Tomahawk - 1951 - George Sherman

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lafayette
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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par lafayette »

Yosemite a écrit :Deux captures très étonnantes, elles sont prises en début du film, lorsque la conférence de Laramie est annoncée en voix off.
Un des premiers plans sur l'alignement Indiens-Tuniques-bleues se présente comme ceci :
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Sur un alignement parfait, alignement qui fait quand même montre d'opposition, le ciel est très nuageux. Et le positionnement de la caméra ne laisse aucun doute quant au fait qu'il nous soit bien montré ainsi.

Mais quelques secondes plus tard, et toujours dans la même orientation (malgré un positionnement de caméra différent) surprise, le ciel s'est dégagé.
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Il ne peut s'agir d'une erreur de montage, on ne réunit pas une centaine de figurants et d'acteurs au milieu de nulle part pour se tromper de la sorte. A mon avis c'est intentionnel.
Alors, ce que ça veut dire hein ?... Une réhabilitation du traité de Fort Laramie peut-être ? Les TB et le drapeau aux étoiles sont davantage mis en valeur sur la seconde capture (sur le second plan en fait).
Il y a quelque chose de pas innocent du tout dans ce choix je pense, ne sais pas trop qu'en penser très sincèrement mais bon... il y a matière à penser je crois.
Yo.
Le récitant explique que l'action se passe lors d'une journée d'été... Donc aucun problème à ce que des plans soient pris à divers moments de la journée. Sur le second plan, on voit dans le film et non sur la capture que le plafond de nuages du premier s'est déplacé sur le fond.
En revanche, on aurait pu remarquer que le premier travelling partant du cavalier indien vers la plaine est hésitant avec quelques saccades et non en un seul mouvement.
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metek
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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par metek »

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Abilène
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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par Abilène »

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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par lafayette »

Une "scène d'exterieur" tournée en studio ce que je n'apprécie pas trop. Mais Heflin j'aime beaucoup et le tomahawk aussi! :)
Et on voit de suite la différence de sensibilité que l'on ressent avec la vraie scène d'extérieur précédente.
Mes remarques ne concernent que le tournage et pas les photos et collectionneurs!
Et si je me trompe corrigez-moi! Il faudra que je me revois le film.
J'ai revu la belle jaquette postée par Winchester 73!

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chip
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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par chip »

Photo pub , donnée à la presse pour la promotion du film, pratique courante à l'époque. Très recherchée par les collectionneurs.
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Abilène
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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par Abilène »

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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par lafayette »

Cette belle photo me rappelle avoir vu une remarque engageant une discussion sur un des topics sur les indiens en rang sur un sommet suplombant convois ou soldats, ce qui était bien ou mal vu selon les opinions.
Or j'ai lu sur le livre de Georges Bent, fils de William Bent, à demi indien, que les indiens le faisaient, ce qui me semblait normal et en plus bien cinématographique comme position vue aussi dans d'autres genres comme les péplums.
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Abilène
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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par Abilène »

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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par Abilène »

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lasso
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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par lasso »

j'avais déjà commenté ce Western en octobre 2010 sur WM décrypté ici

http://decrypte.westernmovies.fr/cri.php?id=557

En revoyant ce Western hier-soir je me suis apperçu pourquoi le titre du film était

TOMAHAWK. Jim Bridger l'explique au début du film : Tomahawk

est le nom que les Cheyennes et les Sioux ont donné à JIM BRIDGER.

Le Titre du film aurait pu être aussi "Jim Bridger" ! le film lui est dédié.

Un nouveau tracé de Oregon Trail, le BOZEMAN Trail, à travers les terres indiennes, autour du
Powder River au Wyoming, sécurisé par trois nouveaux Forts, ne pouvait pas être accepté par
les Indiens, en vu du traité de Paix, leur assurant la souvrainité de ces territoires.
Red Cloud a donc agi en conséquence pour chasser les blancs et leurs Forts.

La toute petite séquence du Wagon Box fight, aurait pu servir à un film à lui-seul. Très inégal,
où Crazy Horse avait aussi combattu.

