Law and order / Les Mousquetaires de l'Ouest - Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
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Re: Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
Le titre "Guns A'Blazing" est lié à une reparution du film aux USA, mais je n'ai pas réussi à retrouver l'année de celle-ci.
C'est effectivement assez énorme de voir disparaitre totalement le nom d'Harry Carrey au profit de Walter Brennan qui n'était même pas crédité au générique du film. Je veux bien qu'il y ait une passation de pouvoir au niveau de la notoriété des acteurs et que l'on s'appuie sur un nom connu pour faire venir le public ou vendre un produit, mais à ce point là
Je pensais que Harry Carey avait plus de notoriété auprès du public US, où alors il y a une autre raison qui m'échappe.
Cela me rappelle le cas d'un dvd où l'on a mis Lee Van Cleef en vedette sur la jaquette alors qu'il n'avait qu'un second rôle minime.(Je ne me rappelle plus le nom du film, mais j'avais vu cela sur le forum).
C'est effectivement assez énorme de voir disparaitre totalement le nom d'Harry Carrey au profit de Walter Brennan qui n'était même pas crédité au générique du film. Je veux bien qu'il y ait une passation de pouvoir au niveau de la notoriété des acteurs et que l'on s'appuie sur un nom connu pour faire venir le public ou vendre un produit, mais à ce point là
Je pensais que Harry Carey avait plus de notoriété auprès du public US, où alors il y a une autre raison qui m'échappe.
Cela me rappelle le cas d'un dvd où l'on a mis Lee Van Cleef en vedette sur la jaquette alors qu'il n'avait qu'un second rôle minime.(Je ne me rappelle plus le nom du film, mais j'avais vu cela sur le forum).
Re: Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
Enfin visionné, merci Tecumseh, rien à ajouter à l'analyse de Hart, premier film du besogneux Edward L. Cahn , la suite de sa filmographie, bien qu' abondante , 9 films en 1960, 10 en 1961 fut étrangement plus terne. Il était sur la fin de sa carrière surnommé Edward L. Can' t ( trente ans de cinéma américain).
Re: Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
Une chouette photo posté par Jica dans un autre topic.
Le 1er HARRY WOODS le 2e RALPH INCE et le 3e RICHARD ALEXANDER pour faire face à WALTER HUSTON.
Le 1er HARRY WOODS le 2e RALPH INCE et le 3e RICHARD ALEXANDER pour faire face à WALTER HUSTON.
Re: Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
Ce western vient de sortir des oubliettes.
Il fera l'objet d'une projection ( une seule hélas ) le samedi 17 Octobre, 10h, à l'Institut Lumière de Lyon dans le cadre du festival du même nom.
Je ne vais bien sur pas manquer un tel rendez-vous !
Une copie sans doute restaurée et en vost. J'ajoute que ce western fait partie des oeuvres sélectionnées par Martin Scorsese. Une référence donc !
Après, une édition dvd française, cela relève de l'utopie. Quel éditeur oserait tenter le pari ?... Mais sait-on jamais !
Il fera l'objet d'une projection ( une seule hélas ) le samedi 17 Octobre, 10h, à l'Institut Lumière de Lyon dans le cadre du festival du même nom.
Je ne vais bien sur pas manquer un tel rendez-vous !
Une copie sans doute restaurée et en vost. J'ajoute que ce western fait partie des oeuvres sélectionnées par Martin Scorsese. Une référence donc !
Après, une édition dvd française, cela relève de l'utopie. Quel éditeur oserait tenter le pari ?... Mais sait-on jamais !
Re: Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
Je présume que Bertrand Tavernier, n'est pas étranger à cette projection, un des rares films de Edward L. Cahn qui est son aval.
- pak
- Harmonica
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Re: Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
Ah ?
Peut-être une piste pour un prochain Sidonis... ?
Oui bon, l'espoir fait vivre comme on dit...
Peut-être une piste pour un prochain Sidonis... ?
Oui bon, l'espoir fait vivre comme on dit...
Quand on joue dans un western, on peut embrasser le cheval mais pas l'actrice.
