Sinon ...
Ayant vu les signaux de fumée de Jean-Louis, je fais un arrêt rapide pour un ‘coucou’. Comme Pike et J.L. en général, ou l’un ou l’autre ‘autre’, disent à peu près ce que je posterais, mais avec plus de célérité, et en mieux, alors, pour le moment, je me laisse aller à mon sang mexicain, version Lucky Luke, et me régale de la lecture de vos échanges en sirotant une margarita dans mon hamac ! De plus, je n’ajouterais pas grand-chose d’intéressant (détails concernant les Indiens, … etc.) alors que vous êtes déjà dans le gras de l’analyse et dites avec plus de brio ce que j’aurais dit. Alors, en fin de mois, quand tout aura été dit, quelques ‘trivia’, peut-être … et puis, il faudrait que je revoie le film, plus revu depuis sa sortie (mais trois ou quatre fois à l’époque quand même). Bon sang, P… déjà 20 ans !!
En ce qui concerne la remarque de Juh (« on serait vite dégoûté de vivre parmi n'importe quelle tribu amérindienne de cette époque ») et ses ‘suites’, je pense qu’il entend par là ‘en tant qu’Occidentaux actuels’, « gavés de confort », car pour ce qui est des 18ième et 19ième Siècles, nombreux sont les rapports, récits de captifs adoptés dans les tribus, et qui, lorsqu’on leur en donnait la possibilité, montraient peu d’empressement à revenir à ‘notre’ civilisation. Les ‘poteaux de torture’, le sacrifice annuel de l’Étoile du Matin chez les Pawnees (voir ‘Petalesharo’) ne devaient quand même pas être monnaie courante, alors que, dans les années 1792-94, la foule parisienne se pressait pour assister aux exécutions capitales en Place de Grève ou du Carrousel, et les exactions commises de part et d’autre lors des guerres napoléoniennes être innombrables, et qui incitèrent d’ailleurs tant d’habitants des Pays d’Europe centrale et de l’Est à émigrer vers les États-Unis. La vie des Amérindiens était rude, et celle des femmes davantage que celle des hommes sans doute, mais celle de ma grand-mère paysanne au début du Vingtième Siècle n’était pas un lit de roses non plus.
Le choix de Kit Carson par Ivanovitch pour illustrer son propos n’était peut-être pas le meilleur, mais donnons alors celui de Cynthia Ann Parker, enlevée par les Comanches -la Tribu originellement choisie par Blake-. (et pourtant, Dieu sait -et vous tous aussi- que la condition des femmes étaient loin d’être une sinécure … dresser et démonter les tipis, tanner les peaux, confectionner les vêtements, aller chercher le bois …). Cette histoire a-t-elle été ‘enjolivée’, a-t-elle été une exception … ? Peut-être un certain nombre n’osèrent-elles pas revenir à leur civilisation d’origine en raison de la vie infligée en captivité, un sentiment de honte, de souillure (voir Hanna Clegg dans « Two Rode Together »), mais les garçons et les hommes trouvaient certainement, -outre ce qui reste attrayant pour tout gamin -enfin, ceux de chez moi, à la campagne-[faire une cabane, pêcher ou chasser, ‘jouer’ avec/utiliser un couteau, faire des courses de chevaux, aller se baquer à la rivière ou rester sans se laver plusieurs jours, se prélasser sur un ‘backrest’(repose dos) en regardant passer sa mère adoptive un fagot de branchages sur le dos …], dans la vie chez les Amérindiens moins de préjugés, de contraintes sociales, religieuses … Non que la vie des Indiens n’en comptât pas, mais l’autonomie, ‘l’individualisme’ étai(en)t privilégié(s), même en temps de combat (à l’exception des cérémonies religieuses, peut-être, où là, l’unité et la présence de tous était de rigueur pour la bonne marche du rituel). J’avais également lu quelque part que les Français de Nouvelle France s’inquiétaient de voir partir nombre d’hommes vers l’Ouest, et ne pas revenir. Non qu’ils aient fini scalpés (« Dire que là bas, dans l’Est, y en a qui doivent dire (…) Les Pauvres Cons !! » … de mémoire) mais intégrés et mariés dans quelque tribu … Les Français … car les Anglos, fidèles à leur ‘devise’ "English never mix" … Il suffit pour cela de voir les noms encore portés aujourd’hui sur bon nombre de réserves sioux, ojibwé, winnebago, omaha et autres Nations des Plaines du Nord, ou encore Osage : Roubideaux, Bo(u)rdeau(x), Bissonnette, Pel(le)tier, Clairmont, Ducheneaux, Zephier, Ménard … Je m’étais amusé à dresser une … liste des noms français portés par des Sioux, en parcourant les résultats de remises de diplômes et avis mortuaires du ‘Lakota Times’ et de ‘Indian Country Today’ (nouveau titre du même journal), et en avais compté, dénombré plusieurs dizaines.
