981 aux éditions des Archers. Intitulé « Les chiens meurent en hiver », cette première aventure s’inspire librement du scénario du « Grand silence » de Corbucci et de ses paysages enneigés. Le dessinateur, fan absolu de westerns spaghetti et plus particulièrement du film de Corbucci assume cette filiation : « « Les chiens meurent en hiver a été comme un exorcisme. Au moment où j’ai fait mon premier album, j’étais entièrement pénétré par le spectacle du « Grand silence » que j’ai un nombre impressionnant de fois. J’étais fou de ce film. Selon moi, il était absolument nécessaire que je donne à mon personnage les traits de Trintignant, et à mon histoire le climat du « Grand silence ». Il n’y avait pas à sortir de là. Je voulais ce ton de récit, et pas autre chose. A présent, avec le recul, je me rends compte que j’aurais dû prendre plus de distance. Je vois bien que j’ai été victime de ma passion. Une passion qui me dictait de dessiner ma première histoire dans le cadre de la neige, avec les longs manteaux et les personnages vus dans le film de Corbucci. Cela me gêne un peu de voir des lecteurs manquer de discernement et assimiler tout à fait « Les chiens meurent en hiver » au « Grand silence ». En soi, le récit est différent, le cheminement et le contenu du récit sont différents. Ce qui a frappé le public, c’est l’identité de mes personnages qui rappellent Trintignant et Kinski. (…). Je voudrais que les lecteurs fassent la part des choses et comprennent que si mes références sont strictement affectives et évidentes, il y a pourtant un récit différent. (…). Si j’ai dessiné « Les chiens meurent en hiver » comme je l’ai fait en 1981, c’était par besoin de relecture. J’éprouvais le besoin irrépressible de ressortir et de réexprimer ce que j’avais aimé. Ayant vu « Le grand silence », et après coup, j’étais persuadé que ce film et plus tard ma bande dessinée étaient exactement ce que j’avais envie de réaliser. J’étais parfaitement sous l’emprise, même trop ».
Dans ce premier album, Durango, comme dans le film « Django », perd l’usage de sa main droite mais après avoir reçu une balle. Il utilise dans cette première aventure un colt et non un Mauser C96 comme Silence, le tueur muet du « Grand silence ». Ce n’est qu’à partir du tome 3, « Piège pour un tueur », qu’il utilisera cette arme avec une redoutable efficacité.
Après ce premier album hommage à son film-culte, la série va trouver son propre style – une bd western spaghetti – très différente des autres grandes séries western : Blueberry, Comanche, Jerry Spring, Buddy Longway.
Yves Swolfs réalise 13 albums – scénario et dessins – entre 1981 et 1998 :
Les chiens meurent en hiver – 1981 –
Les forces de la colère – 1982 –
Piège pour un tueur – 1983 –
« Amos » - 1984 –
Sierra sauvage – 1985 –
Le destin d’un desperado – 1986 –
Loneville – 1987 –
Une raison pour mourir – 1988 –
L’or de Duncan – 1990 –
La proie des chacals – 1991 –
Colorado – 1992 –
L’héritière – 1994 –
Sans pitié – 1998 –

Pour les épisodes suivants, Swolfs abandonne le dessin au profit de Thierry Girod et se cantonne à l’écriture des scénarii.

Clins d’œil

Au film des albums de la série, Swolfs multiplie les clins d’œil à toutes ses références bd et cinématographiques.

« Les chiens meurent en hiver » -
Dans cet album, les références au « Grand silence » de Sergio Corbucci sont nombreuses :
-Le scénario librement inspiré du film.
-Durango a les traits de Jean-Louis Trintignant et Angus Reno ceux de Klaus Kinski : « Je ne concevais pas de dessiner un autre Angus Reno que sous les traits de cet acteur génial » raconte Swolfs.
-une pierre tombale est gravée au nom de Silence (p26, case 4).

« Piège pour un tueur »
Yves Swolfs termine son hommage à Corbucci et dote Durango du Mauser C96 de Silence. Le dialogue entre le marchand d’armes et Durango est on ne peut plus explicite : « C’est un « Mauser »… bonne arme (…) elle appartenait à un pistolero muet, abattu dans un coin perdu de l’Utah, l’hiver dernier » (p.1, cases 5 et 6).
Durango est habillé de manière similaire à Clint Eastwood dans « Pendez-les haut et court ».
Les références à l’œuvre de Leone sont nombreuses :
-Le duel dans la gare-dépôt de la « Allen Mining Company » évoque la scène d’introduction de « Il était une fois dans l’Ouest ».
-Le ranch des Allen rappelle la ferme de « Il était une fois dans l’Ouest » (p.23/27/29).
-Trenton a les traits de James Coburn dans « Il était une fois la Révolution ».
-Clint Eastwood vêtu de son poncho, cigarillo vissé sur les lèvres apparaît p.27, case 5.