Gary Cooper
http://www.notrecinema.com/
Le quiz western 2014
Gary Cooper
http://www.notrecinema.com/
Le quiz western 2014
Re: Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
je semble être un des derniers avoir fait connaissance avec ce Western si confidentiel. La présentation du film par HART est excellente, il n'y
a guerre quelque chose à ajouter.
Le ton est très grave, même dans le Saloon des Golden Girls, on n'y plaisante pas, la ville de Tombstone est vraiment sans loi et ordre. L'ambiance
dans ce Saloon est très bien redonnée, de cette ville tumultueuse, les costumes des figurants sont ceux comme de l'époque.
Ce Western qui semble être le 1er sur Wyatt, est encore marqué par la période du muet, qui vient d'être abandonné. Le film raconte cette
histoire d'après la nouvelle de W.R. Burnett adapté par John Huston, et ne raconte pas la véritable histoire de ce Gunfight à Ok Corral,
mais d'après les différentes légendes que Wyatt avait raconté à l'écrivain, modifiés à ses goûts.
Très dynamique ce Western vient rapidement au Gunfight final au OK Corral, cette tuerie est plus loin du Gunfight réel....
Il n'y a pas de suite au film, mais il reste encore beaucoup de villes sans loi dans le Wild West où il faut faire règner Law and Order.
Le premier hors-la-loi à être pendu selon la loi à Tombstone, dont Andy Devine est très fier ( pas encore aussi gros qu'on le connaît bien,
mais on reconnaît bien sa voix hésitante et grinceuse.)
...
a guerre quelque chose à ajouter.
Le ton est très grave, même dans le Saloon des Golden Girls, on n'y plaisante pas, la ville de Tombstone est vraiment sans loi et ordre. L'ambiance
dans ce Saloon est très bien redonnée, de cette ville tumultueuse, les costumes des figurants sont ceux comme de l'époque.
Ce Western qui semble être le 1er sur Wyatt, est encore marqué par la période du muet, qui vient d'être abandonné. Le film raconte cette
histoire d'après la nouvelle de W.R. Burnett adapté par John Huston, et ne raconte pas la véritable histoire de ce Gunfight à Ok Corral,
mais d'après les différentes légendes que Wyatt avait raconté à l'écrivain, modifiés à ses goûts.
Très dynamique ce Western vient rapidement au Gunfight final au OK Corral, cette tuerie est plus loin du Gunfight réel....
Il n'y a pas de suite au film, mais il reste encore beaucoup de villes sans loi dans le Wild West où il faut faire règner Law and Order.
Le premier hors-la-loi à être pendu selon la loi à Tombstone, dont Andy Devine est très fier ( pas encore aussi gros qu'on le connaît bien,
mais on reconnaît bien sa voix hésitante et grinceuse.)
...
- pak
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Re: Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
Cela confirme que ce western tranche de la production habituelle du genre dans les années 1930, période que j'évite (à tort sûrement) pour ce type de films habituellement...
Quand on joue dans un western, on peut embrasser le cheval mais pas l'actrice.
Gary Cooper
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Re: Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
vu enfin hier soir et je confirme en gros les avis positifs postés jusque là. C'est l'un des meilleurs westerns des années 30 avec notamment un Walter Huston formidable -peut-être le meilleur Wyatt Earp de l'histoire (même s'il n'est pas nommé ainsi) - et un excellent final. L'humour qui revient par petites touches du début à la fin - sans doute du à Huston fils - est peut-être en trop dans ce western austère et violent aux antipodes du tout-venant des westerns de l'époque. Ma plus belle découverte western de l'année...
