Django - 1965 - Sergio Corbucci

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Breccio
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par Breccio »

Comme le remarque justement Musselshell, le fait que j'invoque Kurosawa ne signifie pas que, sous ma plume, il s'agisse d'une caution qui fasse de Django un chef-d'oeuvre. Je fais seulement observer que le film de Corbucci résulte de multiples influences qui font qu'il tranche radicalement sur le western tel qu'il se tournait à sa sortie : non seulement il ne ressemble pas à un western américain (alors que Corbucci s'était révélé capable de travailler dans ce registre, avec divers degrés d'orthodoxie), mais en outre il s'écarte nettement des codes et du style mis en place par Sergio Leone.
Donc, un film novateur, et en outre influent (il suffit de penser au nombre d'imitations).
Par ailleurs, ainsi que cela a été relevé par d'autres (Inisfree notamment, si je me souviens bien), on voit apparaître dans Django des constantes qui seront caractéristiques des films de Corbucci, notamment la place de la femme -- personnage marginal mais actant et positif (comparer avec les danseuses de Navajo Joe et les prostituées du Grand Silence).
Corbucci construit déjà une oeuvre.
B
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scorpio99
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par scorpio99 »

et si vous arrêtiez un peu de toujours vouloir comparer les films (ou réalisateurs) entre eux, et de simplement juger l'œuvre en elle même pour ses qualités et ses défauts ça ferait avancer un peu le débat non ? :roll: On est pas entrain de comparer des légumes ou des fruits quand même :lol:

Sinon pour la vision politique de l'œuvre je renvoie au principal intéressé Franco Nero qui pense, selon lui, que le film a eu du succès auprès de la classe ouvrière car c'était une époque de contestations et que les ouvriers rêvaient de "descendre" leurs patrons :gun: pour trouver un meilleur avenir ... vu comme cela ce film prend une tout autre dimension au regard des évènements d'aujourd'hui (boss'napping, manifs, ...).
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Sartana
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par Sartana »

En ce qui concerne les thèmes "corbucciens" présents dans Django, on peut citer ceux-ci, dont certains que j'avais relevé dans le débat sur le grand Silence :

- La femme rousse, prostituée qui a besoin de protection (Le grand Silence, Far West story, El mercenario).
- le cimetière : (Les cruels, Le blanc, le jaune et le noir, Navajo Joe, Compañeros).
- le massacre à la mitrailleuse (El mercenario, Compañeros, Far west story, Mais qu'est-ce que je viens...)
- le côté gadget/ arme moderne insolite : (le flingue d'El mercenario, les flingues de Ringo, la main d'acier de Compañeros)
- le pistolero taciturne (le grand Silence, Le spécialiste, Minnesota Clay, Ringo au pistolet d'or, Navajo Joe).
- le handicap physique (déjà présent dans Minnesota Clay en 1964, Le grand Silence)
- le cercueil : objet de convoitises (Les cruels, Le blanc le jaune et le noir) ou objet de mystères.

Et vous noterez que Django contient absolument tous ces éléments. Et vu que Minnesota Clay en comprenait aussi alors qu'il était antérieur, on ne peut pas reprocher à Corbucci d'avoir uniquement repris les éléments de Django de films en films. En revanche, on peut dire qu'il s'est créé un univers, totalement différent de celui de autres auteurs de westerns.

En ajoutant pour être tout à fait honnête que Corbucci était un improvisateur sur le plateau et que tout n'était pas calculé loin de là ! Il avait aussi la réputation à Cinecittà d'avoir un sacré poil dans la main !

Néanmoins, sa patte, fainéantise ou pas, est bien là.
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edocle
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par edocle »

Ce qu'en pense Nero? Ben tiens, qu'est-ce que je disais plus haut...
Merci Scorpio ! :beer1:
Amicalement E.
:beer1: :beer1:
Quand les colts fument ... on l' appelle Cimetière !

