L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

On parle ici des DVD zones 2, des site qui les vendent, des promotions, ... Vous pouvez mettre vos critiques de DVD.
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Cole Armin
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L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par Cole Armin »

Je relaye ici une tribune signée par de nombreux éditeurs de DVD-Blu-Ray (dont les principaux pour le westerns) face à la situation très difficile dans laquelle ils sont du fait de la crise sanitaire.


Le communiqué PDF

Image

Un collectif réunissant un très large panel d’éditeurs vidéo exprime l’inquiétude d’une filière importante, créative et
dynamique, garante de la diversité culturelle des œuvres et de la qualité de leur restitution, et qui participe à renforcer
les liens entre tous les publics et le cinéma.
Hier, aujourd’hui et demain, la vidéo physique est capitale
dans la galaxie du cinéma et dans la diffusion de la culture en général.
En complément des autres médiums, la vidéo physique fait vivre le patrimoine cinématographique
et audiovisuel assurant sa préservation, sa diffusion et sa transmission. Elle contribue aussi à l’économie de
toute une filière cinéma : des ayant-droits aux laboratoires techniques et artistiques, des agences de création aux
attachés de presse.
Après la salle de cinéma, la sortie vidéo apporte une nouvelle visibilité aux œuvres (retombées presse, communications, réseaux sociaux), qui rayonne sur les autres médiums à venir comme la TV ou la VOD/SVOD, qui bénéficient
de cette exposition préalable.
En cette période de confinement que nous venons de vivre où la TV et la VOD/SVOD ont fidélisé ou conquis de
nouveaux publics, il est important de rappeler que l’ensemble des moyens de diffusion fonctionne les uns avec les
autres, et pas les uns contre les autres. La salle de cinéma annonce la vidéo, qui participe à son tour au rayonnement
des films en TV/VOD/SVOD.
Aucun support n’a vocation à se substituer aux autres, tous ont vocation à exister en complémentarité les uns
des autres.
Trop souvent oubliée des analyses sur la filière audiovisuelle, l’exploitation des droits vidéo physique pesait
près de 400 millions d’euros TTC en 2019. Contrairement à ce que voudraient nous faire croire des plaisanteries de
cérémonies de prestige, le support existe, vit, respire et se développe même sur certaines cinéphilies !
Car même à l’heure du tout-numérique, la vidéo physique conserve de très forts atouts :
• Elle propose de beaux objets, durables, transmissibles et qui répondent à une envie unique, à l’opposé de la
culture au débit : elle est la seule assurance de posséder, durablement dans le temps, sans dépendre d’inventaires
à l’accès variable.
• L’édition vidéo initie au cinéma avec ses fameux suppléments qui offrent une place unique à des documents rares
permettant d’approfondir la découverte d’une œuvre, que l’on soit néophyte ou initié.
• L’édition vidéo participe de la démocratisation de la culture avec l’accès aux objets en CDI/médiathèques à des
conditions très avantageuses.
• L’édition vidéo innove au service des créateurs. L’Ultra HD 4K est aujourd’hui le meilleur support – et de loin –
de restitution des films cinéma. L’Ultra HD 4K propose sur certaines éditions un « préréglage réalisateur » qui
permet de voir le film en respectant l’étalonnage exact voulu par son créateur. Christopher Nolan et Martin Scorsese
ont notamment parrainé cette innovation exclusive au support qui permet de respecter l’étalonnage (le rendu des
couleurs) voulu par le réalisateur.
Ce précieux outil de diversité et de création que 10 millions de Français
déclaraient encore acheter en 2018, pourrait perdre entre 30 et 40%
de sa valeur commerciale, du fait de la grave crise que nous traversons.
Les effets du COVID-19 sur la profession sont déjà alarmants, le marché ayant perdu près de 75% de ventes potentielles
sur les ventes habituelles depuis le confinement, ce qui concerne l’ensemble de sa filière :
• Sur la chaîne de conception et fabrication, des laboratoires aux agences, des chargés de projets aux presseurs.
• Sur la chaîne logistique, les prestataires ayant logiquement réduit leurs activités, de nombreux postes ont été fermés
et les sociétés d’expédition n’ont fonctionné que de façon très réduite.
• Sur les circuits de distribution, les magasins traditionnels réouvrant au fur et à mesure, la vente à distance ne
compensant pas la perte des ventes en magasins.
• Sur les réseaux dits institutionnels, les commandes sont quasiment au point mort, les clients de ces réseaux
(médiathèques, bibliothèques) ayant été fermés, et la reprise s’annonçant très lente.
Le déconfinement vient de se produire : mais on s’aperçoit qu’il va y avoir un très long chemin à parcourir pour
redonner l’envie habituellement suscitée par les lieux de vie et de culture, l’expérience étant désormais entravée par
les contraintes sanitaires indispensables telles que les quotas de clients ou les files d’attente.
Bref, une situation préoccupante menace actuellement l’équilibre de l’ensemble de la filière, des laboratoires aux
agences de création, des distributeurs indépendants aux éditeurs.
Nous demandons aux pouvoirs publics un plan de sauvegarde avec la création d’un budget spécifique
de sauvegarde pour la culture, incluant notamment l’univers de la vidéo physique, en plus des exploitants,
des distributeurs ou des producteurs. Le CNL l’a fait pour une autre filière liée au support physique, le livre, avec
la création d’un plan d’urgence de 5 millions d’euros, en plus des aides sélectives.
En plus d’un plan de sauvegarde, un plan de relance doit parallèlement être mis en route, avec des actions
nationales à mener sur la vidéo par tous ses acteurs (éditeurs, prestataires, points de vente, festivals), pour faire
exister encore plus pleinement le support physique.
Nous, éditeurs vidéo indépendants, sommes prêts à nous réinventer comme nous le faisons déjà depuis des années,
pour faire exister le cinéma d’hier, d’aujourd’hui et de demain en éditions vidéo physique. Cela, nous le répétons,
en complément des mille et une autres manières de voir des films.
Parce que les cinéphiles français aiment et chérissent l’édition physique, et y voient un objet de collection qui se possède,
qui se garde et qui se transmet, nous concluons avec le beau texte que nous a envoyé le cinéaste Bertrand Tavernier :