Accompagné de son frère Luther et de ses amis Brandt et Deadwood, Frame 'Saint' Johnson arrive à Tomstone dans l'espoir de trouver enfin une ville calme et tranquille où s'installer. Aussitôt arrivés, les 4 amis ne peuvent que constater le chaos qui règne dans une ville contrôlée par les frères Northrup avec l'appui du shérif local. N'en pouvant plus des meurtres commis impunément, un comité de citoyens dirigé par le juge Williams essaye d'embaucher Johnson afin qu'il nettoie la ville. Bien que réticent à reprendre l'étoile de Marshall, l'homme qui avait la réputation d'avoir pacifié plus d'une ville du Kansas, finit par accepter le poste…
Bien que les personnages du roman Saint Johnson de W.R. Burnett puis ceux de l'adaptation cinématographique ne portent pas les noms des personnages "historiques", c'est bien la première version parlante du fameux Règlement de comptes à OK Corral qui est racontée ici. Walter Huston interprète le Wyatt Earp qui n'en porte pas le nom : Frame 'Saint' Johnson, accompagné de son frère Luther (Russell Hopton), d'un acolyte nommé Deadwood (Raymond Hatton) et d'un personnage qui est inspiré par Doc Holliday appelé Ed Brandt (Harry Carey). Le conflit qui va les opposer aux frères Clanton, ici appelé Northrup et à leurs complices, notamment le shérif de Tombstone, trouvera son épilogue lors d'un règlement de comptes qui n'a peut-être jamais été aussi spectaculairement mis en scène. Au delà de ce final extraordinaire, je précise tout de suite que ce western est devenu l'un de mes préfèrés des années 30, sinon mon préféré…
Il serait absurde de déplorer : le Technicolor, les décors soignés, la psychologie complexe des personnages, les seconds rôles pittoresques, les romances obligées, les belles partitions, etc, etc…c'est à dire tout ce qui est "arrivé "au genre par la suite ; ou bien, en ce qui concerne les petits arrangements avec l'histoire, il serait tout aussi absurde de regretter les recréations fantaisistes qu'aura produit Hollywood pour tenter de rajouter du brillant à ce qui avaient été en réalité probablement moins glorieux dans la construction américaine, le plus souvent pour le bien de spectateurs satisfaits du spectacle proposé. Mais si j'admire encore davantage, par exemple, La poursuite infernale qui est censé raconter les mêmes évènements, je trouve regrettable que le western américain n'ai pas plus souvent tenté de décrire avec cette austérité là l'ouest des temps héroïques. Car même si aucun film ne peut prétendre recréer absolument fidèlement l'atmosphère du vieil ouest, on a l'impression de se retrouver ici face à une reconstitution crédible de ce à quoi cette époque a pu ressembler. Dans ce western, la seule concession au spectacle provient de l'humour qui a été injecté par le jeune John Huston mais pour le reste, ce western est d'une grande austérité et d'une grande pureté : les décors minimalistes, gris et tristes sinon crasseux ; le refus de l'héroïsme ; l'absence de femmes et donc de romances (mais il semble que ça n'était pas prévu puisque c'est en raison de modifications apportées au code de censure lors de la production du film que toutes les scènes impliquant l'actrice Lois Wilson ont été coupées avant la sortie), etc…
J'ai très vite été stupéfait de découvrir ce dont était capable au tout début de sa carrière Edward L. Cahn, le futur réalisateur d'innombrables nanards souvent épouvantablement bâclés (1). C'est après enquête que j'ai découvert que notre homme avait fait ses classes pendant plusieurs années auprès de cinéastes prestigieux, montant des films de Lewis Milestone, Paul Leni (L'homme qui rit) et 2 films de Paul Fejos. On peut sans douter déceler des traces de cet apprentissage dans les longues séquences peu découpées montrant les images du quotidien de l'ouest. Dans ces séquences "calmes", la caméra suit les personnages avec une certaine fluidité et beaucoup de douceur, par exemple dans les scènes filmées dans les chambres d'hôtel fréquentées par Frame Johnson et ses amis. Ce style contraste avec la dureté du milieu que nous montre le cinéaste car même si les scènes d'action sont rares, leur violence sèche et brutale s'apparente à celle que l'on pouvait voir dans les films de gangsters de la même époque (on pense aux "Robinson" ou aux "Cagney" des années 30). Les rares fusillades sont filmées extrêmement simplement mais avec beaucoup d'efficacité. Cahn décortique la mécanique du duel par ses montages secs et précis et en choisissant soigneusement ses angles en fonction des axes de tirs mais il filme simplement, sans fioritures et au plus près des personnages. Il les filme comme ils sont car dans cet ouest là, on ne tergiverse pas ; on ne s'intimide pas par la parole ou du regard. Les hommes font face à des situations qui mettent leur vie en danger et ils y font face froidement et avec efficacité.