La même chose peut être dite pour la Bataille des cent Abattus (FETTERMAN MASSACRE),
ce qui aurait donné un bon film. La victoire sous Red Cloud était surtout emporté par le
jeune CAZY HORSE.

Sinon on peut être satisfait avec ce Western, qui montre les Indiens de leur côté conciliant,
en ne voulant pas trop exiter les soldats, alors qu'en vérité, il les ont attaqué tout de suite,
ce qui résultait finalement, à l'abandon des trois Forts.


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U.S. Marshal Cahill
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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par U.S. Marshal Cahill »

le dvd italien
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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par persepolis »

Superbe western que j'ai découvert grâce à DVD classik. Le début m'a tout de suite plu : le côté est pro indien d'emblée, on dit les choses telles qu'elle sont : les blancs sont des menteurs, des fourbes. Beaux paysages bien rendus par le technicolor, bonne performance de tous les acteurs (van Heflin est probant). Indispensable dans sa collection.
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Arizona Kid
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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par Arizona Kid »

Je partage totalement ton avis: un excellent cru Sherman, et l'un des premiers DVD de western que j'ai achetés, courant 2016.
D'autre part, c'est un des westerns que je revois le plus souvent.

:sm80:
Modifié en dernier par Arizona Kid le 22 mars 2021 11:17, modifié 1 fois.
" Personne ne t'empêchera de partir si c'est ce que tu veux; mais laisse-moi te donner un conseil, fiston: dans ce pays, c'est très mal vu de toucher au cheval d'un autre homme... " (Joël McCrea, Cattle Drive, 1951)
:sm70:
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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par Moonfleet »

Pour me faire pardonner auprès de George Sherman ma critique de Le Diable dans la peau... :mrgreen:
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Tomahawk (1950) de George Sherman
UNIVERSAL


Avec Van Heflin, Yvonne de Carlo, Alex Nicol, Preston Foster, Jack Oakie, Tom Tully, Susan Cabot
Scénario : Silvia Richards & Maurice Geraghty d’après une histoire de Daniel Jarrett
Musique : Hans J. Salter
Photographie : Charles P. Boyle
Une production Leonard Goldstein pour la Universal


Sortie USA : 05 février 1951


Pourquoi ce Tomahawk est-il resté jusqu’à présent dans l’obscurité la plus totale ou alors présenté en France dans une version très courte d'à peine 66 minutes ? Du fait de la réputation moindre de son réalisateur comparativement aux grands d'Hollywood ou serait-ce dû à ce qu’il a été produit par la compagnie Universal, studio moins prestigieux que ses aînés encore à cette époque ? Toujours est-il que s’il a été remarqué en France l’année de sa sortie (Jean-Louis Rieupeyrout en dit grand bien dans son livre consacré au western daté de 1953), il a ensuite complètement déserté toutes les diverses anthologies contrairement à ses deux prestigieux prédécesseurs, La Flèche Brisée (Broken Arrow) et La Porte du Diable (Deevil’s Doorway), qui squattent les histoires du cinéma dans le domaine des premiers westerns pro-indien. Non pas qu’ils ne méritent pas de s’y trouver (tout au contraire) mais ils auraient pu faire une petite place à leurs côtés pour ce superbe film signé George Sherman sorti très peu de temps après. Ne possédant ni la douceur élégiaque de Delmer Daves ni la puissance dramatique et plastique d’Anthony Mann, le réalisateur de l’excellent Calamity Jane and Sam Bass l’année précédente nous livre néanmoins un western qui mérite de toute urgence d’être redécouvert car, en plus d’être un excellent divertissement, va peut-être encore plus loin que tout ce qui s’était fait jusqu’à présent dans sa prise de position en faveur de la nation indienne et se révèle être un pamphlet assez impitoyable contre le gouvernement américain et sa gestion des affaires indiennes. Tomahawk prend ainsi fait et cause pour les indiens d’une manière vraiment inhabituelle pour l'époque.

