La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Voir tous les films critiqués
Règles du forum
Avant d'ouvrir un nouveau sujet de discussion, pensez à consulter la liste de tous les westerns critiqués sur ce forum

SVP : Pour les images larges et lourdes, utilisez IMG2 et non IMG pour faire une miniature. Pensez aux connexions lentes!
Avatar du membre
pass
Desperado
Messages : 3153
Enregistré le : 11 janv. 2009 15:25

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par pass »

lasso a écrit : Peut être qu'il y a quelques inexactitudes sur l'Histoire, mais la question et le destin des indiens est bien traité, plus réaliste que chez
Delmer Daves.

De là à dire que c'est plus réaliste que Delmer Daves , c'est un peu exagéré . Il suffit de regarder les Chiricahuas transformés en indiens des plaines , transposition de Geronimo en Aigle de guerre :mrgreen: !! . Les seuls films ou que Walsh à donner une image positive sur les natives ce n'est que Distant Drums et Saskatchewan .

Pour son chant du cygne , Walsh aurait pu tout de même mettre la barre un peu plus haute point de vue historique . Ce western pour moi n'est pas du tout une réussite , a proportion Daves n'aurait jamais réalisé un tel film .
Avatar du membre
major dundee
Marshall
Marshall
Messages : 2490
Enregistré le : 10 juin 2008 23:13
Localisation : depts 13 et 05

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par major dundee »

Vrai, question fidélité historique, c'est un peu n'importe quoi ce film...cependant, je le trouve divertissant , je l'ai regardé plusieurs fois, il est vrai que T.D manque de charisme, le meme film avec un Widmark ou un Lancaster (bien que déjà un peu vieux pour personnifier un jeune officier à peine sortit de West Point...) et il ferait sans doute partie des favoris pour beaucoup d'entre nous, dans le genre western de cavalerie on a vu pire je pense, et puis Raoul Walsh reste un des réalisateurs majeurs du genre...

Image
Avatar du membre
pak
Harmonica
Messages : 5132
Enregistré le : 10 nov. 2012 16:30
Localisation : Massy town
Contact :

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par pak »

C'est marrant qu'on s'étonne encore du manque de sérieux historique des westerns... :mrgreen: La recherche de l’authenticité date bien plus des productions tardives, disons à partir des années 1970 que des westerns des années 1950-60.

C'est d'ailleurs assez américain et hollywoodien de réécrire l'Histoire ou de simplifier les choses dans leurs films...

Ceci dit j'aime bien ce dernier film de Walsh, dans lequel je ressens encore l'envie intact d'un jeune homme dans le travail d'un vieux de le vieille qui n'a plus rien à prouver pourtant. Certes le film n'est pas toujours inspiré, mais le rythme démontre un certain enthousiasme encore sensible.
Quand on joue dans un western, on peut embrasser le cheval mais pas l'actrice.

Gary Cooper


http://www.notrecinema.com/

Le quiz western 2014
Avatar du membre
pass
Desperado
Messages : 3153
Enregistré le : 11 janv. 2009 15:25

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par pass »

pak a écrit :C'est marrant qu'on s'étonne encore du manque de sérieux historique des westerns... :mrgreen:

Les propos de Lasso envers Delmer Daves m'ont interpellés !! .

pak a écrit : La recherche de l’authenticité date bien plus des productions tardives, disons à partir des années 1970 que des westerns des années 1950-60.