Car on meurt de toutes les façons à Tombstone. Au bar, on peut être abattu dans le dos avec la bénédiction du shérif mais on peut aussi y mourir bêtement, tué accidentellement par l'assistant maladroit d'un shérif ou par un ami aviné. Les citadins ou ceux qui visitent la ville pour s'y amuser ne sont pas mieux servis car ils ne sont pas que les spectateurs impuissants de la violence des autres, tels ces citadins et ces cow-boys rigolards qui se rendent en ville pour assister narquois à la lutte entre les deux clans. Cela dit, la violence et notamment les duels sont rares dans ce film où l'on peut compter les scènes d'action car c'est plutôt une tension croissante que l'on ressent. Elle monte progressivement jusqu'à l'extraordinaire point culminant du célèbre règlement de comptes qui se termine dans les écuries de la ville. Dans cette longue séquence, la violence explose littéralement dans ce qui est peut-être la plus spectaculaire restitution de l'affrontement entre les deux clans. Cahn filme au coeur de la mêlée et cassant le rythme d'un film d'une grande fluidité jusque là en dehors des rares séquences violentes, l'ancien monteur se met à découper énormément ses plans, insérant entre les plans courts focalisés sur l'affrontement entre les adversaires, des points de vue subjectifs ou des plans très courts saisissants la terreur des chevaux parqués dans la grange ; tout ceci filmé dans une sorte de brouillard provoqué par les coups de feu. Du grand art !
Dans ce film dur et âpre, les seuls moments de respiration proviennent de l'humour, souvent pince sans rire, surement amené par le jeune John Huston (25 ans), co-scénariste et auteur de l'adaptation et des dialogues. Bertrand Tavernier le regrettait (et d'autres semble t'il avec lui). On croit percevoir d'emblée une volonté sarcastique à travers certains dialogues aux doubles sens possibles ou en raison de quelques personnages grotesques (parmi les notables et membres du conseil de la ville de Tombstone, dans une séquence on voit deux jumeaux ridicules, sorte de Dupont et Dupond du far-ouest). Mais cette impression est surtout confirmée par deux séquences bien distinctes dans lesquelles l'humour perce encore davantage. Un cow-boy simplet (interprété par un tout jeune Andy Devine) qui avait tué accidentellement un de ses amis vient d'être condamné à mort. L'homme est tellement désespéré que pour accélérer les évènements, on sollicite Frame Johnson et celui ci avec le plus grand sérieux demande au jeune homme de se reprendre, de se comporter en homme, avant de tenter de le réconforter en lui disant qu'il sera le tout premier homme à être pendu légalement à Tombstone, à l'issu d'un vrai jugement, ce dont il devrait être fier. Le simplet finit par être convaincu et c'est fièrement qu'il monte sur la plate-forme où il est pendu ! L'autre personnage un peu maltraité est celui interprété par Harry Carey. On peut surement le prendre au sérieux mais ce personnage bas-du-front, toujours prêt à défourailler (même si son arme à lui, c'est le fusil) est au moins d'une scène amusante. Alors que notre homme est toujours prêt à en découdre (mais il est en permanence arrêté par Johnson), la seule fois où il a l'occasion de passer à l'action, il se déballonne. Alors qu'un édit interdisant le port d'armes à Tombstone est placardé en ville, Harry Carey et son acolyte vont faire leur première inspection en ville pour vérifier si la consigne est respectée et pour saisir les armes des récalcitrants. On voit alors Carey stopper son ami qui s'apprêtait à fouiller quelques membres du clan des Northrup (alors que juste avant, on les avait vu en train de dissimuler des armes) et il laisse donc passer ses pires ennemis sans les fouiller…pour aussitôt après aller jusqu'à fouiller le sac à main d'une "lady" et lui prendre son petit pistolet.
