Avant de tirer le rideau et le retour dans les coulisses, je voudrais juste insister sur cette petite apréciation d'Inisfree.
L'eau tient une place très importante. Indissociable du reste du décor c'est elle qui prédomine sur les autres éléments naturels. Que sa présence soit liquide ou solide ( neige ) elle accompagne en permanence les deux périples parallèles que sont Zachary Bass et le convoi.l'eau est filmée comme rarement
Indispensable pour tout être vivant, elle va se montrer clémente et salvatrice pour Zachary bass, qui grâce à elle trouvera l'étincelle lui donnant la force primaire pour sa survie ( voir la scène où Bass se retrouve le nez dans le ruisseau après sa frayeur engendrée par le loup )
Cette eau, symbole de vie, va désormais le suivre et sera sa partenaire tout au long du parcours. Elle lui apporte sa première nourriture, des écrevisses happés avec la bouche dans le léger courant, alors que ses forces ne lui permettent encore aucun geste de ses mains. Puis viendront plus tard les truites pêchées dans la rivière après avoir retrouvé l'essentiel de ses possibilités physiques.
Et ce merveilleux passage de la naissance de l'enfant au beau milieu de la nature, l'eau est là, toujours très proche. Une source de toute brillance, empreinte des reflets du soleil, elle prend le pas sur le visage gros plan de la squaw en train d'accoucher. Bass revoit son passé, lui se trouve près de la tombe de sa femme alors que son fils fait quelques pas sur la plage, l'eau est sous ses pieds à marée basse, et annonce le prochain départ par la mer de Bass et du capitaine Henry... Puis le plan revient sur l'indienne, avec cette fois son enfant dans les bras, lui aussi est né de ce précieux liquide, celui même qui l'a protégé pendant neuf mois.
Mais que dire de l'eau qui accompagne le capitaine Henry ?...Elle n'est plus bienveillante ! Elle se transforme en écueils pour briser l'avancée du convoi. Sous forme de neige elle ralentit l'allure et épuise chaque jour un peu plus les hommes et les mules trainant le bateau.
Enfin pour bien prouver qu'elle est libre de choisir la destinée des hommes ( ou de tout être vivant ) elle sera absente au rendez vous tant attendu entre le bateau et la rivière. Réduite à un maigre filet non naviguable, elle ne fera que refermer en elle même le dernier espoir du convoi. Ce qui devait être la rivière du salut pour retrouver la civilisation, se transformera en un gigantesque bourbier emprisonnant le capitaine Henry et ses hommes.
Tout un symbole, le capitaine Henry patauge dans les flaques d'une eau glauque, croupissante ( la caméra s'y attarde ) sans aucune solution pour s'en libérer sinon d'abandonner l'embarcation. Lui pour qui cet élément liquide avait toujours été en son allié, devient subitement sur terre son ennemi, comme si l'eau avait décidé de venger l'abandon de Bass, ne pardonnant pas l'ultime décision tragique prise par le capitaine Henry.