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Inisfree
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par Inisfree »

Bonsoir à tous. Vous êtes partis sur les chapeaux de roues ! Du coup, je ne sais pas trop par quoi commencer.
D'abord, je suis surpris que l'antagonisme entre américanophiles et italianophiles soit encore si vigoureux, la "pomme de discorde" comme écrit Giré. Ca veut peut être dire que les films font encore leur effet et ce n'est sans doute pas plus mal.
Tout fordien que je me revendique, je tiens moi aussi Django pour un chef d'oeuvre, au plein sens du terme (et ce n'est pas mon film de Corbucci favori). Mais le film est un jalon, une pierre blanche que l'on peut rejeter de la botte ou élever sur un piédestal. Il repend le travail sur le genre là ou Léone le laisse et le projette dans une dimension plus radicale, plus méditerranéenne, sans doute plus déconcertante pour les amateurs de western classique. La discussion sur les influences me semble essentielle, parce que ce film synthétise tout un héritage culturel, le peplum, la bande dessinée (Tex Willer par exemple), le western bien sûr, les films japonais (du moins ceux qui sortaient à l'époque, je ne suis pas au fait de ce que pouvait voir Corbucci, mais j'aimerais bien savoir), les nouvelles vagues et leur expériences formelles sur le son ou l'image ou la représentation de la violence, le fantastique aussi. Le cercueil, c'est un symbole, c'est aussi celui du vampire, celui de Dracula qui le suit partout, c'est la charrette fantôme, tout une imagerie populaire liée à la mort.
Django s'inscrit aussi à sa façon dans une lignée de films à petit budgets qui transcendent leurs limites par le style et marquent les esprits de façon durable. Je pense à La nuit des morts vivants de Romero,Carnival of souls de Herk Harvey ou Easy rider de Dennis Hopper. Le génie de Corbucci, c'est son intuition. le coup des cagoules, c'est une idée géniale (comme certaines idées de Welles, merci Breccio). D'une contrainte, il fait une idée force du film, Django luttera contre des émules du KKK. Visuellement, c'est inoubliable, plastiquement, toutes ces variation sur la couleur rouge, c'est superbe. Intellectuellement, c'est se mettre dans la poche le public populaire (voyez ceci : http://www.youtube.com/watch?v=gy8_dOwT ... r_embedded).
Mais le travail de Corbucci ne se limite pas à ceci. Je n'ai aucune envie de l'opposer à Léone, que j'admire, mais ce qui a manqué à Sergio C pour être à la hauteur de Sergio L., c'est surtout un grand sens de l'autopromotion, l'intelligence de se faire rare et le courage de se lever plus tôt le matin. Mais question cinéma, il a su tracer sa voie et s'il a fait quelques films disons mauvais, c'est aussi qu'il en a fait plus de soixante. Je ne crois pas qu'il fasse des "scènes en devenir", elles me semblent bien advenues, mais je pense qu'il a été flemmard sur les liaisons, il tourne trop. D'un autre côté, j'aime ce côté décontracté qui donne à ses films un rythme échevelé, ses fulgurances de montage (les gunfights en intérieurs, les bagarres aux poings), j'aime aussi ses images baroques, ses recherches de cadrage, d'utilisation des couleurs, ses idées wellesiennes (encore) sur la profondeur de champ, toutes choses que Django théorise, pas forcément consciemment, mais pour marquer non seulement l'oeuvre à venir mais encore tout le genre.
Sur le fond, je ne suis pas non plus d'accord pour sous estimer les personnages de ce film. Par rapport à l'homme sans nom, Django a un passé, des convictions (sa haine tenace pour les sudistes, son amitié pour le chef révolutionnaire) et une véritable épaisseur psychologique. OK, ce n'est pas du Bergman, mais le héros de Léone, du moins première manière, est une pure abstraction. il sera d'ailleurs progressivement évincé par des personnages plus intéressants, Mortimer puis Tuco. Django, lui, à une motivation, il en a même deux. Sa vengeance (classique) et l'or (classique aussi). Ce qui l'est moins est le regard de Corbucci sur son héros qui se trouve finalement pris dans ses contradiction. Il retrouve la possibilité d'aimer, mais doit pour cela accepter de perdre sa fortune. Son calvaire physique, c'est l'expression de ce calvaire moral (constante chez Corbucci), et ça fait mal. Chez Corbucci, il y a un regard ironique et moral au fond sur ses héros. C'est moins le cas chez Léone qui travaille plus avec des archétypes qu'il met en scène de façon plus ludique. Corbucci met en scène des hommes avec une véritable profondeur énigmatique et qui ne cessent de poser question aux spectateurs.
Ce qui nous mène à la dimension politique. Gauche ou droite, je ne sais pas. Anar, peut être. Il y a ce que montrent les films, sans ambiguïté : Django défouraille un pseudo KKK, la milice d'un propriétaire terrien, l'armée régulière et révolutionnaire. il déteste les "sudistes" et défend les femmes battues. C'est un peu Zorro, encore une référence populaire et méditerranéenne. Et puis il y a le regard de Corbucci là-dessus. Plus distancé. Quand il montre les chasses à l'homme organisées par le major, difficile de ne pas y voir une image des camps de concentration (Dans La liste de Schindler, on voit le commandant nazi tirer les prisonniers au fusil à lunette au saut du lit). Comme nombre de ses confrères, Corbucci a été marqué par la période fasciste et la guerre. La violence de ses films a valeur libératoire, elle s'exerce contre les symboles de la répression et de l'autorité (fut elle révolutionnaire). L'autre aspect intéressant (et que Léone n'abordera pas avant Il était une fois dans l'Ouest), c'est la place de la femme comme le rappelle Breccio. Dans un genre machiste par excellence, les femmes chez Corbucci ont toujours une place à part. Elles semblent représenter le seul îlot de bon sens dans un monde de dingues. Le personnage de Maria est la seule force positive du film, la seule à porter encore un espoir. Elle cherche à s'enfuir, puis est la seule capable de redonner un sens à la vie de Django, ce qui n'est pas une mince affaire. Elle tente de le sauver contre lui-même. Je dirais donc que Corbucci, au risque de surprendre, est un humaniste, qui porte un regard désabusé (d'un pessimisme radical) sur la violence de l'homme et donne sa sympathie à ceux qui en sont les victimes, ou essayent d'en sortir.
Pour finir parce que fais long (excusez-moi), je trouve amusant que l'on ait parlé de Vera Cruz. Après tout, Vera Cruz a représenté lui aussi une date et c'est une influence majeure du western italien. Le lien me semble avéré. Et aujourd'hui, ce film ludique, purement ludique et au charme fou a quand même un peu vieillit dans ses innovations formelles et narratives. C'est loin d'être le meilleur Aldrich, même au sein de ses westerns. Et entre le sourire dents blanches de Lancaster et le regard yeux bleus de Nero, je n'ai pas non plus envie de choisir. Et dans un cas comme dans l'autre, le question du "réalisme" ne se pose pas. Le génie du western est d'avoir créé, à partir de quelques décennies d'histoire, un terrain imaginaire pour raconter toutes les histoires. Quand on demandait à Ford pourquoi les indiens dans Stagecoach ne tiraient pas sur les chevaux lors de la poursuite finale, Ford répondait "Dans la réalité ils aurait sûrement fait ça, mais il n'y aurait pas eu de film."
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musselshell
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par musselshell »

