Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

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musselshell
Castor éclopé
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par musselshell »

...tout çà me fait penser aus différentes approches mythico/culturo/historiques de la notion d'Ouest Américain, de 'frontière", de la nature sauvage à préserver et/ou conquérir...par là visions/interprétations de ce qui deviendra le western bien plus tard...chez les Anglos, les Saxons ( ach...) et les Français... (les Hispaniques n'entretiennent pas vraiment une mythologie autre que leur eldorado remontant au seizième...).
Pragmatisme des Anglais, puritanisme et sens des affaires...Regard distant à l'égard de l'autre, le sauvage, gêneur incompréhensible...
Même pragmatisme organisé chez le Germain, mais teinté d'un rigorisme paradoxalement romantique (voir l'expédition du Prince de Wied sur le Haut Missouri avec Bodmer, celui-ci aux antipodes de l'amateurisme déglingué et presque baudelairien de Catlin)...
Pragmatisme (sont tous occidentaux hein...) plus terroir des Francophones...qui ne s'embarassent pas de mythologies où la défiance se conjugue à la fascination (elles restent à la maison, avec Rousseau puis plus tard Chateaubriand...), mais qui se retrouvent dans les Big Horn dès les années 1740!
La façon dont se construit le télégraphe dans Western Union a un petit quelque chose de l'approche teutonne. La grosse machine est efficace et exhaltée...mais les constructeurs sont tourmentés.
Rien de çà chez De Mille, où c'est du net .
Rien de çà chez les Francophones...ils sont tout seuls, loin de tout, avant le télégraphe, et ils entretiennent leurs rhumatismes sur les hauteurs...où ils gèlent contre un arbre... :wink:
C'est beaucoup trop 255 caractères. Je renonce à apposer une signature.
Ah...c'est la limite haute...
Je renonce quand même. Je sais pas quoi dire, de toutes façons.
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gilson
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par gilson »

Ton sens de la formule me donne vraiment envie de revoir le film, encore plus qu’avant ces échanges, Eager Beaver. "Caïn grimé dans la forêt"! J’aime ! J’essayais, puisque je n’ai pas le film sous la main, de replacer cela dans un contexte qui ne me semblait pas inapproprié.

C’est le « retour au collectif » qui te gênait, Musselshell ? Je voulais parler d’allers et retours enrichissants entre des pôles contraires (je ne veux pas parler de « dialectique », pour ne pas avoir l’air trop ridicule ni pédant, mais c’est le sens). Je flaire une suspicion, de ta part, et que je peux comprendre, à propos de l’imagerie de la forêt dans la musique et la littérature allemandes, compte tenu de ses avatars. Je ne me pose pas ces questions (mais je sais que c’est un vaste débat, pax avec CELINE actuellement), pas par naïveté, je crois : que le loup dont tu parles (HITLER, j’imagine) ait aimé WAGNER ou BRUCKNER, son compositeur favori, cela me semble sans rapport avec le nazisme. A ce compte, je ne pourrais plus caresser un chien, sous prétexte que lui adorait son berger allemand. Il ne manquerait plus que les horreurs nazies me privent du sublime (un peu ou très ridicule, certes, mais qu’importe) du monologue de Siegfried dans la forêt et de ses échanges avec l’Oiseau, ou de l’annonce de Brünnhilde à Siegmund, ou de la 7ème ou de la 8ème de BRUCKNER. Peu m’importe que les nazis aient sali ces choses en se les appropriant: elles leur sont supérieures, et leur ont survécu. Tiens, il y a une photo qui illustre bien cela : on voit le moustachu à Bayreuth, en veston blanc, face à une chanteuse wagnérienne (très belle, d’ailleurs) : il y semble aussi intimidé qu’un fan devant Brad PITT ou Tom CRUISE. Un gamin !! Cela ne me le rend pas plus sympathique, note bien : cela me fait croire un peu à la force de l’art. Mais je t'ai peut-être mal compris.

