Un grand film bien sûr. Les acteurs y sont très bons et techniquement la mise en scène (bien que le film ait été filmé en mode accéléré dans le sens où le tournage suivait de quelques minutes la définition des scènes qui elle même suivait de quelques minutes l'écriture du script...), la mise en scène disais-je est réussie bien qu'un peu accommodante.
Accommodante car elle présente à plusieurs reprises une multiplication de plans qui visent à trop embellir la situation qui nous est présentée.
Au premier rang il y a les personnages filmés en contre-plongées, et, plus encore, il y a l'utilisation des décors de cette architecture mexicaine dont Aldrich abuse me semble-t-il.
Abuse ou tout du moins use avec, à la longue, un peu trop de facilité à force de répétition.
Ici, l'entrée figurée dans le monde mexicain. Une arcade...

Là, l'introduction dans le Saint des Saints d'où l'empereur va apparaître. Apparition qui suit une séquence (et qui en précède une autre d'ailleurs) longue, longue et burlesque jusqu'au caricatural.
Une autre arcade.

- Avant, il y a la scène du face à face entre Joe Erin et le capitaine Danette. Sincèrement c'est le blond Personne (du spaghetti "Mon nom est Personne") qui distribue sa paire de gifles au type redoutable dont j'ai oublié le nom...La scène se passe dans un saloon si je me souviens bien.
- Après, il y a la séance complice entre Joe et Ben, qui, pour faire preuve de leur adresse devant l'empereur lui-même dézinguent les pointes de lances et les torches...
Personnellement, je trouve cette séquence purement caucasse.
La ville étape enfin, ils y entrent sous l'oeil de la caméra placée sous l'arcade (et ils en sortiront sous le même regard).

Finalement, car il y a d'autres exemples, cela tourne au procédé.
Ce qui n'est pas forcément étonnant dans le fond.
Ni étonnant, ni inesthétique. Le tout est de savoir ce que nos regardons en visionnant Vera Cruz.
Le choix de situer l'action sur un fond de vaste révolution ne peut pas se rallier à une mise en scène épurée et sans grandiloquence. Aldrich filme tout cela avec grand talent, mais je pense qu'il a procédé à un traitement qui dénature (volontairement de sa part et bien sûr de la part de Borden Chase - à qui l'on doit quand même le script de Red River) le western pour proposer une modernité, modernité qui préfigure le spaghetti tout en conservant un pied dans le genre plus authentique.
Pour cela, les deux acteurs principaux ont chacun leur rôle à jouer bien entendu.
A la sortie du film, Burt Lancaster avait 40 ans alors que Gary Cooper en avait 52... C'est bien entendu un choix de distribution tout à fait intentionnel.
Ils 'agissait donc de rédiger un mot un peu iconoclaste sur ce... grand film, mais modeste western (selon moi bien évidemment).
Yo.