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« Voici le territoire du Wyoming. L’année 1866. Par une chaude journée de ce début d’été, deux mondes différents se sont réunis pour parler. Il y a de l’amertume ici, de la suspicion et de la méfiance [… ] C’est la conférence de Laramie. Un baril de poudre prêt à exploser à tout moment. Il en faudrait peu pour allumer la mèche. Il y a des hommes importants et puissants ici ; d’un côté les chefs des nations Sioux, de l’autre les représentants des Etats Unis. Mais il faudra un grand homme pour comprendre les deux parties ». Cet homme, c’est le trappeur Jim Bridger (Van Heflin) qui arrive à persuader les hauts dignitaires de Washington d' abandonner l'idée d'ouvrir la piste Bozeman qui aurait traversé les territoires de chasse indiens, ce qui aurait mis en péril la survivance des tribus Sioux. Mais Red Cloud met fin à la conférence quand il apprend qu'un fort vient d'être construit à l'orée de leur territoire, tout en promettant que son peuple ne déclenchera pas les hostilités tant qu'ils ne seront pas attaqués. Une nuit, alors qu'il convoie le chariot de deux saltimbanques, Dan Castello (Tom Tully) et sa nièce Julie Madden (Yvonne de Carlo), le lieutenant Dancy (Alex Nicol) tue sauvagement et sans pitié un jeune indien qui s'était approche du campement. Peu de temps après, les soldats sont attaqués à leur tour mais arrivent sain et sauf auFfort Kearny nouvellement construit. Jim Bridger, qui semble avoir une dent contre Dancy et qui pour cette raison souhaite ne pas trop s'en éloigner, accepte la proposition du colonel Carrington (Preston Foster) lui demandant de se joindre à eux en tant qu'éclaireur. Il arrive donc à son tour dans la place forte accompagné par son partenaire Sol Beckworth (Jack Oakie) et Monahseetah (Susan Cabot), une Cheyenne qui a du mal à se faire accepter par les soldats. La tension monte à l'intérieur du fortin : les 'va-t-en guerre' s'impatientent et rêvent de gloire et de promotion, la pulpeuse Julie Madden fait tourner quelques têtes, les militaires prennent Bridger pour un espion de Red Cloud alors que dans le même temps les tribus indiennes commencent à se rapprocher dangereusement, le nombre de leurs guerriers s'accroissant de jour en jour. Quand Jim Bridger se voit dans l'obligation de tuer le fils préféré du chef Red Cloud pour sauver la vie de Julie, les choses s'accélèrent et, alors que la guerre est sur le point de se déclencher, il choisit malgré lui le camp des blancs...

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Comme on peut le constater à la lecture de l'histoire, le film, s'il n'est pas impartial et prend au contraire clairement partie pour le camp des indiens, n'est pas manichéen pour autant. L'intrigue a beau être très simple, elle est loin d'être simpliste et il en va de même pour tous les protagonistes ; s'ils sont assez fortement caractérisés par l'écriture sans faille de la scénariste progressiste Silvia Richards (qui, comme Elia Kazan, se verra dans 'l'obligation' de dénoncer ses petits camarades sous la juridiction MacCarthy), certains ne subissent pas moins d'intéressantes évolutions durant le courant du film. Preuve en est le superbe personnage de Julie Madden interprétée par une Yvonne de Carlo qui aura rarement été aussi belle et qui à priori n'était là que pour apporter la traditionnelle touche de romance au film. Il n'en est rien et il s'agit plutôt d'une sorte de témoin des évènements ; dès qu'elle entre en scène, il semble que les scénariste adoptent son point de vue pour faire essayer de comprendre la situation. Se trouvant là par hasard alors qu'elle n'a rien à y faire, ayant des à priori à l'encontre les indiens, elle est plus à même de s'étonner de la réalité qu'elle découvre ; c'est un peu à travers son regard qu'on va suivre les évènements. Ballotée entre le lieutenant belliciste et le trappeur, elle essaie de faire la part des choses en les écoutant parler tous deux. Au fur et à mesure, ses opinions changent, surtout après que Jim Bridger lui ait raconté la tragédie qu'il a vécu quelques années auparavant et qui n'est autre que le véritable massacre de Sand Creek opéré par "les volontaires du Colorado" emmenés par le colonel Chivington, un pasteur assoiffé de sang !