La trilogie mexicaine : « Amos »/ « Sierra sauvage »/ « Le destin d’un desperado »
Cette trilogie constitue le summum de la série et plonge Durango en pleine révolution mexicaine. Swolfs truffe son récit de clins d’œil au troisième « Sergio » Sergio Sollima :
-Amos a les traits de Tomas Milian dans « Le dernier face à face » et Logan ceux de Jack Palance dans « Companeros ».
-Deux séquences sont librement inspirées du film « Companeros ». La première dans laquelle Maximilian von Ruhenberg est enterré avec la tête émergeant du sol et où les cavaliers essaient de lui fendre le crâne avec les sabots de leurs chevaux (« Sierra sauvage » p.17/18). Dans le film, c’est Franco Nero qui subit ce supplice. La seconde est celle où Durango arrose à la mitrailleuse les militaires mexicains comme Franco Nero (« Le destin d’un desperado »).

« Une raison pour mourir »
Le duel avec les trois tueurs est un hommage à l’affiche du film « Il était une fois dans l’Ouest ».

« L’or de Duncan »
Sur la couverture de l’édition originale parue chez Alpen Publishers, Durango a le visage de Clint Eastwood.
L’ancien shérif Ryan a les traits de Lee van Cleef.
Lucky Luke apparaît p.15.
Sergio Leone apparaît dans une photographie sous le nom de Bob Robertson pseudonyme qu’il avait utilisé pour son premier film « Pour une poignée de dollars ».

« Sans pitié »
Sur la couverture, Durango a le visage de Franco Nero.
Blueberry et McClure apparaissent p.17.
Alors j'ai regardé, et sur un cheval pâle se dressait son cavalier nommé Mort et la mort l'accompagnait.
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Trane
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Re: Il était une fois dans l'Ouest.... Durango

Message par Trane »

Superbe article sur une superbe série, dommage que Swolfs ait arrêté les dessins... : énervé : énervé
Un homme qui a réussi est un homme qui gagne plus d'argent que sa femme n'en dépense. Et une femme qui a réussi est une femme qui a trouvé un tel homme. (Lana Turner)
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Re: Il était une fois dans l'Ouest.... Durango

Message par pak »

Bon résumé de la saga, dont les influences essentiellement spaghettis n'auront échappé à personne. C'est sympa de les avoir recensée ici.

Ci-dessous le "prototype" olé-olé de Durango :
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Une influence Leonesque qui ne vous échappera pas là non plus :

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Typique des dizaines (centaines ? ) de titres des petits formats qui on vu le jour entre les années 1960 et 80, tous genres confondus (guerre, western, espionnage, érotisme, fantastique, ect... ).

SI vous regardez bien la couverture, vous constaterez qu'à sa sortie cette DB coûtait 5 francs de l'époque (ce qui la situe dans le début des années 1980 car c'était alors le prix moyen de ces récits complets parus chez Arédit, Imperia, Mon Journal, LUG... ). Ben maintenant, cet exemplaire est côté de 200 à 300 euros ! ! !
Quand on joue dans un western, on peut embrasser le cheval mais pas l'actrice.

Gary Cooper


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sheon
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Re: Il était une fois dans l'Ouest.... Durango

Message par sheon »

Un texte intéressant, en es-tu l'auteur ? Si oui, j'ai noté une inexactitude :
pale rider a écrit :« Piège pour un tueur »
[...]Durango est habillé de manière similaire à Clint Eastwood dans « Pendez-les haut et court ».
Son accoutrement est assez différent de celui d'Eastwood (il n'y a que la chemise noire en commun) :
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Il rappelle plutôt celui de Django, même si la ressemblance n'est pas frappante.
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Re: Il était une fois dans l'Ouest.... Durango

Message par pale rider »

sheon a écrit :Un texte intéressant, en es-tu l'auteur ? Si oui, j'ai noté une inexactitude :
pale rider a écrit :« Piège pour un tueur »
[...]Durango est habillé de manière similaire à Clint Eastwood dans « Pendez-les haut et court ».
Son accoutrement est assez différent de celui d'Eastwood (il n'y a que la chemise noire en commun) :
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Il rappelle plutôt celui de Django, même si la ressemblance n'est pas frappante.
oui, quand j'écris "de manière similaire", j'entends même chemise, même foulard autour du cou, pantalon. je corrigerai une autre fois cette phrase.
Alors j'ai regardé, et sur un cheval pâle se dressait son cavalier nommé Mort et la mort l'accompagnait.
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lafayette
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Re: Il était une fois dans l'Ouest.... Durango

Message par lafayette »

L'album 17 Jessie, nous montre des décors à la Monument Valley, un certain Franck chef de bande qui vous rappellera celui d'Il était une fois dans l'Ouest avec une resucée de la scène de pageot du film en plus hot et il finit aussi mort que dans le film.
En revanche, le shérif nous vient de Deadwood et de Justified.

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Re: Il était une fois dans l'Ouest.... Durango

Message par Sitting Bull »

lafayette a écrit :L'album 17 Jessie, nous montre des décors à la Monument Valley, un certain Franck chef de bande qui vous rappellera celui d'Il était une fois dans l'Ouest avec une resucée de la scène de pageot du film en plus hot et il finit aussi mort que dans le film.
En revanche, le shérif nous vient de Deadwood et de Justified.

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Re: Il était une fois dans l'Ouest.... Durango

Message par lafayette »

;)
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Et le Shérif vous le reconnaissez?
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Et Franck?
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