Un mot (obligatoire) sur l'interprétation de Walter Huston. On perçoit qu'on en était qu'au début du parlant à quelques mimiques ou rictus mais mis à part cette minuscule réserve, il est fantastique et "compose" peut-être le meilleur Wyatt Earp de l'histoire, surtout si on attend d'un acteur qu'on ne le voit pas jouer. Cette interprétation sobre (qui n'eut pas l'air de plaire suffisamment à Oscar) est "contredite" dans un final post règlement de comptes dans lequel Huston est spectaculairement prodigieux (2). Mais le reste du temps, le rôle n'est jamais caractérisé pour donner de bonnes scènes à la star. Son Marshall n'est pas un sur-homme, même pas un héros. Cet homme au regard d'acier, rude et froid est même encore beaucoup plus rustique que le type ordinaire -mais soigné - qu'interprétera pourtant sobrement Fonda dans le film de John Ford. Et la différence n'est pas seulement du au sentimentalisme du metteur en scène. Son Wyatt Earp était un homme auquel on pourrait encore s'identifier alors que je ne crois pas qu'on puisse s'identifier à Huston mais on est en droit ou en devoir de l'admirer. Je ne vois qu'un autre acteur qui aurait pu jouer ce Marshall et rivaliser dans ce registre là, c'est Gary Cooper. En 1 mot comme en 100 : indispensable…
Produit par Carl Laemmle Jr. (Universal) / Scénario : Tom Reed et Richard Schayer - Adaptation et dialogue : John Huston d'après un roman de W.R. Burnett / Photographie : Jackson Rose / Montage : Philip Cahn
Avec Walter Huston (Frame 'Saint' Johnson), Harry Carey (Ed Brandt), Russell Hopton (Luther Johnson), Raymond Hatton (Deadwood), Ralph Ince (Poe Northrup), Russell Simpson (le juge Williams), Andy Devine (Johnny Kinsman)
(1) Je connais surtout ses films noirs et apparentés mais j'ai beau pourtant beaucoup aimer le genre, même les plus réputés sont bâclés.
(2) Quelques précisions, mais en spoiler
Accompagné de son frère Luther et de ses amis Brandt et Deadwood, Frame 'Saint' Johnson arrive à Tomstone dans l'espoir de trouver enfin une ville calme et tranquille où s'installer. Aussitôt arrivés, les 4 amis ne peuvent que constater le chaos qui règne dans une ville contrôlée par les frères Northrup avec l'appui du shérif local. N'en pouvant plus des meurtres commis impunément, un comité de citoyens dirigé par le juge Williams essaye d'embaucher Johnson afin qu'il nettoie la ville. Bien que réticent à reprendre l'étoile de Marshall, l'homme qui avait la réputation d'avoir pacifié plus d'une ville du Kansas, finit par accepter le poste…
Bien que les personnages du roman Saint Johnson de W.R. Burnett puis ceux de l'adaptation cinématographique ne portent pas les noms des personnages "historiques", c'est bien la première version parlante du fameux Règlement de comptes à OK Corral qui est racontée ici. Walter Huston interprète le Wyatt Earp qui n'en porte pas le nom : Frame 'Saint' Johnson, accompagné de son frère Luther (Russell Hopton), d'un acolyte nommé Deadwood (Raymond Hatton) et d'un personnage qui est inspiré par Doc Holliday appelé Ed Brandt (Harry Carey). Le conflit qui va les opposer aux frères Clanton, ici appelé Northrup et à leurs complices, notamment le shérif de Tombstone, trouvera son épilogue lors d'un règlement de comptes qui n'a peut-être jamais été aussi spectaculairement mis en scène. Au delà de ce final extraordinaire, je précise tout de suite que ce western est devenu l'un de mes préfèrés des années 30, sinon mon préféré…
Il serait absurde de déplorer : le Technicolor, les décors soignés, la psychologie complexe des personnages, les seconds rôles pittoresques, les romances obligées, les belles partitions, etc, etc…c'est à dire tout ce qui est "arrivé "au genre par la suite ; ou bien, en ce qui concerne les petits arrangements avec l'histoire, il serait tout aussi absurde de regretter les recréations fantaisistes qu'aura produit Hollywood pour tenter de rajouter du brillant à ce qui avaient été en réalité probablement moins glorieux dans la construction américaine, le plus souvent pour le bien de spectateurs satisfaits du spectacle proposé. Mais si j'admire encore