Tu vois, Jean-Louis, rien de bien nouveau ni transcendant, et que vous ne connaissiez déjà. Sorry …

A propos de versions courte ou longue, et de savoir si le fait de rajouter certaines scènes n’existant pas dans la version cinéma apporte quelque chose, je donnerai simplement l’exemple suivant : le film a été vu à sa sortie en France par quelques millions de gens, et bien peu avaient votre connaissance de l’Ouest américain en général et des Indiens Sioux Lakota en particulier ; j’entendis autour de moi des gens s’interroger sur les uniformes bleus ou gris, par exemple, et bien sûr, lors de la scène où Dunbar découvre Dressée Avec le Poing, plusieurs personnes se demander, demander à leur entourage, ou certaines venues le voir avec moi me demander « ce qui ‘lui’ [à DALP) était arrivé » -échevelée et ensanglantée- chacun y allait de son explication, de sa supposition : j’entendis donc ‘violée et blessée, abandonnée’, ‘fausse couche’ … là où il s’agissait de scarifications et coupe de cheveux en signe de deuil, ce qui devient plus évident, explicite, je crois, dans une version longue. Pour d’autres passages, les coupures ne nuisent pas à la compréhension de l’histoire, et les scènes ajoutées n’apportent pas grand chose, il me semble (mais je n'ai vu qu'une version longue, après le succès du film et les Oscars, une ressortie plus longue, si mes souvenirs sont exacts), et là, je préfère(rais) les ellipses -si ce n’est pour voir plus d’Indiens !!-
En ce qui concerne la spiritualité, j’avais été étonné à l’époque de voir que si peu de la spiritualité lakota -pourtant certainement la plus connue- soit 'ouvertement' montré -pas de sweat-lodge, tout juste en découvre-t-on la structure d’une en arrière plan, l’espace d’un instant ; la danse du Bison, la purification par la sweet grass ou la ‘sauge’ … J’avais pensé à du respect, de la délicatesse, pudeur de la part de Costner … ? car il est difficile de passer à côté d’une séance de sweat-lodge … ? (on en a eu par la suite dans de nombreux films, mini-séries et épisodes de séries … là aussi, j’avais commencé une liste … de mémoire « Cœur de Tonnerre », « Clearcut/Terre Rouge », « Son of the Morning Star/Le Fils de l’Étoile du Matin », « Beverly Hills 90210 », peut-être « Walker Texas Ranger » et « Dr Quinn » … me souviens plus pour ces deux derniers, et j’en oublie, mais ce n’est pas ici le sujet … Marshall, si tu en veux pour un début … cadeau !). Mais peu de choses en fait sur les schémas de pensée, conceptions … des Amérindiens, et il ne me semble pas que cela soit parce que c’est fait par touches légères, mais je suis peut-être un peu lourdingue et n’ai pas su voir les signes, ou, dans le meilleur des cas, les ai oubliés … Le temps est venu de le revoir.
Dimension initiatique, oui, indéniable, en apprendre beaucoup sur la spiritualité des Lakota … à mon avis pas vraiment, mais cela ne me gêne pas, car cela n’est pas ce que j’attendais … La spiritualité fait partie intégrante de la vie quotidienne des Amérindiens, les traditionnels le font sans ostentation, et peuvent passer du spirituel au trivial en un retournement de phrase, car tout est lié.
On nous présente ici, enfin, des Indiens qui sont des êtres humains, dotés d’un sens de l’humour, qui pleurent (on le sait depuis « Broken Arrow »), mais aussi qui rient … Et le Rire est le Propre … A-t-on vu des Indiens rire -pas ricaner en torturant une victime- mais rire, d’une bonne blague avant ce film ? Pike ? Moi je n’en ai pas le souvenir ? Dans « Spirit of the Wind », puis, après DALL, dans « Cœur de Tonnerre », (que je trouve encore meilleur en ce qui concerne les Indiens). Encore une liste qui se profile, Marshal … ? ! Les films dans lesquels les Indiens rient de bon cœur … !!
Je ne suis pas certain que la prédestination soit dans le mode de pensée des Sioux … c’est fort possible, mais je ne sais pas, et n’en suis pas convaincu (J’avoue ne jamais avoir lu ‘Black Elk’ etc.)
(Et pour être tout à fait franc, je dois bien avouer qu’en tant que Français du 21ième Siècle, je ne quitterais sans doute pas mes charentaises et cet ordi pour aller creuser des canaux d’irrigation avec des Chipayas actuels. Non, c'est à cause de mon dos, pasque sinon ...
