Messagepar musselshell » 25 avr. 2006 17:31
Le film est un chef d'oeuvre, la cause est entendue...mais en quoi est-il le western ultime? la question esf faussement ingénue, je crois voir, sentir à tout le moins, ce que tu veux dire...et j'introduirais quelques bémols: ce film est effectivement une méditation sur la mort, sur la fin d'un monde, au rythme presque viscontien...en tous cas l'un des rares westerns où la dimension méditative, languide et morbide, la dimension musicale (opératique) puissent évoquer certaines des dernieres fresques de Luchino. Monument Valley, Fonda et les autres acteurs américains servent ici (génialement, encore une fois nous sommes d'accord) une esthétique qui, si elle assume aussi un hommage au genre, assume peut-être surtout une vision, un regard...philosophiquement, esthetiquement, culturellement au sens large, plus proche d'une certaine tradition mittel-europa: prédilection pour la...déréliction! la peinture d'une folie qui ne se sait pas telle, pas tant celle d'individus que celle d'un monde, d'un système de valeurs...à cela on peut même rajouter une dimension métaphysique:mort , perte, nostalgies, criées par la musique... (scènes avec Cardinale seule, particulièrement évocatrices...). Leone utilise le western probablement plus qu'il "ne fait" un western, le film collant du début à la fin avec "le dernier souffle que tout être laisse échapper avant de mourir", avec la folie (l'intérêt, le pouvoir, la vengeance...tout ce qui ronge) des hommes à laquelle s'oppose, impuissante, le regard des femmes...il pourrait y avoir là une thématique, disons, "américaine" (on meurt partout, on est fou partout), et certains, de façon radicalement différente, l'ont illustrée...Et c'est dans cette différence même que se loge mon hésitation devant "ultime"...
Dans Unforgiven, Eastwood médite lui aussi sur la folie des hommes, sur le hasard et l'absurdité...mais l'esthétique est radicalement différente, pas seulement parce que ces deux cinéastes sont (truisme) différents, mais parce qu'ils viennent de cultures différentes, qui présentent (subliment, si on veut...) des problèmes universellement identiques avec leur propre grammaire, au sens, disons, méta-linguistique du terme.
Dans Pat Garret et Billy the Kid, Peckinpah offre sa version des choses...Dans My Darling Clementine, Ford...
Je ne prétend pas que l'un des films pré-cités serait le western ultime, ça ne voudrait probablement pas dire grand chose (quoique, poussé à bout, je serais bien capable de brailler Unforgiven! ...mais je ne l'ai pas dit...), simplement, la spécificité de Il était une fois dans l'Ouest, telle que mal rappelée plus haut, me parait gênante...non pas pour ré-affirmer son statut de monument du cinéma, mais pour justifier cette notion de "western ultime"...
Ca y est, j'ai fini...