« Durant ce moment de confinement, je dois dire que les DVD ont été une aide inappréciable. Se frotter aux
grands films, les revoir dans de bonnes conditions, dans des transferts excellents, des copies magnifiquement
restaurées produits par de nombreuses sociétés françaises ces dernières années de Gaumont à Carlotta,
de Pathé à Doriane Films, Rimini, Coin de Mire, Wild Side, Tamasa, m’a valu des soirées passionnées.
Revoir en Blu-ray des westerns superbes, dans des copies superbes comme L’Attaque de la malle poste,
Le Jardin du diable (Sidonis où l’on trouve aussi des policiers rares comme Midi gare centrale),
des classiques sous-estimés comme Freud, passions secrètes de John Huston ou Promenade avec l’amour
et la mort, faire le point sur l’œuvre essentielle de Pabst (qui connaît Le Procès qu’il tourna en Autriche
pour se racheter après avoir rejoint le parti nazi ? C’est un film exceptionnel sur l’antisémitisme
qui fleurit partout durant cette épidémie), redécouvrir les films d’André Cayatte, de Henri Decoin,
de Christian-Jaque, furent des moments de bonheur au milieu de cette effroyable crise.
D’autant que dans nombre de ces DVD, on trouve des bonus inappréciables (et souvent absents sur le net)
comme ces explications d’une psychanalyste décryptant à sa juste valeur le travail de Huston ou toute cette
série d’interviews autour du dernier et admirable film de Robert Altman, The Last Show. C’est aussi découvrir
les deux fins de Non coupable, des Grandes manœuvres, réapprécier à sa juste valeur Une femme mariée de Godard
avec une décapante intervention de Macha Méril. Bref, ces DVD rendent encore plus vivants et nécessaires
des films pourtant si vivants. Les personnages coincés du Décaméron de Boccace en profitaient pour faire assaut
d’imagination, imitons-les et faisons assaut de culture. Découvrons ou redécouvrons. Le territoire est vaste,
l’offre variée, de Bergman à Kurosawa, de Michael Powell (le cinéma anglais est une mine de films de résistance
contre une autre forme épidémie qu’on appelait le totalitarisme) ou de Comencini à Ozu et à Christian-Jaque. »
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Cole Armin
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par Cole Armin »

Une pétition signée par 70 des éditeurs français circule. Je vous invite à la signer :
https://www.change.org/p/minist%C3%A8re ... o-physique
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par L.. »

Tout cela est bien beau, mais le DVD et BR deviennent des produits de luxe, à moins d'attendre quelques mois pour voir les prix soldés, et encore, pas tous.