Ah bon c'est vrai :P ! , tu m'en diras tant !! .
Avatar du membre
pass
Desperado
Messages : 3153
Enregistré le : 11 janv. 2009 15:25

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par pass »

major dundee a écrit : il est vrai que T.D manque de charisme, le meme film avec un Widmark ou un Lancaster (bien que déjà un peu vieux pour personnifier un jeune officier à peine sortit de West Point...) et il ferait sans doute partie des favoris pour beaucoup d'entre nous, dans le genre western de cavalerie on a vu pire
Pas faux , avec un autre acteur que Troy Donahue cela aurait changé sûrement la donne ! .
Avatar du membre
lasso
Capitaine
Capitaine
Messages : 9411
Enregistré le : 10 mai 2009 16:32
Localisation : oregon

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par lasso »

pass a écrit :
major dundee a écrit : il est vrai que T.D manque de charisme, le meme film avec un Widmark ou un Lancaster (bien que déjà un peu vieux pour personnifier un jeune officier à peine sortit de West Point...) et il ferait sans doute partie des favoris pour beaucoup d'entre nous, dans le genre western de cavalerie on a vu pire
Pas faux , avec un autre acteur que Troy Donahue cela aurait changé sûrement la donne ! .
Revu, je trouve par contre que R.W. a bien fait de choisir un nouveau visage, celui de Troy Donahue, pour le rôle du
jeune Lieutenant, tout frais de West Point, pour affronter les Apaches dans un Fort de la Frontier.
Musique Fanfarante de Max Steiner :applaudis_6: :applaudis_6: :applaudis_6:
Avatar du membre
U.S. Marshal Cahill
Lawman
Messages : 23791
Enregistré le : 12 nov. 2008 18:48
Localisation : au dessus de Strasbourg

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par U.S. Marshal Cahill »

le dvd italien

Image
Image
CAHILL, UNITED STATES MARSHAL
ImageImageImage
Avatar du membre
lasso
Capitaine
Capitaine
Messages : 9411
Enregistré le : 10 mai 2009 16:32
Localisation : oregon

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par lasso »

ImageImageImage
persepolis
Eclaireur 
Eclaireur 
Messages : 1426
Enregistré le : 01 nov. 2008 22:26
Contact :

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par persepolis »

Ce que je n'ai pas aimé : la musique trop présente et répétitive , les amours trop longs du lieutenant
ce que j'ai aimé : les couleurs , la poussière qui déplace, les décors naturels , la fin du film
Donc un bon western qui aurait été meilleur s'il avait été plus resserré.
Marcopolo
Etranger
Messages : 5
Enregistré le : 11 mars 2019 13:43

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par Marcopolo »

Techniquement, le film est impressionnant, mais le héros manque de charisme, la musique est répétitive, le trio amoureux est vu et revu, et surtout, j'ai trouvé la fameuse charge un poil longuette. Le film aurait en effet gagné à être plus court.

Je retiendrai surtout trois lignes de dialogue assez cocasses :
- je voudrais ça soit son cou, ça, tiens. Je le tordrais jusqu'à ce que sa langue lui fasse une cravate.
- quand je t'aurai dit que la voyante fait ressembler la Vénus de Milo a un plat de navets, je serai à peine mi-chemin de l'éblouissante vérité !
- je vous ferai grâce de la traduction de la bonne opinion que cet Apache professe sur les qualités de notre cavalerie... :lol:
Avatar du membre
Moonfleet
Eclaireur 
Eclaireur 
Messages : 1891
Enregistré le : 07 juil. 2004 10:53
Contact :

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par Moonfleet »

Image

La Charge de la 8ème brigade (A Distant Trumpet - 1964) de Raoul Walsh
WARNER


Avec Troy Donahue, Suzanne Pleshette, Diane McBain, James Gregory
Scénario : John Twist
Musique : Max Steiner
Photographie : William H. Clothier (Technicolor 2.35)
Un film produit par William H. Wright pour la Warner