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Cette séquence d'une grande puissance dramatique est la seule se déroulant en extérieur mais tournée en studio, probablement car elle s'avérait longue et difficile. Jim ayant été dans l'obligation de tuer le fils du chef Red Cloud pour sauver la vie de Julie, ils se réfugient tous deux dans une espèce de grotte pour échapper aux poursuivants. Là, Van Heflin, les yeux embués et la voix tremblante de colère et de chagrin, narre à Julie les évènements qui lui ont enlevés d'un coup son épouse indienne et ses deux enfants. Il s'agit de la même séquence que Ralph Nelson filmera 20 ans plus tard dans Soldat Bleu (Soldier Blue) ; Van Heflin prouve son talent de comédien en rendant la scène au moins aussi puissante mais cette fois par la seule force des dialogues et de sa manière de les interpréter, un peu comme la séquence de bataille contée par Henry Fonda dans Sur la piste des Mohawks (Drums along the Mohawk) de John Ford. Historiquement, le massacre de Sand Creek a eu lieu le 29 novembre 1864. Le colonel Chivington et sa troupe attaquèrent un camp de Cheyennes et d'Arapahos massacrant des centaines de guerriers mais aussi des femmes, enfants et vieillards qu'ils dépecèrent et mutilèrent ensuite pour aller afficher publiquement ces trophées de guerre (scalps, organes génitaux et autres morceaux humains) dans différents lieux publics comme par exemple l'Apollo Theater de New York. Une ignominie sans nom que Georges Sherman arrive à nous faire revivre par la seule force de persuasion de son acteur principal.

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Historiquement, Tomahawk (qui représente ici la traduction anglaise du nom indien donné à Jim Bridger) convoque plusieurs autres évènements réels s'étant déroulés sur un laps de temps assez conséquent ; tout ne s'est pas passé exactement de la même façon, les acteurs du drame n'étaient pas forcément présents à ces moments décrits mais Sherman et ses scénaristes cherchent avant tout à sensibiliser les spectateurs de l'époque à la cause indienne, ne s'offusquant pas des incohérences temporelles ou des anachronismes, leur seul but étant de proposer une histoire puissante qui frôle parfois le documentaire. En effet le film s'ouvre sur un discours un peu emphatique mais édifiant sur la situation de l'époque au moment de la conférence de Laramie (été 1866) puis évoque tour à tour la massacre de Fetterrman (décembre 1866) et enfin le combat de Hayfield datant d'août 1867 et qui a été renommé ici la bataille de Powder River (titre sous lequel le film a été distribué en Angleterre). Le western de Georges Sherman condense tous ces évènements sur une durée assez courte d'à peine quelques jours. Le film évoquant donc de nombreux faits réels concernant les guerres indiennes, il m'a semblé intéressant de les résumer brièvement pour remettre le film dans son contexte historique puisque Tomahawk ne fait que narrer d'une façon plus resserrée les évènements décrits ci-après qu'il fait se télescoper. Voilà prévenus ceux que le sujet ne passionnerait pas des masses ; qu'ils n'hésitent pas à sauter le paragraphe suivant !

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Suite au massacre de Sand Creek (raconté plus haut et dans e film par l'intermédiaire de Van Heflin), les Indiens ne se manifestent pas trop violemment de suite même s'ils empêchent les colons et soldats de s'installer sur leurs terrains de chasse de Powder River. Le déclenchement des hostilités eu réellement lieu en 1866 lorsque le général Carrington se mit à faire construire des forts sur les terres Sioux et Cheyennes en complète violation d'un traité signé seulement une année auparavant. Craignant une invasion militaire de leurs territoires, plusieurs tribus indiennes firent alors coalition sous l'autorité du chef Red Cloud. Parti de Fort Laramie en mai 1866, Carrington rejoignit le Wyoming à la tête de 700 hommes pour s’établir à Fort Kearny, le dernier fort en date. Pas un jour durant sa construction ne se déroula sans qu’une alerte se déclencha, les indiens ne souhaitant pas que les soldats s'installent et érigent des fortifications sur leur territoire. L’affrontement entre le Capitaine Fetterman et les Sioux allait se dérouler dans ce contexte très tendu. Se vantant de pouvoir traverser les campements indiens à la tête de seulement 80 hommes, un prétexte pour prouver ses dires lui fut donné lorsqu’on l’envoya au secours d’un détachement de bucherons. Carrington lui demanda cependant de ne pas dépasser une certaine crête auquel cas contraire il serait probablement tombé dans un piège. Fetterman n’en faisant qu’à sa tête poursuivit les indiens au-delà de cette limite et fit tomber son détachement dans une embuscade ; ce fut l’une des plus désastreuses défaites des Tuniques Bleues précédant de dix ans celle de Little Big Horn. En revanche, lors du combat de Hayfield qui se déroula deux ans plus tard, les soldats américains l’emportèrent sur les Sioux de Red Cloud grâce aux nouveaux fusils Springfield à répétition qu’ils eurent à leur disposition et qui prirent les indiens par surprise. Il y eut encore quelques affrontements que passe sous silence le film de Sherman avant que le traité de Laramie soit signé en 1868 par lequel les indiens récupérèrent leur territoires, les soldats devant déserter les forts de la vallée de Powder River.