Romantisme et décadence : cela va mieux en le disant : il va de soi que le décadentisme fin de siècle a été intégré par tous et chacun. Ce qui m’amusait était de relever ou de souligner la parenté de LANG avec qq chose de plus reculé dans le temps, et à quoi, moi, dans ma naïveté, je n’avais jamais pensé. Si j’y songe, d’ailleurs, (c’est cela qui est agréable, dans ces échanges : on se confronte avec des choses auxquelles on n’aurait jamais pensé tout seul) je me demande dans quelle mesure LANG n’a pas œuvré CONTRE cette décadence, dans quelle mesure il n’est pas vraiment un type très sain, critique à l’égard des dangers du monde moderne, sans complaisance pour les contraventions de ce monde à la morale de la culture européenne, un romantique-classique (comme les romantiques le sont tous devenus, déjà de leur temps, à commencer par le titanesque HUGO). Je ne sais pas, là non plus, si je t’ai bien compris, mais si c’est le cas, je diverge un peu de ton appréciation.
PS: viens de voir la fin de ton message, p 2, Musselshell. Je ferme pour l'instant. Pas lu en entier: intéressant, ces parallèles entre Européens.
"Words have too many shadows." (Little Dog, dans "La Plume Blanche"). Et j'ajoute: "Na!"
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musselshell
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par musselshell »

On est d'accord sur tout gilson...
Je ne dis pas que Lang est, sur le fond, un décadent viennois. Il se rapprocherait effectivement plus de ce que tu en dis...Simplement, son esthétique, au moins jusqu'à la fin des années 20, reste proche du pictural viennois et de l'expressionisme allemand post Première Guerre...Sur le fond, ses Nibelungen vont bien ailleurs que ce que voulaient y voir les nationalistes bruns, puisque Siegfried vainc par la paix...des Huns qui ressemblent à des Peaux-Rouges! On est aussi assez loin de Wagner, en l'occurence...
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gilson
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par gilson »

J’avais complètement oublié que LANG avait fait son film sur les Nibelungen !!! Comme tu le dis toi-même, Mussel, c’est une tout autre affaire que ses films d’après, une œuvre qui m’avait ennuyé à l’époque mais que je reverrais avec pas mal de curiosité, au moins, maintenant. Tes rappels sur la différence de traitement du thème entre LANG et WAGNER sont les bienvenus (quel fouillis de personnages, quelle histoire tordue et souvent grotesque –les scènes conjugales entre Wotan et sa femme-déesse !!!- quand on lit le livret de WAGNER, alors que tout est plutôt clair quand on regarde et écoute l’opéra, c’est très bizarre ; j’ai eu un mal fou à commencer à m’orienter là-dedans ; alors, quant à comparer l’histoire selon LANG et l’histoire selon W, c’est au-dessus de mes forces) et collent à mes impressions-souvenirs sur LANG : tu me disais qu’il était autrichien (ce que j’ignorais) ; je le vois comme un de ces irréductibles Prussiens, jusqu’au bout du monocle, hostiles à HITLER et le considérant comme un corps étranger à l’Allemagne, même s’ils lui obéissaient par crainte ou parce qu’il était, d’une certaine façon, le chef de leur Etat et de leur armée (cf l’opération Walkyrie ; c’est drôle, qu’ils lui aient donné ce nom-là, tiens, je me demande pourquoi. Peut-être parce que Brünnhilde incarne la désobéissance à l’ordre venu d’en-haut. Jamais réfléchi. Je suis bête : ça DOIT être la raison. C’est aussi là qu’on voit que les nazis étaient plutôt mal inspirés en se réclamant de W).
Modifié en dernier par gilson le 10 juin 2011 20:13, modifié 1 fois.
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musselshell
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par musselshell »

Ben oui...et après tout (puisqu'on est dans Wagner), le tout dernier motif de l'opéra après l'effondrement du Walhalla est celui de la Rédemption par l'Amour (en fait la Glorification de Brûnhilde)...Le sacrifice donc...pour que les hommes s'entendent en se passant des dieux.
Il y a aussi un sacrifice dans Western Union. Je vais vite là hein...Ca fait rien. Vance Shaw paie sa dette à l'égard et d'une idée (le télégraphe qui relie les hommes) et d'une justice bien ambivalente...
Le mythe est le dénominateur commun...Dans les deux cas , il est à la fois fondateur et porteur d'une nostalgie pour un monde perdu...puisque détruit par ses chantres mêmes...
Lang était forcément à l'aise là dedans!
Ca, plus un côté récréation jubilatoire...pour ce Viennois lecteur de Karl May...
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Eager Beaver
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par Eager Beaver »