Sortie USA : 27 mai 1964


1882. Un jeune cadet tout frais émoulu de West Point, le Lieutenant Hazard (Troy Donahue), se voit attribuer comme première affectation le commandement de Fort Delivery, un endroit presque en ruine situé dans une région désertique et reculée, pas loin de la frontière mexicaine derrière laquelle s’est réfugié War Eagle, le chef Chiricahua. Indiscipline, racisme, ennui, luxure et violence vont être son lot quotidien jusqu’à se qu’il se décide à reprendre ses soldats en main en mettant en place une discipline de fer et en restreignant les privilèges de certains. Il n’en tombe pas moins amoureux de la femme d’un de ses supérieurs, la jolie Kitty Mainwaring (Suzanne Pleshette) alors même que sa fiancée (Diane McBain) arrive soudainement en ces lieux pour lui en faire la surprise. Quoiqu’il en soit, et malgré le fait qu’il soit pris en tenaille entre ces deux femmes, Hazard n’en doit pas moins se reconcentrer sur ses obligations militaires d’autant que le danger devient de plus en plus pressant : les Indiens sont bien décidés à reprendre leurs terres même si pour se faire il faut en passer par des massacres. Un dilemme de taille pour Hazard qui doit les contrer tout en ayant du mal à réfréner la sympathie qu'il porte à l'égard de la cause indienne…

Image
Au terme d’une carrière cinématographique extrêmement prolifique, Raoul Walsh clôt son imposante et excitante filmographie par un baroud d’honneur assez réjouissant, un très beau chant du cygne, certes quelque peu bancal mais cependant d’une telle vigueur qu'elle emporte tout sur son passage ! Depuis le début du parlant, le réalisateur nous aura offert un corpus westernien qui, à l’instar de l’ensemble de son œuvre, aura lui aussi été irrégulier (quelle filmographie ne l’aurait pas été avec un tel nombre de titres) mais qui n’aura pas non plus été avare en pépites voire en chefs-d’œuvre. Afin de lui rendre un petit hommage, une micro-rétrospective alors que nous abordons son œuvre ultime ; nous nous souviendrons donc surtout, dans le genre qui nous concerne ici, du toujours aussi impressionnant vu d’aujourd’hui, La Piste des géants (The Big Trail), de l’épique et superbe La Charge fantastique (They Died with their Boots on), du curieux et tourmenté La Vallée de la peur (Pursued), du méconnu et pourtant formidablement plaisant Cheyenne, du tragico-romantique La Fille du désert (Colorado Territory), du mésestimé mais pourtant sublime Victime du destin (The Lawless Breed), du mineur mais jouissivement teigneux Bataille sans merci (Gun Fury), du coloré et dépaysant La Brigade héroïque (Saskatchewan), de l’ample Les Implacables (The Tall Men) et enfin du délicieux Un Roi et quatre reines (A King and Four Queens) ; une bien belle brochette de westerns qui vient se conclure en beauté avec ce robuste A Distant Trumpet.

Image
Après plus de 130 longs métrages au compteur, Raoul Walsh va pouvoir prendre une retraite bien méritée. En attendant, le studio Warner, sachant très bien qu’il s’agira de son ultime film, lui octroie un budget conséquent malgré un casting principalement composé -en ce qui concerne les rôles principaux- de jeunes comédiens qui ne sont pas encore devenus des stars (et qui ne le deviendront d’ailleurs jamais vraiment). Troy Donahue s’était néanmoins fait déjà remarquer dans les superbes mélodrames de fin de carrière de Delmer Daves ; ayant grandement parié sur lui, le studio avait même imposé à ce que, sur les affiches de ces films, son nom trônât au sommet, au dessus même de ceux des grandes vedettes avec qui il les partageait. On trouvait déjà aussi à ses côtés Suzanne Pleshette (Rome Adventure) ou Diane McBain (Parrish), les actrices du western de Walsh qui se disputent toutes deux les faveurs du jeune bellâtre. La première était d’ailleurs également son épouse à la ville depuis la fin du tournage du film de Delmer Daves (soit dit en passant, un mélo mésestimé à réévaluer d’urgence). Troy Donahue, s'il manque de charisme, s'en sort néanmoins pas mal du tout dans un rôle fort bien écrit ; il interprète un jeune officier ambitieux et quelque peu prétentieux, possédant néanmoins un certain sens de l’honneur et n’éprouvant aucune antipathie envers ses ennemis. Il faut dire qu’il eut à West Point un professeur tout à fait respectable et attachant en la personne du général Quaint, superbe personnage campé par un mémorable James Gregory, s’amusant à réciter à tour de bras des extraits en latins des grands auteurs de l’Antiquité. Diane McBain, c’est la fiancée arriviste alors que la toute aussi charmante Suzanne Pleshette joue une femme moderne qui n’aspire qu’à une plus grande liberté et tout simplement au bonheur. Les deux couples formés au départ sont ainsi très mal assortis mais les aléas du scénario arrangeront bien les choses pour certains, faisant terminer le film sur un Happy End de circonstance, très agréable mais peu en harmonie avec le ton de l’ensemble du film. Complétant cet intéressant casting, un Claude Akins continuant à interpréter avec conviction les fripouilles, le reste des comédiens se perdant un peu dans la masse.

