Voici aussi quelques questions posée par l'éditeur, qui pourront vous éclairer sur le roman...
Bonne journée et merci !
1 – Cheveux-de-feu n’est pas votre premier roman (vous avez auto-publié un roman en 2005). Pourquoi vous vous êtes lancée dans cette aventure ? Y a-t-il eu un élément déclencheur récent ou bien est-ce le résultat d’une envie existant depuis longtemps ?
J’ai toujours aimé l’écriture, mais sans aucune ambition particulière. Lorsque je me suis lancée -assez tardivement- dans l’écriture d’un vrai roman, je ne savais pas si j’en étais capable (le tout n’est pas seulement de vouloir, mais aussi de pouvoir !). A 40 ans, je me suis retrouvée (comme beaucoup de femmes qui se sont consacrée à leur famille) à un « cap » et je me suis dit : « c’est maintenant ou jamais ! ». Mes cinq enfants grandissaient, avaient moins besoin de mon attention constante, et je ressentais la nécessité de faire quelque chose « pour moi », et qui me ressemblait…
J’ai décidé d’écrire un roman et le thème s’est imposé par lui-même.
L’auto édition était la seule façon de faire mon expérience de façon indépendante, et aussi parce que je ne pensais pas être en mesure d’intéresser un bon éditeur, … Réalisme, ou manque de confiance en moi-même, sans doute les deux ! J’ai pris goût à la création de ce premier roman, les retours ont été positifs (dont une préface de Nicolas Vanier), mais l’auto édition a ses propres limites. J’ai donc commencé à présenter mon travail à des éditeurs, parmi les meilleurs (sinon cela n’a pas d’intérêt), donc les plus inaccessibles. Pendant 2 ans, j’ai essuyé refus sur refus (lorsque le manuscrit était lu). Il y a quelques mois, j’ai décidé de faire « la dernière tentative ». J’ai juste envoyé le lien de mon site Internet à une vingtaine de maisons d’édition, et… Miracle ! Denis Lépée, de Timée-Editions, m’a répondu. Mon roman, en l’état (et j’en étais consciente) avait besoin d’être repris, surtout au niveau de l’intrigue et de la construction. J’ai accepté de débuter un travail commun avec Denis, très enrichissant. J’ai franchi toutes les étapes et Timée-Editions a décidé de publier le roman lorsqu’il serait terminé. Aujourd’hui encore, à la veille de sa sortie, je ne réalise pas encore ma chance… C’est un immense bonheur. Un honneur aussi ! Les Indiens disent que
« l’homme devient ce qu’il rêve ». Mon cheminement personnel prouve qu’ils disent vrai.
2 – Comment vous est venu cet intérêt pour les Indiens d’Amérique ? Qu’est-ce qui vous passionne dans la culture amérindienne ? Avez-vous eu l’occasion de voyager dans ces paysages, ces anciennes terres indiennes ?
Mon intérêt vient de l’enfance. Les westerns que je regardais à la télévision le dimanche après-midi (au temps où la télé me faisait encore rêver), et les Indiens représentaient pour moi la liberté, l’équité, le courage, la générosité... Tout ce qui me manque aujourd’hui dans notre société dite « évoluée et moderne ». L’image romantique de l’enfance et de l’adolescence s’est muée au fil du temps à un réal intérêt pour leurs coutumes et spiritualité. Dans certaines épreuves de ma vie, la spiritualité amérindienne m’a beaucoup aidée, soutenue…Cela fait partie de moi, de ma façon de voir la vie, le monde, la mort également. Cependant, je précise que je ne suis pas une indianiste qui s’identifie aux Indiens pour exister, juste une passionnée qui essaient d’apprendre et de comprendre leur magnifique culture.
Non, je n’ai jamais voyagé sur les terres indiennes ; ni rencontré les Indiens (ceux dont je parle dans mon roman n’existent plus et si on me propose un jour un voyage dans le passé pour les rencontrer, je suis preneuse !) Mon outil premier est l’imaginaire. Par ce biais, je fais des voyages fantastiques qui me suffisent largement. Ensuite, j’écris, pour partager. Je suis assez solitaire et casanière, j’aime ma maison à la campagne, mon jardin, mes chiens, écrire … Le monde bruyant et agité d’aujourd’hui ne m’intéresse pas. Si j’avais voulu le parcourir, je n’aurais pas choisi cette voie de l’écriture qui demande finalement beaucoup de solitude et de repli sur soi. Timée m’a offert le ticket me permettant aujourd’hui de convoler vers mes futurs lecteurs qui, je l’espère, seront au rendez-vous ! C’est le plus beau voyage qu’on pouvait m’offrir…
3 – On sent qu’il y a un grand effort de reconstitution historique, notamment dans les scènes de la vie quotidienne tout autant dans une tribu indienne que dans une famille pauvre dans l’Irlande du XIXème siècle, ou encore dans les combats entre Indiens et colons. Comment vous êtes-vous documentée ?
