Après
Le Nettoyeur (1955) hier soir, j'ai revu aujourd'hui ce
Fort de la dernière chance, signé du même réalisateur, George Marshall, et toujours animé par l'énergique Audie Murphy.
L'acteur à l'éternel visage juvénile incarne ici Frank Hewitt, un Texan ayant revêtu la tunique bleue de l'Union, ce qui lui vaut quelques inimitiés en début de métrage.
Intéressant personnage que ce " soldat bleu " qui, écoeuré par les exactions gratuites de ses pairs envers des Indiens innocents, préfère déserter afin de prévenir les siens d'un éventuel raid vengeur de la part des Comanches.
Un danger qui ne manque évidemment pas de se matérialiser, lorsqu'un village à la frontière du Mexique se voit attaqué.
Le patelin, entièrement peuplé de femmes depuis la mobilisation de leurs maris pour la guerre civile, sera défendu jusqu'au bout par le soldat Hewitt, qui apprendra à ces dames les rudiments du combat afin de préparer la riposte...
Cette série B, co-produite par la
Columbia et Harry Joe Brown -producteur du fameux cycle Randolph Scott / Budd Boetticher- , figure assurément dans mon palmarès personnel des westerns d'Audie Murphy.
Le Fort de la dernière chance partage de nombreuses similitudes et petites variations avec l'inoubliable
Quand les tambours s'arrêteront, sorti six ans plus tôt en 1951: un groupe retranché dans une mission assiégée par les Indiens, qui escaladent les murs pour attaquer leurs victimes; une contre-attaque menée par un héros rejeté de tous avant de gagner le pardon des siens; un groupe de prostituées qui, chassées dans le film sus-cité, prennent part ici à la bataille; des femmes qui se mettent à chanter au cours du siège pour se donner du courage et ainsi recouvrir le sempiternel grondement des tambours de guerre...
N'en déplaise aux plus radicaux thuriféraires du film d'Hugo Fregonese -dont je ne renie en rien les qualités-, j'estime que
Le Fort de la dernière chance le surclasse d'une bonne tête: là où l'action du premier se retrouvait rapidement confinée en un lieu clos, les péripéties sont plus aérées et plus dynamiques dans l'opus de George Marshall, dont les personnages sont également plus réactifs, moins cantonnés dans leur statut de victimes attendant de se faire massacrer.
Une fois de plus, Audie Murphy fait merveille en meneur d'hommes -de femmes en l'occurrence- , faisant montre d'une autorité sereine: il faut le voir donner la fessée à la délicieuse Kathryn Grant, peste à la gâchette facile, rabattre le caquet d'une insupportable bigote exaltée, ou encore tenter de se mettre dans la poche le petit frère du mari de son ex-fiancée...
Humour, action et drame se conjuguent au plus que parfait dans cette aventure trépidante de bout en bout, qui ne laisse pas une seconde de répit au spectateur.
Efficace, rythmé et sans temps mort, le film de George Marshall perpétue la tradition d'excellence des grands westerns de l'âge d'or, et ne lasse jamais.