Important ce côté récréation.
Comme je l'ai mentionné plus haut, le nombre de scénettes comiques est très impressionnant dans ce drame. Et pour une fois je trouve que d'une part cela se marie plutôt bien à l'ensemble, ce qui tient réellement de la prouesse de mise en scène, et que d'autre part le registre franchement burlesque vieillit plutôt bien.
En général je suis plutôt circonspect sur l'humour bon enfant dans le western, même chez Ford pour lequel je suis assez indulgent. Franchement les histoires du sergent grande gueule et alcoolique font aujourd'hui franchement datées. Ici la mécanique fait encore mouche.
Outre le cuistot qui est parfait dans son côté running gag, il convient de mentionner, comme l'a dit Pike, le vieux scout qui crache sur l'un des héros. Ce point mérite d'être souligné tant il est rare dans le western.
De même la course à l'échalote entre les deux prétendants autour de la jeune première de service fonctionne sur un registre humoristique récurrent fort sympathique, notamment en inversant les situations, ce qui est également rare.
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Eager Beaver
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par Eager Beaver »

Important ce côté récréation.
Comme je l'ai mentionné plus haut, le nombre de scénettes comiques est très impressionnant dans ce drame. Et pour une fois je trouve que d'une part cela se marie plutôt bien à l'ensemble, ce qui tient réellement de la prouesse de mise en scène, et que d'autre part le registre franchement burlesque vieillit plutôt bien.
En général je suis plutôt circonspect sur l'humour bon enfant dans le western, même chez Ford pour lequel je suis assez indulgent. Franchement les histoires du sergent grande gueule et alcoolique font aujourd'hui franchement datées. Ici la mécanique fait encore mouche.
Outre le cuistot qui est parfait dans son côté running gag, il convient de mentionner, comme l'a dit Pike, le vieux scout qui crache sur l'un des héros. Ce point mérite d'être souligné tant il est rare dans le western.
De même la course à l'échalote entre les deux prétendants autour de la jeune première de service fonctionne sur un registre humoristique récurrent fort sympathique, notamment en inversant les situations, ce qui est également rare.
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gilson
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par gilson »

Bcp à glaner dans ton message, Mussel, et le ou les précédents, même si, dans l’un, je ne suis pas assez happy few pour tout suivre (sur les Européens) ; cela met en appétit, de toute façon. Et j’ignorais tout de Karl MAY. Vu sur la Toile qu’il a créé Winnetou ; je suppose que ce n’est pas son seul titre de gloire. Que LANG l’ait apprécié me donne envie d’aller y voir.

Très intéressant, ton rappel sur « Götterdämmerung » ; le thème de la rédemption est effectivement un des tout derniers, avec celui du déclin des Dieux, de Siegfried gardien de l’épée, et celui de la puissance divine. C’est réjouissant d’avoir affaire à un connaisseur. Pour rester ou revenir dans le cadre de ce forum, je ne sais pas s’il y existe une catégorie : rédemption. Elle serait certainement fructueuse, et, tu le mentionnes dans le même message, on pourrait la corréler avec la notion de sacrifice : j’ai tjrs été frappé, dans les films américains en général, par les jeux d’équilibre, presque des appels irrésistibles, pour qu’une faute d’un personnage soit compensée par une perte qui lui est infligée, ou une blessure, ou, d’une façon ou d’une autre, qq chose qui affecte son intégrité. Cela passe parfois par le sacrifice. C’est pour ainsi dire une question de quantités. Je ne sais pas si cela ressortit à une « économie de la narration », mais dans les films, il y a là un mécanisme terriblement efficace, très souvent agissant, presque une machine à structurer les histoires.