Inisfree a écrit
.Tout fordien que je me revendique, je tiens moi aussi Django pour un chef d'oeuvre, au plein sens du terme (et ce n'est pas mon film de Corbucci favori). Mais le film est un jalon, une pierre blanche que l'on peut rejeter de la botte ou élever sur un piédestal. Il repend le travail sur le genre là ou Léone le laisse et le projette dans une dimension plus radicale, plus méditerranéenne, sans doute plus déconcertante pour les amateurs de western classique. La discussion sur les influences me semble essentielle, parce que ce film synthétise tout un héritage culturel, le peplum, la bande dessinée (Tex Willer par exemple), le western bien sûr, les films japonais (du moins ceux qui sortaient à l'époque, je ne suis pas au fait de ce que pouvait voir Corbucci, mais j'aimerais bien savoir), les nouvelles vagues et leur expériences formelles sur le son ou l'image ou la représentation de la violence, le fantastique aussi. Le cercueil, c'est un symbole, c'est aussi celui du vampire, celui de Dracula qui le suit partout, c'est la charrette fantôme, tout une imagerie populaire liée à la mort.
Django s'inscrit aussi à sa façon dans une lignée de films à petit budgets qui transcendent leurs limites par le style et marquent les esprits de façon durable. Je pense à La nuit des morts vivants de Romero,Carnival of souls de Herk Harvey ou Easy rider de Dennis Hopper. Le génie de Corbucci, c'est son intuition. le coup des cagoules, c'est une idée géniale (comme certaines idées de Welles, merci Breccio). D'une contrainte, il fait une idée force du film, Django luttera contre des émules du KKK. Visuellement, c'est inoubliable, plastiquement, toutes ces variation sur la couleur rouge, c'est superbe. Intellectuellement, c'est se mettre dans la poche le public populaire (voyez ceci : http://www.youtube.com/watch?v=gy8_dOwT ... r_embedded). ..