davantage, par exemple, La poursuite infernale qui est censé raconter les mêmes évènements, je trouve regrettable que le western américain n'ai pas plus souvent tenté de décrire avec cette austérité là l'ouest des temps héroïques. Car même si aucun film ne peut prétendre recréer absolument fidèlement l'atmosphère du vieil ouest, on a l'impression de se retrouver ici face à une reconstitution crédible de ce à quoi cette époque a pu ressembler. Dans ce western, la seule concession au spectacle provient de l'humour qui a été injecté par le jeune John Huston mais pour le reste, ce western est d'une grande austérité et d'une grande pureté : les décors minimalistes, gris et tristes sinon crasseux ; le refus de l'héroïsme ; l'absence de femmes et donc de romances (mais il semble que ça n'était pas prévu puisque c'est en raison de modifications apportées au code de censure lors de la production du film que toutes les scènes impliquant l'actrice Lois Wilson ont été coupées avant la sortie), etc…
J'ai très vite été stupéfait de découvrir ce dont était capable au tout début de sa carrière Edward L. Cahn, le futur réalisateur d'innombrables nanards souvent épouvantablement bâclés (1). C'est après enquête que j'ai découvert que notre homme avait fait ses classes pendant plusieurs années auprès de cinéastes prestigieux, montant des films de Lewis Milestone, Paul Leni (L'homme qui rit) et 2 films de Paul Fejos. On peut sans douter déceler des traces de cet apprentissage dans les longues séquences peu découpées montrant les images du quotidien de l'ouest. Dans ces séquences "calmes", la caméra suit les personnages avec une certaine fluidité et beaucoup de douceur, par exemple dans les scènes filmées dans les chambres d'hôtel fréquentées par Frame Johnson et ses amis. Ce style contraste avec la dureté du milieu que nous montre le cinéaste car même si les scènes d'action sont rares, leur violence sèche et brutale s'apparente à celle que l'on pouvait voir dans les films de gangsters de la même époque (on pense aux "Robinson" ou aux "Cagney" des années 30). Les rares fusillades sont filmées extrêmement simplement mais avec beaucoup d'efficacité. Cahn décortique la mécanique du duel par ses montages secs et précis et en choisissant soigneusement ses angles en fonction des axes de tirs mais il filme simplement, sans fioritures et au plus près des personnages. Il les filme comme ils sont car dans cet ouest là, on ne tergiverse pas ; on ne s'intimide pas par la parole ou du regard. Les hommes font face à des situations qui mettent leur vie en danger et ils y font face froidement et avec efficacité.
Car on meurt de toutes les façons à Tombstone. Au bar, on peut être abattu dans le dos avec la bénédiction du shérif mais on peut aussi y mourir bêtement, tué accidentellement par l'assistant maladroit d'un shérif ou par un ami aviné. Les citadins ou ceux qui visitent la ville pour s'y amuser ne sont pas mieux servis car ils ne sont pas que les spectateurs impuissants de la violence des autres, tels ces citadins et ces cow-boys rigolards qui se rendent en ville pour assister narquois à la lutte entre les deux clans. Cela dit, la violence et notamment les duels sont rares dans ce film où l'on peut compter les scènes d'action car c'est plutôt une tension croissante que l'on ressent. Elle monte progressivement jusqu'à l'extraordinaire point culminant du célèbre règlement de comptes qui se termine dans les écuries de la ville. Dans cette longue séquence, la violence explose littéralement dans ce qui est peut-être la plus spectaculaire restitution de l'affrontement entre les deux clans. Cahn filme au coeur de la mêlée et cassant le rythme d'un film d'une grande fluidité jusque là en dehors des rares séquences violentes, l'ancien monteur se met à découper énormément ses plans, insérant entre les plans courts focalisés sur l'affrontement entre les adversaires, des points de vue subjectifs ou des plans très courts saisissants la terreur des chevaux parqués dans la grange ; tout ceci filmé dans une sorte de brouillard provoqué par les coups de feu. Du grand art !