« Récréation jubilatoire », dis-tu à propos de LANG. C’est exactement ce que je dirais pour les deux films qui, dans un récent échange, me posaient problème (« Tigre du Bengale» et « Tombeau hindou») mais me semblent maintenant bien plus « logiques » dans l’oeuvre du bonhomme que lorsque je les ai évoqués, à présent que tous ces messages ont été écrits. On cite bcp, ces derniers temps, l’expression de WEBER, celui que tu mentionnais indirectement en disant que tu parlais de … l’autre, C.M., l’auteur du « Freischütz », l’expression « réenchanter le monde », que M. WEBER employait dans un contexte particulier. Cela ne me gêne pas, qu’on l’extraie de ce contexte, et je le fais peut-être moi-même en l’appliquant à LANG : ce n’est pas du tout le souvenir que j’ai du film qui est l’objet de ces échanges (lequel film m’apparaît un peu démonstratif), mais, en plus du diptyque, je crois (vieux souvenir, encore) que c’est le cas de « L’Ange des Maudits » (il faudrait que je consulte les échanges sur le film pour voir si je ne dis pas trop de bêtises). Créateur rigoureux, lucide, exigeant, tel me semble LANG, fabriquant du rêve quand d’autres pouvaient penser qu’après les camps, la création artistique ne saurait plus être ce qu’elle avait été. J’allais dire : « Seul un vieil humaniste, formé à l’école de la culture viennoise, etc », mais même pas : question de tempérament. On a des forces et on les donne aux gens, ou pas.

Plus rapidement : « DE MILLE, c’est du net », écris-tu. Très très juste. Précision et pureté du trait, des traits, de la diction. Je ne sais pas pourquoi ce type est classé plutôt dans la catégorie du dessous. Sans doute à cause du maccarthysme et de la fameuse scène où FORD lui a reproché son attitude.

Tiens, pour finir, une anecdote que tu ne connais peut-être pas, même si tu aimes Dick WAGNER. En 1906, le jeune futur moustachu dont nous parlions va à un concert : MAHLER dirige « La Walkyrie » (tu te rends compte le bol ? : il a entendu MAHLER diriger « La Walkyrie » !!!). A.H. en sort en larmes, éperdu d’émotion. On dit que c’est pour cela qu’une fois au pouvoir il n’a pas ostracisé la musique de MAHLER, comme il l’a fait pour celle de l’Ecole de Vienne (même s’il faut faire peser dans la balance la question de l’ « art dégénéré »). Puissance de l’Art, là encore. (Par parenthèse, je me demande, en écrivant cela, si, quand même, le fait que MAHLER ait commencé à être vraiment connu dans les années 60 seulement n’est pas malgré tout un héritage de cette période noire. Il faudrait comparer avec la fortune de BRUCKNER.). Au fait, je demande pardon de ces propos éloignés du sujet : pour m’excuser ou me justifier, je suggère celui-ci : influence du wagnérisme ou du néo-wagnérisme dans la musique de western. Tiens, ne serait-ce que la technique du leitmotiv !!
Modifié en dernier par gilson le 11 juin 2011 16:20, modifié 2 fois.
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par gilson »

Utile rappel, Eager Beaver. On oublie souvent qu'une grande oeuvre a presque imparablement ses aspects comiques, presque son comique à elle; dit autrement: qu'une de ses faces est le comique, au sens élevé du terme (mais ne me demandez pas trop ce que cela veut dire; qu'il suffise de préciser qu'il ne s'agit pas de rigolade. Quoique, finalement, ce ne serait pas mal de s'interroger là-dessus, voire de créer un sujet : le comique de "Rio Bravo" n'est pas du tout le même que celui des "Searchers"; on éclate de rire dans l'un (scène avec les sous-vêtements), on rit, un peu moins, je crois, et d'un rire plus chaleureux, plus, comment dire, familial, dans la scène de bagarre qui oppose les deux prétendants -J HUNTER et l'autre promis à la guitare-).
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par gilson »

Je trouve ceci dans un petit livre sur LANG (éd Le Monde, la série d’il y a qq années), Eager Beaver : « Bien que ZANUCK tienne à remonter légèrement le résultat final –il ajoute des scènes de comédie plutôt maladroites-, LANG ne rouspète pas : la Fox l’a pris sous contrat pour plusieurs films, et il vit une histoire d’amour avec la vedette féminine des « Pionniers de la W U », Virginia GILMORE » (p 55). J’ai gardé le côté un peu croustillant de la fin du passage, mais c’est le début qui colle à ton dernier message et que je voulais citer.