Très juste...à une petite chose près, dont j'accepte volontiers à l'avance la relativité: je ne suis pas sûr que tout cela (et qui se tient) fasse de Django un chef d'oeuvre au "plein sens du terme"...Si ce film est un creuset d'influences, une synthèse effectivement innovante, il ne parvient pas à une unité stylistique telle que le tout vaudrait nettement plus que les parties. Les idées de mise en scène sont patentes, mais manque le liant qui transforme l'essai, qui confère une totale cohérence...
J'ai bien aimé l'extrait de the Harder they Come...jubilatoire, ce montage. Du coup, la scène du film prend une autre dimension, tant sur le plan dramatique que plastique...et politique, bien sûr.
C'est beaucoup trop 255 caractères. Je renonce à apposer une signature.
Ah...c'est la limite haute...
Je renonce quand même. Je sais pas quoi dire, de toutes façons.
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Sartana
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par Sartana »

Je rejoins Musslshell : pour être franc, j'ai également un problème avec le mot de chef d'œuvre pour qualifier Django. Un chef d'œuvre, rappelons-nous qu'il s'agit d'une "œuvre accomplie en son genre". Cela souligne la perfection. Or les défauts de mise en scène empêchent déjà de parler de chef d'œuvre. Que Django soit le premier à contenir tous les canons du genre est certain, qu'il soit le meilleur western de Corbucci est possible. Quoiqu'El mercenario soit sans doute plus abouti techniquement parlant.

Tepepa soulignait justement le fait qu'un spectateur lambda ne se transcendera pas pour Django, il ne sentira qu'un western de plus parmi d'autres. En revanche, Leone frappe les esprits, il ne laisse pas indifférent. Corbucci tentera de "ne pas laisser indifférent" avec Le grand Silence et se prendra (en Italie) un bide au box-office. Et il eut du mal à s'en remettre (cf Le spécialiste, honnête, mais largement dispensable). Lorsqu'il se mettra au western-révolutionnaire (je préfère à western-zapata), à nouveau il se lâchera et sera inspiré. Mais la page des pistoleros torturés aura été dure à tourner.

Django marquera donc le western italien sur le plan du fond, mais sur la plan de la forme c'est un OWNI©. Et les OWNI© sont plus souvent mis à part que reconnus comme des chefs d'œuvres.
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par Vin »

Allez, un petit coup de projo avant le petit déjeuner, ou du moins pendant.

Bien d’accord avec Scorpio99 quand il nous dit :
et si vous arrêtiez un peu de toujours vouloir comparer les films (ou réalisateurs) entre eux, et de simplement juger l'œuvre en elle même pour ses qualités et ses défauts ça ferait avancer un peu le débat non ?
Et pourtant, cette tendance perdure, comme si un film devait à tout prix avoir des inspirations de haute lignée afin d’être crédible et acceptable.
Il ne suffit pas à un metteur en scène,comme l’a fait Sergio C., de dire qu’il a été influencé ou qu’il a vu les films d’Untel, pour que son cinéma soit comparable à celui des sources qu’il cite.

Moi, j’adore Molière et Shakespeare, et pourtant, quand j’écris, je n’ai pas le sentiment d’être toujours à leur niveau.

Ça c’est fait.
:wink:

Musselshell, tu ne dis pas autre chose d’ailleurs quand tu écris :
Attention Vin, les influences peuvent être revendiquées sans se retrouver "achevées"
C’est tout à fait ce que je pense, Sergio C. pouvait également dire qu’il s’inspirait de Bergman, cela n’aurait pas changé d’un iota son film.Donc je fais attention. :)

Inisfree, bonjour.

