Bon, vu que j'ai le temps et que la fatigue ne me torture pas encore, j'apporte ma touche à un autre sujet de la dissection, la place de la femme chez Peckinpah, j'ai lu dans les précédents messages (je ne sais plus de qui), que la vision de Peckinpah se divisait en 3 catégories : la jeune fille, la mère militante et presque "grenouille de bénitier" comme on dit dans le nord
et enfin la pute. J'adhère totalement à cette division dans le film, partagée aussi par les personnages, sauf à un moment et si on me rétorque que mon analyse est tirée par les cheveux je serai tout à fait d'accord
J'ai donc vu une exception dans le film, une exception où la femme n'est pas traitée comme objet sexuel, rabaissée ... C'est au tout début du film, Pike et ses hommes entrent dans San Rafael avec l'uniforme de l'armée, ils attachent les chevaux laissant Ben Johnson seul derrière, Pike prend la tête de ses hommes se dirigeant vers la banque et là il "tamponne" une dame involontairement tout de suite fait le geste de s'excuser, charge Dutch de ses emplettes et lui tend le bras faisant un bout de marche jusqu'à la banque, le sourire aux lèvres avant de la laisser poursuivre seule son chemin lorsque la horde entre dans la banque. C'est la seule femme du film que l'on ne peut pas vraiment classer, elle n'est ni pute, pas forcément mère, a passé les 30 ans à coup sûret ne participe pas à la manifesation. C'est le seul type femme pour laquelle Peckinpah semble s'intéresser, alors ironie de la situation ou réel attrait pour ce type de femme ? Rare ayant gardé un semblant de vertu et quelques bonnes manières inspirant le respect, même celui de Pike et de ses hommes, d'ailleurs Peckinpah marque le moment avec un petit "changement musical" ...
Comme pour la place de l'enfant en société, Peckinpah a une vision très noire de la femme, l'image de la femme c'est traditionnellement celle de la pacification, "un peu de tendresse dans un monde de brutes". Or Peckinpah semble passer son temps à tenter de prouver le contraire, on voit dans un nombre incalculable de fois la présence de fille de joie, de bordels et dedans, surtout des jeunes femmes ! Là encore, quelle vision noire de l'avenir, Peckinpah semble faire un schéma du parcours de la vie d'une femme bien qu'exagéré et beaucoup trop conventionnel du machisme : 1) jeunes filles, presque des enfants ; 2) entre 16-30 ans : femmes de joies, toutes les prostituées du film ou presque paraissent avoir cet âge; 3) "L'assagissement", un genre de rédemption autour de la religion avec pour exemple le plus parlant la scène d'entrée avec les ligues contre l'alcool. Ainsi serait le lot des femmes, le statut évoluant avec parfois une passerelle entre catégorie, par exemple la dernière femme de Pike est jeune maman, son bébé est à quelques mètres du lit où Bishop lui-même s'est exécuté dans la maison de passe.
Dans une autre séquence, lors de la scène de fin, alors que la fusillade fait rage et que Lyle est à la mitrailleuse on voit Pike pénétrer dans une pièce où il n'y a apparemment qu'une femme, Pike la met en joue puis on dirait qu'il y a un instant de réflexion, il lui laisse la vie sauve comme pour la pardonner de sa nature féminine dans l'étape 2, finalement il l'épargne et tue un soldat caché derrière un miroir dérobé mais la remet en joue sans tirer ! Il se retourne finalement vers la mitrailleuse où Lyle est touché alors il reçoit une bale dans le dos par la fille, il se retourne et tire dessus en criant : "sale putin", regrettant de lui avoir tourner le dos il aurait dû la liquider avec le soldat, lui laisser la vie sauve ne lui aura servit qu'à se prendre une balle dans la peau ... comme un symbole du message de Peckinpah : ne jamais tourner le dos à une femme toujours la garder sous tutelle comme pour la protéger d'elle-même et de soi-même. Vision là aussi très noire et très réductrice. De la même manière lorsque Angel tue sa fiancée, on a pas l'impression que Pike condamne l'acte du jeune Mexicain lors de sa réaction mais plutôt qu'il cherche déjà à comment le sortir du guêpier dans lequel il vient de fourrer toute la horde en tirant sur la maîtresse de Mapache qui était sur les propres genoux du général !
Une démarche du même genre avait déjà été entreprise par Peckinpah dans
Major Dundee mais comparée à la manière dont elle est développé dans
La Horde sauvage, elle n'en était en 1964 qu'au stade embryonnaire.
Voilà pour ce qui en est de mon interprétation sur les femmes dans le film, j'espère là encore que vous n'êtes pas tombé de la chaise.
Je ne sais pas si ce que je dis a une valeur quelconque mais à en parler ici et à revoir le film sous de nouveaux angles, je trouve l'oeuvre de Peckinpah de plus en plus intéressante quoiqu'à consommer au second degré
Je repasserai demain car j’ai déjà en tête quelques sujets non abordés …
" Leboeuf j'te conseille de pas te trouver sur ma route ou tu t'rendras compte que j'suis pas encore fini et que j'ai encore une bonne dose de dynamite dans les poings !"