Pas de signature pour moi, d'ailleurs je n'ai plus guère de raison d'acheter des films dans des nouvelles éditions, films déjà publiés il y a des années (voir les westerns de Sidonis qui sont des ressorties systématiques.)

2 ou 3 titres intéressants ce mois-ci, inédits, Piège pour Cendrillon de Cayatte et Le désert de la peur chez Tamasa.

Décevant, les ressorties de Police Frontière, déjà édité en DVD, et la copie des Mutinés du Téméraire, avec recadrages (cf l'analyse de DVD Classik....)

Il y a un moment où c'est Stop.
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Mackenna
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par Mackenna »

Même si je regrette le nombre de rééditons (chez Sidonis) pour moi le support physique est indispensable, qui sait si mon pc voudra bien démarrer demain? et je n'ai pas envi de passer mon temps à faire des copies de sauvegarde. Je revoie des dvd achetés il y a une quinzaine d'années, je suis pas sur de pouvoir les trouver sur le net. C'est peut être aussi une question de génération et d'esprit "collectionneur" :wink:
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par L.. »

Pas de remise en cause du support physique dont je suis un inconditionnel .

Je note seulement que c'est très beau de faire des appels à la citoyenneté :wink: quand le DVD et le BR n'ont pas tenu leurs promesses quant au prix public. Voir des éditeurs qui vendent le film 30 Euros, si ce n'est plus, demander des subsides publics dans un pays qui s'appauvrit .... ces gens là me paraissent inconscients des réalités économiques de la société et de la majorité du public. La séance de cinéma ne coûtait pas cher, un Gabin maintenant chez l'excellent éditeur le Coin de Mire, c'est plus de 30 Euros.

Tout ceci serait plus cohérent si on avait, en plus des éditions de luxe, l'équivalent du livre de poche en DVD ou BR, c'est à dire mis directement au prix où souvent ils arrivent neufs au bout de quelques mois, moins de 10 Euros... 15 maximum.

Et puis le public de cinéma classique vieillit, part à la retraite avec un pouvoir d'achat largement diminué.... donc tant que ces prix excessifs se pratiqueront, c'est le serpent qui se mord la queue. Cette "crise sanitaire" ne fait qu'amplifier le malaise d'une industrie du "home cinéma" bien trop onéreuse pour le spectateur dont le budget n'est pas extensible pour supporter une consommation soutenue.
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par Compte Supprimé 4Q »

Il me semble qu'on peut comparer les éditeurs qui sortent de vraies nouveautés, j'entends par là des inédits en support numérique (DVD ou BR) et souvent même, inédits tout court, et ceux qui ont tendance à traire la vache à lait avec des rééditions à gogo qui engendrent de moindres frais...

Les premiers méritent à mon sens un plus grand soutien que les seconds. D'autres part, n'oublions pas qu'il y a des aides du CNC, me semble-t-il, et qui ne sont pas négligeables. Elle existaient en tout cas à la fin des années 90, où la sortie DVD d'un film classique bénéficiait facilement d'une aide de 70 000 francs à l'époque, à condition d'apporter une valeur ajoutée.

Je suis désolé, mais l'aide aux éditeurs vidéo ne me semble pas prioritaire par les temps qui courent.

Il y a dans le texte posté par Cole Armin, me semble-t-il, pas mal de violon... et c'est un mélomane qui parle. :wink:

Le vrai passionné regardera le film quel que soit le support, il se moque de l'objet, ce qui l'intéresse, c'est la découverte. Et parfois, la découverte est si décevante que le fait d'avoir évité le support physique engage davantage à retenter l'aventure que si l'on a dû débourser 15 à 30 € avant d'être déçu.
Modifié en dernier par Compte Supprimé 4Q le 21 juin 2020 15:18, modifié 2 fois.
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par L.. »

L'appel des 50 est devenu l'appel des 70:

"Nous, éditeurs vidéo indépendants, sommes prêts à nous réinventer comme nous le faisons déjà depuis des années, pour faire exister le cinéma d’hier, d’aujourd’hui et de demain en éditions vidéo physique. Cela, nous le répétons, en complément des mille et une autres manières de voir des films."

