Avis partagés sur le topic quant à ce western... Je ne l'avais pas revu depuis mon arrivée sur WM, c'est chose faite et, en deuxième "lecture", j'aime toujours autant.
Certes le format 1.66 (évoqué ci-avant par Personne) n'embellit pas l'ensemble, mais quand même, Ralph Nelson nous montre ici quelques plans qui sont particulièrement soignés.
L'introduction par exemple et pour ne pas aller chercher plus loin est somptueuse de clarté.
Une sorte de "verticale" (légèrement oblique d'ailleurs...) qui part des éléments naturels, naturels mais peu hospitaliers...

Qui tout en descendant intercepte un pied (d'où le choix d'un angle qui crée ce côté oblique je pense)...

Pour nous dévoiler l'horreur dès les premières secondes...

Et là, la direction "s'horizontalise" pour aller capter un observateur que nous n'avions pas distingué de prime abord, campé au milieu des rochers et puis nous revenons vers le point où nous étions restés via un plan en caméra subjective (au travers de jumelles) .

C'est du beau travail, et une entrée en matière pour le moins efficace.
Ici aussi, il s'agit de la séquence qui précède l'embuscade indienne. Certains guerriers apaches sont embusqués dans les rochers et donc en surplomb, d'autres au contraire sont terrés dans des caches souterraines.
Une phase d'approche de Toller (Sidney Poitier) qui est filmée magnifiquement, et qui annonce le danger...
Au travers de fleurs :

Ou de toiles d'araignées !

Et surtout, il s'agit d'une scène qui dure... le temps est pris pour nous faire entrer dans le scénario. Il est pris sur certains autres aspect narratifs telle que l'évasion des Apaches de la réserve de San Carlos. Cette évocation ne dure que quelques secondes, elle n'est pas filmée et se résume à une réplique dans le film, mais pourtant cela suffit à nous faire entrer dans le sujet et à nous convaincre de la fureur des Apaches.
J'utilise ces mots car ce film m'évoque forcément "Fureur Apache" (qui sortira six ans plus tard), mais ce dernier a complètement loupé toute cette intelligence de réalisation.
Duel at Diablo se situe à un autre niveau je pense.
Ah, une erreur dans le film...
Tout d'abord, alors qu'il s'agit d'une scène de nuit, cet éclairage soudain paraît plus qu'incongru !

Et il l'est ! Fatalement, on sent venir les difficultés à éclairer une telle paroi en maintenant un aspect naturel.
Et bien c'est loupé !

Et si vous n'avez pas bien distingué l'ombre doublée de la corde sur la capture précédente, voici celle (doublée aussi) de la... doublure de James Garner...

Du coup, ce n'est plus les personnages qu'on voit, mais les projecteurs qui les éclairent !
Une fausse note assez inattendue d'ailleurs, car dans l'ensemble, la photographie est réussie je trouve.
Ici aussi, le lieutenant (Scott McAllister, Bill Travers en vrai) fait des plans sur le sol pour expliquer comment il va piéger tous ces indiens... Il y a une scène très proche dans Ulzana’s Raid (Fureur Apache).

la musique de ce western est évoquée à plusieurs reprises dans les échanges précédents.
Pour ma part, je la qualifierai d'inégale, inégale non pas en termes de qualité mais d'opportunité. Il eut parfois été mieux de se cantonner au silence en fait...
Mais quand même, par certains aspects, elle concourt à la beauté de l'illustration : ici par exemple, après la scène d'introduction où les deux personnages Ellen Grange et Jess Remsberg quittent les lieux inhospitaliers où se déroulent leur rencontre initiale.
Un spectaculaire mouvement de grue et une travelling arrière nous dévoile l'ampleur des lieux...
A peu de choses près, là démarre le thème musical :

Et il se continue jusqu'à déroulement complet du générique au travers de plans tels que ceux-ci...
Un immense champ qui nous est dévoilé par une élévation de la caméra et par un travelling arrière vertigineux :

Un changement de direction, dont il sera d'autres fois fait usage et qui utilise le cadre avec une remarquable efficacité. Efficacité est d'ailleurs le mot qui me vient à l'esprit pour qualifier ce beau western.

Et pour la BO de Neal Hefti, elle est disponible ici :
http://www.youtube.com/watch?v=5oNDdyPC4AkCe thème sera repris, en fin de film, à l'accordéon. Un choix très judicieux dans la préfiguration du dénouement, l'instrument apportant un côté intemporel alors que justement, les derniers moments de nos personnages vont être... longs.
Même si cet ensemble (mouvements de caméra et musique) préfigurent une tendance du western (et autres) que je n'affectionne pas particulièrement on peut y puiser des éléments de la beauté de cette phase de modernisation du western.
Un autre mouvement que je trouve splendide (au son du clairon cette fois) :
Nous sommes à l'intérieur du fort... pour l'instant c'est le clairon qui donne la note. Nous partons de bien bas :

Mais la musique élevant les moeurs et les points vue... un envol se crée :

Qui nous fait passer par dessus les toitures


Pour découvrir un ordre nouveau dans ce fameux fort !

Il n'est pas de grande ampleur ce mouvement, mais il est bienvenu, peu spectaculaire et efficace.
Il me rappelle bien sûr celui de
C'era una volta il West (Il était une fois dans l'Ouest) transformant Jill McBain (Claudia Cardinale) de passagère débarquant du train en aventurière de l'Ouest, avec une grue qui élève la caméra par dessus la petite gare.
Mais déjà, dans "il était une fois dans l'Ouest", l'assemblage mouvement de caméra - musique, commence à donner dans le tapageur.
Ici, dans Duel at Diablo, nous sommes deux ans plus tôt environ, il y a un peu plus de retenue dans cet assemblage.
Personnellement, j'aime bien. Je veux dire, j'aime bien cette retenue.
Un autre beau mouvement, "mouvements" des personnages cette fois, puisque la caméra est quasiment fixe sur cette séquence.
Une manoeuvre qui consiste à tromper le chef apache Chata.

Une direction est prise...

Mais soudain, hop ! A bâbord toutes...

Et nous voila repartis dans une autre direction :

Ca n'a l'air de rien, mais un tel mouvement illustre toute une stratégie imaginaire et le fait qu'elle soit tournée de nuit lui donne un côté bien plus secrète que tous les propos imaginables.
C'est du cinéma quand même.
Yo.