Sommaire :
Critique épisode 11
Critique épisode 21
3.01- Ryker
Réalisation : Don Richardson
Scénario : Frank Fenton
Guest Star : Leslie Nielsen
Première diffusion 16/09/1964 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10
Le pitch : Deux hommes sont pourchassés par un détachement de l’armée mais parviennent in extrémis à le semer. L’un d’entre eux se nomme Ryker, un joueur/aventurier qui fut également policier. Se séparant de son coéquipier, il arrive à Medicine Bow où un certain John Hagen (Leslie Nielsen) lui demande de l’aider à accaparer les terres d’un rancher endetté, quitte à assassiner ce dernier. Mais Ryker refuse, mécontent d’avoir été pris pour un tueur à gages. Après le meurtre de ce propriétaire gênant, il va même décider de rejoindre le camp adverse en aidant la fille du défunt à trouver le coupable et à garder son ranch…
Mon avis : Début de nouvelle saison et générique en partie remanié. Le juge Garth, Trampas et Le Virginien apparaissent toujours avec pour chacun d’entre eux une image extraite de cette nouvelle saison incluse en plus de celles déjà présentes précédemment ; on constate l’apparition de Betsy et Randy par l’intermédiaire d’un extrait de leur duo en train de chanter, donnant ainsi une image un peu faussée de ces protagonistes qui sont bien plus que des personnages de seconde zone venant pousser la chansonnette ‘à la mi-temps’ ; enfin on remarque la disparition de Steve –qui ne va pas tarder à quitter la série- remplacé par Clu Gulager dans le rôle de Ryker à qui ce premier épisode est consacré, le titre lui étant même attribué : une première ! Il faut dire que ce nouvel héros ne passe pas inaperçu, d’une originalité telle que, à ma connaissance, nous n’avions jamais vu auparavant de personnage semblable dans le western, que ce soit au cinéma ou à la télévision. Mais souvenons-nous qu’avant de tenir ce rôle, le comédien Clu Gulager était celui qui à deux reprises nous avait fait le meilleur effet au cours des deux saisons précédentes, interprétant d’abord dans le magnifique The Judgment le Bad Guy le plus mémorable de la série, qui n’avait rien à envier à Dan Duryea dans ce style de personnage abject et haïssable à souhait. Puis dans Run Quiet, Gulager, sans trop en faire, sans caricaturer mais au contraire toujours extrêmement juste, s’avérait formidablement plausible en sourd-muet. Deux prestations en totale opposition mais tout aussi remarquables l’une que l’autre.
Faisons les présentations de ce nouvel arrivant qui va être présent dans la série durant pas moins de quatre saisons complètes. D’après ses dires, il n’a quasiment pas connu ses parents, se définit comme "a gunman, a gambler and a drifter", parait avoir eu une vie mouvementée, tour à tour policier ou homme de main de gros propriétaires impliqués dans les sanglantes Range Wars de la fin du 19ème siècle, en constant équilibre sur la frontière très mince qui aurait pu le faire basculer du côté des hors-la-loi, mais fier de ne jamais l’avoir franchi, même si ses années en tant qu'aventurier et que joueur n’auront pas été aussi claires qu’il semble vouloir le dire. La preuve, alors que l’épisode débute, il est pourchassé par l’armée américaine pour -à priori- de la vente illégale d’armes, même s’il se défend d’être un trafiquant. Nous ne saurons jamais vraiment de quoi il en retourne exactement tout comme resteront floues les innombrables zones d’ombre qui entourent le personnage et son caractère assez difficile à appréhender. S’il a tous les traits et les comportements d’un mercenaire, il n’en demeure pas moins qu’il évite au maximum toutes formes de violence, ses répliques sont vives, acérées et cinglantes mais son fond reste digne et bon. La meilleure définition qui pourrait être faite de lui est celle du shérif Abbott qui semble bien le connaitre : "When he's broke he's a peace officer. When he's got himself a stake he trades in his badge for a deck of cards." On aura peut-être ainsi réussi grâce à ces rapides descriptions à mettre le doigt sur l’extrême complexité de ce personnage remarquablement interprété par un Clu Gulager en grande forme.
Le comédien est tellement bon et possède un tel charisme que dès qu’il apparait dans une scène, il vampirise l’écran et éclipse tous ses partenaires au point de se demander parfois si nous sommes bien en train de regarder un épisode du Virginien. Et c’est paradoxalement un peu le gros défaut de cet épisode puisque certains protagonistes habituels comme Doug McClure paraissent du coup en pâtir, ne pas savoir quoi faire et être intimidé face à un tel talent de cabotin, Gulager parvenant pourtant à ne jamais basculer dans le ridicule ou le grandiloquent. L’épisode est lui aussi presque trop brillant, trop ‘petit malin’, allant constamment là où on ne l’attend pas, peu avare ni en surprises en tout genre ni en scènes d’actions mouvementées à l’image de celle qui ouvre l’histoire, une poursuite à cheval filmée avec maestria et imposant travelling. Elle se terminera bizarrement par un plan en noir et blanc, le saut des chevaux des poursuivis du haut d’une falaise dans une étendue d’eau, qui provient probablement d’un western des années 40 ; une faute de goût qui détonne avec ce qui a précédé, la maîtrise de ce réalisateur de télévision étant également parfois phagocytée par d’énormes faux raccords assez déstabilisants. Reste que l’ensemble au rythme très soutenu s’avère d’une belle efficacité, tout autant dans son écriture pleine d’assurance, habile et très dense -Frank Fenton est décidément une valeur sure de la série- que dans sa mise en scène qui ne manque pas de testostérone ; à ce propos, il vous faut admirer la rapidité d’exécution du montage lors des scènes de billard.
Cet épisode consacre l’arrivé de Clu Gulager qui n’a aucun mal à imposer sa forte personnalité. Malgré le fait qu’il ‘bouffe’ littéralement l’écran, la pirouette finale vient nous rappeler qui est le patron, au travers une séquence de comédie tout à fait réjouissante, nous remettant dans le même temps sur les rails de cette série qui sait aussi rester légère, ici non dépourvue d’humour à plusieurs reprises malgré la gravité de l’ensemble. Quant à Ryker, après avoir réussi à déjouer les machinations du vil Leslie Nielsen -le futur Inspecteur gaffeur Franck Drebin de la série Y-a-t-il un flic… ( Naked Gun)-, il se fait nommer pas moins qu’adjoint du shérif après avoir prouvé son honorabilité –il refuse le badge avant de s’être confronté à un tueur à gages de ses amis afin que si ce dernier le tue il ne soit pas condamné pour le meurtre d’un homme de loi- et sa volonté de vouloir régler les affaires sans trop faire de dégâts. Certainement pas le meilleur épisode de la série mais une parfaite entrée en matière pour ce nouveau protagoniste qui va devenir un régulier. Pour l’anecdote, vous serez ici témoin de la première et furtive apparition de Raquel Welch dans une fiction, ici en saloon gal.