Puisque j’y suis, p 53, sur les rapports réalisateur/acteurs, mais dans un autre registre, je reproduis un autre passage : « … LANG accepte. Il a fait sienne une maxime qu’il n’oubliera plus : »A Hollywood, il ne faut jamais dire non, quoi qu’on vous demande. Refuser une proposition, c’est être renvoyé ». L’humilité se transforme même en humiliation : pour tourner « Le retour de Frank James », LANG doit présenter ses excuses à H FONDA, qui tient le rôle titre et qu’il a sévèrement rudoyé sur le plateau de « J’ai le droit de vivre ». FONDA n’est pas dupe des « larmes de crocodile » du cinéaste, mais il se montre magnanime ». Rien de fracassant là-dedans, mais c’est intéressant pour confirmer les hiérarchies à Hollywood (production, vedettes, et enfin réalisateurs, même quand on s’appelle LANG). J’ai été un moment un peu étonné, voyant FONDA dans la vie comme la bonne pâte qu’il apparaît le plus souvent dans ses films. En y songeant qq secondes, on se dit qu’on ne devient pas FONDA en étant trop carpette, et qu’il faut parfois « marquer le coup ».
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par musselshell »

On est un peu à la récré, de toute évidence...probablement parce qu'on parle à partir de souvenirs diversement étayés...plus qu'en se basant sur une bonne et... saine (ben oui, c'est là où on fumistera le moins)...vision bien récente du film.
Pour ce faire, c'est Pike le parangon de rigueur.
Continuons quand même (faute avouée à moitié pardonnée).
Sur le comique: il a bien sûr moins vieilli chez Lang que chez ...certains Ford...et pourtant, il y a des points communs...à commencer par le contrepoint allégeant le drame ou l'épopée...voir le ou la ré-éclairant, puisque çà peut servir aussi à çà...
Si Ford est devenu répétitif , notamment dans sa Trilogie, son utilisation du comique a su aller bien plus loin que çà ailleurs...en contribuant au sentiment d'humanité (Doc et le vendeur de whisky dans Stagecoach), ou en dézinguant la bien pensance politico-sociale (Doc, toujours Stagecoach)... Le comique dérisoire et cynique de Stewart dans Two Rode Together...là çà confine au sublime. L'acteur y est pour quelque chose...Mais la roue libre est souhaitée par Jack, qui sait ce qu'il sent...s'il ne sait pas exactement ce qu'il veut.
Lang?
Pas de comique spécifique autre qu'hérité (le slapstick, l'agitation du travailleur en arrière-plan, cette façon de lui offrir alors du rôle et du sens...donc de l'humanité...ce qui n'est pas rien! )
Sur la musique, je reviens plus tard... :num10
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par lerebelle »

Je bois vos écrits gilson et musselshell des fresques hors du commun de l histoire du cinéma. René :beer1:
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par gilson »

Oui, oui, Mussel, j’avais un peu honte, en me relisant sur ce sujet, de ne pas me garer strictement dans l’espace prévu et codifié de l’analyse pure et dure (le texte, rien que le texte). Je compensais, c’était du cache misère, puisque je n’avais pas revu le film. Mais enfin, c’est un forum, pas « Positif » ou « Les Cahiers », non? (au fait, elles existent toujours, ces revues ? Les « Cahiers », j’imagine que oui). On a droit à un peu d’air frais, je veux dire de fantaisie, pas ? Et assaisonner avec qq généralités ou des considérations sur des films voisins peut (peut parfois, je ne dis pas que c’était le cas dans ce que je me suis hasardé à commettre) éclairer ou donner envie, il me semble. Du particulier au général, en revenant au particulier, si ces allers et retours en valent la peine.