Image
Alors qu’en ce milieu des années 60, la mutation du western américain est bel et bien entamée (l’arrivée fracassante la même année sur les écrans de Pour une poignée de dollars, le premier western de Sergio Leone, allait accélérer le processus), tout comme l’autre vétéran Michael Curtiz qui terminait lui aussi sa carrière avec un western (le très plaisant Les Comancheros), Raoul Walsh ne semble guère s’en soucier ; il poursuit sur sa lancée et continue à faire ce qu’il a toujours fait avec la réussite que l’on connait, un western à première vue tout ce qu’il y a de plus classique dans la forme. C’est une nouvelle fois sans compter sans son sens du rythme d’une efficacité redoutable, vitalité presque exubérante dont ne pouvaient pas se targuer de posséder beaucoup de réalisateurs du genre. Walsh aborde aussi pour la deuxième fois seulement (après They Died with their Boots On) la thématique des guerres indiennes et le sous-genre du western militaire dont John Ford nous avait auparavant donné les plus beaux fleurons. A Distant Trumpet est donc non seulement un western d’une étonnante robustesse mais également d’une vitalité débordante dont on était loin de s’attendre de la part d’un cinéaste de 77 ans bien tassés. Pourtant loin d’être parfait ce dernier film du bouillonnant Raoul Walsh ; bourré de défauts même : un scénario haché, une musique puissante mais souvent envahissante, une truculence certes inhérente au réalisateur mais parfois gênante et incongrue (notamment lors de la séquence avec la roulotte des prostituées et ses cascadeurs qui ne trompent pas vraiment sur leur sexe), des romances un peu bâclées, une interprétation inégale, quelques transparences grossières, des décors cartons-pâtes, une certaine vulgarité de ton… Mais malgré tout et paradoxalement, il n’en demeure pas moins une formidable réussite.

Image
On aurait également bien apprécié que Walsh s'arrête de temps en temps un peu plus longuement sur la description de ce microcosme militaire, mais ça n'a jamais été son fort (sans jeux de mots) ; pour ceux à qui cet élément aurait fait défaut, ils ont toujours la possibilité de pouvoir se reporter sur l’insurpassable trilogie ‘cavalerie’ de John Ford pour apprécier de tels instants, celle constituée par Le Massacre de Fort Apache, La Charge Héroïque et Rio Grande. En attendant, ce que les auteurs nous offrent quant à la peinture de cette troupe de cavalerie et de la vie quotidienne de ces hommes s’avère néanmoins très crédible et souvent passionnant, décrit avec rigueur, d’une noirceur et d’un réalisme assez nouveaux. La confrontation entre un jeune officier tout frais émoulu des écoles avec des hommes aguerris au terrain fait des étincelles, ce qui permet au scénariste d’aborder la question de la discipline militaire, de l’ennui et de la démotivation des soldats faute à une vie quotidienne peu gratifiante dans un endroit délabré et isolé. Aucune concession dans le portrait qu’est fait de ces hommes cruels ou inflexibles mais finalement tout simplement… humains ; en tout état de cause bien plus humains que les hommes de Washington que l'on croise ou dont on entend parler. Au sein de ce scénario riche en rebondissements, John Twist et Raoul Walsh portent une attention plus soutenu à la thématique de l'honneur, à l'engagement de la parole donnée ; à ce propos, la séquence au cours de laquelle Hazard se rend compte avoir été floué par ses supérieurs (et du même coup se trouver en porte à faux avec les indiens à qui il a fait de sincères promesses) est vraiment poignante. A ce moment là nous ressentons avec lui son amertume et sa colère, sa déception et son dépit, tout comme ceux des chefs indiens pour lesquels nous sommes alors en réel empathie, très attristés de ce qui les attend ; c’est en ces quelques courtes secondes que Walsh réussit encore plus profondément que Ford à nous faire nous indigner contre les politiciens blancs qui sont en partie responsable des horreurs qui eurent lieu durant ces années. Un moment intense sans en avoir l’air !

