Messagepar Yosemite » 18 mai 2012 15:02
Excellent western B découvert grâce à Sidonis et visionné hier soir et à nouveau ce matin.
Un très beau noir et blanc avec une composition de personnages et d'acteurs très soignée.
Comme dans tous les films à petit budget, il faut se hâter d'aller à l'essentiel, l'essentiel étant ce sur quoi le script a mis l'accent.
Car en effet, le titre de Fury at Furnace creek, s'il évoque bien un massacre auquel d'ailleurs nous assistons, est ici mis en scène de façon décalée.
Certes, nous assistons à ce fameux massacre, mais le thème du film porte bien entendu sur ses conséquences en opposant les accusés qui sont innocents aux coupables qui eux, profitent largement de leurs méfaits, et ce dans la plus parfaite impunité.
L'entrée en matière est donc la scène du tribunal militaire, magnifiquement jouée, notamment par Robert Warwick (Général Fletcher Blackwell) qu'on sent outré jusqu'à l'humiliation de se retrouver sur le banc des accusés. Aucune surprise avec un jeu pareil que nous apprenions sa mort (hors champ et très conforme à la volonté du réalisateur de nous montrer un homme sincère) par voie de presse... nous savons en direct (et toujours hors champ d'ailleurs) qu'il a eu une attaque mais sans pour autant que sa mort soit annoncée.
Procédé extrêmement simple et efficace, l'exemplaire du journal qu'il nous est donné de lire et attestant sa mort nous amène en un simple changement de plan dans la prison du "deuxième fils qu'il n'a pas vu depuis longtemps".
C'est au travers de transitions aussi efficaces je trouve, que se constituent les belles séries B. Les scènes explicites sont superbement soignées et approfondies et les transitions conjuguent déplacement temporel, géographique et donc scénique.
Et voici qu'en quelques scènes, nous sommes au courant que le général Fletcher Blackwell a deux fils, qu'il préfère l'un à l'autre, que ces deux fils (ou ces deux frères donc) ne s'entendent guère mais toutefois que les deux veulent laver la mémoire de leur père (c'est au moins ce qui les réunira dans le fond), que le capitaine Grover A. Walsh bien qu'un peu dépassé par les événements semble honnête mais bien parti pour faire figure de bouc émissaire...
Furnace creek mérite bien son nom. Ca promet de chauffer...
Nous entrons alors dans un film tout en recoins. l'essentiel se déroule dans le village, souvent en intérieur, les poursuites s'effectuent de ruelles en ruelle, une touche de charme et de tendresse avec Molly Baxtern son deuil et ses tourtes, une touche d'humour avec le fameux Peaceful Jones qui, en sus de véhiculer son tronc d'arbre, nous véhicule à l'intérieur du ventre de la baleine mais également en favorise la sortie pour les deux frères Blackwell (la baleine étant bien sûr l'antre du syndicat, que ce soit sous la forme du saloon de Leverett ou celle de "son" tribunal).
Passionnant personnage que ce Peaceful Jones, rire explosif, tape sur l'épaule comme en fait plus, mais finalement élément clé du dispositif de démontage de l'entreprise du Syndicat. On peut même se demander si sa bourde lorsqu'il en dit un peu trop au sujet du job de Tex Cameron dans le salon de Molly Baxter (vers la 40ième minute) n'est pas faite sciemment de sa part pour précipiter les événements en ouvrant les boîtes de Pandore qui murent ce village.
Un type enjoué et transgressif, dans le fond très honnête et qui attendait peut-être un bras armé pour régler tous les comptes en attente desquels d'ailleurs il n'est pas partie prenante...
C'est lui je crois qui choisit Tex Cameron et non l'inverse.
Une belle ellipse également à mentionner, celle de la scène finale.
Du fond de sa cellule, Tex Cameron ou plutôt Cash Blackwell (Victor Mature) nous apparaît la première fois dans le film en train de s'entraîner à lancer des cartes dans son chapeau posé au sol.
Lors du dénouement, ramené dans l'enceinte de Fort Furnace creek, c'est à nouveau ce chapeau qui amène la conclusion de l'affaire. Et c'est Géronimo qui met un terme définitif et, en quelque sorte, rend le dernier acte de justice.
Bien que peu crédible, cette fin a au moins le mérite de proposer une issue qui emballe bien le paquet "rancoeur-justice-réconciliation" et, quand même, en rendant le dernier geste meurtrier aux indiens elle s'affranchit d'une certaine moralité.
Yo.