Sur le comique, tu t’enfonces déjà assez loin ou assez précisément dans l’idée. Là encore, j’ai tendance à rester dans les généralités. Mais je ne sais pas si c’est vraiment répréhensible. Tous ces bonshommes, FORD, HAWKS, etc, savaient tout faire, et le comique, pardon : les comiques (tu donnes plusieurs types), ils connaissaient, sous pas mal de ses ou leurs formes. Il suffit de repenser à CAPRA, qui avait fait LANGDON et qui avait été gagman chez SENNETT, je crois**. Comique de répétition, de situation, je ne vais pas faire le prof. Après, c’est une question de projet : qu’est-ce que je veux faire avec ce sujet, et quel comique, puisque le comique va presque de soi, puis-je utiliser? Tu rappelles justement que le comique peut alléger, souligner, construire. Je préciserais : s’il lui est assigné une place secondaire, parce que le film est moralement ambitieux, vise au sérieux, à un certain sérieux. FORD et les westerns*. Mais FORD et d’autres films ? « Donovan’s reef » (La taverne de l’Irlandais », comme chacun sait), pax, comédie réjouissante, c’est une autre question, le propos n’étant pas de la même eau. Ce que je veux dire, c’est ceci : les aspects, les techniques du comique sont connus de chacun ; les westerns lui consacrent, ne peuvent lui consacrer qu’une place secondaire, sous peine d’imploser en vol ; place secondaire mais souvent vue comme nécessaire par les réalisateurs, particulière à chaque western, et à observer sous l’angle de l’adéquation au propos général du film. Principe simple, non ? Je ne dis rien de plus. Mais ce n’est pas inutile, pour moi en tout cas, de me rappeler, de façon générale, la difficulté d’un mariage réussi entre le western et le comique.

Pour essayer de me recadrer un peu moi-même (ça va être difficile !), je ne me souviens pas avoir vraiment ri en regardant un film de LANG. Mais je demande à revoir !! Qu’on me détrompe !!!

*tu te souviens du début de l’apostrophe à DE MILLE, racontée par MANKIEWICZ : « Je m’appelle J F. Je fais des westerns ». Pas : « Je fais des films ». Bien sûr, on peut interpréter cela de plusieurs façons.

** même chose, tu le sais aussi bien que moi, pour les acteurs : FONDA, NEWMAN, PITT aujourd’hui, sont de grands acteurs comiques, au besoin.

PS : Maxima culpa mea : qu’on me bâillonne, qu’on m’étouffe, qu’on me pende haut et court, puisque je n’ai pas encore réussi à respecter le texte, etc. Ou qu’on m’exile sur un sujet de … de quoi, au fait ? De généralistes, de bavards, un sujet sur les réalisateurs, sur le plaisir de papoter !! Tu ne m’abandonnes pas, Mussel, au moins, hein ?
Très gentil compliment, Lerebelle. Tout le mérite revient à Mussel, tjrs très précis. Je ne sais plus qui disait : « La précision, c’est la noblesse ».
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par gilson »

Il faut imaginer non pas seulement Sisyphe heureux mais aussi votre serviteur avec du goudron et des plumes dont il s’est lui-même enduit et décoré, après avoir passé une nuit glacée et une journée torride sous un soleil brûlant (ne lésinons pas sur les clichés), enterré jusqu’au cou dans un trou creusé en plein désert par un Indien payé grassement pour l’occasion (autre chose à fiche, quoi !), et rempli de fourmis (le trou, pas l’Indien, bien sûr) raffolant de petits vieux imbibés d’alcool. Je me dis, en effet, que la pendaison simple, même haut et court, est encore trop clémente pour ce que j’ai perpétré. Fumiste (« fumistera »), malsain («saine vision récente»), gamin (« récréation »), c’est mérité, et je trouve cela encore bien trop indulgent. Aucune ironie, là-dedans, vraiment. Mussel, en l'occurence, était le simple porte-voix d'une déontologie nécessaire.Je me suis égaré, laissé porter, le sachant, qui plus est, puisque, avant d’écrire un de mes derniers messages, j’avais lu l’avertissement de Cole Armin, je crois, sur la nécessité d’avoir vu récemment le film dont on veut causer. Pas d’excuse, sauf le plaisir d’échanger. Insuffisant. Le plus simple est donc de m’auto-terminer, puisque je sens bien qu’on s’est, jusqu’ici, retenu. Honte, tout simplement. J'implore la clémence! Bon vent (dans les crinières) et grands espaces à tous!!
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Re: Les pionniers de la Western Union - Western Union - 1941 - Fritz Lang

Message par musselshell »

On ne se débine pas comme çà.
D'autant plus que mes propos (qui m'incluaient totalement) étaient au douzième degré.
On est ici pour causer dans tous les sens sans réglement autre que "ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse par ailleurs".
Ca laisse de la place pour les causeries.
Et si tu n'étais pas là, gilson, qui causerait? :sm57:
On va donc remettre çà.
Causons. :sm32:
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