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Et c’est aussi là que se termine Tomahawk, au moment où les Sioux obtiennent quelques années de paix bien méritées. Dans la réalité, l'aventurier Jim Bridger, le héros du film, ne se trouvait pas sur place lors des deux grandes batailles qui clôturent le film. Il n'en a pas moins été l'un des artisans des différentes tentatives de paix entre les colons et les indiens. C'était un de ses 'Mountain Man' qui se maria à trois reprises avec des femmes indiennes de qui il eut cinq enfants. Tour à tour explorateur, (c'est lui qui découvrit les geysers de Yellowstone), trappeur et éclaireur pour l'armée américaine, il avait tout pour être un jour incarné dans un western hollywoodien. Et c'est l'inoubliable Athos de George Sidney, le non moins mémorable Charles Bovary de Vincente Minnelli qui s'en chargea ! Sans trop en faire, il s'avère parfait dans ce rôle d'un homme qui n'aspire qu'à la paix pour lui et son peuple mais qui va devoir faire le médiateur et finalement être tiraillé lors du déclenchement des hostilités, ayant à faire un choix cornélien quant au camp qu'il devra rejoindre. A ses côtés Yvonne De Carlo qui, non seulement a rarement été aussi bien mise en valeur, mais qui va se révéler une formidable actrice ; le rôle écrit par Silvia Richards y est aussi certainement pour quelque chose. Le reste de la distribution ne démérite pas. Alex Nicol est impeccable dans le rôle du salaud massacreur de peaux rouges ; la preuve, il arrive par moment à nous être malgré tout attachant notamment lorsqu'il se voit rabroué par Julie. Preston Foster dans la peau du Général Carrington est tout aussi impeccable, Susan Cabot de même grimée en indienne. Et alors, que l'on craignait que Jack Oakie et Tom Tully ne soient là que comme faire valoir humoristique dans une histoire très grave qui ne semblait pas en avoir besoin, les deux acteurs se révèlent au contraire très sobres et sacrément attachants eux aussi. Enfin, le véritable indien John War Eagle est on ne peu plus convainquant dans le rôle du grand chef Sioux, Red Cloud (Nuage Rouge). Bref, à l'image du film, un casting de tout premier ordre au sein duquel un Rock Hudson que l'on risque de rater si l'on est pas très attentif !

