C’est là qu’il vit depuis 1995, au Coppertop Ranch, juste sur le flanc est du Divide (flanc sud, dans ce coin là…).
« J’avais des carnets de trois couleurs. Les BLEUS, soigneusement alignés contre le mur sud de ma chambre, étaient réservés aux « Schémas de gens en train de faire des choses », à la différence des VERTS, sur le mur est, qui contenaient des croquis zoologiques, géologiques et topographiques et des ROUGES, sur le mur sud-ouest, que je remplissais de dessins d’insectes pou le cas où ma mère, le Dr Clair Linneaker Spivet, aurait eu besoin de mes services. »
Il prend un jour une bibliothèque sur la tronche, ayant par inadvertance et frénétiquement installé de nouveaux rayonnages de croquis contre le mur nord, celui de la porte d’entrée.
Tout le monde se nomme Tecumseh dans la famille, depuis que l’arrière-arrière grand-père Finlandais prit cette décision à la sortie d’un saloon de Butte, ému par le sors du grand chef raconté par un ivrogne.
« Du moins, c’est ce qu’on m’a dit, on ne sait jamais avec les légendes familiales. »
Sansonet, c’est parce qu’un sansonnet s’est écrasé contre la vitre de la chambre où il est né. Le squelette est sur son bureau.
Le papa est rancher, homme de peine, de silence et d’espace. Rude…
« Père n’avait pas l’air de remarquer que sa tête manquait de s’encastrer dans le plafond à chaque fois que nous roulions dans une ornière. Cela dit, elle ne s’y écrasait jamais, les contours de la matière semblaient toujours s’effacer pour ne pas gêner ses mouvements. »
… vaguement navré par le fiston…La maman est entomologiste. La sœur, Gracie, normale. Le frangin, Layton,cadet et…éphémère. Disparaît trop tôt. Layton était comme papa : un vrai gars du Montana. Son seul véritable exercice de mémorisation intellectuelle : connaître par cœur le nom et la date de naissance de tous les présidents. Ainsi que celui de leurs animaux familiers préférés (des présidents).
TS Spivet a de nombreux souvenirs avec son frangin. A cheval (au sens figuré) sur le Divide, il le photographie avec un appareil à sténopé fabriqué dans une boîte à chaussure en train de verser un verre d’eau d’un côté puis de l’autre de Bald Man’s Gap …
« Salut Portland ! Salut la Nouvelle Orléans ! »…mais j’avais beau tourner les boutons sur le côté de mon appareil et essayer tous les réglages possibles, mes photos ne parvenaient jamais à rendre l’héroïsme de Layton à ce moment là. »
Tecumseh reçoit un appel téléphonique.
De Washington : il a gagné le prestigieux prix Beard du Smithsonian (avec un carnet de croquis).
Mais il a douze ans.
Sans rien dire et tout en parlant tout le temps (le monologue ininterrompu des cérébraux), avec un télescope, quatre compas, un carnet de croquis et les mémoires de son arrière grand-mère, il va partir pour Washington et vers le monde adulte, quitter les bouseux pour ce à quoi il aspire : la science, les lumières, la réflexion. Une marche vers l’est… dans des trains de marchandise.
Tout sera mesuré, croqué.
Mais…bien sûr, il apprendra que tout ne se mesure pas.
Les croquis sont en marge du texte, au sens propre.
Il y en a partout.
Ce roman (un premier roman) est à lire et à regarder. L’auteur, Reif Larsen est celui du texte et des quatre cinquième des dessins…
C’est un chef d’œuvre (allons-y carrément).
Il y a même un site internet.
Mais c’est le bouquin qu'il faut lire...