Image
Car oui, presque comme si de rien n’était, avec une grande sobriété et un honorable sens de la nuance, Raoul Walsh, pourtant loin d’être considéré comme un grand progressiste, en à peine dix minutes qui arrivent en toute fin de film (avec un changement de ton d’ailleurs assez étonnant), se révèle très convaincant sur le problème indien, peut-être même plus que John Ford la même année avec son Cheyenne Autumn (Les Cheyennes). Les guerres indiennes avaient déjà inspiré à Walsh l’un de ses films les plus célèbres, le magnifique La Charge fantastique et sa vision romancée des dernières années de Custer avec Errol Flynn. Même si l’on pouvait avoir à redire quant au portrait qui était fait du général sanguinaire, contrairement à ce que l’on aurait pu penser, ses ennemis étaient néanmoins déjà décrits avec une certaine dignité. Il en va de même ici avec encore moins d’ambigüités. Malgré les massacres perpétrés à l’encontre des civils ou militaires, les Indiens ne sont pas considérés ici comme des sauvages mais comme des adversaires qui méritent le respect. Le vieux Général (remarquable James Gregory) les admire même, allant jusqu’à vanter l’efficacité de leurs tactiques de guerre, leur bravoure et leur stratégie sur le terrain. Le cinéaste et son scénariste nous font ainsi comprendre que le conflit indien était bien plus complexe que l’idée que beaucoup s’en étaient fait et que chacun avait eu sa part de responsabilité dans les exactions commises ici et là. S’il montre des Indiens agressifs, il brosse également un portrait sans concession des soldats pour beaucoup haineux, racistes, méprisants et violents, y compris à l’égard des éclaireurs de leur propre camp faisant partie de la nation indienne, et n'hésite pas à vilipender la haute administration, estimant que les politiciens de Washington sont bien trop éloignés de la réalité pour pouvoir prendre des décisions cohérentes, préférant donner son aval aux hommes de terrain. La séquence déjà décrite au chapitre précédent, qui voit Troy Donahue terrassé par le fait de devoir renier sa parole donnée à cause de la trahison de ses supérieurs, est d’une formidable puissance, tout comme le discours de ce dernier à Washington, l’un des plus beaux plaidoyers pro-indiens.

Image
Le scénario, solide, intéressant et presque constamment prenant, se révèle également riche en rebondissements et file à 100 à l'heure, tambour battant, ne prenant jamais le temps de nous laisser reprendre notre souffle, aidé en cela par la partition survoltée de Max Steiner, certes parfois un poil encombrante mais tellement efficace ! Les majestueux décors naturels d’Arizona et du Nouveau Mexique sont admirablement croqués en scope : de nombreux plans sont à couper le souffle d’autant qu’ils sont sublimés par la merveilleuse photographie de William Clothier ; certains paysages n’avaient même encore été jamais vus tel celui, étonnant, des imposantes chutes d’eau constituées de cascades de boue, que l'on peut voir durant le dernier quart d'heure lors de la séquence de ‘diplomatie’ au campement indien entre le lieutenant Hazard et War Eagle, le chef des Chiricahuas. Quant aux scènes d’action, elles s’avèrent tout simplement superbes, vertigineuses de virtuosité, parmi les plus impressionnantes vus jusqu’à cette date, quasiment du niveau de celles mises en scène par John Sturges pour Fort Bravo (Escape from Fort Bravo). De véritables morceaux de bravoure ! Quel rythme dans le montage et à l’intérieur même des plans (fulgurantes traces de couleurs laissées par la vitesse de déplacement des indiens lors des scènes de batailles) ! Quel talent dans la gestion de l’espace ainsi que pour diriger des scènes de foules et rester fluide malgré l'impétueux mouvement et les innombrables figurants en place. Une véritable leçon de cinéma pour les apprentis réalisateurs qui voudraient se lancer dans le film d’action.