Tu nous dis :

Tout fordien que je me revendique, je tiens moi aussi Django pour un chef d'oeuvre, au plein sens du terme
Mouaip, si tu es Fordien, et que tu considères Django comme un chef d’œuvre, comment qualifier le cinéma de Ford alors ?
Tu nous dit également :

La discussion sur les influences me semble essentielle
Oui, quand elles sont perceptibles et réelles, non quand elles ne sont que revendiquées (cf ci-dessus)

Tu écris également :

Je n'ai aucune envie de l'opposer à Léone, que j'admire, mais ce qui a manqué à Sergio C pour être à la hauteur de Sergio L., c'est surtout un grand sens de l'autopromotion
Là aussi, laissons Sergio C. faire son job, sans vouloir le comparer à quiconque.
Au jeu de « c’est qui le meilleur » il n’y a jamais de gagnant.

Quand on regarde le cinéma de Leone, y compris le non-western, on tombe par terre si on aime le cinéma. Ce type est une référence mondiale, j’espère pour Sergio C. qu’il le sera un jour, à ce niveau, mais j’ai un doute.


Toujours Inisfree (rien de personnel amigo) :
le héros de Léone, du moins première manière, est une pure abstraction. il sera d'ailleurs progressivement évincé par des personnages plus intéressants, Mortimer puis Tuco. Django, lui, à une motivation, il en a même deux. Sa vengeance (classique) et l'or (classique aussi).
Heu, on a vu les mêmes films de Leone ?

Je crois qu’il s’agit là des motivations fondamentales des personnages de Leone, y compris le personnage de Clint, et les autres par la suite.
Le Coburn de Il étaut une fois la Révolution aura d’autres motivations, mais comme disait Kipling, c’est une autre histoire.


Re :
il [Django]déteste les "sudistes" et défend les femmes battues. C'est un peu Zorro, encore une référence populaire et méditerranéenne.
Zorro n’est pas du tout un personnage méditerranéen. Il s’agit de manière indirecte de montrer les mauvais hispaniques en action, ce qui justifie a posteriori pour les américains de s’emparer de la Californie (cf El Alamo pour le Texas, même combat).

Ne jamais oublier la Destinée Manifeste de Monroe.


Voilà, je vais me reprendre un autre croissant tiens. :sm32:
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par tepepa »

Vin a écrit :
...
Heu, on a vu les mêmes films de Leone ?
Tu nous annonces au début que tu vas passer ton tour. Si c'est pour revenir traiter les gens avec autant de condescendance, ce n'est pas vraiment la peine.

Sur le jeu des comparaisons et des influences, pas la peine de faire la leçon non plus. Si elles sont revendiquées et que certains d'entre nous les voient et jugent la comparaison recevable, je ne vois pas où est le problème. Le forum est là pour en débattre, mais avec un peu d'humilité please...
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par musselshell »

Vin a écrit
Moi, j’adore Molière et Shakespeare, et pourtant, quand j’écris, je n’ai pas le sentiment d’être toujours à leur niveau.

Ça c’est fait.
Parfois seulement?
La perche était trop belle. :sm32:
C'est beaucoup trop 255 caractères. Je renonce à apposer une signature.
Ah...c'est la limite haute...
Je renonce quand même. Je sais pas quoi dire, de toutes façons.
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par Vin »

Un souci, Tepepa?
Tout d'abord, je passe mon tour en effet sur la critique du film lui-même, car je ne souhaite pas polémiquer.
Par contre, il me semble, sauf erreur, que tu n'es pas là pour juger de mon droit à intervenir ou pas, non?

Quant au reste de ton passage, relis l'ensemble des posts de ce topic; si quelqu'un pense qu'Untel a influencé Untel, et que je ne partage pas cet avis, je crois pouvoir le dire.

Tu fais partie d'un comité de censure, l'ami?