Dans ce film dur et âpre, les seuls moments de respiration proviennent de l'humour, souvent pince sans rire, surement amené par le jeune John Huston (25 ans), co-scénariste et auteur de l'adaptation et des dialogues. Bertrand Tavernier le regrettait (et d'autres semble t'il avec lui). On croit percevoir d'emblée une volonté sarcastique à travers certains dialogues aux doubles sens possibles ou en raison de quelques personnages grotesques (parmi les notables et membres du conseil de la ville de Tombstone, dans une séquence on voit deux jumeaux ridicules, sorte de Dupont et Dupond du far-ouest). Mais cette impression est surtout confirmée par deux séquences bien distinctes dans lesquelles l'humour perce encore davantage. Un cow-boy simplet (interprété par un tout jeune Andy Devine) qui avait tué accidentellement un de ses amis vient d'être condamné à mort. L'homme est tellement désespéré que pour accélérer les évènements, on sollicite Frame Johnson et celui ci avec le plus grand sérieux demande au jeune homme de se reprendre, de se comporter en homme, avant de tenter de le réconforter en lui disant qu'il sera le tout premier homme à être pendu légalement à Tombstone, à l'issu d'un vrai jugement, ce dont il devrait être fier. Le simplet finit par être convaincu et c'est fièrement qu'il monte sur la plate-forme où il est pendu ! L'autre personnage un peu maltraité est celui interprété par Harry Carey. On peut surement le prendre au sérieux mais ce personnage bas-du-front, toujours prêt à défourailler (même si son arme à lui, c'est le fusil) est au moins d'une scène amusante. Alors que notre homme est toujours prêt à en découdre (mais il est en permanence arrêté par Johnson), la seule fois où il a l'occasion de passer à l'action, il se déballonne. Alors qu'un édit interdisant le port d'armes à Tombstone est placardé en ville, Harry Carey et son acolyte vont faire leur première inspection en ville pour vérifier si la consigne est respectée et pour saisir les armes des récalcitrants. On voit alors Carey stopper son ami qui s'apprêtait à fouiller quelques membres du clan des Northrup (alors que juste avant, on les avait vu en train de dissimuler des armes) et il laisse donc passer ses pires ennemis sans les fouiller…pour aussitôt après aller jusqu'à fouiller le sac à main d'une "lady" et lui prendre son petit pistolet.
Un mot (obligatoire) sur l'interprétation de Walter Huston. On perçoit qu'on en était qu'au début du parlant à quelques mimiques ou rictus mais mis à part cette minuscule réserve, il est fantastique et "compose" peut-être le meilleur Wyatt Earp de l'histoire, surtout si on attend d'un acteur qu'on ne le voit pas jouer. Cette interprétation sobre (qui n'eut pas l'air de plaire suffisamment à Oscar) est "contredite" dans un final post règlement de comptes dans lequel Huston est spectaculairement prodigieux (2). Mais le reste du temps, le rôle n'est jamais caractérisé pour donner de bonnes scènes à la star. Son Marshall n'est pas un sur-homme, même pas un héros. Cet homme au regard d'acier, rude et froid est même encore beaucoup plus rustique que le type ordinaire -mais soigné - qu'interprétera pourtant sobrement Fonda dans le film de John Ford. Et la différence n'est pas seulement du au sentimentalisme du metteur en scène. Son Wyatt Earp était un homme auquel on pourrait encore s'identifier alors que je ne crois pas qu'on puisse s'identifier à Huston mais on est en droit ou en devoir de l'admirer. Je ne vois qu'un autre acteur qui aurait pu jouer ce Marshall et rivaliser dans ce registre là, c'est Gary Cooper. En 1 mot comme en 100 : indispensable…
Produit par Carl Laemmle Jr. (Universal) / Scénario : Tom Reed et Richard Schayer - Adaptation et dialogue : John Huston d'après un roman de W.R. Burnett / Photographie : Jackson Rose / Montage : Philip Cahn
Avec Walter Huston (Frame 'Saint' Johnson), Harry Carey (Ed Brandt), Russell Hopton (Luther Johnson), Raymond Hatton (Deadwood), Ralph Ince (Poe Northrup), Russell Simpson (le juge Williams), Andy Devine (Johnny Kinsman)
(1) Je connais surtout ses films noirs et apparentés mais j'ai beau pourtant beaucoup aimer le genre, même les plus réputés sont bâclés.