Image
A Distant Trumpet ne plaira certainement pas à tout le monde d’autant plus que beaucoup de personnages sont loin d’être forcément sympathiques et qu’il existe une probabilité d’écœurement pour cause de refus de la part de Walsh de nous accorder quelques moments de répit. Pour les autres dont je fais partie, un superbe chant du cygne désillusionné, un testament cinématographique un peu amère et certes pas spécialement harmonieux mais d’une telle vigueur épique qu’elle fait oublier tous les menus défauts. Et puis quel plaisir de constater que pour son ultime tour de piste, Walsh bénéficiait non seulement toujours d’un savoir faire intact mais qu’il nous ait également livré une œuvre non exempte de courage par le fait de ne pas hésiter à dénoncer avec force les manipulations politiciennes et le racisme ambiant au sein même des plus ‘honorables’ institutions américaines ! Un western de cavalerie assez jubilatoire !
Avatar du membre
Abilène
Sorcier
Sorcier
Messages : 6013
Enregistré le : 17 sept. 2006 22:52
Localisation : Moulins (Allier)

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par Abilène »

Image
Avatar du membre
Abilène
Sorcier
Sorcier
Messages : 6013
Enregistré le : 17 sept. 2006 22:52
Localisation : Moulins (Allier)

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par Abilène »

Image
Avatar du membre
Shenandoah
Hors-la-loi
Messages : 620
Enregistré le : 14 févr. 2022 10:06

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par Shenandoah »

Après avoir visité les Forts Bastion, Utah et Courageous, j'avais besoin de prendre une grande bouffée d'air frais, et quoi de mieux que l'apparente naïveté de Fort Delivery...

C'est typiquement le film à regarder avec une âme d'enfant ou d'adolescent, afin de pouvoir s'identifier au héros ( et tomber les filles!)

Comme évoqué ci-dessus, côté costumes, Walsh s'est un peu emmêlé avec les apaches, mais sinon, quel plaisir de voir des films avec des centaines de cavaliers, sans images de synthèse ou bien issus de films fauchés où on entend " ils sont des milliers" en voyant 4 pelés et 3 tondus....

Je trouve que Donahue colle bien à l'imagerie d'un jeune officier tout frais ( même si la fin fait un peu Disney), un acteur plus connu mais plus âgé n'aurait pas eu le même impact naïf.

Bref, un bon moment de western, merci Mr Walsh pour cette charge, et pour l'ensemble de votre oeuvre.
J'ai réussi à prendre des forts imprenables : Corregidor, Fort Apache et...Maureen O'Hara ! John Wayne

Image
Avatar du membre
harry
Major
Messages : 13852
Enregistré le : 19 août 2015 22:10
Localisation : San Francisco

Re: La Charge de la 8ème Brigade - A distant Trumpet - 1964 - Raoul Walsh

Message par harry »

D'accord avec les analyses remarquables des membres de WM pour ce western , avec ce lieutenant muté dans un fort isolé et qui tombe amoureux de la femme de son supérieur .
Les offensives contre les indiens échouent les unes après les autres , de même que les tentatives de paix , empêchées par des trafiquants blancs irresponsables .
Comme il a été écrit , le dernier film de Walsh , en forme de testament désenchanté :applaudis_6:
Répondre

Retourner vers « Les Westerns : critiques et illustrations de films et documentaires »