Salut Musselshell
Parfois est à prendre dans le sens de "jamais" en l'espèce !
:D :wink:
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par tepepa »

En effet, ton message qui nous prend tous de haut m'a un peu échaudé.
De censure point. Tu as tout à fait le droit de ne pas être d'accord sur les influences et comparaisons à propos d'un film que tu n'as pas vu. Je ne faisais qu'un appel à ta modestie naturelle, tu en fais bien ce que tu veux.
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par scorpio99 »

les amis ne commencez pas un duel svp :roll: ... duel de western spaghetti évidemment :lol:
il y a suffisamment de choses à dire sur le film pour ne pas commencer à dégainer entre nous ...
:beer1:
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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par Fredge »

:sm42:

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Re: Django - Django - 1966 - Sergio Corbucci

Message par Inisfree »

Pour répondre à Musselshell et Sartana, sur la notion de chef d'oeuvre, je suis d'accord avec la définition "oeuvre accomplie en son genre", et “en son genre”, je trouve Django parfait, y compris avec ses défauts qui font partie de son essence même. Si le film était plus léché, plus travaillé, il ne dégagerait pas cette énergie brute, cette atmosphère surréaliste et cette fascination, me semble-t'il. Je suis d'accord sur Il mercenario, que je trouve plus beau, plus aboutit, mais il est un peu moins original dans sa forme plus classique et dans son fond, bien dans la ligne du western Zapata. Ici, Corbucci a travaillé une figure mythique qu'il voulait originale et il me semble que certaines images clefs de Django ont profondément marqué l'imaginaire de son époque et jusqu'à aujourd'hui, comme l'ont fait les caches poussières de Léone. Du coup, je ne sais pas pour le spectateur lambda, mais de tout ce que j'ai pu lire ou entendre sur ce film, il me semble qu'il a quand même transcendé pas mal de monde. En tout cas, je ne le vois pas comme un “western comme les autres”.

Pour essayer de répondre à Vin,

Sur les influences, comme je l'ai écris, je trouve que l'on manque justement d'éléments venant directement de Corbucci. Les films cités sont des repères que nous prenons avec nos propres références, nos propres parcours, pour mieux cerner l'œuvre explorée. Ce n'est pas Corbucci qui revendique, c'est nous qui proposons des pistes qui nous semblent avérées. On peut parler de l'œuvre en elle-même, il me semble que c'est fait du moins en partie. Mais nul œuvre n'est une île et si l'on entre dans l'analyse, ça me semble intéressant de situer le film dans son époque, de voir d'où il vient, comment il a pu se construire. Ça me semble d'autant plus intéressant que le western italien est un cinéma ultra référencé qui se construit sur un genre et des films déjà existants, et qui cherche son originalité dans des greffes, parfois heureuses, parfois moins. Il ne s'agit pas de savoir qui est le meilleur, il s'agit d'établir des rapports entre des gens qui se stimulaient entre eux dans leur travail.

Sur Ford, c'est juste une façon de dire que l'on peut aimer les deux. Pas de la même façon, certes. Ford a fait des films mauvais et je crois que chaque cinéaste digne de ce nom, même le plus modeste, a son chef d'oeuvre "oeuvre accomplie en son genre".

Sur Léone, je pense, j'espère que nous avons vu les mêmes films :P . En me relisant, j'ai été un peu maladroit, je crois, mais ce qui me semble clair, c'est que l'homme sans nom est très énigmatique, sans passé et sans guère de futur. Il ne me semble pas qu'il cherche à se venger dans aucun des trois films. C'est vrai qu'il court après l'argent, mais pourquoi faire ? Dans le premier film, il arrive juste là et profite d'une situation. Il y a simplement la fameuse phrase “J'ai connu une femme comme toi et il n'y avait personne pour l'aider” qui donne une vague indication. Django est différent, il y a l'histoire de sa femme assassinée, on sait qu'il a fait la guerre, laquelle et dans quel camp, on lui connait au moins un partenariat avec le général mexicain et il a des projets avec lui. Il a une épaisseur , une histoire. Ce sont donc deux approches différentes du personnage. Et les deux se tiennent.

Et sur Zorro, oui, je charrie un peu cool , la Méditerranée et loin de la Californie. Mais Don Diego ne revient-il pas d'Espagne ? Ce que je voulais dire, c'est que c'est un personnage mythique “du Sud”, avec un imaginaire plus proche du méridional (haciendas, sombréro, lanciers et duels à l'épée) que du western. C'est une vision toute personnelle.
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