Voilà un discours qui en rappelle un autre, rien ne changera. La seule réinvention que je vois pour le moment, c'est les prix qui montent en flèche ce qui coupe l'édition physique de toute une partie du public.
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par Compte Supprimé 4Q »

Une question aux éditeurs français, de toute bonne foi, par rapport à l'Allemagne, qui offre des coffrets à des prix vraiment très attractif, et je ne parle pas uniquement des majors : comment font-ils ?

Voici trois exemples de ce qu'on peut trouver sur Amazon.de :

Coffret DVD Cavalerie avec les titres suivants, chez un éditeur indépendant, prix : 25,60 €
Image
Chingachgook and the Pathfinder, Warpath, The Last Outpost, Flaming Feather, The Stand at Apache River, The Plainsman, Rails Into Laramie, Apache Rifles, Chuka, Custer of the West
Allemand / Anglais (La présence de sous-titres n'est pas indiquée)
(Les coffrets comme celui-ci sont extrêmement nombreux outre-Rhin, et souvent dans ces ordres de prix, qui amènent le film autour de 2,50 ou 3 €.

https://www.amazon.de/Last-Post-Kavalle ... XH0N9GE91B

Titres édités par des majors, donc hors du propos qui nous intéresse ici.
Montrer les spoilers
Modifié en dernier par Compte Supprimé 4Q le 22 juin 2020 10:28, modifié 3 fois.
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par L.. »

A titre personnel, je n'ai jamais compris et su le prix de revient exact d'un DVD ou BR, dont les frais de restaurations ne sont pas à la charge de l'éditeur français. Je serais curieux de savoir, sur les 20/25 ou 30/33 euros d'une prix de vente, combien concernent exactement le master. Le débat a déjà eu lieu, mais tous ces suppléments, livrets et autres coffrets cartonnés sont tout à fait dispensables pour celui là qui veut seulement voir le film et peut donc profiter de plus de DVD/BR, de plus de films.

En d'autres termes, cet appel des 50, 60 ou 70 ignore complètement les réalités économiques des amateurs cinéphiles, et donc , en tirant un peu le trait, ignore le spectateur. On arrive à l'inverse exact de ce qu'est le cinéma, art populaire et à la portée de tous.

Ou alors, il faut prendre conscience que les films anciens, de patrimoine, vieillis, sont devenus invisibles pour une majorité de gens* et donc que par nature, cela devient un produit de petit luxe (ciblé sur le célibataire sans charges de famille, et qui gagne plus que convenablement sa vie :wink: )

*J"imagine effectivement que le film que je viens de voir, Entre onze heures et minuit, de Decoin avec Jouvet, n'intéresse plus grand monde , c'est le défaut d'une forme fixe qu'est le cinéma (ce titre est encore disponible autour de 10 Euros.)
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par gianni »

Eh oui L, je suis bien de ton avis . iL faut bien savoir qu'en France, nous sommes vraiment les vaches à lait dans tous les domaines . Mais la, je n'apprendrais rien à personne . Vive l ' Europe pour nous faire payer. Mais tous les pays ne sont sur le même pied d'estal évidemment . iL est bien sur évident que tous ces films à l'étranger sont moins chez que chez nous en France, ce n'est pas une nouveauté ici,ont nous fait payer plein pot et encore, si tu espère acheter sur EBAY, alors la quelque fois, c'est le double de prix . Un vrais scandale . Et pratiquement tous ces films inédits chez nous quand ils sortent à l'étranger,en DVD ou Blu Ray ils possèdent pratiquent d'office la version Anglaise mais bien sur sans VF . Mais bon que faire ...
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par pale rider »

j'ai déjà acheté pas mal de blu-ray à l'étranger avec vf ou vo sous titrée vf car l'édition française n'existe pas ou est trop chère….
Alors j'ai regardé, et sur un cheval pâle se dressait son cavalier nommé Mort et la mort l'accompagnait.
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Re: L'Appel des 50 - Quelques chiffres

Message par Compte Supprimé 4Q »

Pour répondre à la remarque de L., voici un aperçu des coûts pour un DVD ou un Blu-Ray, d'un film d'une durée de 100 minutes, sans restauration, avec un master exploitable fourni par l'ayant droit avec des pistes son calées.

