Franc Suisse a écrit :Je me suis mal exprimé en parlant de films historiques.
En effet, il s'agit d'un western, genre bien spécifique qui n'utilise qu'un cadre historique et n'a pas vocation à être historique - ce passé américain étant globalement assez peu glorieux en particulier en ce qui concerne la conquête et les guerres indiennes. À part quelques grands réalisateurs, et pas dans tous leurs westerns, personne ne s'est jamais soucié à Hollywood de réalité historique, ethnique, etc. Si le détail d'un drapeau vous choque, comment pouvez-vous tolérer que des Espagnols et un Irlandais jouent les Cheyennes dans ce film ? Et qu'ils soient joués par des Blancs dans les autres ? Regarder un western, c'est accepter dans 95 % des cas de voir la vérité bafouée à chaque plan.
Par exemple le film préféré de loco est doublement historique, premièrement parce qu’il restitue une période du passé le XIXe siècle et deuxièmement, parce qu’on nous parle d’un fait réel, les actes de Custer, personnage historique.
Vous assumez que c'est mon film préféré, je n'ai rien dit de tel, tout comme vous assumez que le film se veut une reconstitution historique de par son titre. Philip Yordan, scénariste devenu producteur, ne vise qu'à produire un western spectaculaire. Le scénario de Bernard Gordon utilise la personnalité de Custer, plus ou moins, mais les faits sont tous apocryphes, même si certains sont inspirés par la réalité. Tout comme Walsh avant lui, Arthur Penn après, et tous ceux qui ont utilisé le personnage entre les deux, on se sert de la légende de Custer, pour la magnifier ou la ridiculiser, mais jamais avec une vocation historique (les reconstitutions de Penn ne sont pas mauvaises, mais sa vision outrancière du personnage, si). Il faudra attendre
Son of th Morning Star de Mike Robe, réalisé pour la télévision, pour avoir un portrait plus fidèle du personnage.
Et quand on est dans cette configuration, d’être doublement historique, il faut avoir une certaine rigueur jusque dans les détails. La plupart sont des divertissements historiques, rien de plus.
Divertissement, c'est le mot, c'est du cinéma, avec des visées commerciales. Yordan est un grand scénariste, un homme bien qui a permis aux scénaristes blacklistés par McCarthy de continuer à travailler, mais comme producteur, dans cette période de la fin des années 60 et des années 70, il cherche plus à faire des coups que des chefs-d'œuvres. Avoir porté à l'écran
Royal Hunt Of The Sun est audacieux, mais
Custer of the West et
Captain Apache sont de purs produits commerciaux. Rassembler Robert Shaw et Mary Ure à l'écran pour interpréter le même couple passionnel qu'ils sont à la ville : coup marketing. Récupérer deux acteurs dont les carrières agonisent mais qui furent en leur temps très populaires (Ty Hardin et Jeffrey Hunter) : coup marketing. Créer un rôle de 10 minutes pour rajouter un nom au générique (Robert Ryan) : coup marketing. Yordan veut nous en mettre plein la vue, et il y arrive, mais c'est lui faire un faux procès que de l'accuser d'avoir voulu faire un film historique et de l'avoir mal fait.
Il y a sur Custer et Little Bighorn une littérature très abondante, les faits historiques sont là, pas sur les écrans de cinéma. Je le répéterai encore et encore, il s'agit là de cinéma, c'est une industrie de divertissement, et en exiger autre chose ne me paraît pas honnête. C'est en tout cas biaisé.
Je comprends que vous pointiez des erreurs, ce qui me gêne est cette véhémence et cette condescendance envers le film, qui n'est pas un chef-d'oeuvre, mais pas non plus un navet. C'est plus un exemple d'un genre, le western américain, même si celui-ci est tourné en Espagne, qui tire ses dernières cartouches dans sa version classique et cherche ce que sera sa version moderne.