Pour les Sioux, l’Irlande au temps de la Grande Famine, New York, ce sont mes lectures. Le cinéma également, pour les ambiances, avec des films comme « Danse avec les loups », « Little Big Man », « Jeremiah Johnson », « Gangs of New York », etc. Je collectionne aussi beaucoup de peintures, d’images, de photos de Curtis... Ces scènes et ces visages du passé m’inspirent beaucoup. Finalement le cinéma, l’image, la musique, la littérature me nourrissent.
Je ne pense pas que des connaissances historiques très pointues soit nécessaires pour écrire un roman comme le mien. Il faut d’abord aimer une chose pour bien en parler. Il faut ensuite ressentir pour retranscrire avec sensibilité un passé révolu, se mettre à la place des personnages, se projeter dans leur monde, leur époque, leurs sentiments, leur façon de penser, de voir, d’entendre, de parler… C’est le plus important, le plus difficile aussi sans doute, car il faut s’oublier et se donner entièrement. C’est ainsi que les personnages deviennent « de chair ». Se documenter sur des dates, ou des événements, est aujourd’hui accessible à tout le monde grâce à Internet, mais « le ressenti » est primordial et ne s’apprend pas (à mon sens). En cela la maturité est nécessaire. Un bon contenu doit surtout avoir une âme…
Les Indiens disent qu’un homme médecin de valeur doit avoir tout connu et vécu, les bonnes et mauvaises expériences et sentiments, les malheurs, les bonheurs…Qu’ils doivent être avant tout des hommes. Je pense que pour un auteur, c’est la même chose.
4 – En ce qui concerne le personnage de Jewell, peut-on parler de parcours initiatique ?
Oui. C'est un western féministe !
Jewell O’Connor est pauvre et femme. A cette époque, les femmes n’étaient guère plus considérées que du bétail (et encore…). J’ai voulu, dans mon roman, tirer quelques portraits de ces femmes. Depuis son enfance, Jewell est victime, aussi d’une mère elle-même la proie de sa condition féminine dans une société despotique. C’est une destinée qui l’emprisonne jusqu’à sa rencontre avec les Sioux. Ce sont les « sauvages » qui la sauvent de la sauvagerie dans laquelle elle est alors plongée. Ils vont lui apprendre ce qu’est l’amour et la dignité, et aussi à se construire une identité, physique et spirituelle.
5 – Jewell est amoureuse de deux hommes qui sont issus de deux mondes différents, et qui plus est, deux peuples en guerre. Peut-on dire qu’elle est déchirée entre son ancienne et sa nouvelle vie ?
Jewell aime deux hommes, un Blanc et un Indien, mais de façon différente. Ces deux hommes sont les représentations des deux mondes que tout oppose, mais qui font partie d’elle. Son visage est blanc et son cœur est rouge ! Un univers va mourir pour laisser sa place à un autre. Jewell fait son choix. Un choix déchirant et suicidaire, sachant que le monde indien va disparaître…Ou plutôt s’endormir.
6 – Quels sont vos projets en matière d’écriture ? Envisagez-vous d’écrire d’autres romans ? La culture amérindienne sera-t-elle exploitée ?
Si les lecteurs me suivent dans cette aventure, je voudrais continuer à écrire l’histoire de Jewell O’Connor (qui se termine dans ce roman alors qu’elle n’a que vingt ans, en 1865), et j’imagine une trilogie embrassant toute cette épopée Américaine, jusqu’à la fin de la résistance Indienne en 1890. Je voudrais aussi écrire un roman sur les Apaches, qui me fascinent, et qui ont été les derniers à opposer une farouche résistance au monde des Blancs. Le monde Indien est pour moi une source d’inspiration intarissable, comme toutes les cultures dites primitives desquelles nous avons beaucoup à (ré)apprendre.