Masterisation

Pour un DVD, total 1717 € (total pour pour lequel j'ai compté une journée d'authoring et un pressage sur DVD 9).

Pour un BR, total 2310 € (même base de calcul).

Pour le graphisme, j'ai compté 500 €, les éditeurs déclinant en général le même graphisme dans leurs collections, là aussi, je pense avoir été réaliste.

Pressage

Concernant le pressage, voici les chiffres collectés chez MPO, un presseur français, pour un DVD double couche, donc la capacité maximale (Inclus pressage, boitier jaquette). Des presseurs en Allemagne proposent des tarifs encore plus bas, mais je suis certain que nos éditeurs ont à cœur de faire travailler des entreprises françaises, surtout en ces temps difficile.

1000 DVD9 : 1112 € (DVD5 : 1012 €)
2000 DVD9 : 1510 € (DVD5 : idem)
3000 DVD9 : 2068 € (DVD5 : idem)
4000 DVD9 : 2718 € (DVD5 : idem)

Soit un coût du DVD9 cellophané avec jaquette et livret 4 pages de 1,11 € pour 1000 exemplaires à 0,67 € pour 4000 exemplaires.

Pour le BR, toujours chez MPO, voici les chiffres, pour du BR 50 (double couche) permettant de conserver une qualité HD optimale (la solution que je conseillerais pour un BR avec suppléments, mais selon la durée du film, un BR25 peut suffire pour une galette simple avec juste le film VF/VOST)

1000 BR50 : 2622 € (BR25 : 2072 €)
2000 BR50 : 3670 € (BR25 : 3020 €)
3000 BR50 : 4667 € (BR25 : 4217 €)
1000 BR50 : 5670 € (BR25 : 5220 €)

Soit un coût du BR50 cellophané avec jaquette et livret 2 pages de 2,07 € pour 1000 exemplaires à 1,42 € pour 4000.

Synthèse coûts de fabrication

Variation non négligeable en fonction du pressage, qui n'est clairement pas ce qui grève le budget des éditeurs, d'autant plus que c'est un coût variable.

Pour le coût technique sur un pressage moyen de 2000 exemplaires, incluant masterisation + pressage, on est à 1,61 € par DVD9 et 2,99 € par BR50 (2,66 € pour une galette BR25 simple).

Ces prix sont évidemment hors taxes, mais aussi, avant négociation, et pour ma part, quand je travaillais dans ce secteur, je n'ai jamais signé avant négociation en tant que client, ni vu signer un client sans négociation en tant que prestataire. On peut donc imaginer des tarifs négociés inférieurs de 10 à 20 % par rapport à ceux-ci.

Voilà, en gros, les tarifs pour une galette simple, le "DVD ou Blu-Ray" de poche, comme l'écrivait L.

Attention aux autres frais !

Reste derrière les droits payés pour le film, sur lesquels semble régner une certaine opacité, ce qui est un peu dommage. Il serait intéressant qu'un éditeur accepte de jouer franc-jeu et nous donne un ordre d'idée pour enrichir le débat, ou l'un des membres du forum qui connaîtrait ces chiffres. 5000 € ? 10 000 € ? 15 000 € ? 20 000 € ? Les royalties ne s'appliquent généralement qu'une fois le minimum garanti recoupé (le montant initial des droits), donc un éditeur qui en est au stade de payer des royalties a gagné son pari sur le titre. Enfin, la durée de concession des droits est variable (souvent 7 ans, dans mon souvenir, parfois 5, parfois 10).

Pour ceux qui ont tendance à tout mélanger et tirer des conclusions hâtives, attention, il y a d'autres frais.

Dans l'élaboration du DVD, il peut y avoir du sous-titrage. On peut avoir une prestation de qualité pour 10 € par minute, tout est question de réfléchir au bon processus et de savoir à qui s'adresser :wink: . Il peut y avoir des travaux de restauration, là aussi, coût très variable, entre un simple dépoussiérage et une restauration poussée avec un travail image par image sur certains passages. Il peut aussi y avoir besoin de divers transcodages, quoique de plus en plus, cela ne soit plus forcément nécessaire. On peut sortir un DVD Zone 2 en NTSC, ce n'est pas un problème en soi.