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Si nous avons dit tout le bien qu'il fallait penser du scénario et de l'interprétation, la mise en scène de George Sherman n'est pas en reste. Ayant à sa disposition pour ses extérieurs les superbes paysages des Black Hills dans le Dakota, immenses étendues tour à tour verdoyantes et sèches encore jamais vues jusque là dans un western (les mêmes paysages qui seront utilisés par Kevin Costner pour le magnifique Danse avec les Loups), où les sommets montagneux font de loin penser à des pyramides, où les paisibles collines cachent des lacs d'une grande clarté, il les met merveilleusement en valeur en les filmant avec force majestueux et très larges plans d'ensemble, magnifiques et lents travellings. Alors que je n'en attendais pas autant de lui, il nous étonne par son sens du montage et de l'espace lors notamment de la chasse au bison et des batailles d'une belle lisibilité et par son dynamisme lors des nombreuses chevauchées : les panoramiques et travellings qui suivent les cavaliers sont d'une grande beauté. Il nous surprend également lorsqu'il pose sa caméra et attend des entrés de champ par l'avant ; à ce propos, il suffit d'admirer la séquence de poursuite à cheval de Yvonne de Carlo par un guerrier Sioux lui même précédant Van Heflin : le plan au sommet de la colline qui les surprend à débouler au devant de la caméra est tout simplement génial. Et des idées de mises en scènes aussi belles et parfois virtuoses, nous en trouvons quelques autres au cours du film (le travelling arrière suivant van Heflin et Yvonne de Carlo à l'intérieur de la cour du fort, le plan de Susan Cabot derrière la palissade, la séquence émouvante au cours de laquelle Red Cloud vient constater ses morts d'après la bataille...) sans qu'elles ne nous apparaissent comme 'm'as tu vu' et sans que jamais elles ne nous détournent du sérieux du thème et de l'intrigue. Etant un film de série B restreint dans sa durée, on peut regretter quelques fins de séquences un peu abruptes et un final vite expédié.


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Entendre parler sioux sans même que ce soit sous titré, être témoin d'une dénonciation aussi acerbe de la culpabilité des dirigeants de Washington en ce qui concerne l'inexcusable massacre d'une nation (et non seulement de ses guerriers mais aussi de ses civils), entendre stigmatiser avec virulence la fourberie et l'irrespect des paroles données lors des conférences de paix, se trouver devant un film prenant pour thématique principale une réflexion sur la survivance de la race Sioux... tout ceci était alors vraiment nouveaux. Une chronique historique que l'on se doit de prendre avec tout le sérieux possible et dont il faut saluer le courage. D'autant plus lorsque le réalisateur ne tombe jamais dans le piège du sentimentalisme malgré deux personnages féminins importants. Quant à l'adhésion des thèses défendues, une vrai conviction des auteurs qui impose le respect. Un très beau scénario progressiste mis en scène avec sincérité et efficacité, qui mérite sans honte sa place aux côtés des autres grands western pro indiens de ce début de décennie d'autant qu'il n'en oublie pas pour autant les amateurs d'action. Une grande réussite et une formidable découverte soutenue par une partition efficace signée Hans Salter !

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Rappelons nous que George Sherman était déjà l'auteur de Commanche Territory, film pro-indien très naïf mais qui avait précédé ceux de Delmer Daves et Anthony Mann et qu'il mettra encore en scène de nombreux autres westerns défendant la cause indienne. Un réalisateur inégal mais néanmoins à réévaluer de toute urgence, ce que fait Bertrand Tavernier à travers son Mea Culpa dans le bonus du DVD ; après l'avoir lapidé dans son 50 ans de cinéma américain, il révise son jugement du tout au tout en défendant le film pendant presque une demi-heure.
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Arizona Kid
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Re: Tomahawk - 1951 - George Sherman

Message par Arizona Kid »

Tomahawk bénéficie d'une très bonne interprétation de Van Heflin, qui semble habité par son personnage lorsqu'il débite sa tirade sur le massacre des Indiens: par sa seule voix, en plan fixe, il nous fait visualiser des scènes d'attaques de villages, là où un autre western nous en aurait sans doute montré des images commentées en voix off.
Yvonne De Carlo compose également un personnage féminin au caractère nuancé, d'abord pétri de préjugés " classiques " vis à vis des Indiens, avant de faire preuve de plus de tolérance à mesure qu'elle s'attache à Van Heflin, qui a perdu le fils métis qu'il avait eu avec une squaw, tous deux tués lors d'un raid de cavalerie.
Tiens, rien que d'en parler, j'ai envie de revoir ce film :wink:
" Personne ne t'empêchera de partir si c'est ce que tu veux; mais laisse-moi te donner un conseil, fiston: dans ce pays, c'est très mal vu de toucher au cheval d'un autre homme... " (Joël McCrea, Cattle Drive, 1951)
:sm70:
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