(2) Quelques précisions, mais en spoiler
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Re: Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
Je me souviens avoir lu, je ne sais plus où, que le fameux règlement de comptes à OK corral avait dû être très court, le contraire donc, que cette brillante et détaillée analyse
Re: Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
que pensez-vous de Barry Sullivan comme interprête de Wyatt Earp ? voir FORTY GUNS : http://forum.westernmovies.fr/viewtopic ... ns#p242130
En revoyant cet excellent Réglement de compte à OK Corral, de E.L. Cahn
qui donne ici une version longue de cet échange de tir; le clan de Sheriffs décident d'aller
au BARN OK, (GRANGE OK) pour régler le compte à leurs adversaires.
C'est un combat qui commence dans la rue devant la grange, puis elle continue à l'intérieur,
de celle-ci, même sur le grenier... sacrée fantaisie ...50 ans après l'événement.
image : imdb
En revoyant cet excellent Réglement de compte à OK Corral, de E.L. Cahn
qui donne ici une version longue de cet échange de tir; le clan de Sheriffs décident d'aller
au BARN OK, (GRANGE OK) pour régler le compte à leurs adversaires.
C'est un combat qui commence dans la rue devant la grange, puis elle continue à l'intérieur,
de celle-ci, même sur le grenier... sacrée fantaisie ...50 ans après l'événement.
image : imdb
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- Guerrier indien
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Re: Law and order - 1932 - Edward L. Cahn
Du 23 novembre 2005 au 6 mars 2006, il y a eu cette Carte Blanche de Martin Scorsese au Centre Pompidou. Que des chefs d'oeuvres dont des perles parfois inconnues ("La Reine Des Cartes", "La Boîte Magique" en cinéma anglais) en copies absolument nickel. Pompidou s'était transformé en Cathédrale de Pur Cinéma.
Beaucoup de polars ("Le Grand Chantage", "The Phenix City Story", "l'Homme Aux Abois", "l'Enfer De La Corruption", "Caught", "Meurtre Sous Contrat", "Huit Heures De Sursis", "Et Tournent Les Chevaux De Bois", "Les Forbans De La Nuit").
Et finalement peu de westerns dont deux titres majeurs ("La Prisonnière Du Désert", "Le Passage Du Canyon", "Duel Au Soleil").
Scorsese dépoussière ce western oublié qu'est "Law And Order" de 1932, en copie magnifique. Les auteurs, Burnett et Huston, ont décidé de frapper très très fort en s'attaquant à une légende du western avec une noirceur et une cinématographie très poussée. Jusqu'au gunfight fatal (il serait intéressant de trouver des critiques de presse de l'époque). Inutile de préciser que j'étais aux deux séances, Bertrand Tavernier aussi.
La même année, Burnett récidive dans "Beast Of The City" avec un gunfight violent (merci à l'insatiable Philippe G.).
Scorsese n'a toujours pas réalisé de western, peut-être se risquera-t-il juste une fois pour nous livrer une tuerie.
Espérons que le prochain polar urbain de Scorsese sera à la hauteur du casting.
Beaucoup de polars ("Le Grand Chantage", "The Phenix City Story", "l'Homme Aux Abois", "l'Enfer De La Corruption", "Caught", "Meurtre Sous Contrat", "Huit Heures De Sursis", "Et Tournent Les Chevaux De Bois", "Les Forbans De La Nuit").
Et finalement peu de westerns dont deux titres majeurs ("La Prisonnière Du Désert", "Le Passage Du Canyon", "Duel Au Soleil").
Scorsese dépoussière ce western oublié qu'est "Law And Order" de 1932, en copie magnifique. Les auteurs, Burnett et Huston, ont décidé de frapper très très fort en s'attaquant à une légende du western avec une noirceur et une cinématographie très poussée. Jusqu'au gunfight fatal (il serait intéressant de trouver des critiques de presse de l'époque). Inutile de préciser que j'étais aux deux séances, Bertrand Tavernier aussi.
La même année, Burnett récidive dans "Beast Of The City" avec un gunfight violent (merci à l'insatiable Philippe G.).
Scorsese n'a toujours pas réalisé de western, peut-être se risquera-t-il juste une fois pour nous livrer une tuerie.
Espérons que le prochain polar urbain de Scorsese sera à la hauteur du casting.