D'un point de vue éditorial, il y a la création des bonus, et là, ce sont des coûts (rédaction, tournage, montage, etc) que je ne détaillerai pas, ils sont vraiment variables en fonction des intervenants, des habitudes, des équipes employées. Pour les éditions avec livre, là aussi, ce sont des coûts différents, le papier est plus cher que le DVD, mais on est là sur des cas exceptionnels. Il peut aussi y avoir la recherche de matériel, coûteuse en temps.

Il y a ensuite les frais de livraison (du presseur au distributeur) et les frais de distribution (stockage, force de vente, livraison aux points de vente), et évidemment, les frais fixes, le fonctionnement de l'entreprise.

Donc, en résumé, attention, il ne faut pas tenir le raisonnement : "1 € la fabrication du DVD, 15 € à la vente !"

Les coûts et frais fixes sont une partie importante du prix de vente. Reste l'inconnue du montant des droits, appel aux (à un) éditeur(s) pour nous éclairer sur le sujet, ou au moins, lever un coin du voile. :)

En espérant que ces lignes auront pu vous donner un regard plus juste sur les coulisses de l'édition vidéo.

Sources pour les tarifs :

http://www.masteringhd.com/Kino_tarifsHD.pdf

http://www.mpoboutique.com/produits/pre ... d-blu-ray/

PS : Mon expérience de l'édition DVD date des débuts du support, fin des années 90, début 2000, quand techniquement il nous arrivait encore d'essuyer les plâtres, et de passer des soirées sur l'encodage d'une scène sombre, où quel que soit le réglage, l'encodeur devenait fou (ciel nocturne avec nuages dans un film de guerre de John Sturges...)
Et encore une fois, tout cela est sans malice contre les éditeurs. Ces lignes ont aussi pour but de montrer le coût de l'édition d'une série pour laquelle il faut sous-titrer 30 épisodes, faire le mastering de 1500 minutes de programme, réparties sur 10 DVD...
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Arizona Kid
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par Arizona Kid »

Voilà une synthèse fort instructive, qui permet de cerner les difficultés des différentes étapes de fabrication de ce qui nous apparait souvent -à tort- comme une " vulgaire " petite rondelle de plastique (j'imagine du reste que le processus de création des Laserdiscs qui me sont si chers ne devait pas être moins complexe).
En lisant ce développement, je me dis que le plus simple était peut-être la duplication des cassettes VHS, avec une bobine master synchronisée à plusieurs batteries de magnétoscopes empilés sur des étagères.
Il y a d'ailleurs, sur le site de l'INA, un sujet tiré d'un JT des années 80, montrant le processus de fabrication des VHS dans le cadre d'un reportage sur le piratage vidéo, avec l'éditeur René Château interviewé devant la chaîne de duplication du Marginal avec Belmondo -ce devait donc être en 84, puisque je crois qu'à l'époque, les films mettaient un an à paraître en vidéo.
Modifié en dernier par Arizona Kid le 14 juil. 2020 18:18, modifié 1 fois.
" Personne ne t'empêchera de partir si c'est ce que tu veux; mais laisse-moi te donner un conseil, fiston: dans ce pays, c'est très mal vu de toucher au cheval d'un autre homme... " (Joël McCrea, Cattle Drive, 1951)
:sm70:
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par Compte Supprimé 4Q »

J'ai fait quelques laserdiscs, à l'époque (parmi les derniers du marché, probablement, Le Chacal), je travaillais avec Pioneer. La masterisation était plus simple, en effet, mais le pressage se faisait au Japon, il fallait envoyer les pochettes là-bas...

Pour les VHS, il y avait une grande usine de duplication à Saint-Dié, dans les Vosges, j'ai oublié son nom, avec en effet ces immenses batteries de magnétos.

L'avantage du DVD, c'est qu'une fois le pressage lancé, la vitesse était assez fulgurante, déjà il y a 20 ans, alors qu'avec le magnétoscope, c'était la durée incompressible du film.
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Re: L'Appel des 50 - l'édition vidéo en pleinte tourmente

Message par L.. »

Merci de ces informations très instructives, Loco.

Je reste dans l'idée que c'est la quadrature du cercle et qu'au delà de 15 Euros, cela fait trop cher. :wink:
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