Messagepar L.. » 23 mai 2019 16:57
Combo Pampa Sauvage en main.
On ne saurait que trop louer Sidonis d'avoir rendu disponible en France ce film (tourné en 70 mm) sans V.F. mais sous-titré, même master que le BR allemand et reconstitution d'une version longue où il me semble reconnaître quelques fragments de DVD italiens ou espagnols que je dois avoir -je n'ai vu que le début-,l'image passant du format Scope à du 1.85 (qui doit être, de mémoire, le format décadré du DVD italien.)
Ni Patrick Brion, ni Bertrand Tavernier n' étaient les bonnes personnes pour présenter ce film, l'un comme l'autre témoignant d'une ignorance inquiétante de ces co-productions espagnoles, mal vues d'ailleurs dans les années 60 à cause, pour une grande partie, de la dictature de Francisco Franco.
Dans le panorama du western en 1966 qu'il fait, Brion commet la performance de situer Le Grand Silence (1968) en .... 1966 (et ne parle même pas de la suite de 7 mercenaires, réalisée justement à Alicante par Burt Kennedy ce printemps là (tournage complètement documenté par un magnifique numéro d'une revue de luxe espagnole, Blanco y Negro, qui doit être en ligne sur le site de l'ABC.
Tavernier fait aussi très fort, s'il connaît le producteur espagnol et rappelle qu'il travaillait avec Samuel Bronston, il ne fait pas le rapprochement avec les Studios de ce dernier autour de Madrid. C'est là, à Las Matas, qu'à été tourné Pampa Sauvage, et non pas à Almeria comme il le suggère (curieux même pour une cinéaste de confondre à ce points des paysages extrêmement différents, et pour l'un si connu. La gare, c'est celle de Villamanta vue autant dans des westerns que des comédies ou autres. (Tavernier cite l'Argentine via l' IMDB, mais qui fait, à ma connaissance, ici complètement erreur.)
C'est d'ailleurs vers les productions Bronston que lorgne ce "western", en 70 mm , décors de Gil Parrondo, technicien espagnol oscarisé et dont une biographie montre les seules rares images du tournage que je connaisse. Les taureaux du début sont espagnols, les acteurs, actrices, techniciens aussi : Angel del Pozo, Laura Granados etc... Fotogramas, de la fin 1963 à la fin 1971 a publié hebdomadairement le calendrier des films tournés en Espagne, je vérifierai plus tard si les numéros concernés mentionnent cette production (presque sûr d'avoir des éléments dans ce journal, vu déjà la présence de Robert Taylor.
Il faut aussi rappeler que beaucoup de Sud-Américains ont tourné et travaillé régulièrement en Espagne, au point de s'y installer (acteurs, metteurs en scènes etc... Qu'on pense aux Argentins Leon Klimovsky, Tulio Demicheli, Alberto de Mendoza et tant d'autres...)
Tavernier voit dans Fregonese le producteur de.... Django prépare ton cercueil (Manolo Bolognini)[*], ne cite pas son Winnetou et ne connaît visiblement pas le prolongement purement western spaghetti du thème des prostituées importées , Blind Man, de Ferdinando Baldi.
Un bonheur de voir ce film enfin dans de bonnes conditions , un désastre pour les commentaires apportés (commentaires relevant d'une morale cinématographique tout à fait contestables; la présence marquée de la ligne d'horizon et autres artifices de cadrage, c'est pour suppléer au manque de vastitude des environs de Madrid, au delà de la portée l'oeil humain; d'ailleurs maintenant tout est construit dans ces plaines.)
[*]Là, Sidonis, poliment, affiche une image de Ringo cherche une place pour mourir, référence non vérifiée d'ailleurs de ma part.